8.
Yoongi POV
J'ai à peine le temps de descendre de ma moto, qu'un truc dure et chaud vient se coller instantanément à moi.
- Argh, Jungkook, lâche moi...Je fais mine de le repousser sur le côté pour pouvoir enlever mon casque.
Il sait que je déteste les contacts physiques. Les câlins et mots doux, ou toutes autres marques d'affections, me mettent profondément mal à l'aise. Je suis tellement nul quand il s'agit de ce genre de chose, et on peut sûrement compter sur les doigts d'une seule main les fois où j'ai prononcé le mot « je t'aime », mon frère étant la seule personne sur cette terre à l'avoir entendu. Et bien que je ne sois pas démonstratif envers Jungkook, ou mes amis, ils sont tout ce que j'ai.
- Hyung, je suis tellement content que tu sois venu pour le dîner.
Je hoche la tête et le suis hors du garage. J'essaye de revenir chez mes parents au moins une fois par semaine, sinon Jungkook me fait la tête pendant parfois plusieurs jours, refusant de répondre à mes messages ou ignorant mes appels.
J'appréhende ces dîners en famille. La présence de mes parents est la dernière chose dont j'ai envie d'être entouré dans ce monde. Leurs exigences envers moi m'ont épuisé pendant plus de 20 ans, et continuent de planer au-dessus de ma tête.
Heureusement, mon grand-père, l'alpha pur-sang le plus puissant de sa génération, a vite pris le relai sur mon apprentissage et je suis partie vivre avec lui à mes 18 ans.
Je sens déjà la tension régner dans l'air quand j'arrive dans le salon, ma mère assise élégamment dans le canapé hors de prix et inconfortable au possible.
Elle lève les yeux de sa tablette dernier cri et ses traits tirés par la concentration s'adoucissent en me voyant.
Elle se lève et vient caresser brièvement mes cheveux. Nous nous ressemblons beaucoup sur ce point. Nous détestons tous les deux l'affection, et bien que j'en sois indifférent, de son côté, Jungkook souffre beaucoup du manque d'attention de la part de nos parents.
Franchement, mon frère et moi sommes tellement différents, autant physiquement, que dans notre personnalité ou notre perception de la vie.
- Le repas est servi, madame. Claudia, la maîtresse de maison, se penche dans l'encadrement de la porte, avant de m'offrir un sourire affectueux, que je retourne furtivement.
Elle travaille pour notre famille depuis ma naissance, et à assurer mon éducation bien mieux que mes parents ne l'ont jamais fait.
- Merci, Claudia. Nous arrivons. Votre père nous rejoindra pendant le repas, il a rencontré un contre temps au travail, s'adresse-t-elle à nous en se retournant.
Nous nous asseyons à la grande table en bois moderne, du bœuf mariné Bulgoji accompagné de délicieux Mandu, servis artistiquement dans des assiettes aux contours designs.
J'ai à peine le temps d'apporter un bout de Bulgoji à ma bouche que l'interrogatoire commence.
- Comment va Soojin ? Demande ma mère, ses doigts délicats refermés sur les baguettes en bois.
Je hausse les épaules et engloutie le bout de bœuf, priant silencieusement pour que ma mère change de sujet.
- J'ai vu ses parents cette semaine. Nous n'avons pas arrêté de parler de vous, et combien vous feriez le couple parfait.
Je me retiens de lever les yeux au ciel. Cette réplique est vieille comme le monde.
Depuis mon enfance, je suis constamment poussé dans les bras de cette fameuse Soojin. Et pas pour rien... la famille de Soojin est très puissante, et ces dernières auraient tout à gagner de par un mariage, une union entre deux de ses membres.
Je n'ai rien contre l'idée de devoir me marier avec une Alpha, au contraire, c'est une évidence pour moi. Mais Soojin est...n'est juste pas la bonne.
On a essayé...vraiment. On a tenté de sortir ensemble, on a même pris du bon temps tous les deux... mais nous sommes vite arrivé à la conclusion que nous n'étions pas compatibles. Notre relation ne sera jamais rien d'autre qu'une amitié fraternelle, et quand j'avais confié mes ressenties à mes parents, ces derniers les avaient merveilleusement ignorés.
Comme une aide du destin, la porte d'entrée claque soudainement, coupant ma mère dans la prochaine question qu'elle allait formuler.
Mon père, débarrassé de son manteau, mais toujours vêtu de son costard-cravate, vient s'asseoir à la table devant moi, aux côtés de ma mère.
- Yoongi, quel plaisir de te voir, il marmonne sèchement, une nuance de reproche bien distincte dans la voix.
Cette fois, je ne peux me retenir de lever les yeux au ciel. Je déteste vraiment les dîners familiaux, et si ce n'était pas pour Jungkook que je venais, je n'irai jamais rendre visite à mes parents. Et ils le savaient très bien.
Il commence à manger délicatement, ne se débarrassant pas une seule fois de ses manières distinguées et raffiné de riches hommes d'affaires. Mes parents sont la définition même de « snobs », toujours tirer à quatre épingles, jamais un pli sur leurs vêtements hors de prix. Tellement superficiels, tellement...ennuyeux.
- Quand commence la saison des matchs ?
Je suis presque content que mon père ait choisi ce sujet pour commencer la série de questions qui va suivre.
- Dans un mois environ...
- Et comment est votre nouvel entraîneur ? Il ne faudrait pas que vous perdiez en finale comme l'année dernière, n'est ce pas ?
Je serre soudainement la mâchoire, une colère sourde me nouant l'estomac à l'évocation de cet incident. Notre défaite avait fait la une des journaux : « L'équipe de basket universitaire de l'université nationale des sports de Corée, est battue en finale, abandonnant son titre de championne nationale après avoir été titulaire du titre pendant 7 années consécutives ».
Imaginez la réaction de mon père quand on avait appris que LE Min Yoongi était parmi les joueurs vaincus ? Il avait d'une manière retournée toute la faute sur notre entraîneur, et l'avait fait virer de l'université. C'étais la première fois que je rentrais dans une telle rage, quand j'avais appris ce qu'il avait fait. J'aimais beaucoup mon entraîneur, il m'a aidé à accepter le basket et faire le deuil sur ma carrière rêvé en tant que producteur de musique.
La musique, le rap, le piano, la guitare... ont toujours été mes seules passions, les seuls domaines dans lesquels je me trouve compétent. Personne ne peut ignorer mon talent naturel pour la musique, pourtant mes parents ont jugé mon choix de carrière pas assez ambitieux, pas assez prestigieux. Pour eux, le sport, était beaucoup plus judicieux, plus concret.
J'aime le basket, et j'apprécie mes études, mais avant d'accepter de tirer un trait sur ma carrière de rêve, j'avais développé une certaine rancœur envers le basket. Et cet entraîneur m'avait aidé a changer ma vision des choses, faisant de chaque entraînement un moment instructif et familial.
- Il est très bien, nous gagnerons cette année, je grogne entre mes dents serrées, manquant de briser en deux ma baguette.
- Yoongi va gagner cette fois, je n'en ai aucun doute, intervient soudainement Jungkook, resté jusque-là silencieux, comme à son habitude en présence de mes parents.
Mon père hausse les sourcils, son visage dégoulinant de condescendance.
J'essaye de garder mon calme en leur présence, mais ils mettent toujours ma patiente à rude épreuve avec leurs reproches et les petites piquent lancées à tout bout de champ.
- Tu as annoncé la nouvelle à ton frère, Jungkook ?
Je garde les yeux rivés sur mon assiette, essayant tant bien que mal de me calmer, mais je peux voir du coin de l'œil mon frère se figer à mes côtés.
Il secoue timidement la tête, ses doigts tripotant nerveusement la baguette.
- Je n-ne veux pas en p-parler, sa voix est chevrotante, comme s'il essayait de retenir un sanglot.
J'entends mon père claquer sa langue, signe habituel d'énervement.
- Jungkook, nous avons déjà parlé de ça. Ne rends pas les choses plus compliquées, s'il te plaît, demande calmement notre mère, son visage fin impassible, comme dénuer d'émotions.
- Puisque ton frère ne semble pas trouver par lui-même une personne raisonnable à marier, nous avons trouvé pour lui, crache presque mon père avec colère. Elle s'appelle Eun et vient d'une famille respectable et est en plus une Alpha...n'est-ce pas Jungkook ?
- M-mais j'aime déjà T-taehyung, mon frère sanglote silencieusement, épongeant son visage mouillé par les larmes avec la manche de son sweat.
- Tu sais bien que ce n'est pas possible, c'est un Oméga..., toute la rancœur et l'animosité envers la race inférieure semble s'écouler de ses mots tranchants.
Je garde résolument les yeux fixés sur mon assiette, la mâchoire tellement contractée qu'elle est douloureuse.
- Hyung ? je peux ressentir toute sa détresse dans ce simple mot, comme un appel à l'aide désespéré.
Je désapprouve sa relation avec l'oméga, mon frère mérite beaucoup mieux. Mais je peux sentir mon cœur se serrer face à sa tristesse.
Pourtant, je ne réagis pas, le regard droit devant moi quand il laisse échapper un énième sanglot étouffé. Il fait de son mieux pour rester silencieux. Il finit par se lever précipitamment, jetant au passage sa serviette sur la table et disparaît rapidement dans les escaliers.
Mon père souffle bruyamment, avant de se prendre l'arête du nez entre les mains. Il semble épuisé de cette situation. Ma mère de son côté est toujours en train de manger tranquillement, un masque d'indifférence plaqué sur son visage. Il pourrait être tellement plus beau si elle y laissait fleurir une quelconque émotion. Pourtant je ne peux pas lui en vouloir, je me cache aussi souvent derrière ce même masque, c'est tellement plus simple de cette façon...
- Il n'a que 18 ans, vous devriez le laisser un peu tranquille.
À ces mots, je me lève et disparaît dans ma chambre, me concentrant pour ne pas entendre les pleurs de Jungkook derrière le mur.
Je n'avais pas prévu de rester dormir ici, mais repartir et laisser mon frère seul dans ces conditions me semble contre mes forces.
J'aimerais enlever toutes ses peines, quitte à les prendre et les assumer pour lui. Ou au moins aller lui parler, trouver les bons mots pour le rassurer, mais encore une fois...je ne sais pas comment faire.
Je passe toute la soirée assis sur mon lit, mes écouteurs dans les oreilles, une feuille blanche dans les mains à la recherche d'inspiration. Mais aucune ligne ne semble vouloir être écrites ce soir, la pointe de mon stylo effleurant sans cesse le papier blanc sans jamais y laisser de trace. C'est devenu mon rituel avant d'aller dormir, je reste parfois éveiller jusqu'au matin à écrire, réfléchir à des paroles et parfois finir avec une nouvelle chanson en mains.
Mais ce soir, je m'endors avec une feuille vierge.
⋅•⋅⊰∙∘☽༓☾∘∙⊱⋅•⋅
Des coups violents contre la porte me réveillent brusquement, remarquant avec surprise qu'il n'est que 7 heures du matin.
Mais qui ose me réveiller à une heure pareille, bordel ?
Je vais ouvrir la porte, les cheveux devant les yeux et torse-nu, prenant tout mon temps pour me lever.
Claudia, un air paniqué sur ses traits fatigués, halète, presque à bout de souffle.
- Jung-jungkook, est-il avec vous ?
Je fronce les sourcils, mais secoue la tête négativement. Je ne l'ai pas revu depuis le repas, hier soir.
Elle pose une main tremblante sur son cœur, les larmes au bord des yeux. Voire Claudia perdre ses moyens est vraiment très rare, étant d'habitude une personne calme et réservée. Un mauvais pressentiment m'agrippe fortement la poitrine, que je tente de repousser pour garder mon sang-froid.
Je pose une main rassurante sur l'épaule frêle de Claudia, son corps tremblant comme une feuille.
- Il... j'ai voulu aller le réveiller pour l'école, mais il n'était pas dans sa chambre, son lit n'était même pas défait...j'ai cherché dans toute la maison, mais...il n'est nul part.
Elle explose en sanglots à la dernière phrase, pourtant ma main rassurante retombe mollement contre mon corps.
Merde, mais c'est quoi ces conneries ?
Avant que je ne me fasse une raison, Claudia relève ses yeux brouillés de larmes vers les miens.
- Jungk-kook...je crois qu'il a fait...une fugue.
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