Les cours d'histoires de la magie étaient ennuyants. Surtout lorsqu'ils portaient sur les origines de l'école, que l'on leur rabâchait sans cesse depuis le début de leur cursus.

-L'ordre des sorcières de Salem est une organisation relativement vieille, datant de l'arrivée sur le nouveau continent des colons de toutes origines, parmi lesquels, évidemment, des sorcier et sorcières de toutes origines. Le nom de l'organisation n'a, lui, été choisi que tardivement, après la grande chasse aux sorcières qui a causé la mort de quatorze femmes et six hommes, soupçonnés de sorcelleries, de 1692 à 1693. Celle qui nous intéresse aujourd'hui n'est autre que Sarah Perkins. Quelqu'un peut-il m'en dire plus a son propos ?

Elle connaissait la réponse. Elle aurait pu recevoir un compliment, voir une récompense, pour avoir participer en classe.

-Moi, Madame !

-Oui, Clarence ?

Mais elle ne voulait pas.

Ce n'était pas son style, de se mêler aux autres, quoi qu'on puisse en dire. On lui répétait que personne ne pouvait aimer être seul, qu'elle devait se faire des amis.

Des amis, elle en avait, avant. Mais ils étaient restés en Guyane. Et elle était partie, avec sa  famille, son chien et ses livres, au seul endroit des États-Unis où le nom "Perkins" était célèbre.

-Sarah Perkins une des rares accusée réellement trempée dans la magie, puisqu'elle était une cracmolle potionniste.On la soupçonne d'avoir eu une relation avec un homme marié, ce qui aurait entrainé sa marginalisation....

A quoi ça lui aurait servi, d'en avoir ici, de toute manière ?

-Elle était aussi solitaire qu'Asha, quoi !

Asha fronça les sourcils. Pourquoi Mathieu parlait-il d'elle, déjà ?

Ah, oui. Sarah Perkins. Comme il se devait de toujours attirer l'attention, il avait fait le lien avec la marginale de la classe. Evidemment...

-Mademoiselle Perkins ! Si vous avez fini ce travail, je peux vous en donner un autre, cela vous évitera de bailler aux corneilles.

Elle hocha la tête. Encore deux heures avant la fin de la journée...

Deux heures et demi plus tard, Asha  marchait tranquillement vers son quartier, mains dans les poches et casque vissé sur les oreilles. Étant la fille d'une herboriste  moldue et d'un sorcier spécialisé dans la médecine animale, ses parent pouvaient se permettre de vivre dans une propriété assez vaste, à l'écart des autres habitations.

La ville sorcière n'était séparée du monde moldu que par quelques sorts de dissimulation, jetées sur les maisons concernées. L'Académie de sorcellerie en elle même était très connue dans la région, et considérée par les non-maj comme une institution prestigieuse. Ce qu'elle était, sous un certain angle...

"Thriller, thriller night ! Na na na nananana nana na.."

Leurs plus proches voisins, Hina et Chris Yamada, étaient des amies de la famille depuis leur arrivée dans la ville,  quatre ans plus tôt. Chris était une grande femme a la peau basanée, dont les cheveux crépus changeaient de couleur une fois par semaine environ et Hina une métisse japonaise de taille moyenne, dont la chevelure noire était coupé en un carré plongeant depuis que la jeune fille la connaissait. Couple sans enfants, elles s'occupaient de ceux des Perkins lorsque les parents étaient absents. C'était donc chez elles qu'Asha se rendait ce soir là, l'esprit complétement ailleurs.

"Hina ? Chris ? Je suis là !" annonça-elle en entrant dans la jolie maison bleu pâle, après avoir oté ses chaussures dans l'entrée.

-On arrive, Asha, on arrive ! Ton frère est avec toi ? demanda Chris en descendant les escaliers.

-Non.

-D'accord... Tu sais vers quelle heure il finissait, aujourd'hui ?

-Il me semble que c'était a dix-sept heures. Il n'est pas venu ?

-Non, lui répondis Hina en sortant de la cuisine, ses cheveux noirs retenus par une pince gravée. Il était censé rentrer plus tôt, un de ses professeurs était absent.

-Vous voulez que j'aille le chercher ?

-Non, Asha.

-Mais....

-C'est hors de question. Répondis fermement la bleue. Au nom de Sekhmet, on a déjà aucune idée de l'endroit ou se trouve Aelig, on ne va pas te laisser seule dans le quartier en pleine nuit par dessus le marché !

La jeune fille hocha la tête, perdue dans ses pensées. Son frère ainé pouvait se montrer assez irresponsable, mais il détestait les imprévus. Si il avait prévu une sortie avec ses amis, tout aurait été organisé au moins une semaine a l'avance. Il n'y avait pas la moindre raison qu'il décide aussi subitement d'aller manger dieux savaient quoi avec ses amis !

-Si... Si il n'est pas rentré a 20 heures, on ira le chercher, hein ? demanda-t-elle, le visage crispé par une moue inquiète.

-Après avoir appelé la police et les aurors, oui, lui répondit Hina en lui caressant doucement les cheveux.

-Bien. D'accord.

A vingt heure tapantes, toutes étaient déjà sur le pied de guerre. Les estomacs étaient vides, les veines emplies d'adrénalines, les aurors déjà appelés depuis une dizaine de minutes. Aelig n'était pas rentré.

Elles firent le tour du quartier. Une fois. Deux fois.Questionnèrent tous les voisins, les passants.

Arrivées au-centre ville, à quatre kilomètres de la maison des Yamada, elles ne l'avaient toujours pas retrouvé.

Elles finirent par rentrer, avec, dans le cœur, un vague espoir que l'adolescent soit revenu.

Ce n'était pas le cas.

Chris se servit un verre de whisky, comme à chaque fois qu'elle était inquiète. Hina fit infuser un peu de thé. En temps normal, elle en détestait le gout.

Asha, quant à elle, s'activa à noter les moindres détails de ce qu'ils se passait autour d'elle, tout en jetant de temps à autres un coup d'oeil vers la porte.

On ne savait jamais. Peut-être qu'Aelig en passerait le pas lorsqu'elle aurait le dos tourné.

Il ne le fit fit ce soir là, ni le suivant. Ni tous ceux qui suivirent.

Les cours étaient ennuyants. Mais à présents, ils avaient un avantage non négligeable : La voix soporifique de la professeur avait un effet très apaisant sur ses élèves.

L'esprit embrumé, avachie sur sa chaise, Asha n'avait plus à penser à rien.

Depuis trois mois, son frère avait disparu. Depuis trois mois, elle trainait la loque qu'était devenue son corps à travers la ville. Ses cernes violettes attestaient de sa fatigue, mentale comme physique.

Si seulement je pouvait dormir...

-Miss Perkins ? Pouvez-vous répéter ce que je viens de dire ?

-Oui, Madame. Lui répondit Asha en clignant des yeux pour en chasser la lassitude. Alors...

Non, je n'ai pas pondu ceci en trente minutes. Je l'ai fait en trois mois.

Toutes mes excuses.

Donc, c'est fini ! Enfin !

A l'origine, je comptais pas faire disparaitre Aelig. L'histoire devait se centrer sur le fonctionnement du système scolaire sorcier en Amérique et sur l'intégration des sorciers au monde qui les entoure.
Loupé.

Du coup, c'est parti sur un truc que j'avais entendu, sur le nombre assez hallucinant de disparition rapportées aux USA.
"Environ 460 000 enfants sont portés disparus chaque année", selon Wikipédia.
Quand même.

Et...
En ce moment, mon cerveau n'est pas câblé pour les happy endings.
Donc Aelig à disparu définitivement.
Jusqu'à preuve du contraire.

Ah, et la ville où vivent nos joyeux larrons n'est pas le Salem du Masschussets. Il s'agit de Danvers, anciennement Salem village. Endroit où la fameuse chasse aux sorcière à eu lieu.

Sinon, ça se voit que j'ai commencé ceci avant le confinement ?
Les gens sortent.
C'est fou.

Pardon d'avoir pris tant de temps à l'écrire.
Mais j'espère quand même qu'il vous aura plu, ne serait-ce qu'un peu.

20/05/2020