7.
Billie Fernandez
Lorsqu'Edna s'assoit près de Niya, qui lui a fait un peu de place sur la banquette, elle pose sa tête sur son épaule et Niya l'entoure d'un bras réellement concernée par son état.
Tout comme nous.
Nous sommes tous silencieux et attendons qu'elle commence sa phase explicative.
— Tiens. Goûte à ce cocktail, lui propose Niya son verre après plusieurs minutes.
— Merci, dit-elle d'une petite voix.
Elle apporte la paille à sa bouche avant de reposer le verre et de soupirer, visiblement dépassée.
Je n'aime absolument pas la voir comme ça. Ça me brise littéralement le cœur. Qu'est-ce qu'avait fait ce type pour la mettre dans un état pareil ?
Je tape sur la table ce qui fait sursauter tout le monde et je lance :
— Edna, donne-moi le numéro de ce connard ! Je te jure que je vais aller le voir ce salaud ! dis-je menaçante.
— On vient avec toi. Nan mais attends, c'est pire qu'un connard si tu as perdu le sourire. J'ai des cagoules dans ma voiture les filles ! rétorque Mirah. Et une batte de Baseball, ajoute-t-elle.
C'est tellement inattendu qu'on explose tous de rire. Cela lui arrache un petit rire et la détend.
— Qu'est-ce qu'il a fait ? l'interroge Niya avec précaution.
Elle ricane au souvenir et répond :
— Il m'a demandé de l'épouser.
— Oh mon Dieu ! s'exclamons-nous.
On commence tous à parler en même temps, tellement abasourdis par ses mots.
Elle reprend une gorgée du cocktail de Niya en fermant les yeux.
— Mais ... Mais où est la bague ?
Nous nous taisons et nous regardons tous Edward qui se justifie de suite.
— Hé ! Les temps sont difficiles mes chéries ! Tu aurais dû prendre la bague et te barrer et refuser. Mais tu aurais dû prendre la bague quand même.
— Il n'a pas tort, déclare Amiri. C'était une quoi ?
— Je crois que c'était une solitaire de Tiffany&Co, répond-t-elle.
— Oh mon Dieu ! disons-nous en même temps.
Edward lâche des « Jesus » tandis que Mirah se frappe le front et moi, je me dis qu'Edward a raison. L'argent, on ne le trouve pas facilement alors elle aurait pu prendre cette bague et la revendre.
Il lui a offert non ?
— Il est riche !? Donne-moi son numéro, je l'épouse sans problème, rit Jude. En plus, s'il est canon, je ne vais pas faire ma difficile.
Edward la frappe à l'épaule et elle glousse avant d'admettre qu'il accepterait aussi.
Edna lève les yeux et repose le verre.
— Je vais tout vous raconter.
Nous nous arrêtons de parler pour l'écouter attentivement tout en mangeant nos desserts.
— Au début, ça s'est bien passé. Vraiment. Ses parents sont des personnes adorables. Bon, sa mère est folle car elle envisageait déjà le mariage, me parlait des petits-enfants, mais vraiment à fond dedans, explique-t-elle.
Mirah et moi, rions.
— J'imagine trop ta tête dans ces moments là, Edna, répliqué-je.
— Nan mais cette femme, je me demande de quelle planète elle vient mais, elle est vraiment gentille, en plus les filles, elle cuisine super bien, ajoute-t-elle.
— Arrange un rendez-vous avec elle, dit Niya. Dis-lui que nous sommes une association d'accro à la nourriture.
Edna sourit en coin et reprend.
— Donc, elle m'a fait la visite de leur appartement qui sort tout droit d'un magazine de décoration et puis on finit par la chambre d'Elliott.
— Et elle a aimé les fleurs et le chocolat ? la questionné-je.
— Ouais. Le bouquet m'a coûté 40 dollars et elle a failli pleurer parce que le bouquet contenait ses fleurs préférées.
— Ça sent la future belle-mère ! chantonne Edward.
Edna le fusille du regard et reprend encore une fois.
— Bref, il n'y a pas vraiment eu d'éléments dérangeants. Tu peux parler de tout avec eux. Ils sont si tolérants et ouverts d'esprit ! Bon, on arrive au dessert ...
— C'était quoi ? demande Amiri.
— Elle a fait un crumble de pommes et de la glace à la vanille faite maison, répond-t-elle en fermant les yeux. C'était juste ... je crois que je vais rêver de ce dessert.
— Arrête, tu nous mets l'eau à la bouche, se plaint Niya. Tente ce rendez-vous hein !
— Après ce que j'ai fait, ça ne risque pas. Donc, pour en revenir à ce dîner avec un final désastreux, on est revenu à moi et au fait qu'Elliott est parti dire à ses parents que j'étais la femme idéale. J'ai donc demandé ce qu'il a dit et apparemment, il a dit que j'étais talentueuse, douée, ambitieuse et tout, dans mon travail. Bref, comme tous les parents, ils lui ont demandé un descriptif et ce malade leur a dit que j'étais noire. Je pense qu'il voulait voir ce qu'ils allaient dire. Eh bien, ses parents ont été déçus qu'il pense qu'ils allaient le prendre mal.
— Ils sont trop chou, commenté-je. Enfin, ma mère s'en fiche aussi, mais ils sont trop sensas ses parents.
— Ouais ! s'exclame-t-elle. Je ne sais pas comment ils ont pu avoir un fils comme ça. Bref, ils m'expliquent qu'ils lui ont inculqué les valeurs fondamentales du partage et de l'égalité entre chaque individu, de se battre pour ses droits et ceux des autres, d'être contre le racisme et tout, alors vous pouvez bien comprendre que je suis restée encore choquée. Et en plus, il a admis que ses parents disaient la vérité. Et puis, son père lui dit que c'est le moment de faire la proposition. Les filles, j'ai éclaté de rire. J'ai éclaté de rire comme une malade ! Il s'est mis à genoux !
On couine comme des idiots face à ses propos.
Edward est dans tous ses états et Mirah la force à poursuivre pour savoir la suite.
— Genre comme dans les films ? fais-je. Nan mais c'est parfait là pour mon roman, Edna !
— Attendez ! Attendez ! Il m'a sorti un vieux discours et il m'a sorti la phrase là. Je lui ai donc ordonné de se relever et je me suis levée et j'ai dit toute la vérité à ses parents. Même l'histoire du coup de genoux de lundi.
— Sainte-Marie Joseph ! s'exclame Edward.
— Ça devait être magnifique Edna Fall ! Tape là ! rit Niya. T'es une vraie toi ! Il est fou lui.
— Attendez ! Sa mère m'a attristé. Elle était tellement à fond dedans. Elle a vraiment cru que c'était un malentendu. Je lui ai bien confirmé l'histoire et je l'ai remercié quand même. Je ne pouvais accepter, alors que ses parents sont gentils. Vous êtes d'accord avec moi ?
— Moi, je trouve ça parfait ! déclaré-je. Oh là là ! Ça m'inspire trop !
— Super Billie. Si ma soirée merdique peut t'aider, je suis contente. Donc pour finir, parce qu'après ça, je vais aller chauffer la piste comme jamais, il m'a suivi jusqu'à ma voiture pour me cracher au visage que je ne suis qu'une égoïste et que des tas de filles auraient acceptés et que je voulais me la jouer inaccessible. Je l'ai giflé comme il n'a jamais été giflé, c'est sûr !
Mirah et Niya se mettent à crier comme des folles car c'est vraiment leur genre de faire ce genre de scène et elles félicitent Edna pour son action. Évidemment, ça attire le regard de certains clients et un serveur passe pour nous demander de nous calmer, mais Edward le remballe avec sa légendaire courtoisie en lui disant qu'on payait, alors si on voulait exprimer notre joie, on avait le droit. Le serveur est parti excédé et Edward a reporté son attention à Edna.
— Et qu'est-ce que tu lui as dit Edna chérie ? s'impatiente-t-il. Tu lui as répondu quand même ?
— Je l'ai menacé et je lui ai dit d'aller trouver ce genre de filles pour mentir à ses parents. J'ai ajouté que c'était un petit con et qu'il n'avait aucune honte et qu'il ne méritait aucune aide.
— Houuu ! grimace-t-il. Ça pique !
On se tape toutes dans les mains et Edna a complément retrouvé le sourire.
— Nan mais c'est parfait Edna. T'es la meilleure ! la félicité-je.
— Ouais ! J'attends quand même la voiture et le gros chèque, Billie, me rappelle-t-elle. J'espère que ce que je t'ai raconté va te suffire.
— Oui, ça fourmille dans ma tête, dis-je toute excitée.
— Tu as très bien fait ! déclare Jude. Tu aurais dû même lui redonner un coup dans l'entre-jambe. C'est un goujat ! Un idiot !
— Tout à fait ! dit Amiri. T'aurais dû juste prendre la bague ! Comme ça, il serait encore plus énervé.
— Ouais, je n'ai pas pensé à ça, dit Edna. Tant pis.
La musique « Hot in here » de Nelly envahit le lieu et nous nous exclamons tous car cette musique, c'était notre adolescence et en plus, elle avait été reprise dans un épisode de Jane The Virgin et nous avions appris la chorégraphie.
Oui, Edward et Jude étaient là ce jour-là.
Nous nous levons comme un seul homme pour aller danser et prendre toute la place sur la piste.
*
J'ai laissé les filles et Edward sur la piste car je suis assoiffée.
Je me dirige vers le bar pour demander un verre d'eau express car la musique « Baby Boy » résonne dans le Blue Valentine et évidemment, je veux les rejoindre parce que depuis une heure on se déchaîne et on s'amuse en se moquant totalement des regards des autres.
Notre dream team est juste la meilleure que je connaisse.
Avoir le moral dans les chaussettes, ça n'existait pas entre nous.
On se soutenait et on prenait le problème des autres comme si c'était le notre.
C'était ça l'amitié et l'amour. La sincérité et la franchise. Lorsque l'une de nous était en tort, on disait la vérité. Pourquoi lui mentir ? Au contraire ! On apprenait l'une des autres.
Lorsque l'une de nous avait besoin d'un conseil, on la conseillait.
Lorsque l'une de nous avait le cœur brisé à cause d'un type (ce qui est rare vu le désert sentimental que nous connaissons en ce moment) on allait lui casser la gueule et puis c'est tout.
Oui, on l'avait fait au lycée pour l'un des ex à Amiri et celui de Niya. Et le mien aussi, tiens !
On avait troué les pneus de sa voiture.
Les conflits de minettes, nous n'en avions jamais eu parce qu'on se disait tout.
Quitte à blesser, au moins, c'était fait.
Mon Dieu ! J'aime mes amies. Elles sont comme ma famille. Non, elles sont ma famille.
Est-ce que vous connaissez cette amitié qui fait que rien ni personne ne pourra la briser car elle est solide ?
Eh bien, nous, c'était ça. Bien sûr, Edna avait la première position et elles le savaient toutes, mais aucune jalousie et vice-versa.
Oui, une magnifique amitié. Et oui, ça existe.
— Un verre d'eau s'il vous plait ! demandé-je au barman qui me sourit.
— Tout de suite, ma jolie.
Je me sens flattée, mais comme je transpire énormément, je me dis que je n'ai aucune chance avec lui, même s'il est mignon.
Je repousse mes cheveux blonds qui me collent au front et à la nuque et je les regarde se déhancher sur la piste où beaucoup danse tout en les regardant.
Edna est à mourir de rire. Elle se déhanche à la perfection, parce que même si cette menteuse dit ne pas aimer Beyonce, elle connait toutes ses chansons par cœur. Son déhanché attire tous les regards et surtout sa classe de ce soir l'a rend presque envoûtante. Le jaune lui va définitivement bien.
Un homme tente une approche vers elle, mais elle le voit et lui présente son majeur en riant puis elle danse avec Mirah qui bouge ses fesses comme une dingue et Edward qui danse mieux que certaines femmes présentes.
Amiri se donne comme jamais et c'est trop hilarant à voir. On a l'impression qu'elle joue toute sa carrière en dansant. Niya s'est laissée envoûter par un type assez mignon et danse avec lui tandis que Jude est introuvable.
J'imagine qu'elle doit être avec ce grand blond qu'elle trouvait sexy depuis le début de soirée.
— Ton verre d'eau, ma belle !
— Merci.
Je le prends aussitôt et prends une grosse gorgée.
Je le finis rapidement et n'hésite pas à en redemander un second.
— La danse assoiffe à ce que je vois.
Je tourne ma tête vers mon interlocuteur qui est à ma droite et qui sirote tranquillement son verre d'alcool. Une tequila, je crois.
Je l'examine du regard et récupère mon verre d'eau que je bois doucement cette fois.
Je sens son regard sur moi et pose mon verre avant de le regarder, une nouvelle fois.
Il a l'air d'être grand et ses cheveux bruns sont attachés en chignon à l'arrière de sa tête. Il n'y a que quelques boucles qui s'y échappent mais ... c'est mignon.
Il a beaucoup de bagues à la main et j'ai l'impression que sa place n'est pas ici, étant donné son allure que je ne saurais définir.
Il porte un jean noir troué et une chemise qui est immense pour lui ainsi qu'un tee-shirt délavé qui a aussi des petits trous et des Doc Martens au pied.
Je crois que ce type se moque du style qu'il arbore.
— Je sais, je suis atypique.
Ses yeux presque noirs sont rieurs et je bafouille je ne sais quoi.
— Douglas Foley, dit-il en me tendant sa main.
Edna ne l'aurait probablement pas serré, parce qu'elle le trouverait bizarre mais ... ne riez pas, j'aime les gens bizarres.
La preuve ! vu que mes amis sont tous bizarres et que je suis la plus normale.
Alors, je la serre étant polie.
— Billie Fernandez.
— Enchanté, Billie. Votre prénom vous va bien.
— C'est gentil.
— Je vous propose un verre ?
— Pourquoi ? Pour que je sois saoule et que vous m'emmeniez avec vous chez vous ?
Il rit doucement et se mord doucement la lèvre.
Il se croit sexy, là ? Bon ... Il l'est quand même un peu.
— Non. Je ne suis pas ce genre de gars.
— Ah. Eh bien, je ne suis pas ce genre de personnes. Je ne bois pas. Et je ne tombe pas facilement dans les bras d'un dragueur.
Il éclate de rire et je me sens vexée par son éclat de rire sincère.
Il se fiche de moi ce petit merdeux aux habits troués.
— Bon, je retourne auprès des gens comme moi.
— Oh. Ça, c'est méchant. Ce n'est pas bien de juger au style ou à la façon d'être de la personne.
Je me fige et le dévisage.
— Et, je ne vous draguais pas. Ou un peu, ajoute-t-il avec un sourire en coin que je qualifierai de craquant. Quand bien même, je voulais dire que vous êtes une bonne danseuse et que vos amis aussi. Vous faites le spectacle ce soir et ça fait du bien de voir des gens insouciants et heureux de vivre.
— Merci, bredouillé-je, méfiante. Ça aussi c'est gentil.
La chanson « Baby Boy » touche à sa fin et celle de Marvin Gaye apparaît.
Edna est comme dans un état second, parce qu'elle aime tout simplement ce type et connait presque toutes ses chansons et « Sexual Healing » est l'une de ses favorites comme moi.
Des couples se forment aussitôt sauf elle qui s'entoure de ses bras et lance des mauvais regards à tous les types qui tentent une approche.
J'éclate de rire parce que ça, c'est ma Edna et les filles se sont trouvées des partenaires pour la chanson. Amiri et Edward la forcent à en faire de même, mais elle refuse et reprend sa danse solitaire.
— Elle a l'air marrante votre amie, dit-il avec le sourire.
— Oui. Un peu dingue mais elle l'est. Et c'est ma sœur, précisé-je.
Tout en dansant toute seule, elle chante les paroles et fait mine d'être caressée dans le dos.
Ça me rappelle au lycée lorsque nous étions en science naturelle et qu'elle avait dansé avec le squelette qu'on appelait tous Oscar. Toute la classe était hilare et lorsque le prof est arrivé, c'était encore plus marrant parce qu'elle était tellement à fond dedans.
— Vous croyez donc à la meilleure amitié ?
Je lui jette en rapide coup d'œil en dansant sur place, moi aussi.
— C'est plus que ma meilleure amie, cette femme. C'est ma vie, cette fille. On va se disputer mais le lendemain comme des frères et sœurs, on va se réconcilier. Tandis que les meilleurs amis, il y a toujours des petits risques de séparation. Je ne me séparai jamais d'elle. Et elle non plus.
— C'est très joli ce que vous avez dit.
— Je sais, soupiré-je. Je dis toujours des belles choses. Je suis écrivaine.
— Oh eh bien, je l'avais deviné.
Il me sourit et j'en fais de même.
— Vous avez écrit quel livre ?
— Il est en cours de préparation, répondé-je. Mais, je me proclame écrivaine parce que je sais que ça va être un succès.
— Vous, je vous aime bien, dit-il. C'est rare de voir une femme qui a autant d'assurance.
— Ouais. Je l'assume bien. Et tout le monde aime Billie. Sachez-le.
Nous rions ensemble et je me décide d'aller rejoindre Edna qui me fait vraiment pitié toute seule.
— Bon, j'y vais. Ravie de vous avoir rencontré Douglas Glas, le taquiné-je. Allez ! Riez de ma blague.
— On ne me l'avait jamais faite celle-là, mais c'est marrant, rit-il doucement.
— Parce qu'encore une fois, je suis Billie mon pote, déclaré-je en lui donnant une tape à l'épaule. Allez salut.
— Attends.
Je me retourne au contact de sa main fraîche sur mon bras. Il rougit aussitôt et relâche mon bras.
— Ça ... Ça te dit qu'on se revoit ?
Ah là là, je savais que ce soir, mon potentiel d'action était à son top niveau, mais il est le premier à me demander de se revoir sans me demander mon numéro en premier ou jouer son rôle de grand charmeur et c'est plaisant.
— Et pourquoi j'accepterais ?
— Parce que je ne suis pas un type ... lourd ?! Et que je suis intriguant avec mon style. Et peut-être parce que je ne suis pas un mannequin et que je ne suis qu'un type normal.
Je fais mine de réfléchir.
— Mh, bon d'accord. On peut se voir, dimanche. Je ne risque pas de me réveiller demain alors ...
— Va pour dimanche, accepte-t-il. On peut prendre notre petit déjeuner ensemble, propose-t-il. Je connais un endroit sympa.
— D'accord. Je ramène Edna avec moi.
Sa tête me fait rire lorsque je dis ça et je le rassure.
— Je plaisante. C'est juste une policière, je préfère te prévenir. Au cas où, tu as l'esprit tordu.
— Oh. Je ne comptais pas te kidnapper ... quoique ... non, sérieusement, elle peut venir si tu veux. Ça ne me gêne pas.
— Je viendrai Douglas. On se retrouve pour ...10 heures sur la Sunset Avenue ?
— Parfait.
— Prends mon numéro.
— Oh bien sûr.
Il me tend son téléphone que je prends et j'y inscris mon numéro avant de lui rendre.
— À dimanche alors. Et attention à l'alcool.
— Oui. Au revoir, Billie.
Je rejoins les filles après un dernier regard vers lui.
*
Lorsqu'on arrive à notre appartement, il est presque quatre heures du matin.
Et quand on enlève nos talons pour retrouver le plat du sol, on gémit toutes les deux de douleurs avant de nous jeter sur notre canapé respectif, épuisées.
— Je n'ai pas la force d'aller dans mon lit, dit-elle d'une voix endormie.
— Moi non plus. On a trop trop trop dansé. Je suis collante ... mais j'ai pas la force de prendre une douche là.
— Mh. Faut ... Faut que je te parle tout à l'heure Billie.
— Moi aussi.
Et nous nous endormons immédiatement.
*
Quand j'ouvre les yeux, le soleil illumine déjà notre salon et ça sent bon le citron.
Je devine facilement qu'Edna a fait le ménage.
Je grogne et referme les yeux pour tenter de me rendormir, mais Edna me secoue.
— Hé ! Billie lève-toi. Il est presque 14 heures sinon je vais chercher la ceinture.
— Laisse-moi, je suis fatiguée.
— On doit aller chez Zack.
Je soupire et la regarde. Elle est assise sur la table basse.
— T'es pas supposée bosser ?
— J'ai appelé le Chef et je lui ai dit que j'étais malade. Je ne veux pas voir Elliott et encore moins bosser sur une affaire trop ... faut que je te parle de ça d'ailleurs.
Je me redresse et elle me tend mon gobelet de Latte avec un sachet où des muffins m'attendent.
— T'es debout depuis quelle heure ?
— 11 heures, répond-t-elle. J'ai eu le temps de courir, acheter nos Latte, de faire le ménage et de me préparer.
Je la dévisage et souffle.
— Tu fais chier à être comme ça, bougonné-je. Apprends-moi !
Elle rit et me frappe à la cuisse.
— Écoute ! J'ai toujours été comme ça.
— Tu aurais dû me réveiller pour courir.
Le Latte me glisse doucement dans la gorge. La dose de sucre est parfaite.
— Pour que tu t'assois sur un banc à m'attendre ? Tu n'aimes pas le sport, Billie, me rappelle-t-elle.
— Oui bah ... ça a changé. Je dois me préparer pour mes futurs tapis rouges.
— Arrête t'es canon comme ça !
— Dit celle qui a des abdos en béton.
Elle me frappe à l'arrière de la tête et se lève.
— Tu as reçu un message ce matin, dit-elle après avoir récupéré mon téléphone.
— Passe-le moi.
Elle lève son bras et j'ai tellement la flemme de me lever qu'elle me lit le message.
— Je te souhaite une bonne nuit Billie et vivement dimanche. Douglas.
Elle m'observe avec un sourire espiègle sur la face.
— Mh, Douglas. Tu l'as rencontré hier hein ?
Elle me rend mon téléphone que je balance à côté de moi.
— Ouais. Raconte-moi ton histoire.
— Noooon ! Il ressemble à quoi Douglas ? Vous vous êtes tous trouvés des prétendants hier. Je vous porte chance, je crois.
Je pouffe et prends un morceau de muffin.
— Nan mais c'est vrai. Genre moi, j'ai eu une demande de mariage, du coup, vous avez des potentiels futurs petit-amis.
— Et toi, un potentiel mari alors ?! la taquiné-je.
— Tu n'es même pas drôle, Billie. Bon, dis-moi.
— Il est un peu mystique à mon goût mais il a l'air sympa.
— J'ai dit : il ressemble à quoi ?!
— Bah il est grand. Il a les cheveux longs et noirs. Les yeux comme toi et un style que tu ne n'aimeras pas et que je n'aime pas trop non plus.
— Déjà, les longs cheveux sur un mec ça me bloque un peu sauf sur mon mari Jon Snow aka Kit Harington et si tu me dis qu'il s'habille comme un clochard, eh bien ...
— J'ai dit qu'on aime pas ce style mais ça lui va bien, je trouve.
— D'accord. Et vous vous voyez dimanche ?
— Oui. Dimanche matin. Il m'invite à prendre un petit-déjeuner.
— Ahhhhh, ça c'est original. J'aime bien. Peut-être que tu réussiras à te lever dorénavant.
— Ha ha, tu es hilarante Edna. Bref, voilà, ce n'est pas un truc phénoménal quoi.
— D'accord.
On s'observe et je lui propose un morceau de muffin qu'elle refuse.
— Dis-moi, Edna. Parle-moi du pop-up.
Elle se raidit à ce mot et passe sa langue sur ses lèvres avant de lâcher :
— J'ai ... hier, au boulot, il m'est arrivé une chose qui ne m'est jamais arrivé. Comme toi et ta vision.
J'arrête de manger, une soudaine boule au ventre.
— Je bosse sur une affaire assez particulière et vraiment glauque. Bref, j'ai eu des visions de la scène du crime Billie. Et ça ne m'était jamais arrivée. J'ai ... J'ai vu ce que ces types lui ont fait ! s'exclame-t-elle avec horreur.
— C'est quoi cette affaire ?
Elle hésite à me le dire et je le lis dans son regard.
Même si ça faisait deux ans qu'Edna travaille comme flic, elle ne m'a jamais raconté ses affaires par rapport au secret professionnel. Je ne savais pas comment elle faisait pour prendre sur elle, mais elle ne me disait que les grandes lignes sans me détailler.
Et sincèrement, j'admire cette force qu'elle a de ne rien dire et de prendre sur elle. Ce que je n'ai pas.
Elle se gratte à l'arrière de la tête et souffle.
— Je sais que tu ne le diras à personne et je sais aussi que ces visions, ces choses qu'on voit et qui nous arrive, c'est à cause de ce pop-up de merde !
— Bien sûr que je ne dirais rien, Edna. Tu peux me le dire.
Elle déglutit.
— C'est ... on bosse sur une affaire de meurtre. On a trouvé une femme morte dans son appartement. Les tueurs l'ont étranglé et lui ont arraché les tétons et sa partie génitale a été enlevé de façon chirurgical avant d'être placée dans des bols.
Je suis presque à deux doigts de renvoyer mon petit-déjeuner.
— Mais ...comment tu fais pour ...
— Billie, dit-elle en me coupant. Hier soir, après qu'Elliott m'ait suivi jusqu'à ma voiture, j'ai eu une autre vision. Les trois types étaient chez une autre victime. Et ... en appelant le Chef, j'ai eu envie de lui dire la vérité. Je voulais lui dire qu'ils sont trois et que ce n'est pas qu'un seul type. Je voulais lui dire qu'ils avaient peut-être encore frappés et que c'est probablement une affaire de meurtre en série ! J'ai eu envie de le dire mais ... mais j'ai peur qu'on prenne pour une dingue, explique-t-elle.
Elle joint ses deux mains ensemble et regarde dans le vide.
Je suis juste choquée par ses propos et la boule qui s'était formée dans mon ventre ne cesse d'agrandir.
Tout ça me fait peur.
— Et le pop-up ? Tu n'as pas d'infos dessus ?
— Non. Je devais demander au père d'Elliott mais au regard de la situation ...
— Tu peux mettre ta rancœur de côté et tenter d'en savoir plus par rapport à ça. Maintenant que la vérité a éclaté, tu peux lui demander ce service après tout. Ça me fait vraiment peur, Edna. Ce n'est pas normal !
— Je sais que ça ne l'est pas. On va trouver une solution. Je m'en charge. Mais tiens-moi au courant si tu as une vision à nouveau, d'accord ?
— D'accord, opiné-je de la tête. Et toi ? Tu vas le dire ?
— Je vais y réfléchir. Mais je pense que oui. Je ne vais pas parler du pop-up, mais je vais les amener à penser comme je l'ai vu dans mes visions.
— OK. Et tu as eu mal à ton bras avant la vision ?
— Oui.
J'apporte mon doigts à mon bras et touche à l'endroit pour voir si je sens quelque chose.
— Qu'est-ce que tu fais ?
— Peut-être qu'on nous a foutu un truc dans le bras comme dans les films de science-fiction là !
Elle se fige et en fait de même.
— Je crois que ton idée n'est pas bête Billie. J'ai pensé à la même chose, mais je me suis sentie bête. Quand est-ce qu'on nous l'aurait implanté ?
On se fixe du regard et on s'exclame en même temps :
— Au café !
On se liquéfie sur place et moi, je n'aime absolument pas la tournure que cette histoire prend.
— Mais ... le gars qui m'a foncé dedans n'avait pas seringue ou je ne sais quoi, dis-je.
— Moi aussi. Ça aurait été trop visible. Peut-être que ce n'est pas une puce mais un implant. En général, un implant c'est très petit et discret. C'est presque indétectable.
— C'est comme l'implant contraceptif que certaines femmes portent, souligné-je.
— Exactement. C'est ça, Billie. Mais même, ça se serait fait par un médecin normalement.
Elle se lève pour récupérer son bloc note et note tout dessus.
— Va te préparer Billie. On doit aller chez Zack. Encore une fois, tu ne dis rien à personne.
— On a qu'à aller à l'hôpital pour voir si on a ça.
Elle semble réfléchir à mon idée.
— On attends un peu. Il faut qu'on comprenne d'abord.
— Et si on meurt à cause de ça ?
— Je ne pense pas que ça soit le but, Billie. Je pense que c'est pour autre chose.
*
— Les plus moches sont arrivées ! lance Zack lorsqu'il nous ouvre la porte.
Il nous enlace en même temps toujours aussi grand et musclé et le petit Jamal accoure aussitôt vers sa tante Edna qui l'attrape et lui fait pleins de bisous.
— Comment ça va Jaja ? Tu m'as trop manqué !
— Toi aussi ! Tata Nana est méchante avec moi.
— Hé ! Lui, je vais lui couper sa langue ! lâche Hanna.
— Tu ne dis pas ça de mon fils hein ! rétorque la mère de Jamal. Billie, Edna. Vous m'avez manqué les filles !
Fatima Fall nous fait un câlin, heureuse de nous voir tout comme nous. Elle est toujours aussi radieuse avec le turban qu'elle porte sur sa tête et ses grosses boucles d'oreilles qu'elle porte.
— Toujours aussi belle, la complimenté-je.
— Merci Billie. Toi aussi. Vous aussi, dit-elle face au regard d'Edna.
— J'aime mieux ça, sourit Edna. Vous allez bien ? Qu'est-ce qu'Hanna fait là ?
— Je suis chez mon frère non ?! rétorque-t-elle du canapé.
— Tu es d'une impolitesse, Hanna, vais-je la rejoindre. Ça va, Hanna Banana ?
— Ouais. J'affirme mon caractère, se défend-t-elle.
— Et moi, je vais te faire retrouver la raison, déclare Zack, dans son rôle de grand-frère.
Edna rit et va s'asseoir avec Jamal toujours dans ses bras qui se décide enfin de lâcher sa Edna.
Fatima en parfaite hôte de maison nous apporte des verres de boissons que nous acceptons.
Elle remet en place son pagne qu'elle porte chez elle tout comme Edna qui adore faire ça. Et moi aussi d'ailleurs. C'est un super pyjama vous savez.
On la remercie et elle s'assoit près de son époux qui la regarde avec tendresse.
— Vous allez bien les filles ? nous questionne-t-il.
— Ouais, répond Edna. La routine quoi.
— J'ai perdu mon boulot, dis-je.
— Oh Billie, dit Zack. Encore !
— Je sais Zack, soupiré-je. Mais je cherche du boulot.
— Elle ment, dénonce ma meilleure amie.
— Comment t'es mauvaise Ed ! commente Hanna. Franchement Billie, change d'amie.
— J'ai passé une annonce et j'attends les réponses.
Tout le monde rit et Edna lève les yeux.
— Moi, je peux essayer à l'école, propose Fatima. Tu parles français donc tu peux être une assistante en langue.
— Oh mais ça serait génial ! m'exclamé-je. En plus, ce n'est pas à plein temps.
— Non, rit-elle. Ça doit être le mardi et le jeudi. Pendant trois heures. J'en parle à la directrice dès lundi. On sait tous comment tu aimes le travail.
Je ris avec tout le monde et confirme ses propos.
— En plus, c'est parfait parce que ça ira parfaitement avec mon emploi du temps d'écrivaine.
— Tu écris maintenant Billie ? me raille Zack.
— Oui. Et tu verras, mon histoire va faire un carton !
— Écris une histoire d'amour à la Hazel et Augustus, me dit Hanna. S'il te plait.
Edna se moque de sa soeur tandis que la merveilleuse Fatima me dit qu'elle me soutient totalement.
— Lorsqu'elle sera riche, vous rirez moins, me défend-t-elle.
— Merci Fatima. T'es vraiment la meilleure !
— Moi aussi je crois en toi Tata Bibi, dit Jamal.
— Merci mon Jaja.
— Je plaisante ma Billie. On te soutient tous. T'es de la famille et tu le sais, m'assure Zack.
Attendrie, je lui envoie un baiser volant qu'il attrape, ce qui fait rire les autres. Zack a toujours été un grand frère pour moi. Je suis très heureuse et honorée de le partager avec Edna.
— Allez, on va manger. J'ai préparé des pastels avec de la sauce épicée, annonce Fatima avec sa voix douce.
Ni une, ni deux, on se lève déjà prêtes pour le festin qui nous attend.
— Franchement Fatima, si mon frère te saoule, viens chez nous, dit Edna. La porte est grande ouverte.
— Bande d'escroc ! Tout ça pour de la nourriture. Continuez ! Vous n'allez pas vous mariez tellement vous allez grossir ! lance Zac.
— Si toi tu as réussis à te marier avec un femme aussi belle que Fatima, c'est qu'on a toutes nos chances, rétorque en retour Edna.
— D'accord avec vous les filles ! dit Fatima.
Zack secoue la tête, le sourire aux lèvres.
*
On mange les magnifiques pastels que Fatima nous a préparé dans la bonne humeur.
En fait, ça ressemble aux briques que la mère de Mirah et de Niya nous préparent lorsqu'on va chez elles.
Sauf que là, ça a une forme de demi-cercle et que c'est aussi fourré de viandes et d'épices. Et c'est juste magnifique avec la petite sauce épicée pour plonger la pastel dedans.
Je prends une photo que j'envoie aux filles pour qu'elles salivent bien, car elles raffolent de ça et Zack entre dans le vif du sujet.
— Alors comme ça, tu as frappé un homme à l'endroit le plus important de son corps. Edna, tu es malade ! ricane-t-il.
— Il a été trop dans l'excès, Zack, se défend-t-elle.
— Et, tu ne sais pas tout ! ajouté-je.
Tout le monde s'arrête et me regarde.
Aussitôt, Edna a envie de me tuer.
— Ahhhhh j'aime les scoops ! s'excite Hanna. Raconte !
— Pour que ta grande bouche aille tout raconter à mama et papa ! Jamais ! déclare Edna.
— Nan mais je vais rien dire, Edna. Je te le jure. J'ai 20 ans quand même.
Edna hésite et commence à raconter toute l'histoire et moi, j'éclate de rire tellement de fois avec Hanna et Fatima qui réagissent comme des folles en lâchant des « Hé Dieu » ou « Strarf'Allah ».
J'adore cette famille !
— Wallaye, il est fou cet enfant ! déclare Fatima. Que Dieu lui montre le droit chemin.
Zack aussi est mort de rire et dit :
— Je suis contre la violence Edna mais tu as bien fait ! Il ne méritait que ça, ce truand.
— Moi je trouve ça assez romantique, ajoute Hanna. Edna a un futur mari hahahaha !
— Tais-toi, tête de cafard ! rétorque-t-elle à sa sœur. C'est juste un malade et sa famille aussi surtout sa mère, ça fait peur.
— Faut que je le vois ce faux raciste, dit Zack avec le sourire.
— Comme ça tu le gifleras aussi, réplique Fatima. Il a été trop loin, Edna. Laisse-le se débrouiller. C'est un menteur et en plus, il n'a même la décence de te remercier. Le diable est en lui, je vous jure !
Edna et nous, on éclate de rire. Ça se voit que Fatima aime ses belles-sœurs et qu'elle ne souhaite que leur bien.
— Non mais je pense qu'il va me laisser tranquille, conclut-elle.
— Si ce n'est pas le cas, ton grand-frère est là, dit-il.
Il lui embrasse la tempe.
— Merci Zack, mais à l'heure actuelle, je pense pouvoir te mettre k.o, alors je vais me débrouiller.
— Ça ne m'aurait pas plu qu'on remette en question ma force ! lance Hanna pour provoquer une querelle entre Zack et Edna mais les deux rient.
— Je l'avoue, je l'avoue, admet Zack. Parce qu'elle a eu droit à des entraînements. Mais, je sais une chose ici, je peux encore régler ton compte à toi ! s'adresse-t-il à Hanna qui bondit de sa chaise pour se mettre à courir.
— Noooooon ! Pardon Zack. Je me tairais la prochaine fois.
— Un vrai enfant ce type, sourit Fatima.
Nous confirmons ses dires et Jamal les rejoint dans la course poursuite à travers la maison.
— Vous savez les filles, quand on réfléchit à l'histoire de ce type, peut-être qu'il a quelque chose à cacher, nous confie Fatima après plusieurs secondes. Tu ne peux pas mentir presque deux ans comme ça et ensuite sortir l'excuse de la bague. Je pense qu'il s'attendait à cette réaction. Je pense que tu devrais savoir pourquoi il a menti autant.
Edna et moi, nous nous regardons avant de reporter notre attention vers Fatima.
Elle n'avait absolument pas tort. Son idée était même judicieuse.
— Il n'est peut-être pas mauvais, ajoute-t-elle.
Edna est perplexe.
— En tout cas, ses parents sont géniaux, Fatima. Même sa mère qui est trop folle.
— Ouais, rit-elle. Elle a vraiment pensé aux petits-enfants ?!
— Oui, je te jure. Bref, je vais réfléchir.
— En tout cas, elle m'a aidé pour mon histoire. D'ailleurs, on ne va pas tarder, faut que j'écrive.
— OK, les filles. Trop contente de vous avoir vu. Venez plus souvent hein ! C'est votre maison ici.
On se lève pour l'enlacer et elle nous met dans un Tupperware des pastels et les grands enfants reviennent parmi nous.
— Vous partez ? demande Zack, essoufflé.
— Yep, confirme sa sœur. On te dépose Hanna ?
— Je veux bien.
— Je peux venir avec vous Tata ?
Jamal s'accroche aux jambes de sa tante pour qu'elle accepte. Ce petit est à croquer et il tellement grandi.
— La prochaine fois Jaja. On a du boulot.
— Bon d'accord, dit-il ronchon.
On lui fait un bisou puis on salue une dernière fois Fatima et on en fait de même avec son époux.
— Tu ne le frappes plus hein ! Et dis à papa que je t'ai corrigé, rétorque Zack.
— T'inquiète. Il faut toujours lui dire ce qu'il veut entendre.
— Allez, salut les moches !
Fatima le réprimande mais il s'en moque.
On quitte leur maison pour se diriger vers la voiture d'Edna, garée dans l'allée.
— Je peux venir dormir vendredi soir chez vous ? nous interroge Hanna.
— Pourquoi ? l'interroge Edna.
On s'engouffre dans la voiture et Hanna se place derrière.
— Parce que.
— Parce que quoi Hanna ?!
Elle démarre et Hanna décide de révéler la vérité.
— J'ai ma copine, Kristin que vous connaissez qui fait une fête et j'aimerais y aller.
— Tu n'y vas pas, Hanna. Les fêtes universitaires c'est trop dangereux, refuse-t-elle d'emblée.
— Mais c'est chez elle !
— Pourquoi tu ne demandes pas à papa et à mama ou à Zack ?
— Parce qu'ils vont tous refuser ! Allez ! Ça fait deux ans que je suis en médecine et je n'ai jamais mis les pieds dans une fête. J'ai des bonnes notes en plus. J'aimerais bien faire la fête avant mon internat à l'hôpital.
— Hé ! Dans ce genre de fêtes, il y a de l'alcool, de la drogue et des gars fous. Pourquoi tu veux mettre tes fesses là-bas ?
— Nan mais Edna j'ai 20 ans ! se justifie-t-elle. Ce n'est pas grave, je vais demander aux parents.
Elle croise les bras mécontente et ne parle pas du trajet jusqu'à qu'on arrive devant la maison. On décide d'aller saluer les parents d'Edna, mais Hanna nous rappelle qu'ils ne sont pas là, mais chez des amis puis elle s'en va en colère.
— Cette fille je vais la frapper ! bougonne Edna en redémarrant.
— Elle a 20 ans, Ed ! C'est compréhensible qu'elle ait envie de sortir. Nous on sortait.
— Oui mais nous n'étions pas comme cette génération. Puis, on était pas influençables et on ne buvait pas.
— Peut-être. Franchement vous avez eu de la chance d'avoir une petite sœur aussi cool qu'elle. T'as vu la demi-sœur de Mirah comment c'est une sorcière.
— Oui bah chacun sa famille. Je suis flic, Billie et je sais comment ces soirées se passent. On a tellement fait de descente dans ce genre de soirée que juste en entendre parler, ça m'énerve. Quand elle sera plus grande.
— Genre 30 ans, c'est ça ? pouffé-je.
— Tout à fait, rigole-t-elle. Non mais ça ne me rassure pas. Je ne suis pas sa mère, ni son père qu'elle leur demande, s'ils acceptent, tant mieux pour elle.
— Tu ne vas pas interférer ? Vraiment pas ?
À chaque fois qu'Hanna a demandé à sortir, c'était une décision familiale qui était prise et moi, ça me faisait toujours rire.
— Non.
— Bien. On verra alors.
*
Lorsque je me réveille en sursaut, je regarde autour de moi et je vois sur mon réveil qu'il est 9 heures 50.
Ah ça va ! Après la nuit que j'avais passé à écrire, j'avais encore besoin de sommeil.
Je me demande si je n'ai pas quelque chose à faire, puis je me recouche en me souvenant qu'on est dimanche et que je ne fiche rien le dimanche sauf que ...
— Billie ! Putain de merde ton rendez-vous avec Douglas ! s'écrie Edna en déboulant dans ma chambre.
Je me lève d'un bond de mon lit, le cœur battant en me souvenant de lui.
— Oh mon Dieu ! Oh mon Dieu ! Envoie-lui un message. Je vais me préparer vite ! Très vite !
— Ouais ! Mince ! Il est déjà arrivé. Magne-toi !
Je me presse comme pas possible.
Je ne prends même pas de douche pour ne pas perdre de temps.
Je me lave le visage, me brosse les dents, je me sauve in-extremis d'une chute mémorable et m'habille d'un jean slim avec un gros pull, puis je mets un bonnet sur ma tête car mes cheveux sont dans un état épouvantable.
Edna me met du parfum « au cas où » me dit-elle et je prends mon sac après qu'elle m'ait donné les clés de sa voiture.
— Tu fais attention à ma voiture hein ! Et s'il fume, tu ne le fais pas rentrer ! Et tu ne l'embrasses pas bien sûr ! Ton haleine doit sentir le sommeil.
— Ha ha, fais-je en enfilant mes bottes. Bon, à tout l'heure. Et merci de m'avoir réveillé.
— C'est pour ça que je suis merveilleuse Billie.
Je lui fais un doigt et quitte notre appartement, la tête dans les vapes.
Ce réveil était trop trash pour moi.
*
Quand j'arrive à notre lieu de rendez-vous, je ne le trouve pas et en plus, je ne peux même pas lui envoyer de message car j'ai oublié mon téléphone.
Je soupire en pleine rue et regarde autour de moi.
Il est déjà 10 heures et demi et il est probablement parti.
Je décide de demander à un passant si je peux envoyer un message lorsqu'on me tapote à l'épaule.
Je me retrouve vivement et découvre son visage, tout frais et réveillé.
— Bonjour Billie.
*
— Le programme marche. Billie a eu sa première vision et Edna aussi. L'implant marche ! C'est ce que nous voulions. On leur a juste donné, en quelque sorte, un pouvoir, mais c'est à elles de devenir fortes et de s'améliorer. Le pop-up a amélioré leur capacité mentale. Elles apprennent plus vite que la normale. Le premier programme voulait que l'implant leur permette d'atteindre la capacité des hommes mais là, là, c'est autre chose. Elles sont presque sur-humaines ! Mais juste avec un petit stimulant que pour les femmes, explique la personne avec fierté.
Les deux personnes se trouvent dans le même bar pour parler affaire.
Cette affaire importante qui risque de prendre une tournure incontrôlable...
— Oui, confirme la personne légèrement inquiète. C'est vrai. Le programme et l'idée est meilleure. On va voir si grâce à un petit coup de main, le centre névralgique de leur cerveau qu'on a réveillé font d'elles des meilleures personnes.
— Tout à fait. Après, on pourra réécrire définitivement le programme si elles ne meurent pas avant évidemment. Mais, ce sont nos meilleures candidates et tu le sais. On les a étudié depuis longtemps.
La personne acquiesce et prend une gorgée de son verre.
L'autre sent bien que son partenaire n'est pas rassuré par cette histoire.
— Je sais ce qui t'inquiète. Ce crime ignoble te fait peur.
— Oui ça me fait peur ! avoue-t-elle avec vivacité. Ça veut dire que des gens savent que ce programme a été dérobé et qu'il a été mis en place. Pourquoi s'en prendre à des femmes alors que notre programme EST pour les femmes ?! Cette femme qui a été tuée, elle faisait partie de notre choix. Et tu le sais. Si ça continue, ça veut dire que c'est lié à cette histoire de programme.
L'autre le fixe avant de s'adosser au dossier de son siège en pleine réflexion.
— Si ces crimes s'ajoutent à l'accomplissement de notre programme, Billie et Edna et surtout Edna ne pourront pas être concentrées sur les missions et sur les entraînements.
— Eh bien, retrouvons ce tueur, déclare son collègue.
— C'est Edna qui a la possibilité de voir dans le passé comme dans l'avenir pour trouver les criminels et autres cinglés qui polluent notre planète, dit la personne avec un soupir. Nous n'avons pas cette capacité. Et c'est trop risqué. Ça risque de compromettre notre couverture. Elles nous connaissent et elles ont confiance en nous. Ce pop-up, c'est moi qui l'ait foutu sur l'ordinateur de Billie. Tout ça, c'est nous. Si on se fait prendre, on est foutu !
— Je sais, soupire son partenaire. Mais ça n'arrivera pas. Je pense qu'elles réussiront. Attendons les missions, voyons s'il y a d'autres crimes de la sorte après on agira. Mais tu ne dois pas oublier notre travail. On doit veiller à leur évolution.
La personne acquiesce et l'interroge :
— Et comment ça se passe avec Elliott ?
— Je me charge de lui. Et avec Billie ?
— Je m'en charge.
— Bien. Ce programme va marcher. Il y a aura des dommages collatéraux, c'est obligé mais ... il en va de la survie de notre population. Si ce programme marche, on pourra éviter ce que ces salauds d'hommes haut placés préparent, c'est-à-dire le chaos mondial.
— Je sais. Je sais.
Elles échangent un regard grave mais tout ce qui compte, c'est de sauver le monde contre ce qui se prépare.
Et Billie et Edna étaient les meilleures candidates pour ce programme risqué.
***
« Vous savez, on veut toujours anticiper les risques mais à quoi ça sert, entre nous ? À nous rassurer ? À nous dire qu'on voit le risque et qu'on peut l'éviter ? Le supprimer, le rayer de notre vie, l'oublier ? Ridicule ! Si une chose doit arriver, vous aurez beau prendre toutes les directions possibles, ce risque que vous vouliez éviter vous tombera dessus. Il attend juste sagement son attaque. Oui, sagement et patiemment tout en se fichant de vous, car vous avez essayé de l'envisager ce risque, mais il gagnera quand même parce qu'il fera son apparition à un moment ou un autre ». JFL
***
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