VI ― La Flèche d'argent
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La Flèche d'argent
La pierre plate rencontra la surface de l'eau presque sans un bruit. Emporté par le mouvement de rotation, le caillou circulaire continua sa course à coup de rebonds, filant à toute allure vers l'horizon orangé de la fin de journée. Saxa compta sept ricochets avant que le galet blanc ne s'enfonce dans l'obscurité de l'océan placide, attiré sans pouvoir résister vers le fond où l'attendait un monde inconnu.
Debout sur un rocher face à la mer, Saxa eut un sourire de satisfaction d'avoir battu son propre record. Ici, elle se tenait assez proche de la capitale pour distinguer la silhouette de ses gratte-ciels, et assez éloignée pour ne plus entendre le bruit incessant du trafic routier. Seul le chant des vagues et de la bise marine venait se mêler aux notes de cithare dans ses écouteurs.
Saxa avait découvert cette crique isolée par hasard lors d'une de ses matinées d'entraînement durant lesquelles ses petites foulées l'avaient entraînée loin de la métropole, là où l'humain avait jugé trop ardu de bâtir. Elle aimait se retirer ici, au milieu de ce paradis blanc, lorsqu'elle avait besoin de calme, lorsque sa vie prenait un nouveau tournant, parfois inattendu, comme c'était le cas ce soir.
Pas si inattendu, cela serait arrivé un jour où l'autre. C'est pour ça que je suis faite.
Un nouveau morceau, plus rapide que le précédent, se lançait à peine alors qu'elle se baissait pour ramasser un autre caillou plat, fragment érodé de la roche qu'elle foulait. Les yeux rivés sur l'océan doré, elle repassa dans sa tête la technique enseignée des années auparavant par Gaius lors d'une soirée d'été à Neapolis. Pieds écartés à largeur d'épaules, choisir un angle afin que la pierre heurte la surface de l'eau de façon parallèle. Petit mouvement de poignet à la fois puissant et précis. Saxa avait retenu cela par cœur, comme la totalité de ses leçons de pilotage. Sans doute voulait-elle garder un souvenir agréable de son frère, quitte à sélectionner une scène banale, un enseignement futile.
Saxa lâcha le galet qui n'effectua que quatre rebonds cette fois-ci. La jeune femme grimaça, un peu déçue et fut interrompue dans sa rumination par l'appel de son prénom. Elle coupa la musique avant de se tourner vers la terre et vers la silhouette de Meresankh qui s'approchait, un sachet bien rempli dans sa main gauche. L'ingénieure connaissait tellement bien Saxa qu'elle savait toujours où la chercher pour la trouver. Cette crique n'était pas seulement le secret de Saxa, mais leur secret à elles deux.
Saxa quitta son poste d'observation de l'océan pour rejoindre Mery qui lui fit signe de s'asseoir près d'elle. Elle se trouva un coin confortable entre les plis de la roche pour s'installer juste à côté de la Nilienne qui déballait le contenu de son sachet. Saxa reconnut immédiatement le logo de chez Barnabas et l'odeur de ses brochettes de poulet grillé. A cela vinrent s'ajouter quelques spanakopitas fourrés aux épinards, accompagnés de la sauce garum que Saxa appréciait tant — avis loin d'être partagé par Meresankh qui lui trouvait un goût de poisson pourri. Leur dîner en pleine nature était complété par des loukoumades recouverts de miel.
Son appétit ouvert à la vue de toute cette bonne nourriture, Saxa attrapa l'une des brochettes avec un sourire.
— Merci beaucoup, Mery. Tu as vraiment mis le paquet ce soir.
— Il le fallait bien, répondit l'ingénieure qui choisit de commencer par les spanakopitas. Ce n'est pas tous les jours qu'on pourra fêter ton entrée officielle en série alpha.
— Qui te dit que j'ai accepté de signer ?
Meresankh pencha la tête sur le côté, son regard en disait long. Ça ne marchait pas, pas avec elle.
Saxa attendit de ne plus avoir la bouche pleine avant de continuer.
— Seul un imbécile aurait refusé.
Un imbécile ou quelqu'un de trop cupide. Lors de leur discussion, Senmout avait vite mis sur la table le sujet du salaire. Il avait semblé assez embarrassé au moment d'annoncer la somme proposée. Saxa avait compris qu'il s'agissait du strict minimum imposé par la Fédération, strict minimum qui contenait tout de même déjà six zéros. Saxa n'y avait même pas prêté attention. Elle avait parcouru le contrat affiché sur la tablette de son locuteur, à la recherche d'une potentielle clause douteuse qui heureusement n'existait pas. Après cela, elle n'avait pas hésité. Elle avait tenu le stylet comme s'il s'agissait d'un glaive, la lame qui scellait son destin, et elle avait tracé sa signature dans l'espace dédié.
Désormais, elle était aurige titulaire pour l'écurie Venator, pour une durée d'au moins un an.
Désormais, elle volait dans le Championnat Galactique.
Saxa releva le menton, les yeux rivés vers le lointain.
— Je rêve de cela depuis tellement longtemps que j'ai limite du mal à croire que c'est en train de se réaliser. La semaine dernière, je pensais continuer à réparer les bêtises de Valerius jusqu'à la fin de mes jours, enfermée dans ce garage ; à le voir voler tous les jours alors que je mériterais d'être à sa place. A entendre Zénon me répéter qu'il me laissera ma chance en sachant très bien qu'il ment pour me forcer à rester. Et le pire, c'est que ça a marché.
Il existait sans doute une réalité dans laquelle Zénon faisait passer le talent avant le compte en banque, malheureusement Saxa ne vivait pas dans celle-ci.
Meresankh posa sa main contre le dos de son amie et lui sourit en lui tendant un chausson aux épinards.
— C'est fini tout ça, Saxa. Tu as travaillé dur et même si cela a pris du temps, les dieux t'accordent enfin la récompense que tu mérites.
Si seulement l'univers avait pu penser comme elle il y a cinq ans lorsque tout avait éclaté. Plus que jamais Saxa mourrait d'envie de lui dire, c'était ce que Mery méritait pour avoir été son plus grand soutien pendant tout ce temps, la dernière étincelle à laquelle elle s'était accrochée. Elle avait pleinement confiance en elle pour savoir qu'elle garderait le secret, et pourtant, quelque chose la retenait, encore et toujours.
C'était une soirée de fête, Saxa n'avait pas envie de tout gâcher avec ses problèmes du passé.
L'avenir lui tendait les bras et elle était prête à les saisir.
Saxa se redressa pour soulager son postérieur engourdi et trouva un endroit plus confortable, tout proche de Meresankh. Les deux jeunes femmes attaquaient leur dessert, le goût sucré du miel suffisant à faire oublier à Saxa toutes les pensées négatives qu'elle avait pu avoir. Elle se pencha sur le côté pour laisser tomber sa tête contre l'épaule de Mery. Cette dernière enroula un bras autour d'elle et Saxa ferma les yeux pour se laisser aller dans cette étreinte réconfortante. Au loin, l'étoile du système des Cyclades n'était plus qu'un demi-cercle flottant au-dessus des vagues.
— J'aimerais vraiment que tu viennes avec moi, tu sais ? Avec mon nouveau salaire, j'ai largement de quoi couvrir tes frais de voyage. Et ça te permettrait de prendre des vacances bien méritées.
Meresankh rit entre deux bouchées de sa pâtisserie.
— J'adorerais, mais mon contrat me lie à cet idiot de Zénon jusqu'à la fin de la saison de série gamma. Ensuite, j'aimerais me trouver un emploi dans un environnement plus sain et assumer moi-même mes dépenses.
— Dis-le clairement si tu ne veux pas accepter d'argent de ma part, railla Saxa.
— C'est un peu ça, oui. Et c'est ton argent, ton salaire, profites-en pour te faire plaisir. C'est que tu es riche, maintenant.
Saxa leva les yeux au ciel et piqua le beignet que Mery s'apprêtait à saisir.
— Tu sais que je m'en fiche de l'argent. Ce qui m'importe, c'est que je vais pouvoir voler aux côtés des plus grands, être à leur niveau. Ce seront mes adversaires, mais je suis sûre que j'apprendrai beaucoup d'eux. J'ai hâte de les rencontrer.
— Quelque chose me dit que tu as surtout hâte de te tenir près d'un certain Iulius Donatus, plaisanta Meresankh.
Saxa donna un petit coup de coude à la Nilienne et sentit ses joues chauffer. Il fut un temps où son admiration pour le Champion en titre avait été au cœur de ses conversations avec Mery. En plus d'être doué et considéré comme un génie de la discipline, Donatus savait comment charmer son public. Et cela fonctionnait sur elle — elle en avait même un peu honte. Il représentait tout ce qu'elle voulait être : un pilote qui était parti de rien pour se hisser jusqu'au sommet. Un enfant des bas-quartiers de la Planète-Capitale désormais quatre fois couronné des lauriers du vainqueur.
— Quoiqu'il en soit, reprit Mery, compte sur moi pour visionner toutes tes courses depuis mon canapé... Enfin, si j'ai le temps.
— J'espère bien ! Qui sait, peut-être que dans quelques années, tu pourras dire que tu étais là pour assister aux premiers pas d'une Championne.
Les deux amies rirent à la plaisanterie qui au fond n'en était pas vraiment une. Tout aurige espérait remporter le titre et travaillait dans ce but. Saxa ne comptait pas faire exception, peu importe le temps que cela prendrait. Même si le plus tôt serait le mieux.
Il ne restait plus une miette de leur dîner improvisé lorsqu'elles décidèrent de rentrer en ville. Meresankh était venue à pied, comme Saxa, et elles marchèrent longtemps en continuant de discuter de tout et de rien.
La nuit était déjà tombée lorsqu'elles entèrent dans Sérifopolis et Mery proposa à Saxa de la raccompagner jusqu'à la résidence Elysée en échange de l'autorisation de monter boire un verre avec elle, afin de finir dignement cette soirée. Elles savaient toutes deux qu'elles ne se verraient plus avant longtemps. Senmout et sa collègue — dont Saxa n'avait pas encore retenu le nom — prévoyaient de retourner à Ephèse, la planète siège de l'écurie à la flèche d'argent, dès le lendemain et Saxa irait avec eux. Même si elles ne se voyaient plus physiquement, la pilote comptait bien lui passer des appels réguliers.
Saxa n'imaginait pas que cette journée puisse mal se terminer, et pourtant, cette certitude fut mise à mal lorsqu'elle reconnut le visage de l'homme qui sortait du hall de son immeuble. Pas de chance, Valerius se tourna dans la direction d'où venaient Saxa et Meresankh qui se figèrent sur le coup.
— Par Minerve, laissa échapper l'aurige. Manquait plus que lui.
Valerius s'avança vers elles en grande enjambées, la rage tordant sa tête d'abruti. Saxa n'eut pas besoin d'échanger un regard avec Meresankh pour savoir qu'elle pensait la même chose : cela sentait les problèmes à plein nez.
Hors de question de se laisser impressionner.
Valerius se posta devant Saxa et la toisa du même air suffisant qu'à l'accoutumée.
— Espèce de sale petite garce, cracha-t-il. Tu n'avais pas le droit !
Comme d'habitude, Valerius se croyait au-dessus de tout, mais il ignorait qu'à partir d'aujourd'hui, Saxa ne travaillait plus pour lui. Elle n'avait plus à ramper à ses pieds par peur de perdre son emploi.
— Pas le droit de quoi ? répliqua-t-elle. D'accepter l'opportunité qui s'offre à moi ? Tu devrais plutôt me remercier d'avoir choisi de courir sous ton nom. Si j'avais pas été là, tu serais encore à zéro point et tu te serais tapé la honte devant ton public à domicile.
Les mots étaient sortis sans filtre, brûlants, cassants. Elle mettait Valerius face à tout ce qu'il lui avait fait subir durant ces cinq années et cela faisait un bien fou.
— Evidemment, vu que cet abruti de gamin m'a drogué pour que je ne puisse pas participer à la course ! C'était un sale coup de ta part, avoue-le. Tu as toujours voulu me prendre ma place, prétendit-il.
— Peut-être parce que je la mérite plus que toi, crétin.
Valerius eut un mouvement brusque qui fit tout de suite réagir Meresankh. Elle se plaça entre Saxa et Valerius qu'elle renvoya d'où il venait d'une poussée de sa main.
— Calme-toi, Valerius. Ce n'est ni l'endroit ni le moment pour faire une scène.
Bien que la rue fût peu peuplée en cette heure tardive, quelques regards curieux s'étaient tournés vers l'aurige en colère. Il attirait toute l'attention vers lui à brailler ainsi. Typique de Valerius. Son regard haineux se transforma en grimace de dégoût lorsqu'il se tourna à nouveau vers Saxa.
— Tu fais la maligne parce que ta copine te défend, mais un mot de ma part et c'est la porte pour toi.
— Dommage mais tu arrives un peu tard, railla la jeune femme. J'ai démissionné il y a quelques heures.
Il fallut encore quelques secondes avant que la réalisation ne s'imprime sur le visage de Valerius.
— Sérieusement ? Sed-Saqqarah t'a proposé un contrat ? pouffa-t-il. Ils doivent vraiment être désespérés chez Venator.
— Ou peut-être que contrairement à Zénon, il sait reconnaître du talent quand il en voit, intervint Meresankh. Rentre chez toi, Valerius, il vaut mieux en rester là.
L'ingénieure indiqua à Saxa de la suivre vers l'entrée de la résidence pour mettre un terme à cette dispute stérile. N'importe qui aurait jugé qu'il s'agissait de la meilleure chose à faire, mais Valerius n'était pas n'importe qui. Il empoigna le bras de Saxa qui se crispa à ce contact non désiré. Elle essaya de se dégager sans succès, malgré leur carrure similaire, le pilote avait plus de poigne.
— Tu ne t'en tireras pas comme, Saxa, et tes petits potes non plus. J'ai besoin de Meresankh mais je peux facilement remplacer Proteus. Il était bien trop empoté de toute façon.
A la mention du jeune garçon, le sang de Saxa ne fit qu'un tour. Elle assumait les choix qu'elle avait fait pour en arriver jusqu'ici. Si Valerius estimait devoir la punir pour ça, qu'il le fasse. Elle était prête à encaisser les mots blessants encore une fois avec la certitude que cela serait la dernière. Elle refusait cependant que qui que ce soit d'autre ne paye pour sa décision.
Ne te dégonfle pas, pas cette fois. Tu es plus forte que lui.
Les Championnes n'ont peur de rien.
Toutes ces années durant lesquelles Saxa s'était tu lui avaient permis de découvrir les faiblesses de Valerius. Le temps venait de le traiter comme il l'avait toujours fait avec elle.
Frapper là où cela faisait mal.
— Lorsque je ferai mon entrée en série alpha, l'Imperium entier aura les yeux rivés sur moi. Ce serait dommage que tout le monde apprenne la façon dont Zénon et toi traitez vos employés. Il me suffira d'une parole pour créer le doute et la Fédération enverra une commission enquêter chez Karpusi. Pas sûre qu'ils apprécient ce qu'ils verront.
Valerius aimait se faire voir, faire croire qu'il était au-dessus de tout, même des dieux. Peut-être le croyait-il un peu, dans le fond. Mais plus que la défaite en elle-même, Valerius redoutait de devenir la risée des médias. Tout dieu avait besoin de ses adeptes. Quant à Zénon, plus avide que Midas, il ne voudrait pas risquer de perdre sa principale source de revenus, ou pire, de devoir payer une lourde amende à la Fédération pour non-respect du Codex Laboris.
— Tu es sérieusement en train de me faire du chantage ?
Un petit sourire se dessina sur les lèvres de la jeune femme. La voix de l'aurige tremblait, son masque de confiance démesurée se fissurait. Par Minerve, c'était si satisfaisant, presque aussi grisant que de monter sur le podium.
— Tu es prévenu désormais. Si j'apprends que tu as renvoyé Proteus ou que tu continues à le traiter lui et les autres mécaniciens comme tu l'as fait, je ne me gênerai pas pour tout révéler à la presse. Et j'ai un contact sérieux qui pourra me tenir au courant de tous tes faits et gestes.
Saxa profita de l'affolement de Valerius pour se dégager de sa prise et se rapprocher de Meresankh. Cette dernière était restée silencieuse avec une expression similaire à celle de son amie. L'expression de celle qui se savait victorieuse avant même de franchir la ligne d'arrivée.
Même si l'aurige comptait répliquer, Saxa n'avait aucune envie de l'écouter. Alors elle imprima sa mine déconfite, sa posture de défaite et bomba le torse, exaltée par ce sentiment de supériorité qu'elle ressentait pour la première fois depuis longtemps. Bras dessus bras dessous, Saxa et Meresankh tournèrent le dos à Valerius et la nouvelle pilote de Venator ne put s'empêcher de lancer une dernière pique.
— Au fait, tu peux garder les points que j'ai gagnés à ta place. Moi, je m'en vais en gagner dans la catégorie supérieure.
✶
— Par Minerve...
Le sol semblait trembler sous les pieds de Saxa, tellement que la jeune femme se laissa tomber sur un banc de la zone d'arrivée du spatioport. Autour d'elle, les autres passagers du vol liant Sérifos à Ephèse attendaient la mise en route du tapis roulant pour y récupérer leurs bagages. Parmi eux, Thusnelda leva les yeux au ciel suite au juron de la jeune pilote et poussa un soupir agacé.
Les quelques heures de voyage avaient suffi à Saxa pour comprendre que la responsable de communication ne l'aimait pas beaucoup. Ce n'était pas faute d'avoir essayé d'être aimable. Elle aurait préféré commencer son premier jour officiel de travail en étant en bon terme avec tous ses collègues, mais on ne pouvait pas tout avoir.
Malgré sa sensation de tournis, Saxa releva la tête vers Senmout debout à quelques pas du banc. Ses boucles brunes attachées en une queue-de-cheval serrée, le directeur de Venator avait revêtu une fine chemise, la pointe de flèche argentée emblème de son équipe imprimée au niveau de sa poitrine et perdue au milieu d'une multitude d'enseignes de sponsors. Son regard ambré fixé sur l'écran de sa tablette, un sourire amusé se dessina sur ses lèvres lorsqu'il s'adressa à l'aurige :
— Ton travail c'est de piloter des vaisseaux à grande vitesse, et pourtant tu as le mal de l'espace.
Agacée, Saxa amorça un mouvement pour se relever mais retomba vite, emporté par une sensation de nausée. Senmout étouffa un rire narquois.
— Arrête de te moquer, souffla Saxa.
— Pardon, mais je trouve ça vraiment marrant. Avoue que c'est assez contradictoire.
— J'ai plus vraiment l'habitude des voyages spatiaux, se justifia-t-elle.
Elle n'avait plus mis le pied dans un vaisseau long courrier depuis sa migration solitaire vers Sérifos. Le maigre salaire offert par Zénon ne lui permettait même pas de se payer un billet de classe trois, et puis pourquoi aurait-elle quitté le système des Cyclades ? Pour des vacances ? Valerius ne lui en avait jamais laissé le temps. Voir sa famille ? Il ne restait plus qu'elle.
Son corps n'était pas habitué aux passages en vitesse lumière et le lui faisait bien comprendre. Saxa avait passé la majeure partie du voyage allongée sur une banquette de la zone commune, la tête posée sur les genoux de Senmout car il n'y avait pas assez de place pour qu'elle puisse s'y étendre totalement. Cela n'avait pas dérangé le Nilien — il s'était tout de même plaint au début —, qui avait alterné entre de courtes siestes et de longues sessions de travail. Sa seule condition avait été de pouvoir manipuler sa tablette et son stylet sans être dérangé. Thusnelda, en revanche, n'avait pas apprécié cette familiarité entre ses deux collègues. « On passe vraiment pour des imbéciles » avait-elle dit. A quoi bon se préoccuper de cela alors que personne ne connaissait Saxa, ni ne faisait attention à elle pour le moment ?
Cela changerait bientôt.
— Il va falloir que tu t'y fasses, soupira Senmout. Voyager aux quatre coins de l'Imperium fait aussi partie de notre quotidien.
Vingt-et-une manches sur vingt planètes différentes, plus d'éventuels retours à Ephèse pour travailler sur le développement du monoplace. Saxa espérait prendre très vite le coup ou elle commencerait tous ses week-ends de course avec l'estomac dans les talons, et ce n'était pas bon pour les performances.
Le signal annonçant l'arrivée des bagages résonna dans le hall des arrivées, et tous les voyageurs se ruèrent vers le tapis roulant dès qu'il se mit en route, pressés de pouvoir quitter le spatioport et angoissés à l'idée que leurs valises aient pu être perdues lors d'un transfert. Thusnelda guettait les affaires des employés de Venator et les alerta lorsqu'elle les reconnut.
Saxa fut contrainte de se lever pour récupérer la grosse valise bleue estampillée de l'étiquette-écran affichant ses noms et prénoms. Elle voyageait léger pour quelqu'un qui emménageait sur une nouvelle planète, pourtant son bagage contenait l'essentiel de ce qu'elle possédait. Sur Sérifos, elle alternait souvent entre les mêmes vêtements en variant de temps en temps les ensembles qui, de toute façon, finissaient par être cachés sous sa combinaison de mécanicienne. Elle n'avait eu aucun regret à laisser sur place l'affreux uniforme ainsi que tout ce dont elle estimait ne pas avoir besoin. Avec Meresankh, elles avaient déposé tout cela au temple d'Hestia de Sérifopolis, pour être vendu à des prix abordables aux plus démunis, après que Saxa eut rendu les clés de son appartement.
Penser à Mery n'aida pas à calmer ses maux de ventre, surtout lorsqu'elle repensa à leur dernière étreinte, qui avait pris l'allure d'adieux déchirant de deux amies qui ne se reverraient jamais. Saxa respectait le choix de l'ingénieure de rester sur Sérifos, mais l'accepter ne voulait pas dire que cela faisait moins mal.
Elle chassa ces pensées aussi vite qu'elles furent venues. Cet au revoir n'était pas définitif et elle savait que Meresankh la soutenait, même à des années-lumière d'elle.
Senmout et Thusnelda récupérèrent aussi leurs affaires. Ils restaient beaucoup moins chargés que Saxa, étant partis pour quelques jours seulement. Le directeur de l'équipe pressa ses deux comparses vers la sortie du spatioport. Leur vol avait eu un peu de retard ce qui bouleversait leur emploi du temps de l'après-midi. Cela annonçait déjà le nouveau rythme que devrait suivre la nouvelle pilote de Venator. Elle doutait que cela puisse être pire que de trimer sous les ordres de Zénon.
Les portes vitrées s'ouvrirent au passage de la petite équipe. Saxa leva une main pour se protéger de la lumière de l'étoile locale. Une vague de chaleur chargée d'humidité déferla sur elle, contraste flagrant avec l'intérieur climatisé du bâtiment. Pas un brin d'air ne venait adoucir ce climat étouffant. Malgré la fine tunique claire et le pantacourt brun qu'elle portait, Saxa succombait déjà à la chaleur ambiante. Bien sûr, les deux autres ne bronchèrent pas, habitués à la vie sur Ephèse.
Senmout leva la main pour appeler une vectura qui s'arrêta devant eux. Le chauffeur au visage sympathique aida à enfourner les bagages dans le coffre de son véhicule à la coque grise. Une fois tout le monde installé sur la banquette arrière, il demanda où se rendre.
— Au siège de Venator, à l'est du centre-ville. Si possible, prenez le chemin le plus court, nous sommes pressés, indiqua Senmout.
Le conducteur acquiesça et mit en marche ses suspenseurs. Saxa se pencha vers Senmout, qui avait hérité de la place du milieu, pour lui murmurer :
— Tu sais qu'il va quand même faire un maximum de détours pour te faire payer plus cher ?
L'escroquerie des chauffeurs de vecturae était universelle. Senmout soupira en rejetant sa tête contre la banquette.
— Je ferai passer ça en frais de société. J'ai beaucoup de travail à rattraper, et toi tu dois t'installer et rencontrer les autres.
Dans les « autres », il y avait notamment celui qui serait le coéquipier de Saxa lors de cette saison. La jeune femme redoutait autant sa rencontre avec Avad Enkiddu qu'elle l'attendait avec impatience.
La vectura s'élança sur la route principale qui reliait le centre-ville de Prînos, la capitale d'Ephèse, au spatioport. Tournée vers la fenêtre de gauche, Saxa observait le paysage qui défilait derrière la vitre. Sérifos l'avait habitué à un autre type d'océan que celui qui composait cette planète. Partout où elle regardait, elle ne voyait que du vert, décliné en des millions de nuances. Des arbres immenses d'essences dont elle ignorait le nom se côtoyaient pour former le toit de cette forêt infinie et montaient si haut qu'elle n'en distinguait même pas le sol.
Saxa savait que les habitations humaines d'Ephèse se situaient au sommet des arbres mais elle n'en fut pas moins impressionnée. Les constructions de la ville principale suivaient la courbe des branches et s'empilaient autour des troncs. Moins hauts que les gratte-ciels de Sérifopolis mais plus larges, les bâtiments arboraient une couleur claire qui se détachait du brun des écorces.
Le véhicule traversa un pont élégant reliant une branche à une autre. Sur les chemins latéraux réservés aux piétons, des arbres plus petits avaient été plantés pour décorer les allées. Plus loin, l'aurige crut même distinguer des jardins suspendus.
Des arbres sur des arbres, on aura tout vu.
— Je ne pensais pas que monsieur Aurelius reviendrait aussi vite sur sa décision.
La voix de Thusnelda sortit Saxa de sa contemplation. Au milieu, le Siwan haussa les épaules, bras croisés devant lui. Saxa fut étonnée qu'il n'ait toujours pas sorti sa tablette. Elle avait commencé à croire que l'objet était greffé à ses mains.
— Disons que j'ai changé d'approche quand je l'ai rappelé, répondit-il. Et la surprise qu'il voulait était à la hauteur de ses espérances.
Le regard ambré du jeune homme se posa sur Saxa qui eut un sourire gêné. Elle ne comprenait pas vraiment de quoi il parlait. Elle avait seulement vaguement compris que cet Aurelius était le directeur d'un sponsor important.
— Centimanes envisagerait d'être notre sponsor principal maintenant. Cela leur plairait d'être associés à l'image d'une jeunesse prometteuse. Je dois discuter de cela avec Nikè, mais il faudrait qu'on n'arrive pas trop en retard pour ça.
Il avait haussé la voix pour bien se faire entendre à l'avant et la vectura prit un peu de vitesse après avoir laissé passer un piéton près d'un croisement.
Le véhicule pénétra dans le centre-ville peu fréquenté en termes de trafic routier. Les habitants semblaient préférer flâner à pied ou privilégier les transports en commun qui possédaient leurs propres voies. Saxa s'intéressa particulièrement à cette drôle de capsule sphérique et transparente qui passait d'un niveau à un autre et évitait de s'infliger les nombreuses marches d'escaliers menant à une branche supérieure.
De manière générale, la pilote avait l'impression que les gens d'ici souriaient plus que sur Sérifos. Les locaux portaient des vêtements colorés et ornés de motifs géométriques complexes. Ils n'avaient pas à se soucier d'un trop plein de pollution dans l'air, ni d'une possible embuscade dans une ruelle sombre — les avenues étaient bien trop larges pour ça ici.
Le trajet prit fin plus vite que ce que Saxa aurait cru. Le conducteur leur indiqua l'arrivée à destination alors qu'elle jouait avec la boucle de sa ceinture d'un air distrait. Elle laissa Senmout poser son pouce sur l'appareil de paiement que le chauffeur présenta et vérifier que le numéro de compte affiché sur l'écran était bien celui associé à son empreinte digitale. Il tapa son code secret pour finir de valider la transaction. Saxa et Thusnelda sortirent de la vectura pour laisser le passage à Senmout qui ne semblait pas mécontent de quitter l'espace restreint de la place centrale.
Sa valise déchargée, Saxa leva les yeux vers le bâtiment qui lui faisait face. Elle l'aurait imaginé un peu plus grand, et plus identifiable. Certes, l'emblème de Venator trônait fièrement sur la façade principale, mais le lieu n'affichait pas autant d'identité que les locaux de Protagoras, l'une des écuries les plus prestigieuses de la compétition, qu'elle avait vu présentés dans des reportages vidéo. Elle se rappela que Venator ne possédait pas autant de moyens financiers et que son entrée dans le Championnat s'était faite plus récemment, ce qui ne réduisait en aucun cas la valeur du siège de la jeune femme en série alpha.
Saxa replaça une mèche rebelle dans l'enchevêtrement de sa couronne de tresses — il avait fallu s'occuper durant le voyage spatial entre deux nausées — et suivit les deux autres qui entraient déjà dans le bâtiment. Le hall présentait une décoration plus élaborée que l'extérieur. Un mur végétal tapissait l'un des coins de la pièce et Saxa reconnut les attributs de la déesse Artémis dans la statue de marbre exposée près de la cage d'escalier. Senmout salua le secrétaire et fit signe à Saxa de faire passer ses bagages derrière son comptoir, le temps de la petite réunion de présentations prévue.
Tandis que le trio grimpait les escaliers, Saxa réfléchissait toujours à l'approche à aborder. Elle voulait faire bonne impression, mais aussi rester elle-même. Elle voulait montrer qu'elle avait la rage de vaincre et qu'elle était prête à travailler dur pour ça. Senmout l'avait déjà compris, mais il n'était pas le grand patron.
Ce rôle revenait à Nikè Anastopoulos qui fut la première personne que Saxa aperçut dans la salle de réunion. Difficile de rater l'ex-aurige avec sa haute stature. Assise au bout de la longue table, elle pianotait sur l'écran holographique déployé face à elle et discutait d'une voix claire avec une tierce personne présente à l'autre bout de son oreillette. Lorsque Saxa la regardait voler étant plus jeune, elle ne l'aurait jamais imaginé dans le rôle d'une femme d'affaire. Il fallait dire que peu de choix s'étaient offerts à elle, suite à son accident. Saxa était toute petite lorsque c'était arrivé mais elle avait visionné des rediffusions parmi d'autres de ses courses, et c'était terrifiant.
Cela ne l'avait pourtant pas dégoûté du sport, au contraire. Il y avait quelque chose de grisant dans cette idée de mettre sa vie en jeu à chaque départ. De toute façon, les nouvelles réglementations de sécurité et sûreté réduisaient grandement les risques d'accident mortels.
Senmout s'avança vers Nikè mais cette dernière lui fit signe de s'asseoir et de la laisser le temps qu'elle termine son appel. Thusnelda se dirigeait déjà vers le fond de la pièce pour se servir une boisson fraîche à la fontaine et Saxa ignorait où elle était censée se mettre.
A la table, une jeune femme brune agitait la main en direction de Senmout qui afficha une expression lasse lorsqu'il croisa son regard. Saxa leur trouva une forte ressemblance physique mais cela s'arrêtait là. Jamais le Nilien ne sourirait ainsi. Le dernier membre de ce petit comité occupait un siège à l'écart du reste du groupe et observait à travers la baie vitrée la danse des rayons de lumières qui ondulaient entre les feuilles. Avad Enkiddu. Qui n'avait pas l'air emballé d'être là.
Quand Nikè coupa son appel, elle lâcha d'abord un léger soupir avant de se tourner vers Saxa. Cette dernière se redressa un peu et s'efforça d'aborder un sourire le plus naturel possible. Cela faisait drôle de se retrouver face à une ancienne aurige qui avait eu son petit succès à l'époque.
— Excuse-nous pour le retard, marmonna Senmout à l'intention de sa patronne. C'est la dernière fois qu'on voyage avec cette compagnie...
— Ce n'est pas grave, souffla la grande femme sans quitter sa nouvelle pilote des yeux. Ravie de te rencontrer, Saxa. J'ai hâte de voir ce tu vaux en piste, Senmout a été très élogieux à ton sujet.
Pas du tout de pression, pensa la concernée. Heureusement, la moue embarrassée Senmout suite à cette révélation fit redescendre un peu la tension.
— Merci pour votre confiance, madame Anastopoulos. Je vais me donner à deux cents pourcents.
— Juste « Nikè » suffira. Et j'y compte bien. Maintenant que l'équipe est au complet, nous allons passer aux choses sérieuses.
— Il faut encore faire l'annonce officielle aux médias, s'incrusta Thusnelda.
Elle vida son deuxième verre d'eau, ses iris glacés posés sur Saxa. Si l'attitude de Niké semblait bienveillante, celle de la responsable de communication était faite pour lui rappeler sans cesse ce qu'elle était : rien. Une débutante dénichée au hasard. Il y avait eu des cas similaires par le passé qui avaient débouché sur deux cas de figure : des prodiges inscrits dans le temple de la Renommée ou des noms dont personne ne se souvenait. Saxa ferait tout pour ne pas tomber dans l'oubli.
Pas tant qu'elle n'aurait pas donné un nouveau sens au nom de la famille Caecilius.
— Je ne doute pas que tu sauras trouver les bonnes tournures pour rendre ça grandiose, assura Nikè. Quant à toi, je te laisse prendre tes marques et t'installer dans le logement mentionné dans ton contrat. Senmout, on doit discuter du dossier Centimanes. Allons dans mon bureau, nous y serons plus à l'aise.
Le directeur d'équipe n'en menait pas large devant sa patronne et cela amusa Saxa, ce qui lui valut un regard noir de sa part. En se levant pour sortir, Nikè serra la main de la jeune femme en lui souhaitant une bonne fin de journée. Le corps de l'aurige fut parcouru d'un frisson lorsque ses doigts se refermèrent sur la peau froide du membre synthétique de la patronne. Thusnelda sur leurs talons, Senmout et la propriétaire de Venator quittèrent la salle de réunion qui paraissait bien vide désormais.
Dès que la porte fut refermée, la femme brune se rapprocha de Saxa après avoir bondi de sa chaise.
— L'ambiance est tout de suite moins tendue quand les chefs sont pas là. Je t'assure que Nikè peut être marrante quand elle ne parle pas du travail. Bien plus marrante que mon frère.
— Votre frère... Senmout ? réalisa alors Saxa.
Sa locutrice laissa échapper un rire cristallin et pencha sa tête sur le côté. A chacun de ses mouvements, les petites perles dorées attachées au bout de ses boucles d'ébène ricochaient les unes contre les autres. Le lien de parenté se devinait aisément maintenant que Saxa prenait le temps d'observer les traits de son visage.
— Excuse-moi, j'aurais dû commencer par là. Je m'appelle Amunet, et je suis effectivement la sœur de Senmout. Enfin, malheureusement plutôt.
Saxa pouffa sincèrement tandis qu'elle échangeait une poignée de main avec Amunet. Son geste était énergique et beaucoup moins solennel que celui de Nikè. Saxa se sentait déjà à l'aise avec elle.
— Je ne sais pas si on te l'a dit, mais je serai ton entraîneuse, reprit la Siwanne. Enfin, sur la partie physique en tout cas. Les séances de simulation et la formation stratégique, c'est moins mon truc.
— Hâte qu'on s'y mette, alors, répondit Saxa. Je t'avoue que je me suis pas entraînée de la meilleure des façons ces dernières années... Manque de moyens, on va dire.
— Pas de problème, on fera un bilan de ton niveau lors de notre première séance. J'adapterai ton programme en fonction de ce que j'observe. Même si vous ne faites pas les mêmes exercices, tu t'entraîneras sur les mêmes créneaux qu'Avad. Je le supervise également.
Amunet pointa du doigt l'autre aurige qui se sentit enfin concerné. Il abandonna son observation du paysage forestier pour se recentrer sur les deux femmes. Le moment tant redouté de briser la glace — ou au moins d'essayer — arrivait enfin.
Revigorée par son échange avec Amunet, Saxa se posta face à lui et se pencha au-dessus de la table pour lui tendre sa main.
— C'est un plaisir de te rencontrer, Avad. Je suis contente d'être ta coéquipière. Je suis sûre qu'on va former un bon duo et j'ai hâte de pouvoir me mesurer à toi.
C'était un peu maladroit, un peu direct, Saxa en avait conscience, mais elle voulait lui montrer l'ampleur de sa motivation. Lui faire comprendre qu'elle croyait en leur bonne collaboration et qu'elle comptait aussi se battre pour une meilleure place au Championnat. Voler en série alpha nécessitait d'être à la fois altruiste et égoïste. Marquer des points pour l'équipe et maximiser ses gains pour le classement pilote.
N'oublie pas que tu es la débutante, Saxa, murmura cette petite voix vicieuse qui se manifestait de temps en temps. Les stratégies d'équipe favoriseront toujours celui qui a le plus de chance de gagner des points. En l'occurrence l'aurige qui, malgré un palmarès moins éclatant que les pilotes des équipes de tête, avait plus d'expérience sur la grille du Championnat Galactique.
Avad resta silencieux suite à cette présentation teintée de provocation. Ses yeux perçants et ses traits anguleux lui donnaient l'allure d'un oiseau de proie en pleine chasse. Il analysait le moindre de ses gestes, la moindre respiration étouffée, le moindre tremblement de ce bras toujours tendu au-dessus du bois synthétique. Malgré la grosse goutte de transpiration qui dévala la courbe de son dos et la crampe qui guettait son bras, Saxa ne comptait pas flancher la première. Elle ne pècherait pas par excès d'orgueil, à se croire au-dessus d'un aurige mieux préparé et plus expérimenté, mais elle ne se laisserait pas marcher dessus non plus.
Plus jamais.
Avad finit par saisir sa main pour la secouer sans trop de conviction. Il ajouta un simple "bienvenue" avant de reculer contre le dossier de sa chaise et de croiser les bras. Il ne l'avait pas ignorée, ce qui satisfit Saxa pour le moment. Amunet posa une main sur l'épaule de la nouvelle recrue.
— Allons chercher tes affaires, je vais te mener à ton appartement. Avad, on se retrouve dans vingt minutes par ta session cardio.
Pour toute réponse, il haussa les épaules. Cela serait difficile de créer une relation cordiale s'il se montrait aussi peu bavard. Saxa réfléchirait à cela plus tard. Pour l'heure, elle voulait s'installer pour de bon, souffler un peu avant d'entamer officiellement cette nouvelle vie.
Avant de faire un pas de plus vers les étoiles.
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Un petit chapitre de transition que j'aime quand même surtout pour la partie avec Mery ~
Je me suis aussi beaucoup amusée à décrire Ephèse, j'aurais aimé écrire plus de chapitres qui se passe sur cette planète mais bon, il faut bien lancer le Championnat !
Sachez en tout cas que j'ai hâte d'être dans 15 jours car le prochain chapitre introduit un nouveau personnage que j'adore héhé
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