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Chapitre 8

La dépression. On aborde rarement cette maladie avec assez de détails. Pas avec les noms en tout cas. C'est un peu tabou. Il vaut toujours mieux quelques euphémismes bien choisis et poétiques que ces noms rustres et brutaux. Suicide, mutilation, anti-dépresseurs...

Cela ne faisait pas depuis la mort de Kiara que j'en étais atteinte. Au début, je suis allée voir des psychologues. Mais le problème était que je ne pouvais pas être honnête et tout dire aux professionnels mortels. Je ne pouvais leur parler ni de la colonie, ni de l'hydre, ni de Janus. Pour eux, la colonie était donc un centre d'accueil, mon bungalow un certain département du centre, mes frères et sœurs des amis proches, l'hydre une personnification de mes peurs et de mes traumatismes. Leur version des faits était que mon père était mort trahi par sa petite copine (une idée farfelue de Chiron pour personnifier le monstre aux multiples facettes) et que cette même femme possessive et toxique avait causé le décès de Kiara en nous recherchant partout.

Ils ne pensaient pas que j'étais réellement amoureuse de Fred. Pour eux, il s'agissait juste d'un moyen d'évacuer mes souvenirs traumatiques et de me défouler sur un de mes "petits camarades ayant vécu une similaire situation". Ils n'avaient finalement pas complètement tort...

On ne m'avait diagnostiqué à l'époque que des troubles post traumatiques. Au bout de quelques psy, Chiron en avait conclu que je ne pouvais plus continuer ainsi. Il avait réussi à invoquer Asclépios, dieu de la médecine, et j'avais eu droit à mon propre psychiatre.

Asclépios était gentil mais ne pensait pas comme un mortel. Il était dieu et n'avait une vision comme la nôtre. Malgré tout, je savais que les dieux pouvaient ressentir des troubles, etc... parce qu'ils avaient tous des passés qui les suggéraient largement.

C'est lui le premier qui m'appris que j'avais une certaine particularité. Je n'étais pas une demi-déesse mais une "trois-quarts-déesse". D'après lui, j'avais ainsi une plus grande puissance, sans compter que ma mère était une déesse majeure. Il m'expliqua que Kiara était plutôt une "deux-tiers-déesse". C'était presque identique mais en réalité, Hécate et Janus étant deux dieux mineurs, elle avait un sang moins divin que le mien, moins puissant en tout cas. Il m'expliqua alors que Chiron m'avait élevé petite. Je l'ignorais. Il me dit qu'il avait senti une protection magique autour de moi, et que le centaure lui en avait parlé.

J'appris ainsi que c'était la raison pour laquelle l'hydre m'attaqua deux fois sans réussir à me blesser. Cette aura repoussait les monstres. Mais Kiara avait détruit la sienne en quittant la colonie en cachette pour me rejoindre. Et c'est ça qui l'avait tuée. C'était par ma faute que la protection s'était brisée...

Après ma rupture avec Fred, lors de l'arrivée de Quentin, je n'ai consulté que quelques fois le dieu médecin avant de déclarer que j'allais mieux. Et d'arrêter. C'est vrai. J'allais mieux. Mais plus maintenant.

Maintenant... tout est devenu pire. J'ai l'impression d'avoir tant fait pour rien au final. Je me sens brisé. Je n'en peux plus. De tout. De la vie. De vivre ma vie tous les jours. De devoir faire semblant d'aimer vivre ma vie tous les jours. Je n'en peux plus.

Je me concentre sur ma respiration. Elle est saccadée et rauque. Un objet me bloque les poumons. Une boule me serre le ventre et mon cœur est totalement creux. J'alterne depuis longtemps entre le vide et le trop plein émotionnel. Colère, tristesse, peur, nostalgie, regret, haine, jalousie, angoisse, anxiété, stress, injustice, incompréhension... et rien. Une totale indifférence. Elle survient lorsque je suis au degré le plus haut. Elle ravage et prend tout. Même ces affreuses pensées qui me détruisent mentalement.

Je ne suis pas encore à ce point culminant. C'est un débordement actuellement. C'est la peur. Je suis quelqu'un d'extrêmement anxieux. Je stresse pour tout et rien. Je vis très mal la pression. Dès que je me sens mal à l'aise, je suis complètement paralysée. Ankylosée. Complètement terrifiée. Et, même si je suis seule dans le bungalow et qu'il ne se passe rien, je suis totalement en panique. Je suis en pleine crise d'angoisse, j'ai la nausée. Je mets ma main sur mon ventre et l'autre sur mon front. Il est brûlant. Je tente de me lever pour m'asseoir. J'ai un haut le cœur. Je retombe à terre. Je prends plusieurs respirations paniquées. Je déglutis et m'accroche comme je peux au lit. Je ne tente pas de me relever. Je ne bouge pas. Je suis figée. Figée de peur.

Et si je ne pouvais plus du tout me relever au final ? Et si je mourrais ici ? Comme ça ? Mes pensées fusent et divaguent si rapidement que je ne peux plus m'arrêter d'angoisser. Je ressens soudainement une bouffée de chaleur. J'ai chaud. Très chaud. C'est l'anxiété. J'ai si peur... J'ai si peur que mes mains tremblent... J'ai si peur que mon cerveau bouillonne... Je pense à des milliers de choses terrifiantes mais je n'arrive même pas à me concentrer dessus. Tout va trop vite dans ma tête. Je recule lentement. Mais qui est-ce que je tente de fuir si ce n'est moi-même ?

Puis, je me calme. Doucement. C'est la tristesse qui prend la place. Elle m'attrape, soudainement, sans prévenir. Elle me donne une vive douleur dans le cœur. Comme un coup de poing qui me déchire. Mes pensées se brouillent. Je me perds à l'intérieur. Je revois des souvenirs heureux. Des flash backs magnifiques. Mon père. Ma sœur. La petite balançoire au fond du jardin. Kiara assise dessus. Moi, derrière, toute petite, les cheveux emmêlés, volant au vent. Je ris. Je pousse ma grande sœur. Elle rit aussi. Mon père est en train de nous prendre en photo. Il ne veut surtout pas oublier ce moment. Il savait qu'il allait mourir. J'en ai la certitude.

Mon entrée à l'école. Il nous avait emmenées au restaurant ce soir-là. Il arborait un beau costume, et nous des petites robes chics. On était si heureuses d'aller dans un tel endroit... Il nous avait promis que l'on retournerait ici quand Kiara entrerait en high school. En revoyant cet instant, je veux hurler. Crier. Lui dire de nous y ramener avant. Mais il ne peut pas savoir. Il ne peut pas se douter qu'il ne verra jamais sa fille aînée entrer en classes supérieures. Oui. C'était la toute première fois que notre père nous emmenait au restaurant. Et la toute dernière fois...

Une petite larme solitaire dévale ma joue, comme un ruisseau salé sur une terre aride. Je frissonne. Je sens des poignards me transpercer la poitrine tandis que je me remémore ces moments. Oui, ça fait très mal. Trop mal. C'est affreux. Je veux que ça s'arrête. Mais ça ne s'arrête pas.

Mon tout dernier anniversaire. C'était l'hiver. Mais il ne neigeait pas. Il neige rarement en hiver... Ce jour-là, il faisait très froid. Nous étions tous très couverts, pour ne pas attraper froid. On rentrait du café où nous avions pris un déjeuner. Nous étions si heureux...

Enfin, quand s'efface les souvenirs, c'est la colère qui s'ensuit. La haine, la violence, la fureur. Je prend mon oreiller et je le jette brutalement devant moi. Il retombe mollement dans mes bras. Je le réceptionne et le compresse violemment. Je veux tuer cet oreiller. Je veux lui faire tant de mal qu'il ne se relèvera plus. Je veux le détruire. Le briser. Il reprend aussitôt sa forme initiale, mou et stoïque. Je crie. Pas trop fort. Pour qu'on ne m'entende pas, tout de même. Juste assez fort pour que moi je puisse m'entendre.

Et puis je rumine. Je pense à des moments où j'aurais pu être beaucoup plus méchante, beaucoup plus blessante. J'aurais pu ne pas faire l'hypocrite et sortir ses quatre vérités à la personne en face de moi, quitte à être violente et à la briser. Lui faire du mal m'aurait peut-être apaisée... Mais je n'en ai pas eu le courage sur le moment. Pourtant, actuellement, je sais que, si quelqu'un rentre dans le bungalow, je n'aurais aucun remord à le détruire, juste pour ma propre satisfaction. Je ne suis pas gentille. J'agis simplement comme telle par pure charité. Pour ne pas blesser quand ce n'est pas nécessaire...

Et puis, après un petit silence, vient, contre toute attente, le vide. Je ne ressens plus rien. Je suis totalement remplie de rien. De néant. Mais ce n'est pas de la sérénité, au contraire. Je ne suis absolument pas calme et apaisée. Je suis juste entièrement creuse. Indifférente. Je pourrais me réjouir d'être arrivée à ce stade où je ne peux même plus me blesser moi-même. C'est plutôt avantageux à vrai dire. Mais je ne ressens absolument ni triomphe ni déception. Je suis une coquille vide. Une cosse sans petit pois. Un cœur sans sentiments.

Alors que je fixe le mur, sans plus penser à rien, quelques personnes entrent dans le bungalow. Deux ados, qui discutent à voix haute, en riant. Ils sursautent, surpris que je sois déjà là. Et puis, leur regard se décompose.

C'est Julia et Fred. Et ils ne sont à vrai dire pas ravis de me voir... Je frissonne. Comme nous étions peu à revenir pendant les vacances, Quentin par exemple est chez sa mère, Chiron nous a tous réunis dans le bungalow d'Artémis.

Aucun des deux ne m'adresse la parole. Le bal d'Halloween était il y a déjà une semaine. Entre temps, il y a eu la fameuse fête d'Halloween. Je préfère ne pas en parler. Ce fut un tel désastre... Nous n'étions pas prêts et nous n'avions presque pas dormi la veille. Nous avions d'énormes cernes et nous étions tous sur les nerfs. Une dispute a éclaté entre Julia et moi. Nous n'avons pas fait le spectacle. Et je ne parle plus ni à elle ni à son frère depuis...

C'est les vacances désormais. Enfin, en théorie... Je ne suis absolument pas au repos. J'ai des idées si noires que j'ai perdu toute notion du temps. Je cherche à mourir. Hier, j'ai essayé de me noyer. Les enfants d'Athéna ne sont pas particulièrement en sécurité dans la mer vu les rivalités entre leur mère et Poséidon. J'ai nagé loin, et puis je me suis laissée couler. J'ai repris connaissance dans le bungalow, sèche et propre. J'en ai déduit que Fred était intervenu...

Je remonte la manche de mon pull orange. Personne ne regarde, les jumeaux sont trop loin pour ça. J'ai Pollá Prósopa à la main. Je souris intérieurement. Et puis je glisse lentement la lame sur mon poignet. Le sang ne suinte pas aussitôt de la plaie, ce serait trop simple. La douleur est vive mais rapide. Comme un chatouillement. C'est effrayant au début, et enivrant au fil du temps. On finit par devenir fou de ce petit picotement, de cette lame contre notre chair... Je souris. De la petite trace perle quelques gouttes qui enflent. L'entaille ne saigne presque pas. J'approche mon bras de ma bouche et passe ma langue sur la coupure, comme une sorte de réflexe stupide. Le goût me surprend. Agréablement. Le sang est sucré et doux. Il a une saveur totalement opposée à celle des larmes, les soirs où rien ne va.

Je souffle sur ma blessure. Elle ne saigne déjà plus. D'ici quelques jours, elle aura complètement disparu. Les demi-dieux se régénèrent vite... Je pose ma lame un peu plus bas et exécute le même geste une seconde fois. Cette fois, je serre les dents. La peau s'arrache plus difficilement et la plaie saigne beaucoup plus. Je me dépêche de la presser contre mes lèvres et lèche lentement. Une larme coule involontairement des mes paupières mi-closes. Elle glisse dans ma bouche et se confond avec le sang. J'avais tort, ils ont exactement le même goût.

Salé et sucré en même temps, amer et doux à la fois, nostalgique et euphorique de la même façon. Le goût de la contradiction, du doute, de l'absurdité du monde et de l'ironie de la vie. Le goût de la défaite et de la victoire, de la haine et de l'amour, de la vie et de la mort.

Je remet la dent de l'hydre sous mon oreiller longtemps après. Le bungalow est plongé dans le silence. La nuit dehors est brillante, c'est la pleine lune. Je sors lentement. Les étoiles éclairent le ciel mais l'astre nacré semble leur voler leur éclat. Je ne savais pas que le bungalow d'Artémis reflétait à ce point la lune. Ce doit être une petite modification de la déesse.

La fraîcheur nocturne me revigore. Je respire la douce brise et écoute le bruissement chantant des arbres. Et je regarde la mer. Elle est belle. Brillante et lisse. Enfin, à l'exception des endroits où elle est striée de vagues. On dirait qu'elle a été effilochée au couteau. Comme mon bras...

Mes pensées sont plus claires désormais. Je ne suis plus indifférente, je suis véritablement sereine. Un sourire effleure mon visage. J'ai envie de rire. Je suis heureuse. Dans le moment présent, parce que je sais pertinemment ce que je m'apprête à faire et que ça me plaît. Oui. Je suis sûrement en train de perdre la tête. Tant pis. Je n'en ai plus besoin.

Je m'approche lentement du bord la falaise. Une pensée me traverse. Je souris. Je me penche. Et je saute.

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