Où jouer n'est pas qu'un jeu...
Playlist du chapitre 🎼:
Dors - Clara Luciani
Slow Down - Imany
Break my broken heart - Winona Oak
Ouvrir les yeux, les fermer quelques secondes. Les rouvrir. Non, tout est bien fini. Ses lèvres ont disparu des miennes, sa chaleur sur ma peau, créée par ses mains, s'est fait la malle aussi. Mon "rêve" est fini. Plus rien. Pouf ! Il s'est volatilisé. J'ai fermé les yeux à nouveau, identifiant délicatement les traits de son visage. Mes doigts ont touché mes lèvres avec envie. L'envie qu'il me revienne et qu'il recommence. Que son corps se meuve contre le mien, que ses doigts caressent ma peau, que sa chaleur corporelle me rende ivre. Du désir. Du désir et encore du désir... Voilà ce qu'il me procurait. J'étais encore frustré qu'il m'échappe. Mais la dernière fois, c'était ma faute. Enfin, celle de ma mère plutôt qui m'avait déconnecté sans me demander mon avis. Mais là, je l'avais embrassé. De mon plein gré. Et il s'était volatilisé.
Je ne cessais de le voir partout, ce mec au manteau de fausse fourrure verte. J'ai enlevé mon casque de console et je suis descendu rejoindre mes parents au salon, encore un peu chamboulé. Je savais qui il était, je ne cessais de le croiser dans chaque lieu où j'allais. De mon premier rêve où nous nous sommes rencontrés, à The Maze et son assassinat, à la fois dans le bar, lors de mon date avec Rachel, où j'ai pu mettre son vrai visage sur lui... Et à la chambre de Rachel, où les photos de Thomas sont accrochées partout sur ses murs. C'est sans doute ça qui m'a détraqué la cervelle. Coucher avec une fille superbe dans une chambre où les photos de son ex sont la principale décoration.
Je le vois partout. Il est partout, comme s'il s'était infiltré dans ma vie sans que je m'y attende et qu'il devenait le nombril de mon monde. Il m'obsédait presque, sans que je m'en rende compte. J'ai frémi un peu, tirant sur les manches de mon pull pour cacher mes mains. Ma mère était en train de parler avec ma soeur Teresa de la situation critique du Chili, elles regardaient des petites vidéos des différentes manifestations qui ébranlaient le pays d'Amérique du Sud. Sonya lisait assise en tailleur sur la canapé, le chat de la maison sur les genoux. Je l'entendais ronronner d'où j'étais. Mon père était sur sa tablette, tapant sans doute un compte-rendu de boulot ou des mails à transmettre en urgence. Je suis resté un moment à phaser tout seul, assis sur le fauteuil, regardant dans le vide. Je me rendais compte de l'impact d'un inconnu sur mon corps, sur mes désirs. Je me rendais compte que chaque parcelle de mon corps voulait rencontrer ce garçon. Ma mère a relevé les yeux vers moi, un instant. Elle m'a demandé si j'allais bien. Je lui ai dit que oui, j'étais juste un peu chamboulé. Je me suis levé pour aller faire du thé pour tout le monde, les laissant loin de mon humeur étrange.
Dans la cuisine, j'ai allumé un peu de musique. La voix douce de Clara Luciani avait été mise sur pause. J'ai mis une de ses chansons que j'appréciais particulièrement pour sa douceur. Elle avait tendance à m'apaiser. "Dors" faisait résonner mon cœur sans pareil. L'eau chaude coulait dans la théière, mes pensées s'échappaient aussi facilement que la vapeur. J'ai mis un peu de thé et quelques feuilles de menthe séchées. J'ai sorti quelques tasses du placard, choisissant aussi du miel pour mettre dans le thé et j'ai apporté le plateau dans le salon.
Teresa m'a invité à m'asseoir à côté d'elle pendant que Maman se levait pour sortir des cookies. Les bras de ma sœur m'ont attiré contre elle et ses doigts se sont mis à caresser mes cheveux. La tendresse de Teresa à mon égard était toujours apprécié par mon personnage. J'aimais passer du temps près d'elle, qu'elle me prenne dans ses bras ou qu'elle me laisse dormir sur son épaule. Elle appréciait particulièrement jouer avec mes cheveux.
- Faut que je te montre, j'ai réussi à choper l'Instagram d'une fille magnifique. Me chuchota-t-elle en allumant son application Instagram.
Teresa aimait les filles. Lorsqu'elle l'avait annoncé à nos parents, elle sortait avec une femme du double de son âge et cette différence numéraire avait été beaucoup plus difficile à accepter par mes parents que son orientation sexuelle. Mais j'étais au courant depuis belle lurette. Ma mère s'en fichait pas mal de savoir qu'elle aimait les filles. Mon père avait eu un peu de mal, au début, mais l'histoire s'était apaisée avec le temps. Plus tard, ils ont appris que j'aimais tout le monde, garçon, fille, ou neutre, ça m'était bien égal. Le concept était abstrait pour eux, mais l'essentiel était que je sois heureux. Parce que j'en avais déjà pas mal chié dans la vie pour qu'on me laisse en paix jusque dans mon lit.
J'ai attrapé le téléphone de ma sœur et j'ai regardé cette fille en photo. C'est vrai qu'elle était belle. Son visage était adorable. Elle avait de grands yeux noirs qui semblaient pétiller. Ses cheveux étaient tressés en braids ou en dreads selon les photos. Sa peau était noire. Elle ressemblait à une star de cinéma. J'ai défilé les photos, contemplant la beauté de cette jeune femme avec une pointe d'admiration.
- Elle est à la fac de droit. Elle est en première année ! M'informa ma soeur, mourant d'envie de me raconter toutes les informations qu'elle avait collecté sur la demoiselle, ravie d'enfin pouvoir partager. Son nouveau crush était une très belle fille. Elle s'appelle Harriet, reprit ma soeur. J'ai rencontré une de ses ex-copines à un tournoi d'escrime. Et c'est en stalkant cette fille que j'ai trouvé Harriet. Le pire, c'est que je l'ai croisé deux jours plus tard au centre commercial. Elle prenait un café avec des amis. Elle est encore plus belle en vrai qu'en photo. Je te jure, Newt, j'ai phasé quand je l'ai vue...
J'ai rigolé aux bêtises de ma sœur, la charriant en lui disant qu'elle avait dû la fixer avec ses yeux de merlan frit. Elle m'a dit qu'elle était restée un instant ébetée devant elle. Puis elle s'était assise à une table du café pour l'admirer un peu encore. Je l'ai taquiné en lui disant qu'elle avait tout l'air d'une psychopathe. J'ai remonté le profil de cette jolie Harriet et j'ai cliqué sur "S'abonner". Teresa a écarquillé les yeux et m'a donné un gros coup de coude dans les côtes.
- Mais t'es malade !
- Boh, ça va, t'as le droit de suivre une belle inconnue sur Insta, tout le monde fait ça ! J'ai répondu en ricanant.
J'ai continué mon inspection en allant voir dans quelles photos elle était identifiée. Puis mes yeux ont regretté mon erreur lorsque la troisième photo affichait cette Harriet avec un énorme sourire et ses deux bras autour du cou de Thomas. LE MÊME THOMAS. J'ai senti le rouge me monter aux joues. Je suis resté un instant interdit, les yeux rivés sur cette photo en noir et blanc. Thomas aussi était tout sourire, un de ces sourires magnifiques. Il portait une casquette à l'envers et semblait bronzé, comme en été.
- Tu le connais ? M'a demandé ma sœur en voyant mon trouble.
- Rapidement... J'ai lâché, lui rendant son téléphone. ma frustration revenait d'un coup, suivi de mon trouble lorsqu'il était question de ce garçon.
- Raconte-moi, Nout ! Me souffla ma sœur avec un sourire coquin. Trop contente d'avoir découvert un truc qui me troublait, elle a cliqué sur le profil Instagram de Thomas. Oh, putain, il est bien foutu ! Elle a juré entre ses dents. Je me suis penché pour regarder et l'instagram de Thomas m'a fait chavirer. Son sourire, ses fossettes, des photos de lui riant aux éclats, des paysages magnifiques où il avait été en vacances, de ses amis aussi. Puis plus loin, des photos de lui et Rachel.
- J'ai couché avec cette fille ! J'ai informé ma sœur. Elle m'a jeté un regard noir, histoire de dire qu'elle savait très bien qui c'était. Puis histoire de dire aussi qu'il fallait que je lui raconte tout ça.
A la nuit tombée, quelques heures plus tard, après le dîner et une longue discussion sur Thomas, mon désir pour lui et nos rencontres qui ne cessaient de bousculer mon univers, j'ai ouvert mon propre Instagram pour retrouver le compte de Thomas. Après avoir observer méticuleusement toutes ses photos, j'ai cliqué sur "S'abonner". Je faisais désormais partie des 1076 followers de ToM-Pou, alias Thomas. Un de plus perdu dans la masse.
J'ai posé mon téléphone sur ma table de nuit et j'ai fixé un long moment mon plafond. La guirlande de leds que Teresa avait installé sur mon mur pour me faire une déco à la Stranger Thing clignotait et changeait les ombres de ma chambre. Je me suis dit à ce moment-là que mon désir pour Thomas n'était pas que dans Poisson Soluble. Il était réel. J'avais envie de le connaitre. De le rencontrer. Je voulais être son ami. Ou peut-être plus que son ami. Mais je voulais l'avoir à mes côtés... J'avais fini de jouer. J'étais bel et bien dans la réalité.
Mon portable a vibré et la notification m'informait "ToM-Pou vous a suivi". Puis quelques likes sont venus s'ajouter à mes photos. Il était réactif le garçon. J'ai souri et j'ai ouvert la page pour lui envoyer un message. Il était déjà en train d'écrire.
✉️ T : Je viens de découvrir que Yzak-17 a un compte instagram qui révèle son vrai visage ?
J'ai souri de plus belle, ricanant comme un gamin.
✉️ N : Il a hâte de te montrer ses fesses !
J'ai répondu d'une traite, réalisant ensuite de la boulette que je venais de faire.
✉️T : Si je peux mordre dedans, avec plaisir !
Il venait de me dire qu'il était ok pour me bouffer le cul !
✉️ T : Désolé, j'avais oublié que je devais partir tout à l'heure, j'avais mis un réveil...
Tu m'étonnes que t'es désolé, mec, tu t'es barré en plein milieu, me laissant frustré et à poil sur le champ de bataille du désir.
✉️N: On est quitte !
Au fait, je m'appelle Newt.... Pas yzak
Il m'a répondu qu'il était enchanté et que lui, c'était Thomas. Mais ça, je le savais déjà... hé hé...
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