Alerte spoiler :
Vous devez avoir lu les trois premiers tomes si vous ne voulez pas vous faire spoil l'histoire principale dans celle qui va suivre.
Bonne lecture !
PS : il ne s'agit pas de la première chronique, une autre arrivera et sera placée avant celle-là

Dialga monta doucement les étages de sa Tour du Temps. Quel plaisir c'était de revoir tous les événements importants du monde des pokémons. La Tour n'avait jamais été aussi haute. Figées dans le marbre, les scènes clés étaient cristallisées pour toujours. De la création du monda à aujourd'hui. C'était l'œuvre de Dialga ainsi que de tous ses sbires. Chaque fois qu'un événement crucial se manifestait, il n'en fallait pas longtemps pour qu'un étage soit rajouté à la Tour magique. Dialga ressentit les frissons qui parcouraient son corps chaque fois qu'il reconnaissait un pokémon qu'il avait connu. La scène où Darkrai avait été corrompu pour la première fois, lançant officiellement la première chasse mondiale de l'histoire, la scène où il était entré dans Fangar alors qu'il devait s'occuper du météore, météore qui avait lui aussi été refait dans la pierre. Cette tour... est un chef d'œuvre, songea le roi du Temps.
Il arriva lentement à un étage particulier. Il se figea face à une statue représentant Goupix. L'émotion que les sculpteurs avaient décidé de lui attribuer était le soulagement, un soulagement plein de larmes de marbre temporel. Ce n'avait pas été choisi au hasard, c'était pour le souvenir du retour de Grimpal, la récompense que Dialga lui avait faite pour l'avoir empêché de détruire la Tour. Derrière elle se trouvait Grodoudou et Pijako ainsi que quelques-uns des explorateurs que Dialga n'avait pas connus. Alors que Pijako semblait couver du regard Goupix, Grodoudou avait été créé avec un jeu de perspective intriguant qui donnait l'impression que ses yeux étaient braqués sur le spectateur. Dialga lâcha un soupir de nostalgie avant de se retourner.
Ce n'était pas la seule particularité de cet étage. Les sculpteurs avaient été bien plus ingénieux que ça. Dialga emprunta la porte qui menait à un grand pont vers une grande plateforme. Sur le pont se faisaient face deux duos bien particuliers : le Massko et le Grimpal du futur et Goupix et le nouveau Grimpal. Le détail avait été pensé jusqu'à la cicatrice sur l'épaule que Grimpal avait eue dans le futur qui semblait pourtant encore démanger le nouveau Grimpal. Dans cette illustration, Dialga et son équipe avaient voulu montrer à quel point les deux Grimpal étaient les mêmes malgré leur physique différent. Mais les deux partenaires n'étaient pas en reste. Leurs regards se croisaient avec une sorte d'envie, l'envie de conserver Grimpal. Dialga continua sa route, contournant la confrontation immortelle.
La plateforme était spectaculaire, représentant l'une des plus belles scènes de la Tour. Légèrement excentrée, les architecteurs avaient fait en sorte qu'on puisse la distinguer du pied de la Tour. Au centre de la plateforme se trouvait une représentation miniature du majestueux Arbre de vie. Le cœur de Dialga se serra en regardant à gauche de celui-ci. Il s'agissait de Noctunoir ainsi que de ses proches. Au sol, légèrement en relief, on pouvait distinguer les ombres des Ténéfix qui les avaient aidés à répandre la Grande Paralysie. Et derrière cette grande équipe se trouvaient des cadavres attachés, ruisselant dans le sang de marbre. Ils n'étaient pas là pour rien, ils permettaient de rappeler à Dialga et tous ceux de la Tour que leurs expérimentations avaient été l'origine d'un des plus grands massacres de l'histoire. Et il avait failli avoir lieu dans leur univers temporel. A droite de l'Arbre de Vie se tenait fièrement la plus grande équipe de héros de la planète. Ceux qui s'étaient démenés pendant quinze ans, étant allés jusqu'à retrouver Célébi pour remonter dans le temps et sauver tout le monde, ceux qui avaient protégé l'Arbre pendant plus d'une décennie alors qu'ils étaient seuls au monde. Afin de leur rendre hommage, leurs statues avaient été ornées de magnifiques auréoles. Comme à son habitude, Dialga ploya les genoux devant eux avant de reprendre son ascension non sans émotion.

Dialga arriva enfin à l'étage en cours de création. Il appela alors Charmina qui accourut vers lui immédiatement.
-Où en êtes-vous ? demanda-t-il d'unton qu'il voulut neutre.
-Eh bien... L'Arbre de Vie est prêt, tout comme Grimpal, Givrali et quelques autres compagnons. Mais nous avons un petit problème.
-Je t'écoute.
-Vous nous avez demandé d'inclure tout le monde, mais cela fait beaucoup trop de personnages à inclure dans la pièce, il va nous falloir en exclure quelques-uns.
-Il en est parfaitement hors de question ! répliqua Dialga en montant la voix.
-Mais... Dialga... De toi à moi, je sais bien que tu regrettes Noctunoir et Dimoret, mais ils n'étaient pas si importants que les autres dans cette histoire. Je pense qu-
-Silence ! Il est hors de question que Noctunoir et son équipe ne figure pas sur ce tableau ! Vous n'avez qu'à agrandir la salle en érigeant des extensions comme nous l'avons déjà fait.
-T-Très bien, Dialga... bafouilla le contremaître.
Dialga, agacé, redescendit alors à l'étage précédent. L'idée que son défunt partenaire n'apparaisse pas lors de l'événement qui a causé sa mort le révoltait. Le roi de Temps ne pouvait se résoudre à devoir écarter le fameux Noctunoir, celui dont la loyauté n'a eu d'égal que son courage. Avec ses compagnons, il était allé rejoindre Grimpal et sa Compagnie Miracle pour mettre fin à la guerre. Seulement, tout comme les compagnons, il n'était pas revenu de son combat contre la Matière Noire. Son corps n'avait toujours pas été retrouvé alors que l'Arbre de Vie avait été fouillé de fond en comble. Comme cette histoire n'avait toujours pas trouvée son explication, il se devait de faire en sorte qu'on se souvienne de lui.
La salle dans laquelle il se trouvait désormais était elle aussi l'une des plus belles scènes de la Tour. Au centre de la salle se trouvait Jungko, le partenaire de Grimpal qui avait été atteint par la folie. La pièce avait été déformée lors de la création afin de refléter la puissance du défunt pokémon. Face à lui, légèrement excentré, se trouvait Gobou. Afin de bien manifester qu'il s'agissait du gardien, la statue flottait légèrement au-dessus du sol grâce aux facultés du marbre temporel. Et, afin de parfaire la scène, chacun des visages des pokémons légendaires qui étaient présents dans son corps ce jour-là sortait du mur comme s'ils s'apprêtaient réellement à apparaître. Encerclé par ces entités surnaturelles, les deux combattants semblaient en transe. La puissance pouvait se voir dans le marbre par la texture faussement huileuse qui lui avait été donné à sa création. Ainsi, au sol et au plafond, le marbre semblait dessiner un vortex autour d'un Jungko transcendé tandis que sous Gobou semblait se creuser un cratère. Mais la véritable magie de ce dessin en trois dimensions se trouvait dans Jungko. En réalité, il s'agissait bel et bien de la dépouille de Jungko au centre de la pièce. Muré dans le marbre temporel, son cadavre était désormais caché du monde entier. C'était une idée de la nouvelle génération de Darkrai lui-même. Le corps si puissant de Jungko devait être caché du monde afin d'empêcher des mauvais pokémons d'aller y puiser de la force. Et, figé sous une couche de l'indestructible marbre temporel, il était désormais parfaitement inaccessible, même pour Dialga.
C'est alors que Célébi apparut face à son maître. Calme, même reposée, elle était prête à faire son rapport.
-Alors, Célébi, qu'as-tu appris de la Frise du Temps cette fois-ci ? A propos de la prochaine fin du monde j'entends.
-C'est assez compliqué, fit la femelle. Il y a quelque chose que je n'explique pas.
-Raconte-moi ce que tu as vu, relança le pokémon légendaire.
-En fait, à une époque correspondant au prochain retour de la Matière Noire, j'ai vu quelque chose de puissant. Au départ, j'ai cru qu'il s'agissait de la prochaine fin du monde. Mais non, la Frise ne s'arrête pas là. Mieux ! Après cet événement, la Frise n'avait plus rien à voir avec tout ce que j'ai pu voir jusque-là. La teinte de la Frise était plus claire, plus apaisant, comme si un nouveau chapitre commençait.
-Donc il y aura une révolution dans un peu moins de cinq cents ans, c'est ça ?
-Entre autres, mais, après avoir regardé en détail, j'ai vu quelque chose qui ressortait du chaos de cette supposée révolution.
-Et cette chose, c'est... insista Dialga, ne supportant plus le suspense.
-Beaucoup de malheur, de détresse, de tristesse. Plus de ces trois sentiments que de pokémons vivants. C'était invraisemblable. Le malheur que la Frise affichait dépassait de loin tout ce que les pokémons pourraient ressentir.
-Alors de quoi s'agit-il ?
-Pour l'instant, je ne sais pas. Quoi qu'il va arriver, ce sera triste, déprimant. Mais, à bien y réfléchir, les pokémons ne seront pas concernés.
-Tu penses qu'il s'agit alors du malheur des humains ? Tu penses qu'à eux tous, ils pourraient manifester tant de malheur ?
-Difficile à croire... Cependant, c'est tout ce que nous avons pour le moment.
-Merci Célébi.
La jeune femelle se courba pour saluer son maître. Ce dernier la regarda avec un pincement au cœur. Il repensait à l'ancienne Célébi, celle qui avait disparu avec la Compagnie Miracle. Comme pour les autres, son corps n'avait pas été retrouvé. Cet événement avait profondément marqué le cœur de Dialga. Son envie de liberté, son amour pour Jungko, sa fille Vraal... Il n'avait jamais imaginé que Célébi, sa création, puisse à ce point ressembler à un pokémon commun. Il posa à nouveaux les yeux sur la nouvelle Célébi. Leurs regards se croisèrent alors et Dialga prit la parole.
-Célébi... En attendant ta prochaine expédition dans la Frise, je... Tu es libre d'aller où tu veux, faire ta propre vie.
-Quoi ? Mais... Je n'ai pas spécialement d'endroit où aller. Pourquoi voudrais-tu que je m'en aille ? C'est stupide... souffla la jeune femelle.
-Je connais quelqu'un qui ne l'aurait pas vu comme ça... J'espère que toi aussi, tu seras heureuse tout au long de ta vie.