-Tant pis pour ma soeur, je dois te faire visiter le site et t'expliquer le règles.

Je secouai la tête pour mettre de côté tout les souvenirs qui remontaient de la où je les avais laissé. Tout au fond de ma mémoire. Cela faisait un quart d'heure que le jeune homme qui se tenait face à moi me parlait de soeur apparemment fan de ma musique- 

- J'ai pas besoin de visite.

-C'est le règlement et le règlement est ce qui...

Je le coupai en répétant l'un des nombreux slogans que l'on répète et répète des centaines de fois ici.

-Ce qui apporte protection et évolution. Je t'ai dis que je connais tout ça.

Il me regarda visiblement aussi agacé que moi, je compris qu'il ne faisait que ce qu'on lui demandait et me rappelait soudainement d'un truc.

-Desolé, je suis sur les nerfs, t'as fais quoi comme connerie pour avoir comme punition de t'occuper des nouveaux?

Il sourit sans doute en repensant à la cause de sa présence non-voulue ici. Visiblement il allait me faire une confidence.

-Je suis allé avec des gars de ma meute dans la nurserie et y avait un gosse de 5 ans qui n'avait jamais vu de loup garou. Il a hurlé et tout les petits se sont réveillés et ont hurlé à leur tour. Alors mes potes sont partis et je me suis retrouvé bloqué.

Je lui souris, il avait peut être 17 ans mais en faisait deux de plus.

-J'ai connu ça. On ne vous a pas tous punis?

-Le reste de ma meute ne s'est pas fait choper.

Je marchais dans l'allée mais me stoppai directement.

-La Grue ne vous a pas tous trouvé?

Il arrêta lui aussi d'avancer et baissa les yeux sur ses chaussures.

-La Grue ? Il était directeur quand je suis partie.

Sous mes yeux il se transforma et je me retrouvai face à un magnifique loup aux yeux bleus perçant. Un oméga. Il hurla à la mort et un concert d'autres hurlements repris en coeur ce chant funèbre. Certains de ces cris venaient de très loin.

-Papa n'est plus là, fit une voix derrière moi.

*

- Papa ! criai-je debout sur ma chaise, les yeux effarés.

Hori me regardait tendant vers moi une araignée. La Grue entra en trombe dans la chambre et m'attrapa au moment où je basculais, sous le regard hilare de ma soeur adoptive. Il la prit à son tour et nous jeta toutes deux sur ses épaules. 

Une fois dehors, il nous serra dans ses bras avant de nous dire à chacune d'arrêter de nous battre tout le temps. Je baissai les yeux, m'excusant. Hori m'avait pris la main pour me demander pardon en pleurant. Hori était comme ça. Du rire aux larmes. On s'était prises dans les bras, se promettant de ne plus recommencer. Avant le lendemain du moins.

*

Je me retournai et fis face à celle qui venait de dire cela d'une voix distante. Elle avait des yeux noir, entièrement noir. Elle était donc devenue oracle. Comme papa.

-Père aurait été choqué de te voir ici, je pense même qu'il se serait arranger pour qu'un petit accident survienne et te mettes hors course...

Je serrai les poings en la voyant se pavaner en regardant autour d'elle ses longs cheveux roux se mouvant à chacun de ses pas. Notre relation n'était plus la même depuis longtemps. 

-Hors course pour quoi Hortensia?

Elle s'arrêta dans son manège et me fixa d'un air hautain qui me fit presque frissoner.

- Tu es légalement sa fille, bien qu'adoptée. Il est décédé et personne ne dirige cet endroit. Tu vois où je veux en venir?

Voilà donc la raison de mon retour. Quelqu'un me préférerait à la tête de cette ménagerie. Je souris, Hortensia ne tenait pas à me voir au pouvoir. À vrai dire moi non plus, mais qu'est ce que deux semaines peuvent bien changer.

- Où est l'endroit où je vais vivre ces quelques temps soeurette?

Elle me montra du doigt ce qui dans une ville normale aurait été une office du tourisme mais qui ici s'appelait Informations sur Tout et Rien. Un nom vraiment stupide que je rebatiserai bien par un nom plus normal, moins fantaisiste. Enfin si je le pouvais, une petite voix dans ma tête que je surnommais Conscience commença à résonner dans mon crâne."Tu pourrais rebatiser ce lieu, tu éliminerais tous ses problèmes et tu pourrais trouver ta place." Lorsqu'un choix devait être fait, ma conscience me tapait sur les nerfs et j'en ai pour des heures de réflexions. 

- Fais pas comme si tu ne nous avais pas abandonné Alison. Prétends pas que tout est normal, murmura-elle sans me regarder. 

Je sourcillais. Elle avait frappé au bon endroit.  Je me dirigeai vers le bâtiment de verre sans un regard pour elle et entrai par l'immense porte coulissante.

-Bienvenue à "Informations sur Tout et Rien". Welcome to "Informations on Everything and Nothing". Bienvenidos a "de todo y nada". Bem-vindo ao "sobre tudo e nada". Benvenuti in "di tutto e niente".

-C'est bon, je parle anglais.

-Mademoiselle Denovan, vous voilà de retour! Cela faisait si longtemps!

Je me tournai vers un des nombreux miroirs présents dans l'immense pièce et lui souris poliment.

-Miroir, peux tu m'indiquer où je dois aller et ce que je dois faire.

-Sens propre ou figuré?

-Les deux, cher miroir.

L'image vacilla dans la classe et une superbe maison de pierre y fit place, je remarquai que celle -ci était perdue dans les bois. Je regardai le miroir et pestai à haute voix.

-Au milieu des arbres! T'as pas mieux?

-Vous êtes une hybride surnaturelle  dans la Zêta ce qui signifique que vous ne pouvez pas être mise n'importe où mais sachez que ces arbres sont immunisés contre vous, vous ne pourrez pas leur faire de mal.

Le visage réaparaît sur le miroir et celui-ci remarqua immédiatement mon regard vexé.

-Oh non mademoiselle Fire, je ne sous-entendais pas que vous étiez incontrolable. Je voulais juste vous dire de me pas vous inquièter. Ne partez pas! Je... suis vraiment désolé!

Je claquai la porte et me mis à hurler, ma peau commença à disparaître sous ma fourrure blanche, ma colonne vértébrale se craqua en changeant de sens, mes oreilles remontèrent sur mon crâne pendant que je continuai à hurler à la mort. Comme une louve diriez-vous, car je suis une louve. Du moins, à cinquante pourcent.