Encore un jour d'attente. Encore un jour à se mordre les doigts. Encore un jour de plus. Enfermé. Encore un jour comme tous les autres. Un jour de regret, d'attente, de douleur, de dégoût.

Un jour comme les autres.

Ici.

Seul.

Pourquoi?

Je ne me rappelle même plus exactement des circonstances. Une grosse connerie. Tellement grosse que je ne pourrais plus jamais LA faire revenir.

ELLE.

Je L'ai tuée. C'est pour ça que je suis là. Je l'ai mérité.

Et ici je n'ai rien d'autre à faire que compter les jours et penser à ELLE.

J'en peux plus. Je mange trois fois par jour. J'ai tout le temps de dormir. J'ai un toit au dessus de ma tête. Et pourtant je suis à bout.

Je ne peux plus voir ces quatre murs, qui semblent me fixer, me juger, et me rappeller ma faute, me LA rappeller, impitoyables, glacials.

C'est toujours ça, ici. Ici tout est jugement. Ici tout est gris.

Ici il n'y a plus de noms. Il n'y a plus d'identité. Il n'y a plus rien. Seulement les actes.

Les actes et un numéro.

Je suis le détenu 974, et je suis un assassin.

C'est tout.

Un meurtre et un nombre. Tout ce qu'on sait de moi. Mon nom, ma fille, ma vie d'avant, ce que j'ai à dire, tout cela importe peu. Voire pas du tout.

Et toujours ces quatre murs.

Et les souvenirs. Des baisers, des rires...

Puis SON visage de morte. Et l'expression horrifiée de notre fille. Par ma faute.

Jamais plus je ne serai heureux. Il est trop tard. Trop tard pour moi, trop tard pour ELLE, trop tard pour ma fille. Elle n'avait rien demandé. Et maintenant... Elle... Je ne sais pas ce qu'elle va devenir. On n'a pas voulu me le dire.

Je suis séparé d'elle par les murs de ma cellule, et les murs de la prison, et les milliers de murs de protection autour. Je l'ai mérité.

Pas elle. Ni ELLE.

Au gens qui veulent faire une grosse connerie. Ne le faites pas. Vous détruirez tout votre univers. C'est ce qui m'est arrivé. Je jure que je regrette.

Je jure que plus jamais je ne tuerai.