Où papa rentre à la maison...
Mon cœur fluctuait à chaque instant, comme un petit voilier prit dans une tempête. D'un instant à l'autre, j'avais milles émotions qui me traversaient. On rentrait avec Harriet. Elle était silencieuse dans le bus, comme si la soirée l'avait elle aussi épuisée. Il faut dire que c'était des montagnes russes. Entre les frasques de Brenda, les provocations de Newt, les moments gênants, les humiliations et les phases de questions dignes d'un interrogatoire, j'étais moi-même épuisé.
- Je vais arrêter de traîner avec Brenda quelques temps... Me dit finalement Harriet avant de déposer sa tête contre mon épaule, laissant le bus nous transporter jusqu'à chez moi. La nuit était tombée, les étoiles brillaient et mon regard se perdait vers l'extérieur. J'ai envie de passer plus de temps avec Teresa, de construire quelque chose avec elle. Elle me plait vraiment Tom... Harriet fit une petite pause, fermant les yeux doucement. Mais le comportement de Brenda est atroce. J'ai eu tellement honte qu'elle se présente comme mon amie et qu'elle traite Teresa, Newt ou même Sonya comme ça, de cette manière.
- Sonya ? J'ai soufflé, visiblement pas au courant de qui c'était.
- La blonde qui est arrivée à la fin, pour rentrer avec Teresa et Newt, c'est Sonya, leur sœur ainée. M'expliqua Harriet. Puis elle reprit son explication sur Brenda. Tu vois, je la trouve imbuvable en ce moment. On en a déjà parlé avec elle. Elle voue une haine à tout le monde, si elle peut, elle crache sur Rachel dès qu'elle en ressent le besoin. J'imagine même pas comment Zart s'est senti avec nous. J'en ai marre qu'elle cherche le conflit avec tout le monde. J'en ai marre d'être là pour la cadrer, lui dire de s'arrêter parce qu'elle dépasse les bornes, ou parce qu'elle est méchante, méprisante ou juste insultante. Harriet a de nouveau marqué une pause. J'ai attrapé sa main pour la serrer dans les miennes. Elle était dans le vrai. Elle décrivait le comportement imbuvable de Brenda avec une justesse déconcertante et je comprenais qu'elle veuille prendre des distances. Je crois que j'aurais préféré qu'elle ne soit pas là ce soir.
- Désolé, c'est de ma faute, c'est moi qui l'aies invitée. J'ai merdé sur toute la ligne ce soir. J'aurais jamais dû inviter Newt ni Brenda et encore moins les deux en même temps. Je me suis excusé auprès d'Harriet. J'étais responsable du fiasco de cette soirée, des attaques insensées de Brenda vers Newt, de la provocation du petit blond et des interminables reproches qu'on pouvait me faire.
J'ai baissé la tête, me mordant l'intérieur de la joue pour ne pas pleurer. j'avais réellement envie de pleurer, j'étais épuisé, j'avais vécu trop d'émotions cette dernière semaine et tout semblait tourner à la catastrophe dès que je me penchais dessus. J'étais à bouts. Mes douleurs aux côtes n'arrangeaient rien. Je voulais juste rentrer chez moi.
- Tu regrettes d'avoir invité Newt ? Harriet m'a demandé, se redressant un peu.
- Oui, il n'aurait pas dû venir. Je n'aurais pas dû l'inviter avec nous. Je ne sais plus où j'en suis avec lui. Là, je l'ai présenté à mes amis les plus proches comme si c'était mon mec alors que c'est pas mon mec. Tout le monde se fait des idées, tout le monde me demande des comptes, tout le monde veut tout savoir. J'en peux plus. Je veux pas que les autres sachent. Je veux pas qu'on le connaisse, je veux pas qu'on passe du temps avec lui comme si c'était mon copain. Je veux pas être assimilé à lui.
Harriet lâcha ma main, visiblement choquée par ce que je venais de dire. J'ai senti les larmes coulées sur mes joues et je me suis recroquevillé sur moi-même, de la manière la plus possible entre deux rangées de bus. J'avais mal au cœur.
- Pourquoi, Thomas ? Me demanda Harriet en caressant mon dos doucement. Il a l'air de te plaire, vous avez l'air de vous plaire mutuellement d'ailleurs. Je comprends que tu sois perdu dans ta sexualité, mais de là à vouloir nier totalement la présence de Newt dans ta vie, c'est un peu beaucoup non ?
- Parce que je risque de le perdre. Je vais tomber amoureux de lui, à ce rythme-là. ça m'épuise de tomber amoureux. J'ai peur de m'attacher, j'ai peur qu'il me laisse tomber, qu'il m'abandonne et que je sois le seul à l'aimer. J'ai peur d'être dépendant de lui pour tout. J'ai peur qu'il fasse tout pour que je l'aime et que du jour au lendemain il me foute à la porte de sa vie. Je suis terrorisé à l'idée de le perdre...
Harriet ne répondit rien, elle me laissait pleurer en silence. Le bus de nuit s'arrêta à mon arrêt et on remontait la rue sans un bruit. Elle dormait chez moi ce soir. La connaissant, elle n'avait pas non plus très envie de rentrer toute seule chez elle. Maman nous ouvrit la porte et devant nos mines dépitées, elle comprit que la soirée n'avait pas été très bonne. En réalité, la semaine entière tournait à l'enfer. J'étais paumé, j'étais assailli par des pensées noirs. La mélodie du piano résonnait dans le salon. On entra et vit Beth, ma petite sœur, jouer une douce mélodie. Ava et Noé étaient endormis dans les bras l'un de l'autre sur le canapé. C'était rare de voir ma petite sœur un jeudi soir. Maman nous expliqua qu'elle n'avait pas école demain. Elle m'enleva ma capuche et inspecta mon visage.
- Tu as pleuré ? Me demanda ma mère avec une pointe d'inquiétude dans la voix.
C'était un peu comme le bouton déclencheur, lorsqu'on ne va pas bien, qu'on retient ses larmes et que quelqu'un nous demande si "ça va ?", on éclate en sanglots. C'est exactement ce qui s'est passé. J'ai explosé en sanglots et ma mère m'a prise dans ses bras. Beth s'est arrêtée dans son piano, demandant dans un murmure à Harriet ce qui n'allait pas.
***
Le lendemain, je ne suis pas allé en cours. Beth est venue dans ma chambre vers 11 heures du matin et m'a informée qu'elle avait besoin de mon aide pour préparer le repas. Maman était partie travailler, Harriet était partie à l'université et Noé à l'école. Beth, Ava et moi étions à la maison. Ava lisait à l'ombre dans le jardin lorsque je me suis levée pour me servir un café. J'ai aperçu mon visage dans la porte du micro-onde et j'ai cru que j'étais malade, en plus d'être encore marqué par les coups d'Alby.
Je frissonnais un peu et entrepris d'aider ma petite sœur à la cuisine. Beth et moi n'étions pas tellement proches. On se voyait peu, on s'entendait sans plus. c'était comme ça depuis petits. On avait appris à grandir indépendamment l'un de l'autre. On savait tout faire. Beth avait mis de la musique douce pour nous accompagner dans la cuisine. Elle commençait à me raconter que dans son école, certaines filles la prenaient pour cible depuis quelques temps parce qu'elle ne s'habillait pas à la mode. Ses amies commençaient à lui tourner le dos et certaines lui foutaient la misère. Un peu inquiet, je lui demandais si elle en avait parlé à maman. Elle me racontait que oui, qu'elle aurait voulu ne pas le faire, mais une des filles de sa chambre lui avait coupé les cheveux pendant son sommeil.
- Maman me cherche une autre école. Je vais arrêter l'internat. Je vais rentrer ici... Harriet nous a dit que le petit frère d'une de ses amies prenaient des cours de dessin dans une académie. Maman va demander si je peux m'inscrire pour le dernier trimestre car ici, il n'y a pas d'école de dessins. M'expliqua ma sœur.
- ça risque d'être dur de changer d'école à la fin de l'année, si jamais t'as besoin que je t'aide pour les cours, ou pour revoir des notions, tu peux me demander... Je lui dis avec un sourire.
Ma sœur en bavait elle aussi, pas mal. Elle semblait totalement résignée à l'idée de quitter son école. Elle me remerciait d'un sourire et on vit Django, notre chien arriver l'air heureux dans la cuisine, me faisant la fête, quémandant quelques caresses au passage à Beth. Celle-ci lui donnait un petit bout de poulet qui trainait sur sa planche à découper. Le chien était content. Ava ne tarda pas à rentrer dans la cuisine, à la suite de Django, me saluant d'un sourire et déposant son livre sur la commode.
- Vous voulez que je mette la table ? Nous demanda-t-elle.
Beth accepta et la conversation reprit tranquillement. Ava nous informa qu'elle avait appelé le lycée public ce matin, à quelques minutes de la maison pour savoir s'il avait une place en seconde pour Beth. Je pensais que Beth ne m'avait pas tout dit, qu'elle était victime de harcèlement dans son école et que ça devait durer depuis plus longtemps qu'elle ne le laissait entendre. Ava nous dit que Beth pouvait s'inscrire là-bas. Qu'elle pouvait commencer bientôt que dès lundi, maman et elle iraient chercher ses affaires dans l'autre école. Ma sœur n'aurait plus besoin d'y retourner. La situation était bien plus grave que ce que ma sœur m'en avait dit. J'échangeais un regard interrogateur avec Ava, celle-ci me fit comprendre qu'elle laissait couler. Le téléphone fixe sonnait et Beth partait répondre, nous annonçant de loin que c'était papa qui téléphonait.
- Elle s'est fait tabassée dans les vestiaires par d'autres gamines. Elles l'ont forcée à prendre une douche glacée et à lécher la cuvette des toilettes... Elle a appelé ta mère hier midi pour qu'on vienne la chercher. On y est allées directement. On venait de rentrer quand tu es arrivé avec Harriet hier soir. M'expliquait Ava à voix basse. Si mon père appelait en pleine journée pour parler avec Beth, c'est que maman l'avait mis au courant. Il travaillait à l'étranger et avait quelques heures de décalage horaires. On le voyait rarement. Ce n'était pas dans ses habitudes de nous appeler. Entre toi qui te fait tabasser dans la rue par un autre gamin et ta sœur qui subit des violences à l'école, je crois que ta mère va bientôt exploser comme une marmite sous pression.
Toucher à ses enfants...
- Papa arrive demain à l'aéroport. Il a négocié pour passer un mois avec nous. Il ira récupérer mes affaires au lycée lundi. Il vous embrasse...
Pour que mon père rentre en urgence, c'est qu'il avait compris que c'était vraiment la merde à la maison et que laisser maman gérer tout toute seule était une mauvaise idée. Mon père était certes un homme absent, mais lorsqu'il prenait une décision, il la menait à bien. Il était en charge d'une filiale dans une grosse multinationale et développait l'entreprise sur le marché sud-américain. Il allait traverser la planète pour venir régler les comptes des petites pestes de lycéennes qui s'en étaient pris à ma sœur et j'étais content qu'il arrive. Il allait passer un mois avec nous, travaillant à distance, mais on allait pouvoir passer du temps avec lui et maman allait pouvoir se reposer un peu sur lui.
On s'est installé sur la terrasse pour déjeuner, Django couché à nos pieds. Je crois que ça m'a rassuré que mon père rentre un peu. Maman allait craquer à un moment donné, c'était sûr et je n'étais pas en état de la soutenir. Elle me soutenait beaucoup plus que moi, ces derniers jours. La discussion avait changé pour des sujets plus doux, comme les dernières frasques de notre grand-mère ou l'achat compulsif de la voisine, quelque chose de simple qui nous faisait oublier à tous les trois qu'on n'était pas au meilleur de notre forme.
Ava est partie faire la sieste. Les malades du cancer dorment beaucoup. Mon cœur s'est serré à cette pensée. J'ai repensé à Newt, à sa maladie qui lui avait volé deux ans. Est-ce que lui aussi, il dormait autant ? Je crois que dans le fond de mon âme, j'avais peur aussi de ça. Il était remis de son cancer, il allait bien mais... Il y avait un mais. Car il y a toujours un "mais" avec les cancéreux. On ne s'en remet jamais vraiment, il reste toujours des traces, des risques de rechute et je crois que l'idée de le perdre de cette manière me terrifiait encore plus. Ma tante était malade et j'étais dans la crainte à chaque minute qu'elle nous échappe, qu'elle meurt ou qu'elle fasse une rechute si terrible qu'elle ne s'en remettrait pas. Si le garçon qui me plaisait tant avait une telle épée de Damoclès au dessus de la tête, je serai terrifié tous les jours qu'il m'échappe de cette manière. Je ne pouvais pas le laisser prendre trop de place dans ma vie, dans mon cœur, dans mon environnement car je savais que je ne me remettrais jamais de le perdre ainsi. Si dans quelques mois, il faisait une rechute, était à nouveau malade, je serai incapable de survivre. La maladie de ma tante me brisait le cœur. Je ne voyais pas comment je pourrais supporter de perdre la personne dont je suis amoureux de la même manière. J'étais convaincu qu'avec le temps, si je continuais comme ça, j'allais véritablement tomber amoureux de Newt. C'était un fait. Je le savais, je le sentais en moi, il était impossible que ça se passe autrement.
C'est pour cette raison que je devais prendre mes distances. Arrêter avant de vraiment m'attacher. Il chamboulait beaucoup trop mon monde. Je ne pouvais pas me permettre de l'aimer avec le si gros risque de le perdre. C'était beaucoup trop dur pour moi.
En m'allongeant sur mon lit, je soupirais un grand coup et branchais Poisson Soluble, ça me permettrait sans doute d'oublier tout ce qui se tramait dans ma tête. J'avais besoin de m'échapper un peu de la réalité. Et PS était le meilleur moyen d'oublier...
B O N J O U R T H O M A S
B I E N V E N U E S U R P O I S S O N S O L U B L E
Q U E L M O D E D E S I R E S - T U ?
> R E V E 💤
🌎 C H O I X D E L ' U N I V E R S ?
1. A L E A T O I R E
🧑 A V A T A R ?
2. A L E A T O I R E
🗝️ M O T - C L E ?
3. C O N T E
C O N N E X I O N
. . C O N S T R U C T I O N D E L ' U N I V E R S E N C O U R S . .
💦 B O N R E V E A V E C P O I S S O N SO L U B L E 💦
Le soleil brillait, le vent était frais et s'engouffrait dans mes cheveux, faisant aussi flotter ma cape au vent. Mon cheval marchait tranquillement sur le sentier. La plaine était verdoyante, l'air faisait onduler l'herbe. Derrière moi, deux autres chevaliers m'accompagnaient dans mon périple. Nos armures étaient polies, le soleil se reflétait dedans. Notre cape rouge était arborée d'un blason cousu de fil d'or. J'étais grimpé sur un destrier blanc, ses crins gris étaient tressés par mon écuyer. Il était resté à l'auberge, dans la ville. Cette mission nous avait été donnée par le roi Lazar. On devait délivrer la princesse d'un curieux maléfice. Elle était endormie dans une très haute tour, dans un royaume voisin, pris dans les ténèbres depuis qu'une horde de démons et de mages maléfiques avaient mis la main dessus. Ils prévoyaient d'utiliser la princesse comme réceptacle à un Roi-démon. Notre mission était de délivrer la princesse, la ramener saine et sauve dans son royaume et de tuer tous les démons et les mages.
Etant un valeureux chevalier du roi Lazar, aucune quête comme celle-ci ne m'était impossible. J'allais triompher, j'en étais persuadé et le roi m'offrirait la main de la Princesse en récompense de son sauvetage...
C'est comme ça que se déroule les contes de fées, n'est-ce pas ?
To be continued, Love, Ali.
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