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Chapitre 21

De sa vie, elle n'avait jamais eu le souvenir d'une telle allégresse, une paix intérieure, un monde tranquille et serein, sans bruit ni douleur. Rien, elle ne ressentait rien si ce n'était la sérénité. Le sommeil dans lequel elle se trouvait, avait été bien faisant pour son corps et son esprit meurtris. Au contact d'un doux baisers sur son front, en un clin d'œil, elle s'était accroché à cette sensation, se cramponnant de toutes ses forces pour revenir de ce monde sans maux et retrouver celui qu'elle aimait. Loki.

Quand elle avait cligné des yeux à la lueur du jour, il n'était plus là. Elle n'avait pas rêvé, elle en était certaine. Elle l'avait ressenti, senti et entendu.

Elle pouvait encore humer l'odeur sucrée et musquée de son parfum, il avait été ici il n'y a pas plus d'une minute.

Le seul inconvénient à son réveil avait été la douleur légère qui engourdissait ses membres. Elle n'avait pas vraiment mal mais elle n'aurait pu courir un marathon pour autant. Ceci était du fait des analgésiques certainement.

- Loki. Avait-elle soufflé tout bas. Elle ne reconnut pas sa propre voix. Cette dernière cassée et un peu rauque.

Elle avait finalement refermé les yeux alors que la fatigue s'était présenté à elle sans même qu'elle ne s'en aperçoive. Peut-être n'était elle pas aussi en forme qu'elle le pensait.

Mary, alors que le sommeil s'infiltrait en son corps, avait tout juste entendu la porte s'ouvrir, était-ce Loki qui revenait ?

Les bruits de pas légers frottant sur le linoléum terne, n'avaient suffit à la faire revenir, même si elle avait très envie de voir l'inspecteur de son cœur, son corps et son esprit en avaient décidés autrement.

L'homme qui s'était introduit dans sa chambre avait déposé un tendre baiser sur le front encore un peu chaud de la jolie doctoresse. Il l'aimait tant. Elle devait revenir à lui, à ses côtés. Rien qu'à lui. Lui appartenir pour toujours.

Elle ne s'était aperçu de rien, aucune douleur, aucun mal, aucun changement, rien. Elle savait bien que quelque chose changeait en son corps, dans son sang, dans son cœur. S'endormir, ne plus rien ressentir, n'être plus qu'un amas d'os et de chair sans âme ni esprit. Mourir.

Le médecin qui avait pénétré dans la chambre cent huit, avait fini son larcin. Avec des gestes délicats, il avait une dernière fois embrassé sa douce, d'un baiser chaud et salé de larmes vengeresses et désenchantées de n'avoir pu l'avoir pour lui seul, de la posséder à jamais pour toujours, avant de jeter sa seringue et de retirer ses gants. Il avait mis les appareils de surveillance vitale en mode silencieux puis s'était retourné, avait salué le policier de garde avant de partir comme il était venu.

S'il ne pouvait l'avoir, nul ne le pourrait.

En passant l'angle du couloir il ne s'était certainement pas attendu à être interpellé et c'était bien là le soucis, il s'était retourné, par mégarde ou simplement par pur réflexe.

Le policier, l'inspecteur qu'il détestait par dessus tout, venait de le reconnaître.

WILSON ! Cria Loki en commençant à courir sous les yeux estomaqué du médecin.

Le fou n'avait eu que faire de l'avis de recherche placardé sur tous les murs de la ville, il n'avait eu que faire de la police.

Alors qu'il fuyait le lieu du crime, sa demeure, il y a de cela plusieurs jours maintenant, après avoir rendu sa victime à l'inspecteur, il s'était échappé au plus vite hors du comté afin de mieux se cacher. Un peu moins d'une semaine plus tard, il lui avait simplement suffit de louer une voiture et d'attendre, bien sagement, le moment propice pour se faufiler dans l'hôpital.

Tout ce qu'il voulait, tout ce qu'il avait envie de posséder, l'inspecteur le lui avait pris. Cet enfoiré aux tatouages et à l'air sombre. Ce flic de pacotilles. Ce gars qui s'était interposé entre eux.

Tous ces mois de préparation pour capturer Mary Cooper, toutes ces années à l'observer et à espérer qu'un jour enfin elle lui dirait oui, qu'un jour enfin il la dominerait et qu'il la possèderait pour toujours. Tout ce temps à la voir se rapprocher de cet enfoiré de flic, ce policier imbécile et stupide au point de ne rien comprendre, incapable de comprendre que le harceleur était juste en face de lui. S'il ne pouvait l'avoir, nul ne l'aurait.

Dans son esprit de détraqué, il avait préféré la voir mourir plutôt que d'être simple spectateur de son bonheur. Morte elle serait à lui et à personne d'autre.

- WILSON ! STOP ! Avait crié l'inspecteur.

Une course incroyable et folle avait alors commencé dans le couloir du premier étage de l'hôpital général de Conyers. John ne comptait pas se laisser faire et se laisser appréhender sans rien tenter.

Le médecin qui avait offert le café au tatoué n'en revenait pas, il lui avait fallu alors plusieurs secondes pour comprendre que quelque chose n'allait pas, il s'était précipiter dans la chambre cent huit vérifier l'état de santé de sa patiente. Mary Cooper.

Le policier en faction devant la porte eût l'air surpris avant de comprendre, ils s'étaient tous deux enfoncés dans la pièce.

Les lignes étaient plates sur les moniteurs de l'électrocardiogramme, le cœur de Mary Cooper ne battait plus.

- Prévenez vos collègues que l'inspecteur Loki course actuellement le criminel dans les couloirs. Avait alors agi le docteur en premier. Je vais appeler des secours et la sécurité.

- Soixante-dix David, l'inspecteur Loki est actuellement à la poursuite du suspect John Wilson dans les couloirs de l'hôpital général de Conyers, renforts demandés. Le policier ne s'était pas fait prier avant de demander de l'aide grace à sa radio accrochée à son épaule.

- Bien reçu, soixante-dix David.

Bien entendu, le docteur était déjà au travail après avoir appuyé sur le bouton d'urgence. Alors qu'il avait entamé une intubation, l'équipe de secours s'était présenté à la porte.

Loki n'en croyait pas ses yeux, ce type voulait absolument mourir, il ne voyait pas d'autres explications, ce gars avait envie qu'il le tue.

Alors que le fuyard avait contourné un brancard sortant de l'ascenseur, l'inspecteur ténébreux n'avait pu l'éviter et l'homme, entraîné par sa course était tombé avec le malade et l'infirmier qui le poussait.

- Putain !  Mais ça ne va pas. Avait hurlé l'homme en blouse blanche alors que le policier, désolé, se relevait.

Sans aucun mot, le brun n'avait que faire de ce qu'il venait de se passer, son seul objectif, Wilson. Rien que Wilson.

Le fou n'avait cure de ce qui s'était déroulé à quelques pas de lui. Son objectif, fuir, voilà tout, simplement s'échapper.

Mais pourquoi alors avait-il pris les escaliers et était-il en train de monter aux étages supérieurs au lieu de partir par le rez-de-chaussée ?

Le chef des urgences gravissait les marches deux à deux. Dans sa course folle, l'inspecteur ne l'aurait pas ainsi, pas aussi facilement.

Le détraqué s'était précipité jusqu'au toit de l'hôpital, avait défoncé la porte de ce dernier avant de se retrouver sous la neige, qui tombait en gros flocons blanc et recouvrait tout sur son passage.

Nul échappatoire ici, aucun moyen de fuir encore. Il devrait affronter son ennemie juré, l'inspecteur Loki, l'homme qui avait gâché tous ses plans, gâché sa vie.

Alors que le meurtrier de Brie et Minou se tenait debout face au vide des cinq étages de l'hôpital, la porte du toit avait une fois encore claquée contre le mur, le faisant se retourner. Le policier ténébreux venait de faire son entrée.

- WILSON ! Loki arme à la main tenait en joue l'homme qui avait fait de la vie de Mary Cooper un enfer depuis des semaines.

Les deux hommes, s'était fait face durant plusieurs longues secondes, l'humidité des flocons de neige les mouillant, la fraîcheur de l'air les paralysant.

- Je ne vous suivrais pas. Avait commencé à dire John.

- Vous ne pouvez plus fuir Wilson. Le bâtiment est cerné. Avait crié Loki clignant des yeux deux fois.

- Si vous approchez, je saute. L'ancien médecin chef des urgences n'en avait que faire. Rien à foutre de crever écrasé sur le trottoir des mètres plus bas. Dans l'autre monde ils seraient enfin réunis tous les deux. Il avait accompli son destin, celui de n'avoir Mary Cooper rien que pour lui. Ils seraient ensembles dans la mort. À jamais réuni, car nul doute qu'elle devait être morte à cet instant. Le poison qu'il lui avait administré était sournois et rapide.

- Wilson ! L'inspecteur ténébreux ne savait pas vraiment si l'homme en face de lui, debout sur le rebord du toit, était sérieux ou pas. Que pouvait-il faire ? Ne faites pas ça. Lui avait-il dit. Tout ça peut finir d'une toute autre façon.

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