Alors qu'elle était à peine rentrée du travail ce jour là, l'inspecteur de ses pensées était assis sur le canapé, des dizaines de dossiers ouverts sur la table du salon, devant lui.

Les coudes posés sur ses genoux, le menton dans les mains, ses doigts frottant une barbe de quelques jours et son tic facial de retour, il avait l'air sérieux et tellement concentré.

Il devait être fatigué, d'ailleurs avait-il dormi depuis la veille au soir, elle en doutait fort.

Ils avaient couchés ensemble plusieurs fois la veille et elle était ravie. Mais il s'était levé dès qu'elle s'était endormie et au matin alors qu'elle partait travailler, il était déjà parti au poste central et une patrouille était là pour la surveiller.

Elle avait été déçue mais elle savait aussi qu'il était inspecteur et qu'il voulait résoudre cette enquête avant tout.
Et elle, elle voulait la justice pour Brie, pour son chat et pour elle et les préjudices qu'elle avait endurés.

Elle l'avait observé durant quelques secondes avant qu'il ne la voit. Aussi vite qu'il s'était rendu compte qu'elle était là, son visage s'était détendu.

Il avait rapidement fermé les chemises cartonnées avant de les glisser dans le tiroir de la table basse. Puis il s'était enfoncé dans le dossier du canapé, fermant les yeux avec un soupir fatigué.

Elle l'avait rejoint à pas feutrés avant de s'assoir à ses côtés.

- Comment s'est passé ta journée à l'hôpital ? Lui avait-il demandé. Rien à signaler ?

Elle avait doucement souri à son interrogatoire.

- Rien à signaler inspecteur Loki, lui avait-elle répondu.

- David, avait-il répliqué sans même ouvrir les yeux. Je m'appelle David, lui avait-il dit.

Elle avait été surprise de l'entendre lui dire ça ainsi : son prénom, tout simplement. Ils avaient fait l'amour et elle ne connaissait même pas son prénom.

Puis il avait tourné la tête vers elle avant d'ouvrir ses yeux, ses incroyables yeux bleus et sombres.

Le silence qui s'en était suivi, n'était ni gênant, ni étrange, juste électrique de sentiments et de tension sexuelle.

C'était donc tout naturellement que l'inspecteur avait d'abord glissé ses doigts tatoués dans la voluptueuse chevelure brune de Mary avant de l'embrasser.

Il avait besoin de cette proximité avec elle, besoin de la sentir contre lui, de la voir ainsi, vivante et enivrante dans ses bras, de l'embrasser avant d'en demander plus.

Tout naturellement elle s'était placée sur lui embrassant sa bouche gourmande.

Doucement, tendrement, telles des plumes caressant son corps, les mains tatouées du policier l'avait déshabiller, lui ôtant son pull et son chemisier, remontant ensuite sa jupe sur ses hanches, la libérant de ses collants.

Elle n'avait pas perdu de temps avant d'en faire autant avec lui, enlevant son t-shirt sombre qui avait rejoint ses vêtements sur le sol.

Tous deux s'étaient liés, se donnant l'un à l'autre, se perdant dans la folie de leur amour et de leurs besoins charnels.

C'était magnifique. Elle avait vibré comme jamais encore, et elle pouvait l'entendre gémir d'une voix rauque, prononcé son prénom dans le creux de son oreille. C'était certainement le son le plus érotique qu'elle n'avait jamais entendu.

La douleur l'avait réveillée, Mary n'avait jamais pensé une seule seconde, un seul instant que sa vie puisse prendre un tel tournant.

Ce n'était qu'un souvenir, un agréable souvenir, le plus magnifique qu'elle avait en tête et peut-être la seule chose qui la maintenait à flot en ce moment.

Son tortionnaire était parti après l'avoir torturé, elle ne voulait pas repenser à ce qu'il avait fait, mais les traces douloureuses autour de son cou, étaient suffisantes pour le lui rappeler. Elle souffla pour se redonner espoir mais elle en avait payé le prix, tout son corps n'était que douleur.

Les larmes ne cessaient de couler sur son visage sans qu'elle ne puisse rien n'y faire quand les souvenirs avaient afflué et quand la souffrance s'était faite trop violente.

Combien de temps s'était-il écoulé ? David la recherchait-il ?

Mary n'aurait su le dire. Mais elle savait en revanche qu'elle ne tiendrait pas plus longtemps comme ça et que son kidnappeur perdrait patience et allait finir par la tuer.

L'homme qui avait enlevé Mary avait un plan bien établi en tête. Un plan qu'il avait dû changer plus d'une fois à cause de cet enfoiré d'inspecteur à la con, ce gars aux allures de sombre crétin ne ressemblant absolument pas à un flic lambda. Pourquoi s'était-il mêlé à cette histoire ? Tout était pourtant si simple.

- Tu vas voir si tu vas toujours faire le beau après ça, avait dit le fou.

Il faisait les cent pas devant un tableau gigantesque, si grand qu'il recouvrait le mur tout entier. Dessus, il y avait tout un tas de photos de Mary mais aussi de Brie et aussi de l'inspecteur Loki.

- Espèce d'enfoiré !

L'homme était dans une rage sans pareil, boitant à cause d'une mauvaise blessure due à l'accident. Certes l'idée de foncer droit dans la petite citadine de la jolie brune lui avait semblé une bonne idée sur le moment mais, là il en payait les conséquences. Son genou avait grandement morflé et la douleur ajoutée à la haine et à la folie qui s'insinuait dans ses veines le rendait encore plus incontrôlable.

Pendant ce temps, Loki était à son bureau, en furie, épluchant les rapports des policiers et des pompiers qui s'étaient rendus sur les lieux de l'accident. Son cœur battait frénétiquement contre ses côtes, la peur et l'angoisse lui brûlant l'estomac, glaçant son sang dans ses veines.

La vision de la voiture encastrée dans l'arbre, les traces de sang dans la neige et les innombrables bouts de verre partout sur la chaussée... Toutes ses marques... Il espérait de tout cœur retrouver Mary entière et en bonne santé.

Cela ne devait pas faire plus d'une semaine que Mary avait emménagé chez l'inspecteur. Cette nuit là, le policier s'était éveillé en sursaut, la jolie brune était en proie à un cauchemar et le son de ses lamentations avait suffit à Loki pour oublier Morphée.

Instantanément, il s'était positionné assis face à la jolie doctoresse et il avait doucement secoué Mary sans pour autant la brusquer, juste assez pour la réveiller et l'aider à sortir de cette torpeur que don cerveau n'avait de cesse de lui rappeler.

- Mary ! Mary ! Avait-il dit, ses mains viriles serrées sur l'épaule de la jeune femme. Réveille-toi.

Il avait fallu encore deux ou trois secousses avant que la jolie doctoresse ouvre enfin les yeux. Les joues de Mary étaient brillantes de larmes.

Trop de fois il l'avait vu pleurer, trop de fois il avait été spectateur de ses cauchemars, trop de fois en si peu de temps il avait vu la peur dans les jolis yeux bleus marine de celle qu'il aimait. C'en était trop pour lui. Il ne pouvait en supporter plus. Il devait retrouver l'auteur de toute cette merde.

Sans un mot, sans rien dire, sans même essuyer ses yeux, elle s'était blottie contre lui alors qu'il se rallongeait doucement tenant le corps tremblant dans ses bras, sa magnifique chevelure brune lui chatouillant le visage. Il pouvait sentir le cœur de Mary cogner contre ses côtes. Ça ne pouvait plus continuer ! Pour la première fois de sa vie d'homme et de flic solitaire, il tenait, serré sur son torse, un être qui vallait bien plus à ses yeux que toute les richesses de ce monde.

Doucement, à grande dose de caresses, il était parvenu à la calmer. Ceci dit, cela ne l'avait pas rassuré pour autant. Mais la fatigue intense l'avait assailli de nouveau et il s'était rendormi, le souffle chaud de Mary caressant sa peau.

Sa haine envers le ravisseur de la jolie doctoresse était si grande qu'elle menaçait de le consumer tout entier. Il avait une telle rage en lui que s'il mettait la main sur cet...

Il avait été interrompu par la sonnerie de son téléphone.

Dans l'urgence et l'effroi, il ne se rappelait plus vraiment où il était et avait fouillé plusieurs poches avant de le trouver enfin.

- Loki j'écoute.

- C'est Smith. Descends, on a trouvé quelque chose.

Sans plus attendre, l'inspecteur ténébreux couru jusqu'aux sous-sols. Là-bas, la section scientifique et technique pouvait analyser les preuves de gros volume, et c'est ici même que les restes de la voiture de Mary étaient, une épave, un tas de tôle froissée et de vitres brisées.