1.
Plats frivolles et débandades folles
Précédemment dans la première saison de POP-UP ...
Bille et Edna passent une soirée normale, malgré une journée étrange.
En effet, elles subissent la même scène à différents moments sans vraiment y prendre attention, jusqu'à qu'un Pop-Up surgisse et change tout ...
Par la suite, les évènements s'enchaînent sans qu'elles ne comprennent vraiment l'ampleur de la situation. En effet, elle font parties contre leur gré d'un programme relancé « Girl Power ».
Elles subissent des tests dans le but d'améliorer leur performance et surtout ce qu'elles vont vivre à cause de ce programme.
À travers cette première partie, tout le monde a l'air coupable. Personne n'est épargnée et en même temps, les indices ne sont pas vraiment fiables.
Des corps de femmes ayant subis un rituel macabre, sont découverts par le service de police d'Edna, des personnes du passé ont fait leur retour dans le présent, des amours naissent, des doutes subsistes et se mettent en place ...
Tout ça donne une cocktail molotov qui risque de faire bien des dégâts auprès de nos deux jeunes femmes en pleine découverte d'elles-même et de leur nouvelle force.
Notre fin de saison se termine sur un Idriss qui a du mal à faire face à son passé et surtout cache un lourd secret qui pourrait changer bien des choses ...
Cela se termine aussi, sur une Billie et une Edna qui ont découverts l'étendue de leur talent : elles peuvent lire dans les pensées de l'une et de l'autre et surtout, elles parviennent à ne pas céder aux pulsions meurtrières, qui les envahissent au moment où les implants prennent le pouvoir sur elles.
On découvre aussi la mort inexplicable de Tammy, l'amie prostituée d'Edna, qui devait l'aider à retrouver un nouveau dealer et Lindsey Benson, l'avocate d'Edna qui devait la défendre contre la plainte de Brittany pour violences aggravées. Et, elles étaient toutes les deux sous surveillance.
Surtout n'oubliez pas « Un nouvel Ordre Mondial se fera. Le sang des morts sera sur vos mains. Acceptez votre destin et des vies seront épargnées. Sinon, guerre des Ténèbres contre Lumière sera lancée ».
Sur ce, nous vous souhaitons la meilleure dégustation des plats frivoles qui vous attendent et de leur débandes folles ...
Accrochez-vous ! Vos papilles risquent d'en être toutes retournées ...
***
New-York : 12:45 au Mandarin Oriental
Finalement, son Maitre arrivera avec un peu de retard et c'est parfait, pour son plan.
Pour cette entrevue qu'il méritait, après avoir mis en scène la mort des sacrifices : Tammy et Lindsey Benson.
Et tout ça, sous le regard de la police.
Avec de l'argent, on pouvait faire beaucoup de choses et acquérir beaucoup de choses avant tout les mortels.
Et ce retard aussi était prévu : faire en sorte qu'il y a quelques embouteillages dans la ville de New-York n'est pas difficile.
Il l'attend avec impatience sur son siège luxueux, rembourré au maximum, pour assurer le confort du client.
Il est à la fois excité par cette entrevue qui va se solder par la mort certaine du chef suprême, mais surtout par sa prise de position quelques heures plus tard, après qu'on aura annoncé la mort de leur chef suprême.
Il sait très bien que tout le monde votera pour son élection. Il sait très bien que beaucoup en avait marre de ce vieux chef qui n'avait pas encore compris que le monde d'aujourd'hui changeait à une vitesse fulgurante.
Il regarde sa montre Rolex et sourit.
Dans moins de deux minutes, il sera là.
Ils boiront un verre de cognac qui vaut une fortune, de par son ancienneté, rigolerons comme de bons vieux amis et grâce à un tour de passe-passe bien rapide que ce vieux cadavre ambulant ne remarquera pas, il l'empoisonnera d'une manière simple et indétectable lors des analyses médicales qui suivront, pour comprendre la mort de cet homme important dans le monde des affaires.
Et il est là.
Il n'a pas besoin de se retourner pour savoir qu'il est là. Il se félicite lui-même de sa future action avec dans se lever pour accueillir, son chef, son mentor, leur chef de l'Ordre Suprême que très peu rencontre, car sa santé est fragile, mais parce qu'il préfère se faire discret aussi.
— Monsieur Castle, dit-il avec un énorme sourire qui ne pourrait jamais présager la noirceur de son âme.
— Mon garçon ...
Il lui prend la main et se font une salutation propre de l'Ordre Suprême que seulement les membres reconnaitraient.
Ils se fixent du regard avec des sourires et l'homme qui a soif de pouvoirs fait signe à son ex-maitre de s'asseoir. Celui-ci le fait en grimaçant et dit :
— Ah la vieillesse n'est pas facile.
— Je trouve que vous vous tenez comme un charme, Maitre.
Le Maitre Castle lui montre sa chevalière en or qui scintille sur mon auriculaire gauche.
— Certes mon garçon, mais nous ne sommes pas immortels, du moins, pas encore, ricane-t-il, après avoir dit cela doucement.
— Pas encore, en effet.
L'homme fait signe à une serveuse d'apporter les verres de Cognac.
— Je me suis permis de commander ces verres de Cognac. Ça me fait plaisir de vous l'offrir.
— Vous faites bien. Je vous ai bien fait à mon image. Vous comprenez les enjeux de cette affaire. Vous comprenez que ces politiciens et ses hommes et femmes puissants font partis de l'Ordre Suprême, car ils ont des choses à gagner.
— Je comprends tout à fait.
— Nous devons finir ce rituel mon garçon. Nous devons absolument finir cette offrande aux « Autres ». Nous ne pouvons pas laisser le retour des « Guerrières » dans ce monde. Nous, les membres de l'Ordre Suprême serions les perdants de cette grande guerre.
— Je sais, Maitre.
Oui, il en avait absolument conscience. Ce programme « Girl Power » a toujours été dangereux. Et ceux qui l'ont relancés, ont tout bonnement conscience qu'ils pourraient gagner la partie face au mal.
Néanmoins, il ne laissera pas cela se produire.
La serveuse revient avec les verres de Cognac. Il prend tout simplement les deux verres de manière agile et habile.
Le verre qu'il va donner au Maitre est à présent, composé du poison.
Comment ?
En prenant le verre, il avait préparé à l'avance sa chevalière qui contenait le poison. Alors d'un petit mouvement de main, la substance entre en contact avec la boisson, ni vue, ni connue.
Il le lui tend, approche son verre du sien pour fêter cette rencontre.
— À la future naissance de l'Ordre Suprême, dit le Maitre.
— À cette future naissance Maitre, et merci de toute cette apprentissage qui vous m'avez apporté. Je ne l'oublierai jamais. Je parviens même à dormir sur mes deux oreilles malgré ce que je fais.
Le Maitre sourit malicieusement et lui aussi.
« L'élève dépasse toujours le maitre ».
***
Milieu d'après-midi en compagnie Jessica Shawn
Edna Fall
Jessica conduisait silencieusement vers le lieu où elle voulait nous emmener.
Cette femme apparaissait toujours au bon moment.
Je nous revoyais, Billie et moi, sur ce trottoir, totalement choquées, et anéanties par ces crimes macabres et surtout par le message qui nous était adressé.
« Un nouvel Ordre Mondial se fera. Le sang des morts sera sur vos mains. Acceptez votre destin et des vies seront épargnées. Sinon, guerre des Ténèbres contre Lumière sera lancée ».
Ce message me glaçait le sang, plus que je ne le croyais, et surtout, je n'y comprenais rien. Absolument rien.
Je soupire et repense aussitôt à ce qu'il s'est passé au restaurant.
Nous avions combattus des hommes recherchés par la CIA, grâce à nos dons et Jessica nous a annoncé que nous avions réussi la mission du jour.
En conclusion, nous étions définitivement en train de travailler pour des gens que nous ne connaissions même pas.
Du grand n'importe quoi.
Je ne pouvais pas être plus égarée que ça. Moi, qui avait toujours eu, une vie organisée et sans problème, voilà que les problèmes me tombaient dessus sans crier gare. Et je comprenais un peu plus Billie maintenant. Je ne savais pas que c'était aussi difficile de gérer les imprévus.
D'ailleurs, je me retourne de temps en temps vers elle, qui à l'air tout aussi perplexe que moi. Elle a l'air totalement plongé dans ses pensées et certainement, se demande où nous nous rendons.
Jessica est bien silencieuse et ne veut rien dire. Elle veut qu'on voit la chose de nos propres yeux. Elle veut qu'on comprenne les enjeux de ce programme et comment. Elle veut tout simplement qu'on ait conscience de ce que nous sommes à présent.
Et si je n'en avais plus envie ?
Rien qu'au fait de penser à Tammy, Lindsey et à toutes ces autres femmes tuées et à mes proches qui peuvent être en danger à cause de cette histoire de programme, j'en ai la chair de poule.
— Tout ira bien pour vos familles. Je vous en fait la promesse.
Je la regarde et secoue la tête, éberluée.
— Vous aussi, vous lisez dans mes pensées ? ricané-je. Parce que nous avons découverts que nous pouvions le faire.
C'est au tour de Jessica de quitter les yeux de la route, surprise par ce que je viens de révéler.
— Qu'est-ce que vous avez dit ?
— Pendant la mission « carnage » au restaurant, j'ai pu communiquer avec Edna par la pensée, dit Billie. Vous ne le saviez pas ?
Jessica laisse échapper un hoquet de surprise et sourit.
— C'est extraordinaire ! Vraiment. Vous ... vous pouvez communiquer par la pensée ? Toutes les deux ?
Je me retourne pour regarder Billie qui hausse les épaules et me laisse parler.
— Oui. Que lorsque ... la douleur au bras apparait. D'ailleurs, nous avons des implants, n'est-ce pas ?
— Vous allez tout découvrir, Mesdemoiselles. Sachez juste que ce que vous venez de me révéler et bien au-delà de nos espérances.
Nous finissons par arriver.
Le lieu se situe vraiment au l'Est de New-York, dans l'Hempstead, dans le comté de Nassau, à une heure de route.
J'y avais été très peu de fois et c'était de même avec Billie.
Nous y avions été avec le lycée pour visiter le Cradle of Aviation Museum.
Et être face à ce musée, où des bribes d'images m'apparaissent, me font tout drôle.
Je nous y revois avec Amiri, Billie, Niya et Mirah, toutes enjouées de voir des avions et des combinaisons d'astronautes...
C'était de bons souvenirs.
— Ça fait super longtemps, commente Billie à mes côtés. Ça a vraiment changé.
Jessica nous sourit et nous fait signe de la suivre.
— Nous allons faire une visite du musée ? questionne Billie.
— Nous n'avons pas le temps Billie, mais je suis certaine que vous en avez encore des souvenirs. Ça n'a pas changé tant que ça.
Nous passons par une porte arrière et discrète qui doit être l'entrée du personnel, sauf que personne ne semble y passer.
Nous traversons un couloir sombre et très peu éclairé, avant de déboucher sur des escaliers qui nous mènent encore plus bas sous terre. Puis, nous bifurquons à gauche avant de déboucher sur une autre porte, qu'elle déverrouille grâce à un code et une autre porte se trouve face à nous.
Je lance quelques regards significatifs à Billie qui semble penser comme moi : c'est complètement la folie.
Elle recompose un code qui ouvre la dernière porte.
Nous atterrissons dans un immense bureau, composé d'outils technologiques de haute qualité et de dernière génération. Les écrans sont géants et totalement translucides. Aucun support ne les maintient.
Plusieurs vidéos y sont visibles et nous pouvons voir des images de Billie et moi, en train de nous battre contre ces deux hommes au restaurant, toutes nos analyses de santé et des tas d'autres données que nous ne pourrions pas comprendre, sans explication.
— Ils auraient pu choisir une meilleure photo de moi, commente Billie en regardant son profil affiché.
Je souris en coin en regardant sa photo qui est toute simple. Elle exagère toujours.
Billie reste calme et ça m'étonne qu'elle ne hurle pas à chaque découverte.
Pourtant le constat est sans appel : ils nous étudient depuis longtemps. Depuis des années sans que nous le sachions, à notre insu...
Je devrais être en colère à cet instant. Sauf que je n'y parviens pas. Je n'en ai pas la force. Je suis lessivée.
Je me permets donc de m'asseoir sur l'un des sièges roulants et soupire. Jessica a les bras croisés et guette nos réactions.
— Qui a installé le Pop-up sur l'ordinateur de Billie ? l'interrogé-je.
Je pense que cette question sans réponse me trotte dans la tête depuis pas mal de temps. Surtout qu'Elliott m'avait dit que le pop-up avait été forcément installé par des proches, donc cela voulait dire qu'une personne en qui nous avions confiance était dans le coup.
Jessica me fixe et je sens le regard de Billie sur moi. Elle aussi est curieuse de savoir. Néanmoins, elle prend des feuilles qu'elle semble lire.
— Chaque chose en son temps, Edna. Je n'ai jamais dit que je vous révélerais l'identité des membres de notre programme. Nous sommes plus que vous ne le croyez et vous n'êtes pas encore prêtes ...
— Comment vous pouvez le savoir ? intervient ma meilleure amie. Vous êtes sacrément culottée de dire une chose pareille après tout ce qui nous arrive. Vous savez quoi, Jessica ? Edna et moi, nous devrions fuir avec nos familles, parce que vous nous avez foutus dans une sacrée merde et ça, depuis le lycée si j'en crois ces feuilles. C'est dégueulasse !
Elle ratine les feuilles qu'elle lui balance à la figure, mais Jessica ne bouge pas d'un iota. Elle ressemble insensible à nos émotions.
Je re-dirige mon regard vers elle. Elle ne va pas lâcher le morceau.
— Qui a crée le programme ? renchéris-je.
— Mon père en fait partie, répond Billie, à sa place. Et ne me mentez pas à ce sujet, ajoute-t-elle en jouant avec les écrans translucides.
Elle fait agrandir les images, zappe les images et tombe sur le profil de Russell McCarthy, plus jeune. Il portait des lunettes et avait un sourire innocent sur la face.
Lorsqu'on voit ce type, on se dit clairement qu'il n'est pas le genre à abandonner sa famille sur un coup de tête. Il dégage tellement de gentillesse que je sens que Billie en vient même de regretter d'avoir été aussi tranchante avec son géniteur.
— La vie, c'est comme un puzzle. Tu finiras toujours pas trouver les pièces manquantes ou par les comprendre, réplique-t-elle avec un rire amer.
— Il ne savait pas ce qu'il avait crée Billie à cette époque, rétorque Jessica. Et il n'est pas le seul. Ils étaient plusieurs à travailler dessus. Le gouvernement donnait l'opportunité aux jeunes scientifiques de prouver leur intelligence, alors pleins de programme sont nés.
Je lui lance un bref regard et m'approche de Billie qui zappe d'un doigt l'image pour tomber sur un projet. Le projet 7659 datant de 17 avril 1997. Ce projet était classé confidentiel par le gouvernement américain et il s'agissait du programme « Girl Power ».
Je ne sais pas si je voulais en savoir plus. Ça nous plongeait totalement dans la réalité de la situation. Rien n'était faux. Tout était vrai.
— Le résultat de ce programme est sidérant, rétorque Billie, sarcastique. Je lis : Sur 10 candidates pré-sélectionnées, pour le programme, aucune n'a réussit. Toutes mortes sous la pression trop forte de l'implant. Conclusion, ce programme est un échec total et il a été abandonné ! hausse-t-elle la voix, en colère. Dans la lettre, qu'on a reçu Edna, je crois me souvenir qu'ils ont en parlé brièvement de l'échec du programme, mais certainement pas des morts. Donc, si je comprends bien, on a des risques de crever à cause de l'implant, dit Billie, la colère totalement audible dans sa voix. Qu'est-ce que vous avez à répondre à ça Jessica ?
— C'est simple Billie, c'était l'ancien programme et si je me souviens bien de ce courrier, il était stipulé, que le programme a été amélioré donc vous ne mourrez pas. Tout ira bien.
Nous la regardons toutes les deux dubitatives.
Elle ne laisse toujours rien transparaitre, mais mon instinct me dicte qu'elle tente de croire à ce qu'elle dit.
Elle sait que ce n'est pas forcément vrai.
Ressentant certainement mon doute, elle réplique :
— Je vous le répète : ce nouveau programme a pour but de sauver notre civilisation humaine. Avant, c'était pour améliorer la force et la puissance de la femme. Comme si nous avions besoin de ça, pour être à égalité avec les hommes ...
— Il y a certaines choses qu'on ne peut pas faire et eux, non plus, Jessica, coupe Billie. Je suis pour l'égalité homme-femme, mais si c'est une question de supériorité, ça reviendrait à la façon de penser des hommes : qu'ils sont supérieurs à nous.
— Billie a raison, dis-je. Qu'est-ce qu'ils cherchent concrètement ? À rendre les femmes supérieures aux hommes ou qu'on soit sur le même pied d'égalité une bonne fois pour toute ?
Jessica nous regarde et répond tout simplement :
— La mission première de ce programme, c'est que vous sauviez notre monde, réitère-t-elle avec un soupir exaspéré. Je vous l'ai déjà dit dans les locaux du FBI. On vous a déjà fait parvenir le nouveau programme. Et vous savez que ça n'a aucun rapport avec tout ça. Si vous réussissez et vous réussirez, appuie-t-elle en nous regardant tour à tour, d'autres femmes rejoindront le programme comme les Amazones dans le DC Comics, reprend-t-elle l'exemple que j'avais cité pour illustrer la situation, et grâce à vous, nous créerons un meilleure monde en paix ...
Billie éclate de rire et je passe une main sur mon visage. Je pense qu'elle commence à dérailler et moi aussi, ça ne va pas tarder.
— Un monde en paix Jessica ? Je suis une archi grande rêveuse, mais c'est totalement utopique ce que vous voulez là ! s'exclame-t-elle. Et puis quoi encore ? On va peut-être être entouré de licornes volantes, de paillettes à gogo et de princes charmants parfaits !
— Et pourquoi ne pas faire d'un rêve, une réalité ? renchérit-elle avec véhémence. Pourquoi vous ne voulez plus y croire ?
Jessica commence à faire tomber le masque, face à la désinvolture de Billie qui commence à zapper vivement sur un écran, pour calmer sa colère.
— Parce qu'un rêve, aussi que gros que celui-là, peut briser pleins de vies. Ces tueurs qui font des sacrifices nous ont fait passer un message. Un nouvel ordre mondial se fera. Le sang des morts sera sur vos mains. Acceptez votre destin et des vies seront épargnées. Sinon, guerre des ténèbres contre lumière sera lancée, répliqué-je. Billie et moi, sommes sur leur liste de sacrifice morbide. Il me l'a dit le type. Je l'ai vu dans ma vision. Alors, vous êtes une menteuse et en plus, on a rien choisi, conclus-je. Au début, je pensais ça, super ... cool, mais maintenant, face aux enjeux que vous nous donnez, je ne sais pas, pour ma part, précisé-je, si on peut respecter notre part du contrat. En vérité, vous voulez qu'on détruise ce que le créateur du programme a crée et c'est l'Ordre Suprême, Jessica. L'Ordre Suprême et le programme « Girl Power », c'est une seule et même machination.
Je la sonde du regard quelques secondes. Je la vois ébranlée par mes propos. Je sais que j'ai raison et que mes suppositions sont bonnes.
— Vous avez totalement raison, Russell McCarthy n'est pas le seul à avoir crée le programme. Et vous savez pourquoi ? En 1997, il n'était déjà plus sur le territoire américain. Et ça veut clairement dire aussi qu'une personne de notre entourage ment sur son identité première. C'est pour ça que cette personne a pu nous choisir depuis bien longtemps, car Billie et moi, nous nous connaissons depuis longtemps.
Jessica est stupéfaite et tente de le cacher du mieux qu'elle le peut, cependant, ce n'est pas facile.
À présent, elle hésite sur sa façon d'agir avec nous.
Elle ne veut toujours pas lâcher du lest alors je décide de m'adresser à Billie.
— On devrait s'en aller Billie, Hanna et Douglas doivent nous chercher.
— Tu as raison. On se tire d'ici, car on aura jamais de véritables réponses avec elle. On peut se les fournir toutes seules nos réponses. La preuve avec ce qu'Edna vient de dire.
Billie lui lance un mauvais regard et on s'apprête à partir lorsqu'elle nous demande de rester.
— Vous avez raison. Vous avez compris une partie de l'histoire. Je sais aussi que le fardeau est lourd à porter. Les sacrifices sont difficiles, cependant ils valent le coup. Nous menons une guerre de l'ombre, les filles. Et ça, depuis de nombreuses années. Vous voulez de l'information ? Vous voulez comprendre un peu ce qu'il vous arrive ? Asseyez-vous et je vais vous l'expliquer du mieux que je ne le peux. Mais, nous ne pouvons pas vous perdre. Vous êtes notre salut. Vous pouvez nous sauver de ce qu'il se trame.
Je croise le regard de Billie et elle n'a pas besoin de me parler pour que je comprenne qu'elle veut en savoir plus sur cette histoire, une bonne fois pour toute.
— Vous avez intérêt à être convaincante Jessica parce que sinon, vous nous reverrez plus, dit Billie avant de s'asseoir.
Je fais de même et Jessica sourit avant de se tourner vers un écran.
Ce qu'elle va nous révéler, est déterminant pour la suite de cette aventure rocambolesque.
*
Billie Fernandez
J'en attends énormément des dires de Jessica.
Je n'ai pas à vous partager ma façon de penser, car elle est semblable à Edna.
Malheureusement pour moi, je bous de colère, que j'ai du mal à contenir, tandis qu'Edna a l'air de le gérer.
En même temps, c'est dur pour moi de découvrir, à travers les documents que j'ai feuilleté, sur ces écrans futuristes que je ne croyais que possible dans les films et séries, que depuis le lycée, nous étions des candidates pour un programme prometteur et dangereux pour nos vies.
Edna ne l'a pas vu et je me demande comment elle réagirait en l'apprenant. Je trouve ça, presque malsain qu'on nous ait examiné à la loupe, depuis qu'on est gamines et aussi longtemps.
N'est-ce pas une violation aux droits à la vie privée ?
C'est certainement le cas et c'est ça qui me révulse.
Nous sommes de cobayes savamment choisis.
Jessica se tourne donc vers l'écran et tape je ne sais quoi avant de nous montrer le dossier de l'Ordre Suprême que nous avions déjà parcouru dans son bureau.
— Ce sont nos ennemis. Ce sont eux qui sont derrière les meurtres de ces jeunes femmes et ils vous ont dans le collimateur. Parce que vous êtes des femmes ambitieuses, fortes, indépendantes et carriéristes. Et donc, comme tu l'avais dit Edna, il y a un traitre parmi nous, mais nous ne le savons pas encore.
— Comment ça ? demande Edna. C'est cette personne qui balance toutes vos infos à l'Ordre Suprême. C'est cette personne qu'il faut arrêter au plus vite.
— Je sais Edna, je sais. Chaque chose en son temps. On ne peut pas le divulguer comme ça. La personne prendrait ses précautions. Il faut abattre les cartes au bon moment, répond-t-elle. L'Ordre Suprême a tenté de te tuer Edna en engageant ce tueur à gage.
— Pour l'instant, je vais très bien moi, commenté-je.
Elle me regarde toutes les deux et j'hausse les épaules.
Eh bien c'est vrai ! On avait pas tenté de me tuer donc j'étais contente pour ça au moins.
— Bref, le chef du programme vous a en effet, repéré depuis longtemps ...
— Dites-nous qui il est ! m'exclamé-je.
— Je ne sais pas vraiment qui il est, car une seule personne du programme l'a vu, dit-elle.
— Amenez-vous voir cette personne alors ! rétorqué-je.
Edna se gratte l'arrière de la tête, dépassée.
— En gros, on doit définitivement détruire l'Ordre Suprême qui sacrifie des femmes « fortes » aujourd'hui, car ils ont un plan dont on a absolument pas connaissance.
— C'est ça, confirme-t-elle. Nous devons découvrir leur plan et tout le reste. Mais ça, vous le saviez déjà.
J'expire pour montrer que mon implication de cette histoire n'est plus à son comble. Jessica me regarde donc et je décide de l'interroger sur une question qui me taraude énormément.
— Edna et moi avons compris autre chose de ce programme... Pourquoi voulez-vous qu'elle se marie avec Elliott ? Je sais que c'est pour étudier son comportement, notre comportement ... Mais concrètement, qu'est-ce que ça va vous apporter ?
Jessica regarde dans le vide, certainement pour trouver ses mots ou nous raconter un mensonge. Étrangement, je n'ai pas vraiment confiance en elle.
En même temps, Edna et moi, nous pouvons compter que sur nous même. Dans notre entourage, il y a des participants à ce choix donc, je préfère dorénavant me méfier.
Une fois qu'elle a trouvé quelque chose de plausible, elle sourit faiblement et dit :
— Je ne suis pas supposée vous le dire, mais au point où nous sommes, je peux plus ou moins vous expliquer. Et Edna n'est pas la seule à être étudiée sur ce sujet.
— Euh ... je ne compte pas me marier, ricané-je.
— Je sais, dit-elle avec un sourire en coin. Cependant, nous avons remarqué que tu avais une certaine attirance pour un dénommé Douglas Foley.
À l'énoncé de son prénom, je me sens rougir sans retenue ce qui fait rire Edna.
Quelle connasse !
— Vous enquêtez sur lui aussi ? Franchement, vous abusez de dingue ! J'ai presque envie de porter plainte ... Cela dit, c'est ... un type bien ?
Jessica secoue la tête et me répond par l'affirmatif.
— Il est clean d'après ce que l'on sait et il a l'air de t'apprécier aussi donc tout va bien.
— Du coup, vous étudiez notre comportement vis-à-vis de la gente masculine ? demande Edna.
— C'est ça.
— Pourquoi ? renchéris-je.
— Ça, je ne peux vous le dire ...
Son téléphone nous signale sa présence et elle décroche sous nos yeux.
— Oui, je suis avec elles. Tout va bien, elles assimilent les informations calmement.
Edna lève les yeux avant de me regarder.
— Je pense, qu'ils pensent qu'on va devenir dingues, me confie-t-elle.
— En même temps, chuchoté-je, l'implant n'est pas très fiable, Ed. Peut-être qu'on va devenir dingues ! On entend des voix et puis ... on a une envie de tuer.
Mes propos crus choquent Edna et je le vois dans son regard.
Sauf que c'est la vérité.
— Certes. Néanmoins, on est plus fortes que cet implant, non ?
Je n'ai pas envie de lui répondre et comme sauvée par le gong, Jessica vient de terminer sa conversation.
— On retourne à New-York. Vous avez besoin de repos après cette longue journée, dit-elle. Demain, nous bosserons sérieusement sur cette histoire...
— Je dois organiser mon mariage, déclare ma meilleure amie avec lassitude. Et, je n'ai plus d'avocate pour mon ... affaire, ajoute-t-elle avec une certaine gêne.
— C'est vrai, adjuge-t-elle. Vous savez quoi ? Vous allez finir d'organiser ce mariage. Concentrez-vous sur ça. Profitez de ce moment d'accalmie. Je me charge de te trouver un nouvel avocat Edna, mais rassure-toi, l'affaire n'ira pas très loin. Crois-moi.
— Vous êtes sûre ? appuie Edna. J'ai quand même blessé sévèrement Brittany et je ...
— Elle l'a mérité cette co... cette folle, dis-je en me rattrapant. Puis, tu l'avais gagné d'avance cette affaire. Elle a dit des propos juste intolérables. N'est-ce pas Jessica ?
— Tout à fait. Et rassure-toi pour ton boulot. Tu ne remettras pas de sitôt ton pied au poste, mais tu es déjà chargée avec ce plan à découvrir et ...
— Et cette affaire de femmes tuées ? C'est lié, je vous rappelle.
— J'allai en venir, sourit Jessica. Je t'engage sur l'affaire au sein du FBI. Tu bosseras en corrélation avec Elliott et Gideon, mais aussi avec mes agents.
Edna écarquille les yeux, surprise par la nouvelle.
— C'est ... C'est vrai ? Je travaille pour vous ? demande-t-elle avec une voix excitée. Genre vraiment ? Genre, je pourrai le mettre sur mon CV.
— Oui, rit-elle doucement. Vous travaillez pour moi, vous travaillez pour nous, répète-t-elle. Et je crois que c'est toujours ton rêve de travailler au FBI, non ?
— Oui, confirme-t-elle avec un sourire radieux. Ah ça oui !
— Alors, parfait ! Tout est donc sous contrôle.
Elle balance un clin d'oeil avant de nous montrer la sortie.
Elle nous promet de revenir dans les locaux du « programme » au fur et à mesure, jusqu'à la fin du mot de cette histoire à élucider.
*
Nous sommes de retour à la maison.
J'ai presque envie de pleurer d'émotions de retrouver cet endroit familier et réconfortant.
Jessica nous avertit qu'il y avait des agents qui surveillaient les alentours, donc nous n'avions pas à nous inquiéter.
Edna en profite pour appeler Douglas pour qu'il vienne avec Hanna.
— Ils seront là dans 20 minutes. Je vais prendre une douche, dit-elle.
— OK.
Je m'apprête à allumer la télé pour décompresser de je ne sais quoi sauf que je sens encore la présence d'Edna dans le salon. Donc, je me retourne vers elle et plisse les yeux.
— Qu'est-ce qu'il y a ?
— Honnêtement ?
Elle ricane et balance qu'elle flippe d'aller prendre sa douche toute seule et que ce matin, sa soeur avait été avec elle dans la salle de bain, sans comprendre pourquoi elle devait rester pour lui tenir compagnie, alors que de base, Edna déteste être interrompue pendant sa prise de bain ou de douche.
— Steuplait Billie, dit-elle avec un regard suppliant. Depuis ce qu'il m'est arrivé, ça me ...
— C'est bon, répondé-je en acceptant.
Elle sourit toute contente et comme je suis une meilleure amie exemplaire, je décide de la suivre. Mais avant, je prends mon ordinateur pour en profiter d'avancer sur mon histoire.
Quand je rentre dans la salle de bain, elle est déjà sous la douche. J'abaisse la lunette des toilettes pour m'y asseoir et je commence à écrire ce qui me passe par la tête, alors qu'Edna chantonne.
— Tu sais Billie, j'en viens même à être heureuse d'avoir frappé Brittany, me confie-t-elle.
— Ouais ouais, répondé-je à la va-vite.
Je continue de taper frénétiquement sauf qu'elle passe sa tête à travers le rideau et me lance un rapide coup d'oeil avant de retourner à sa tâche.
— Ça avance ton histoire ?
— Pas comme je le voudrais, avoué-je, mais ça va.
Je m'arrête et analyse ses paroles précédentes.
— Tu es heureuse d'avoir fait du mal à Brittany ?
Elle arrête de chantonner et reproduit la même action que tout à l'heure.
— Bah ... je vais réellement pouvoir travailler pour le FBI. Avec Jessica Shawn.
— Mais ... c'est un peu ... de la manipulation non ? Elle sait que c'est ton rêve, donc elle te donne ce que tu veux pour que tu coopères.
Elle disparait à nouveau derrière le rideau et cette façon de réagir me fait comprendre que mes paroles ont un impact sur elle.
Elle sait que j'ai raison.
— De la manipulation que j'accepte alors, dit-elle. Si ça peut m'aider à atteindre mon rêve, alors oui, je l'accepte définitivement.
Elle finit par couper l'eau et tend sa main pour que je lui file sa serviette. Je la lui donne et une fois couverte, elle sort de la baignoire.
Elle me lance un bref regard et me demande si je veux qu'elle reste.
— Ça ira. Douglas et Hanna ne vont pas tarder.
Elle acquiesce en plissant ses lèvres et elle s'apprête à s'en aller quand elle me balance :
— Je te choque peut-être, Billie. Mais, ça va me faire une certaine connaissance de cet univers. Et pour ma candidature à la formation de Quantico, ça sera parfait.
— Ne t'inquiète pas Ed, j'ai compris où tu voulais en venir.
Elle n'ajoute rien de plus et me laisse toute seule avec mes pensées.
*
Je suis dans ma chambre en train de me vêtir de mon pyjama, lorsque j'entends des voix provenant du salon.
Je reconnais la voix grave de Niya et le rire chiant d'Amiri ainsi que les palabres Mirah.
Je fronce les sourcils en me demandant ce qu'elles fichent là, sauf que je me souviens que nous devions nous voir pour une soirée Disney ...
Oui mais c'était prévu pour samedi soir et certainement pas pour vendredi soir ...
Les profiteuses ! Elles étaient trop impatientes de nous voir.
Je suis sûre que même Edna a oublié avec tout ce qu'il nous arrive ces derniers jours.
Je me dépêche de les rejoindre après avoir enfilé mes chaussons de grand-mère et je les retrouve au salon.
— Tiens, elle est là, la blonde, commente Niya.
— Tu es tout simplement jalouse, rétorqué-je. Salut les filles ! Qu'est-ce que vous faites là ? Nous devions nous voir demain soir pour cette soirée Disney.
— Nous savions que vous alliez nous mettre un plan avec votre vie secrète là, me dévisage Amiri avec dédain, alors on a débarqué déjà paré.
Edna roule des yeux et dit :
— On a été très occupé depuis notre retour ce mercredi et ...
— Vous devriez peut-être nous parler, la coupe Niya avec sarcasme. Qu'est-ce que vous nous caché mis à part un mariage et peut-être le futur copain de Billie ?
Edna et moi échangeons un bref regard et elle hausse les épaules.
— Rien d'important, répond-t-elle. Vous savez quoi ? Je suis contente que vous soyez venues comme ça à l'improviste. On va se faire cette soirée. Je commande des pizzas ?
Amiri exhale avant d'accepter sous la demande de nourriture.
— Commande aussi du japonais parce qu'Amiri ne sert à rien, alors qu'elle aurait pu demander à ses parents.
— Je préfère ignorer ce type de conneries, dit la concernée.
— Commande des glaces aussi, ajoute Mirah qui décide d'organiser l'agencement du salon. Les matelas gonflables sont toujours au même endroit ? me demande-t-elle.
— Oui. Ramène les DVD Disney aussi, lui dis-je.
Au même moment la porte sonne et je me charge d'aller l'ouvrir.
Sans grande surprise, c'est Hanna et Douglas.
Hanna me bondit dans les bras avant de rentrer dans l'appartement en hurlant le prénom de sa grande-soeur qui l'accueille les bras ouverts.
Douglas me sourit et j'en fais de même.
— Merci de l'avoir ramené. Désolée encore pour tout ça, me justifié-je bêtement.
— Ne t'en fais pas. Tout va bien pour vous ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Vous étiez différentes et je ... vous étiez surprenantes à ... à vous battre comme ça. Hanna et moi avons tentés de comprendre mais ... impossible, tente-t-il de s'expliquer.
Je le sonde du regard ne sachant quoi dire, surtout que je ne voulais pas le mettre en danger. Alors, je réponds tout simplement :
— Tu veux rentrer quelques minutes ? Ça ferait plaisir à Edna de te voir.
Il est ébranlé par mon calme et ma façon de détourner ses questions. Néanmoins, il finit par accepter et entre dans l'appartement.
Cela attire bien évidemment le regard des filles qui minaudent déjà en le voyant.
— Salut Douglas ! lancent-elles.
Edna s'écarte de sa soeur et s'approche de nous pour venir le prendre dans ses bras.
— Merci d'avoir surveillé ma petite soeur. Merci beaucoup Douglas, chuchote-t-elle avant de le relâcher et de lui donner une tape à l'épaule.
— De rien. J'espère que tout ...
— T'inquiète, le coupe-t-elle, comprenant où il voulait en venir.
En même temps, je comprenais sa curiosité.
— Il va être avec nous pour la soirée Disney-Pyjama ? intervient Amiri en jouant avec ses cheveux.
Elle m'énerve déjà et elle le sait car elle me balance un clin d'oeil.
— Ça serait cool de faire plus ample connaissance avec le mec de Billie, ajoute Niya avec un regard pleins de malices.
Les filles ricanent et je rougis tout comme Douglas.
Pour me défendre, je suis obligée de balancer qu'elles étaient ridicules.
— Et Douglas n'est pas mon mec, ajouté-je.
— Pourtant, c'est lui que tu qualifies de futur mari, non ? déclare Mirah, espiègle.
J'ai envie de la tuer.
— C'est vrai ? me questionne Douglas avec un sourire en coin.
— Elles déconnent, répondé-je. Comme je le fais avec toi parce que tu me dragues tout le temps.
Les filles éclatent de rire et Hanna l'enlace sous mes yeux.
— En tout cas, moi, je le valide. Il a été super gentil et protecteur avec moi, après ce qu'il s'est passé au ...
— Super ! intervient Edna. Tu peux rester Douglas. Tu auras juste à te détacher les ... cheveux et on te prêtera un pyjama de filles.
Douglas rit à la connerie de ma meilleure amie et les filles aussi qui approuvent l'idée de celle-ci.
— Toi, je dois te parler, s'adresse-t-elle à sa soeur qu'elle empoigne par le bras.
— Je pourrais lui mettre du vernis ? demande quand même Hanna qui suit sa soeur vers sa chambre.
— Bon bah, tu vas passer la soirée avec nous ! m'exclamé-je. Fais comme chez toi.
Douglas parait soudainement intimidé, tandis que Niya prend les devants en l'installant auprès d'elle sur le canapé.
Amiri vient à mes côtés et me donne un coup d'épaule.
— On va le passer au scan' copine ! Mais ça se voit qu'il est dingue de toi.
— En même temps, je suis une bombe.
Elle lève les yeux en me suppliant de me calmer si je ne voulais pas qu'elles me ridiculisent devant lui.
Et je sais qu'elles en sont capables.
Donc, j'abdique et me dirige vers la cuisine pour sortir les verres quand Mirah vient me rejoindre pour me filer un coup de main.
Edna et Hanna finissent par réapparaitre et je devine qu'elle a dit à sa soeur de ne rien dire et qu'elles ont forcément contactées leur parents pour les rassurer de l'absence d'Hanna.
L'ambiance commence à s'installer tranquillement tandis qu'elles interrogent Douglas sans lui laisser de répit.
— Laissez respirer un peu, balancé-je.
— Et la princesse vient sauver son prince sur sa grande licorne blanche, chantonne Niya.
Je râle et la porte sonne.
C'est certainement la livraison des pizzas et du japonais.
Je m'en vais donc ouvrir, impatiente de pouvoir manger car la faim se faisait ressentir, sauf que je découvre Elliott et Gideon devant notre porte.
Décidément, ça ne sera pas une soirée filles.
*
— Oh ma pauvre chérie ! Elle va payer cette pauvre fille de t'avoir autant amoché.
La femme tente de toucher délicatement le front de sa fille pour écarter ses cheveux, mais celle-ci tourne sa tête pour éviter son touché.
Sa mère exhale, dépitée.
— Tu ne veux toujours pas nous raconter ce qu'il s'est réellement passé ? demande son père après avoir lâché un long soupir exaspéré.
Leur fille les regarde tour à tour avec sévérité.
— Je ne suis plus un enfant ! s'exclame-t-elle en colère. Cassez-vous ! Je n'ai pas besoin de vous à mon chevet ! Je ne vous ai rien demandé putain !
Elle grimace et gémit de douleurs sous le regard de ses parents qui sont tout simplement sous le choc.
Depuis hier, ils étaient restés auprès de leur fille unique.
Certes, ils n'avaient pas beaucoup de contact. Brittany ne les appelait que très rarement et venait leur rendre visite que deux à trois fois dans l'année.
Leur relation avait été complètement détruite après la difficile révélation d'un secret de famille durant son adolescence.
Même si la situation n'était pas la plus simple, c'était quand même leur fille qu'ils aimaient énormément.
Et Brittany qui souffre de douleurs, malgré les calmants qui circulent dans son sang, en a plus qu'assez d'être dans ce foutu lit d'hôpital.
Jamais elle n'aurait cru pouvoir se laisser faire frapper juste pour un « plan ». Surtout par Edna qu'elle n'appréciait guère.
L'argent et l'envie de pouvoir pouvait complètement rendre dingue.
Et elle espérait vraiment avoir cet argent et ce pouvoir qu'on lui avait promis.
Elle avait tellement souffert et avait engagé sa vie pour l'obtenir, que voir la personne qui lui a proposé ce « plan » atténuerait la souffrance de l'instant.
Elle veut se passer une main sur le visage sauf que cela est affreusement douloureux.
Une chose est sûre, Edna et son implant mystique fonctionne à merveille.
Et juste le fait de penser à Edna la met en colère.
Toujours et encore cette Edna.
— Brittany ... se lance sa mère.
Elle ricane d'exaspération avant de les dévisager avec tout le mépris possible dans son regard pour leur cracher :
— Rentrez chez vous bon sang ! Vous ne comprenez pas que je n'en ai rien à faire de vous. Vous êtes morts depuis longtemps pour moi. Alors arrêtez de vouloir faire comme si tout allait bien. Oubliez-moi comme je le fais avec vous merde ! Je peux me charger de ma propre personne. Je le répète, je n'ai pas besoin de vous. Maintenant dégagez ! vocifère-t-elle. Vous n'êtes que des incapables. Qu'est-ce que j'ai fait pour avoir des parents comme vous.
La pauvre femme qui a écouté ce discours plein de haine, a le coeur brisé par les mots de sa fille.
Son époux vient auprès d'elle et secoue la tête totalement abasourdi.
— Tu es une ingrate Brittany et tu es tout simplement injuste. On s'en va, Mary. Laissons-là.
— Mais Tony ... Brittany, je t'en supplie.
— Partez.
Ce sont ses derniers mots et elle leur tourne le dos pour leur montrer qu'elle les ignore dès à présent.
Les sanglots de sa mère ne l'atteigne pas et elle se sent presque heureuse et apaisée lorsqu'elle se retrouve seule.
Sauf que la porte s'ouvre à nouveau et elle s'apprête à cracher des paroles plus virulentes pour les faire déguerpir, néanmoins, elle entend des applaudissements.
Elle se retourne et sourit à cet homme qui vient d'entrer.
— Je vois que tu commences à faire to-ta-le-ment abstraction des choses nuisibles, dit-il calmement.
Elle ne dit rien et le fixe, émerveillée.
Cet homme est grand et émane de lui toute la richesse et la supériorité possible que s'en est presque fascinant.
Cet homme la fascine.
Elle se redresse du mieux qu'elle peut pour faire bonne figure, qu'elle en oublie presque ses douleurs à la tête et au corps.
À ses côtés, l'homme lui caresse doucement le visage qu'elle en ressent des frissons de bien-être.
— Tu es si forte Brittany. Je t'admire beaucoup...
Ses mots lui vont droit au coeur. Il est si bienveillant avec elle et cela, depuis le premier jour.
— Vous ne devriez pas être ici. Ils pourraient nous voir ...
Il pose un doigt sur ses lèvres meurtries et sourit.
— Ne t'en fais pas pour moi, Brittany. Je voulais voir comment tu allais. C'est si courageux de ta part de proposer à ton équipe, ton sacrifice pour qu'Edna réagisse davantage à cet implant. Tu es merveilleuse.
Celle-ci parvient à sourire, mais lorsqu'elle voit que le sourire de l'homme disparait, elle perd aussitôt le sien.
— Qu'est-ce qu'il y a ?
— Rien. Il me manque juste certaines choses pour définitivement faire disparaitre Edna et Billie ainsi que les membres du programme, soupire-t-il. M'enfin, je ne veux pas te mettre davantage en danger, sourit-il à nouveau. Tu as déjà fait beaucoup.
— Je peux le faire. Je vous assure. Si ça peut vous aider ... nous aider pour ce nouveau monde que vous voulez, rectifie-t-elle.
Elle l'implore presque du regard de lui confier l'autre mission et il acquiesce comme s'il comprenait sa demande implicite.
— Bien, je vais y réfléchir Brittany. Je vais devoir te laisser car connaissant Jessica, elle est toujours à l'heure et donc elle ne va pas tarder. Je te tiens au courant pour la mission. Sache que j'ai viré l'argent dans ton compte offshore.
— Et vous de votre côté, ... ça a été ? Tout s'est bien passé.
Il sourit en coin.
Si elle savait que son sourire n'était pas doux, mais diabolique et malfaisant, elle ne verrait pas cet homme aussi beau, aussi charismatique et aussi fort.
— Oui ça a été. Tout n'est qu'une question de temps Brittany et moins tu en sauras, mieux se sera.
Il regarde sa sublime montre Patek Philippe qui vaut des millions de dollars et dépose un léger baiser sur le front bandé de Brittany.
— J'y vais. Reste forte. Toi aussi tu auras ton quart d'heure de gloire. Bien plus même.
Elle acquiesce avant de le suivre du regard. Il s'en va comme il est apparut.
Un soupir de confort s'échappe de ses lèvres et elle sourit naïvement.
Elle rêvasse quelques minutes de sa future vie. Se doutait-il de ses sentiments envers lui ? Certainement. Sauf qu'il n'en faisait rien et c'était agaçant pour elle. C'était peut-être la différence d'âge qui jouait sur son comportement. Pourtant, elle ressentait cette alchimie entre eux.
On finit par frapper à nouveau à la porte. Sans grande surprise, c'est Jessica Shawn, toujours aussi élégante et sublime.
Avant de savoir qu'Edna était un fan inconditionnel de Jessica, Brittany l'était aussi. Elle aussi voulait faire partie du FBI. Elle aussi voulait être la protégée de Jessica. Cette splendide femme rousse à la classe et beauté légendaire.
Elle aussi aurait voulu être une « élue » du programme. Malheureusement, elle n'avait que sa beauté et son intelligence pour l'aider.
Elle était toujours au second plan après le lycée. À l'université, elle ne pouvait pas être la reine, car il y avait toujours meilleure qu'elle.
Et ça, ça lui avait fait un terrible choc de retomber de son piédestal.
Puis, son autre patron était en guerre invisible avec le groupe de Jessica.
Et elle avait tout simplement choisi son camp.
Jessica s'approche d'elle avec un sourire sincère et lui prend la main qu'elle presse.
— Comment ça va, Brittany ? On m'a dit que ton opération s'est très bien passée et que tu vas te rétablir très vite. Nous avons eu peur des dégâts qui auraient pu être causés.
— J'ai mal, mais ça va. C'était pour la bonne cause et j'ai proposé donc ...
— Tu es très courageuse. Nous sommes tellement heureux de te savoir dans le programme.
— Tu penses qu'Edna sera heureuse de l'apprendre ?
Jessica est légèrement touchée par cette question et elle se ressaisit très vite pour répondre.
— Elles seront toutes les deux surprises en découvrant certains membres. Cela dit, c'est le Chef qui a décidé. Il ne nous a jamais forcé à suivre ses plans. On est d'accord ?
Brittany hoche la tête doucement pour ne rien laisser paraitre.
Ça serait la catastrophe si l'on découvrait qu'elle était la taupe du programme. Elle préférait en mourir. Elle devait donc rester très vigilante et ne laissait aucune trace.
— Quand est-ce que nous le verrons pour la première fois ? questionne-t-elle.
— Je ne sais pas. Son bras droit ne peut rien nous dire.
Brittany a presque envie de s'esclaffer en connaissant l'identité du bras droit et de certains membres du programme.
C'est dans ces moments là, qu'elle est heureuse de savoir qu'elle n'a pas vraiment d'amis, car la trahison est plus horrible quand ce sont des proches qui en sont le fruit.
Et pour Billie et Edna, c'était le cas.
Et dire qu'elles les connaissaient bien avant de rencontrer Edna ...
Ah que la vie n'était pas tendre. Absolument pas.
— Tu as retiré ta plainte ? l'interroge Jessica.
— Oui, répond-t-elle. J'ai ... J'ai appris la mort de l'avocate d'Edna. C'est horrible tous ces meurtres de jeunes femmes, joue-t-elle la comédie. C'est horrible. Ça me fait presque peur. Et j'ai peur pour les filles.
Jessica soupire, croyant en la sincérité de Brittany.
— On va retrouver ces salauds qui ont fait ça, Brittany. On attend juste que Billie et Edna soient à 2000 % de leur capacité. Elles les retrouveront, j'en suis convaincue. Bien, je vais te laisser te reposer. Au fait, comment vont tes parents ?
— Ils sont partis, répond-t-elle. Ça ne servait à rien qu'ils restent plus longtemps. Il faut vraiment qu'Edna et Billie réussissent.
— Tout à fait, sourit faiblement Jessica. Je t'appelle demain. Merci encore pour ton sacrifice. Repose-toi Brittany et on se charge de tout.
— Je sais. Bye Jessica.
Elles échangent un dernier sourire et Jessica quitte la chambre à son tour.
Brittany fait rapidement tomber son masque de fille impliquée dans sa mission.
Elle est juste impatiente que son sauveur vienne à sa rescousse et voir tomber Billie et Edna dans les mains de l'Ordre Suprême comme prévu.
Elle en a marre de jouer la mascarade pour montrer qui elle est réellement.
Une partisante de l'Ordre Suprême.
***
« La trahison : fruit bien pourri que beaucoup de personnes malhonnêtes partagent avec des personnes honnêtes qui croient en leur sincérité, gentillesse et dévouement, alors que tout ce qu'il compte pour eux, c'est voir la chute de leur ennemi et d'en savourer sa déchéance ».
***
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