21.
JIMIN
Jin m'a ramené chez nous, à Busan, et la présence réconfortante de ma mère a eu un effet apaisant sur mes symptômes, même si le besoin de l'alpha a persisté.
Persisté, mon cul. Il était omniprésent, oui.
Je pouvais me rappeler, dès que je fermais les yeux, la façon dont il me déshabille du regard chaque fois qu'il pose ses yeux noirs sur moi, où la manière dont ses grandes mains, fines et veineuses, empoignent mes hanches, exerçant juste la bonne pression sur ma peau pour me laisser une certaine liberté de mouvement, mais en même temps assez pour m'ordonner silencieusement de lui obéir.
Tel est le pouvoir qu'il possède. Il n'a pas besoin d'utiliser la force, ou de devenir violent, la prestance naturellement dominante et le regard sans pitié de l'alpha imposent le respect et décourage quiconque de lui chercher des ennuis.
Enfin bref. J'ai expérimenté cette période dans un état de semi-conscience, me réveillant abruptement en appelant le nom de Yoongi, la gorge sèche de déshydratation et le corps en sueur, pour me rendormir quelque temps après dans le vêtement de l'alpha.
Entre temps, quand mes chaleurs se sont réellement installées, des pulsions sexuelles incontrôlables ont afflué dans mon corps, me faisant me tordre de douleur dans mon lit. Le besoin de soulager quelque peu la douleur et le manque, était si urgent que c'est sans pudeur que je me masturbais, criant le nom de l'alpha à chaque orgasme.
Et quand je parvenais enfin à trouver un peu de repos pendant les rares périodes de sommeils, mes rêves étaient remplis d'images obscènes et franchement inavouables.
Ma mère est restée à mon chevet, cependant. Enfin... pas tout le temps, du coup. Elle s'est assurée de me rafraîchir avec des serviettes mouillées, me faire boire le plus souvent possible et m'apporter à manger. Elle m'a rassurée et consolée quand je la suppliais de m'amener auprès de Yoongi.
Et pourtant, malgré les nombreuses plaintes et appels de détresse que j'ai pu émettre, à moitié conscient des mots qui pouvaient passer la barrière de mes lèvres, l'alpha n'est jamais venu.
Dans tous les cas, un besoin en particulier, m'a accompagné à travers la pire période de ma vie.
Je voulais qu'il me touche, qu'il me morde, qu'il me baise, ... une de ses options ou les trois à la fois, mais du moment qu'il soit près de moi.
Et quand la torture – oui, vraiment, j'ai même cru mourir à un moment tellement tout devenait intense, tous mes sens étaient exacerbées. Du moindre frottement du vêtement à Yoongi sur mon épiderme ultra-sensible, aux sentiments beaucoup trop intenses et presque dramatiques pour être gérables. Du genre, Yoongi ne veut pas de moi, donc je préfère mourir, ou encore, j'ai besoin de me soulager, donc je vais utiliser ce putain de sex-toy jusqu'à en casser le mécanisme de vibrations...oui, vraiment – s'est enfin calmée, le docteur familial est passé nous rendre visite.
Ma mère, qui a essayé de cacher sa panique tant bien que mal pendant ses quatre jours, à tout de suite appeler le médecin dès que j'ai été capable de parler. Enfin, du moins, quand j'ai été capable de dire autre chose que le nom de Yoongi.
Il s'avère que j'ai été victime d'une Hyper-période. Rien de relativement grave, mais l'angoisse de ma mère sur le moment était assez contagieuse. Mais je ne peux pas lui en vouloir, après tout. C'est la première fois qu'elle devait faire face à une telle situation. Elle-même, en tant que bêta, est peu familière avec les périodes de chaleurs ou de ruts.
Le médecin nous avait alors expliqués calmement, je pense qu'il a eu pitié de la mine dépitée de ma mère, presque aussi épuisée que la mienne.
Lors des chaleurs, les omégas ont généralement des symptômes tels que des bouffées de chaleur, des étourdissement, une faiblesse musculaire et bien sûr des pulsions sexuelles, mais elles sont la plupart du temps facilement contrôlables, permettant aux Omégas de continuer à faire les choses quotidiennes de la vie.
Mais les Hyper-chaleurs sont, en réalité, une tout autre histoire. Ces dernières sont caractérisées par une production de phéromones très intense, pouvant être déclenchées par un chamboulement hormonal ou dans certains cas très rare, par un défaut génétique. Ce type de chaleur est peu commun, et pour le meilleur, car durant une hyper-période, l'oméga va souffrir de douleurs causées par des pulsions sexuelles incontrôlables, une fatigue extrême, des difficultés voire une incapacité à marcher et des fièvres tellement intense qu'elles mènent souvent à la déshydratation.
Voilà.... super, non ?
Mais bon...je suis sérieusement en train de remettre en question la notion du mot « torture » pour décrire mes premières chaleurs, quand je suis en face d'un Jin, complètement perdu mais également extrêmement têtue.
- Attends...tu es en train de me dire que Yoongi, du genre MIN Yoongi, l'alpha pur-sang de la putain de famille Min, du genre LA famille qui prône la suprématie Alpha, et déteste par-dessus tout les omégas, est ton âme-sœur ?
Je me frotte les yeux, une migraine coriace déjà bien installée venant cogner douloureusement contre les parois de mon crâne.
- Oui, Jin. C'est exactement ce que j'essaye de te dire. Depuis au moins, genre, dix minutes.
Jin me fixe encore quelques secondes, les doigts agrippant le gobelet en plastique de son café tel une bouée de sauvetage. Il finit par soupirer bruyamment, détourner le regard et se laisser retomber contre le dossier de la chaise.
- C'est de la science-fiction, cette histoire.
Je hoche la tête doucement. Je suis d'accord avec lui, pour une fois.
- Et maman est au courant ?
Je hoche la tête une deuxième fois, cette fois avec moins de conviction.
- J'ai bien dû lui expliquer la situation. Je n'arrêtais pas de répéter son nom, et la suppliais littéralement de...enfin bref, je préfère oublier.
Mon frère, en face de moi, penche la tête sur le côté, comme en signe d'approbation.
- Je peux te le confirmer. Ce n'était pas beau à entendre.
Je le vois contempler le bois de la table, les yeux dans le vide, avant qu'un frisson me vienne le sortir de sa transe et secouer son corps tout entier, comme s'il venait de se remémorer quelque chose qu'il préférerait oublier.
Je sens mes jours s'échauffer, et je me racle la gorge, embarrassé.
- Elle a dit quoi, du coup ?
Je prends le temps de boire une gorgée de mon cappuccino avant de lui répondre, mais n'arrive qu'à me brûler le palais, et avec une grimace de douleur, je repose la boisson brûlante sur la table.
- Elle n'était pas vraiment contente...et bon, tu la connais. Comme elle peut être surprotectrice avec moi. Mais je crois que mes premières chaleurs, plus cette histoire l'ont un peu désorientée, et bon...on va dire, qu'on n'a pas encore pris le temps d'en parler sérieusement.
- Et tu crois qu'elle va faire quoi ?
Je hausse les épaules, avant de vérifier que ma mère n'est pas dans les parages.
- Elle peut aussi bien me dire de faire comme je le sens, que me dire de revenir vivre avec elle. Tu sais comme elle est, toujours imprévisible.
Jin hoche lentement la tête avant de reprendre une gorgée de sa boisson.
- Tu sais, il repose le gobelet délicatement, avant de relever des yeux sérieux vers moi. Je ne vais pas te dire quoi faire, ça ne concerne que Yoongi et toi...mais il faut que tu me parles. Tu ne peux pas te la jouer solo, surtout dans des situations aussi importantes...je peux t'aider, tu sais.
Je discerne une pointe de tristesse dans sa voix, et immédiatement, je sens mon cœur se serrer de culpabilité.
- Je sais que je peux te faire confiance, Jin. Je me penche pour envelopper sa main dans la mienne. Mais tu me connais mieux que quiconque. Tu sais que je n'aime pas demander de l'aide, et que je déteste encore plus me plaindre de mes problèmes. Je préfère amener de la joie dans la vie de ceux que j'aime plutôt que des complications.
Mon frère fronce les sourcils, paraissant soudain inquiet.
- Pas de ça avec moi, hein. Agis comme tel avec tes amis, si ça te chante, mais ne m'épargne pas. Pas moi, Jimin.
Je resserre ma prise sur sa main, attendris par les mots qui je sais, sont sincères et aimants, avant de me redresser dans la chaise.
- Oui, je sais. J'ai été stupide. Je pensais bien faire en me la jouant « solo », comme tu dis. Et je dois t'avouer que jusque-là, je n'ai réussi qu'à m'enfoncer toujours plus profond dans la merde.
Je vois que mon frère essaye de retenir un petit rictus amusé.
- C'est bien ton genre. Tu ne pouvais pas t'unir à quelqu'un d'autres ? Sérieux, qu'elle idée quoi. Min putain de Yoongi.
- Mais ce n'est pas comme si je l'avais choisi. Je te jure que la vie essaye de me punir, je ne sais pas ce que j'ai fait de mal pour mériter une chose pareille, mais crois-moi, quand je te dis que notre lien est tout sauf une bénédiction.
Cette fois, mon frère ne peut retenir un petit ricanement, et je relève vivement la tête.
- Je suis sérieux, Jin. C'est la pire chose qui ne me soit jamais arrivé.
Je le vois hausser les sourcils en signe d'approbation.
- Oui, je sais comme il peut être. Ce n'est pas quelqu'un de mauvais, mais ce n'est pas quelqu'un de bien, non plus. Je préférerais que tu restes loin de lui, mais bon...
J'inspire profondément, et essaye une énième fois de boire mon cappuccino. J'émets un petit bruit satisfait en sentant le goût amère, et à la fois doux du liquide maintenant tiède exploser en bouche. Je ne suis pas un grand fan de café, j'en bois plus pour leur effet énergisant que pour le goût, mais celui de ma mère est vraiment un délice.
Cette dernière tient un petit café à Busan, dans une rue tranquille et paisible, et j'aime le fait qu'elle ait réussi à conserver cette atmosphère à l'intérieur de son commerce, même pendant les heures les plus animées de la journée.
- Dans tous les cas, il n'a pas intérêt à te blesser, quelque en soit la raison.
Je peux noter le changement dans sa voix, plus rauque, et la lueur dans ses yeux, plus dure.
Je n'ai pas la force de lui dire que c'est déjà fait.
Que chaque rejet de sa part me fais l'effet d'une gifle, ou que chaque moment passé loin de lui parait presque fade, sans saveur.
Oui, j'ai remarqué que mes sentiments pour l'alpha prennent de l'ampleurs chaque jour, l'affection se transforme doucement, mais sûrement en un sentiments plus grand, plus imposant, beau et à la fois tellement dangereux. Car, qu'est ce qu'il se passe si je tombe amoureux de lui ?
Je ne sais même pas si Yoongi sera capable un jour de me retourner mon amour. Il semble tellement aveuglé par le pouvoir, par l'éducation stricte et étroite d'esprit qu'il a reçu, que je me demande presque s'il est capable d'aimer, tout simplement.
Et comment savoir si nos sentiments sont réels, ou s'ils ne sont, au final, que le fruit d'un lien qu'aucun de nous n'a demandé ?
Oui, la vraie question est : est-ce que je serais tombé amoureux de Yoongi si nous n'étions pas âmes-sœurs ?
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