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Chapitre Vingt-et-un - Le marbre temporel

Draco recula d'un mètre, ouvrant des yeux ronds et gigantesques. Tous les secouristes s'étaient écartés d'elle, laissant un espace libre entre les deux protagonistes. Sans attendre, elle fondit sur Ectoplasma en utilisant Dracochoc. Ectoplasma esquiva agilement et se glissa à sa droite avant de l'attraper la le cou et de la soulever au-dessus du sol. Le dragon se déroula pour ligoter le pokémon ténébreux et l'étouffer de toute sa force. Ectoplasma réagit au quart de tour en utilisant Ombre Portée, tirant Draco vers l'extérieur afin de relâcher un peu l'étreinte. Grimpal intervint sur le coup. Il fut le seul à avoir osé intervenir. Intervenir signifiait prendre parti, choisir un camp, prendre une décision. Personne ne voulait s'interposer entre le meurtrier du compagnon et du meilleur ami de l'autre. Mais Grimpal ne pensait pas à ça. Il arracha avec violence Draco des pattes d'Ectoplasma et fusilla du regard la fautive qui avait cédé à la colère.
-Comment peux-tu rester de marbre Grimpal ?! Ne me dis pas que tu fais confiance à cet assassin ?
-Nous avons besoin de lui pour vaincre Dialga et je suis sûr qu'il nous sera d'une grande aide. Je lui laisse une chance.
-V-Vous n'êtes que des fous, des cinglés. Ectoplasma !
cracha-t-elle avec toute sa haine. Tu as tué les deux personnes auxquelles je tenais le plus au monde. Et tu oses te présenter ici devant moi. Tu as participé aux meurtres de tous ces innocents. Tu es un monstre. Tu ne vaux pas mieux que Noctunoir, Spiritomb ou Massko.
-Eh !
contesta Roucarnage pour défendre son leader.
-Non, Roucarnage. Massko est un monstre dangereux, il nous l'a montré lui-même et le savait. Tuer Ténéfix car il n'avait pas le choix n'était pas le problème. Aller s'amuser avec son cadavre et nager dans son sang, c'est soit de la folie, soit de la cruauté ! Il a trahi son serment de secouriste. C'est ça, Massko. Un monstre sans cœur qui a été poussé à nous abandonner pour ne pas nous mettre en danger. Vous trois, vous me dégoutez. Vous êtes des monstres, de véritables abominations. Vous n'avez pas la moindre raison de vivre. Regardez-nous ! C'est à quel camp de monstre qui remportera la guerre et qui pourra apposer sa signature sur l'hécatombe. Bravo ! Vous êtes admirables ! Heureusement que Grimpal et Pikachu sont là. Sans eux... Nous serions comme vous, des imbéciles cruels et dépourvus d'âmes et de pitié. Ils sont incroyables, nos meneurs. Ils ont réussi à nous faire garder espoir et à nous aveugler face à vos états mentaux absolument ignobles. Félicitations, vous avez réussi à me convaincre qu'il n'y a pas pire que vous comme êtres vivants sur notre belle planète. Ectoplasma, tu n'es pas digne de faire équipe avec nous. Une fois cette histoire terminée, tu as intérêt à courir vite si tu ne veux pas vivre tes derniers instants sous la plus horrible des souffrance.
L'atmosphère s'était alourdie d'un seul coup. Galifeu était venue épauler Draco, non pas pour la soutenir dans ses propos mais pour la rassurer. Tout n'était pas perdu mais la discorde était la pire des façons d'atteindre la défaite. Galifeu abordait la femelle avec la bonne attitude : la sécurité et la confiance. Pikachu s'avança à côté de Grimpal pour calmer le jeu. Draco regarda tour à tour les derniers survivants de l'Equipe de secours Rouge avant de pousser un large soupir. "J'arrive pas à croire que vous acceptez de faire équipe avec celui qui a tué nos deux compagnons..." souffla-t-elle, la voix brisée. Pikachu secoua la tête avant de lui faire comprendre qu'il n'y avait pas de choix. Mettre quelqu'un de côté était perdre une chance de vaincre Dialga. Ectoplasma allait peut-être être un élément clé du combat donc Draco allait devoir faire avec.
-Bon... Le moment est bien choisi pour discuter stratégie. Des idées ? demanda Pikachu à l'assemblée.
-Pas spécialement, mais il faudrait prendre en compte les forces de chacun ne serait-ce que dans le positionnement, releva Grimpal.
-Et franchement, une guerre aussi importante et aussi complexe ne peut pas se terminer sur un simple combat contre Dialga. Primal Dialga a sûrement déjà prévu une parade à notre visite au Dialga de cette époque, supposa Goupix.
-En bref, l'imprévu peut être fatal. Pire que ça, si c'est bien amorcé de leur part, il se peut que nous n'ayons aucune chance
, lâcha Absol.
-Enfin... Il ne faut pas oublier que notre objectif se restreint à placer les Rouages du Temps sur leur socle respectif, rajouta Zoroark, concentré.
-Mais même si nous y arrivons, je ne pense pas que Dialga récupérera ses esprits instantanément. Et nous pouvons être sûr que l'imprévu en question continue de nous déranger même après avoir remis en place les Rouages, continua Roucarnage. Il va falloir les placer et les protéger. Ou alors vaincre Dialga.
-En résumé : la ruse n'est plus possible, il va falloir faire face...
conclut Galifeu.
-Je sais comment nous allons nous y prendre... annonça Pikachu. Ecoutez-moi bien. Nous allons adopter une formation similaire à celle que nous avions eu contre Rayquaza.
-A part que nous ne sommes plus que huit
, répliqua Draco.
-Et que Dialga ne sera pas le seul danger, surenchérit Ectoplasma sous le regard noir de Draco.
-Oui... Roucarnage, tu t'occuperas de l'espace aérien. Tu empêcheras Dialga de préparer quoi que ce soit et tu l'attaqueras d'en haut. Galifeu... Tu iras à la mêlée avec Absol et Draco. T'as intérêt à ne pas y laisser ta peau... Grimpal et moi resterons en retrait pour bombarder Dialga sous tous les angles avec nos attaques à distance. Goupix, toi tu resteras à l'écart. Tu chercheras la moindre faille dans la défense de Dialga pour aller reposer les Rouages du Temps.
-Quoi ?! s'indigna-t-elle. Je me battrai avec vous ! Je refuse !
-Tu es fragile et ton nombre d'attaques est très limité. Je ne veux pas que tu participes au combat de la même façon que les autres.
Tous se dévisagèrent les uns après les autres. Tous savaient pourquoi Pikachu prenait un tel choix. Il suivait le conseil de Massko. Goupix était la seule qu'on pouvait encore sauver. Pikachu avait donc dans l'idée de la faire prendre le moins de risques possible pour qu'elle ne soit ni un poids, ni en danger.
-Tu placeras les Rouages et, lorsque Dialga s'affaiblira, tu l'achèveras avec l'une de tes superbes attaques. Mais tant que cette attaque ne suffira pas pour remporter le combat, tu restes en dehors de ça. Nous avons besoin de te garder en dernier recours.
-Bon d'accord... je reconnais ma faiblesse...
grogna la rouquine.
-Merci Goupix. Zoroark, tu frapperas de la même façon que Goupix. Comme contre Rayquaza, tu te cacheras avec tes illusions et tu utiliseras tes plus fortes attaques sur les points faibles que Roucarnage tentera de révéler.
-Ça me va !
-Et enfin Ectoplasma... Tu resteras avec Goupix. Je pense que ça vaut mieux. Tu la protégeras de Dialga. Mais ce n'est pas cette raison première qui me motive. Je veux que tu t'occupes de l'imprévu quand il arrivera. Si tu es capable de le gérer, alors nous avons une chance. Tu t'en sens capable ?
-Nous verrons bien qui rejoindra la fête en cours de route !
s'amusa Ectoplasma.
-Bon, j'espère que vous avez compris vos rôles. Préparez vos sacs, nous partons dans quelques minutes.

La Tour du Temps se dégradaient au fur et à mesure de la fin de la progression. Plus le sommet était proche, plus l'état était instable. Les pièces étaient vides désormais. Cela ne voulait dire qu'une chose : l'histoire ne s'était pas encore aventurée aussi loin. Les secouristes avaient dépassé l'histoire elle-même. Le Temps s'effritait. La Grande Paralysie semblait toucher la Tour du Temps. Quelque chose se figeait. La pierre temporelle était partout. Des trous, des cavités, des espaces inappropriés, partout. La bâtisse avait quelque chose de malsain à présent. Tout était bancal, vide et en mauvais état. Toujours sans vie et pourtant si terrifiant. Goupix était terriblement mal à l'aise, à la fois pour être dans un endroit que l'histoire n'a pas encore explorée et aussi pour l'état des lieux qui traduisait la vitesse avec laquelle la Tour du Temps se détruisait. Aucun pokémon n'avait sa place ici. Et c'était dans cette situation qu'elle le voyait. Au départ, cette idée venait du fait que beaucoup de secrets étaient entreposés ici. Mais cette fois, cette pensée était due à une possible fin de l'histoire. Personne ne devait savoir combien de temps il restait avant l'apocalypse. Le nombre d'étages vides relatait donc le nombre d'événements avant la fin du monde. Le mode de fonctionnement était le même que le Couloir Temporel de Célébi : plus c'était grand, plus le monde avait de la marge avant d'arriver à son terme. C'est triste quand on y pense... On arrivera toujours à jouer avec cette limite mais quoi qu'il se passe, le monde aura toujours une fin... Comme si les pokémons étaient par nature inaptes à faire tourner le monde. C'est horrible comme sensation. C'est dans ces moments là que je me rend compte que ce que nous faisons en tant qu'explorateur ne sert peut-être à rien... Goupix avait envie de déprimer. Elle se trouvait dans l'endroit le plus intéressant et le plus culte au monde mais cette dimension la dépassait tellement qu'elle se sentait insignifiante. Mais que faisons-nous dans un endroit pareil ?
Pikachu se retourna. Le dernier étage arrivait à son terme. D'ici quelques minutes, ils seraient dehors. Il n'avait pas eu besoin de l'annoncer car tout le monde avait la même mine amère. C'était l'heure des adieux. Mais Goupix ne l'entendait pas de cette manière. Au contraire, elle s'était retournée, hésitant à repartir. Grimpal vint à sa hauteur après avoir fait signe aux autres de les laisser un peu seuls. Tous les deux, ils partirent déambuler dans les longs couloirs vides.
-Que se passe-t-il, Goupix ? demanda Grimpal dont le ton se voulait apaisant et compréhensif.
-Je ne sais pas. Tu ne sens pas toi ? Cette sensation insupportable qui nous indique que nous ne devrions même pas connaître cet endroit ? J'avais déjà une sacrée réticence à affronter les pokémons sauvages régnant sur leur Donjon Mystère mais... C'est Dialga. Nous lui devons respect et confiance, comme toute les générations l'ont fait jusqu'à présent.
-Mais jusqu'à présent personne n'avait eu de raison pour se liguer contre lui. Et personne n'a eu l'idée absurde de remonter dans le Temps pour corriger un problème. Ça signifie que ce que nous nous apprêtons à faire est la dernière chance pour nous de ne pas laisser Dialga mettre fin à notre époque.
-Oui, tu as raison. Mais regarde autour de toi ! Ces salles sont vides mais présentes ! Ce qui veut dire qu'il y a encore beaucoup de choses qui vont arriver avant la fin du monde ! Je pense que nous avons déjà assez changé le monde pour que ce ne soit pas Dialga qui y mette fin.
-Tu veux savoir ? Le meurtre de centaines de milliers de pokémons, les tortures et extorsions de Spiritomb, l'assassinat des oracles, la prise d'assaut de l'Arbre de Vie, le retour de Célébi et notre groupe dans le Temps, la libération des otages, tout ça Goupix, ce sont les événements qu'on retrouvera ici, à cet étage. C'est la fin, tu le sais. Ne me prend pas pour un idiot et dis moi ce qui se passe.
-J-Je... J'ai vu Ectoplasma et Draco se battre tout à l'heure... J'ai entendu Zoroark se plaindre de l'attitude étrange et... sanglante de Massko alors que j'avais perdu conscience. J'ai remarqué la discrétion inhabituelle de Roucarnage... Je l'ai vu avoir peur de se mêler à l'embrouille de Draco et Ectoplasma ! Regarde-nous, Grimpal ! Les rescapés du futur ne sont plus que l'ombre d'eux-mêmes. Regarde comme ils sont tous détruits. Ils ont le désespoir de leur côté. Ça et le traumatisme vécu dans le futur... Grimpal, ils ne vont pas y arriver.
-Je ne sais pas quoi dire...
-Tu penses donc comme moi. Nous avons été idiots. Nous aurions du rester sur les Terres de l'Eau avec les autres pour apprécier nos derniers instants... J'ai promis à Pijako que je reviendrai en vie et... Et je ne veux pas mourir loin de mes amis. Grimpal, nous ne pouvons pas perdre ici alors que tous nos amis nous attendent en bas. Et comme nous n'avons aucune chance... Je rentre. Je quitte le champ de bataille.
-Quoi ?! Non, Goupix. Tu ne peux pas faire ça !
s'étrangla Grimpal. Tu ne peux pas m'abandonner ici... Tu ne peux pas me laisser seul... sans toi.
-Alors rentrons ! Viens avec moi ! Nous serons en paix et nous mourrons en paix. Ensemble.
-Je suis désolé Goupix, mais je dois rester. Je ne peux pas abandonner mon équipe.
-T-Ton équipe ?! Alors ça y est ?
déclara tristement Goupix. Ton cœur est retourné avec celui de ton équipe... Tu considères les secouristes comme tes camarades. Alors tu abandonnes l'exploration, tu m'abandonnes moi. Ce n'est pas moi qui t'abandonne Grimpal, c'est toi qui te livres à la mort. Je suis désolé, malgré tout l'amour que j'ai pour toi, je ne peux pas me résoudre à mourir maintenant. Je rentre. Lokhlass m'attend. Il a dit qu'il restait pour ramener un à un les pokémons. Je suis sûr qu'il l'avait annoncé spécialement pour moi.
-Goupix... Je t'en prie... Ne me laisse pas...
se plaignit douloureusement Grimpal.
-Adieu, Grimpal. Je t'aime. Reviens moi vivant et l'esprit changé, je t'en supplie. Avec un peu de chance, si tu survis à cette absurdité, alors nous pourrons terminer notre formation d'explorateur.
Goupix regarda une dernière fois Grimpal dans les yeux, admirant l'amour de sa vie pour la dernière fois, et tourna les talons pour fuir à toute vitesse. Grimpal la regarda s'éloigner, piteux, fébrile, minable. Je suis désolé Grimpal... J'ai laissé la peur de la mort m'envahir... Mais je ne serai plus un poids pour vous. Je ne peux pas assister à votre exécution sans rien faire. Alors je m'en vais. Votre suicide collectif concerne tous les survivants de l'apocalypse, pas moi. Mais je ne perd pas espoir : vous pouvez encore gagner.

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