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Chapitre 1

Je baille en sortant de mon lit. Déjà à cette heure peu tardive de la matinée, le bungalow grouille de bruits. Les Athéna, tout comme les Héphaïstos, sont connus pour être lève-tôt et sans cesse fourmiller d'idées. J'ai fini par m'habituer à la compagnie de ces horripilants demi-dieux, moi qui était autrefois si solitaire. Bien sûr, je ne déroge néanmoins pas à la règle : sous mon lit s'entassent toutes sortes de croquis et de bricolages, de livres et de gadgets que mon meilleur ami m'a offerts. J'esquisse un sourire et fourre vite fait le tout sous son oreiller.

Je suppose que ça fera l'affaire.

Je traverse l'espace de vie des enfants de la sagesse en esquivant du mieux que je peux le bazar qui règne. Je me précipite à la porte, que j'ouvre à la volée, et sors aussitôt, soulagée de sentir l'air frais du matin me caresser les narines. Je respire à pleins poumons, hume le parfum de la colonie, songe à tout ce que j'y ai vécu, à mes amis, à ma famille...

Quelqu'un éclate de rire. Un rire aigu mais qui ne me trompe pas : c'est un garçon. Et bien sûr, c'est Quentin. Je me relève, faisant mine d'être vexée, et ébouriffe les cheveux de mon meilleur ami. C'est d'autant plus facile pour moi que j'ai une bonne vingtaine de centimètres de plus qui me permettent d'atteindre aisément le crâne de cet horrible fils d'Héphaïstos. Bon d'accord, je le trouve horripilant, mais je l'adore quand même...

Quentin est arrivé l'année dernière à la colonie. Au début, je ne lui avais pas prêté une grande attention. Puis, alors que je me remettais de sa rupture avec Fred, mes disputes incessantes avec Alyssa m'avaient éloignée de mes amis. Julia ne m'appréciait guère qu'avec ma jeune sœur, et même Michael, mon cadet que j'adorais autant qu'Alyssa, était distant. J'en était très blessée car ç'avait été mon premier ami. C'est là que Quentin avait débarqué dans ma vie.

Les Athéna et les Héphaïstos sont beaucoup plus proches que les gens s'imaginent : ils ont le même esprit tordu, le même amour pour le bazar et adorent discuter de plan et s'imaginer toutes sortes de choses. D'après Chiron, un vieux proverbe romain dit "Aussi proches et lointains que Minerve et Vulcain"... Ce doit être pour ça.

Là plupart des demi-dieux de la colonie pensent que j'ai besoin d'une figure fraternelle depuis la mort de Kiara. Ce n'est peut être pas si faux, mais je doute que ce nain horripilant puisse vraiment jouer un rôle de grand frère... Chiron dit que je ne devrais pas être si seule, mais j'ignore comment faire autrement. J'ai perdu du jour au lendemain tout ce qu'il restait de ma famille, la personne que j'aimais et tous mes amis. Et maintenant, je suis là, pitoyable, en train d'essayer de me bâtir une nouvelle vie aux côtés d'un gamin à l'esprit dérangé. Pas franchement le combo ultime après tout ce que j'ai vécu... Et pour couronner le tout, la rentrée approche à grands pas, avec son lot de problèmes : ben oui, être emmenée à l'école par ce cher Argos, bien que la brume le camoufle aux yeux des mortels, n'est pas une partie de plaisir... Et j'en fais les frais chaque année !

Quentin me couvre de ce regard gentil mal assuré, parce qu'il n'a aucun don pour consoler les gens. Je lui rend son sourire, même si le mien doit plutôt ressembler à une grimace. Je regarde les pensionnaires qui ont déjà commencé, pour là-plupart, à refaire leurs valises. Je salue rapidement quelques connaissances du bungalow d'Apollon et contourne celui d'Arès, préférant garder mes distances, vu que la dernière dispute entre les enfants ded deux dieux de la guerre a bien fait hurler Chiron. Et bien sûr, en tant que conseillère en chef, c'est moi qui ai tout pris pour mes frères et sœurs... Je m'arrête soudain devant celui de Poséidon, balbutiant quelques excuses à Quentin, qui s'éloigne, un sourire narquois sur les lèvres.

Je suis comme figée, alors j'essaie juste de ne pas arborer une expression trop niaise. Devant le bungalow, Julia discute avec un fils de Déméter, Soltairis. Fred est assis dans un coin, la tête penchée sur ses affaires, les muscles décontractés. Il dort. C'en est presque chou : il dort, comme un bébé, au dessus de sa valise encore plus désordonnée que mon lit (si c'est seulement possible). J'hésite, et je m'approche finalement. Mon cœur bat la chamade, j'ai envie de lui crier de se taire mais ma gorge est nouée, incapable de sortir le moindre son intelligible. Mon regard est fixé sur cet idiot qui est absolument trop mignon quand il dort et je ne rougis absolument pas ! Bon si, un peu. Ma main se rapproche toute seule de son visage, effleure sa peau. Elle est aussi douce qu'avant. En fait, cela fait presque deux ans que je n'ai pas caressé ses joues. Il dort toujours, je passe l'autre main dans ses cheveux, en souriant. J'ignore ce que je fais, et pourquoi je le fais, mais ça n'a plus d'importance. Pas tant qu'il est là...

Sa main attrape alors doucement la mienne, et la caresse avec délicatesse. Une chaleur étrange se répand dans mon corps et... mais, il n'était pas censé dormir ?! Réalisant qu'il s'est réveillé, je fais un bond sur le côté, stupéfaite, et sûrement cramoisie. Il sourit, amusé et surpris à la fois. Je fixe ses yeux, essayant d'y voir de la nostalgie mais je me perds dans ce bleu profond. Et il me rappelle à la réalité :

"Sara ? Sara ? Tu vas bien ?

- Euh... je balbutie, je vais très bien !

- Et bien, dit-il d'un ton espiègle, alors tu vas peut être pouvoir m'expliquer pourquoi tu étais en train de caresser le visage d'un pauvre petit qui dormait tranquillement ?"

Je grommelle. Fred prend toujours comme excuse qu'il a un an et seize centimètres de moins que moi pour m'embêter. C'est ce côté là qui m'a plus tout de suite chez lui : il blague beaucoup, ironise avec une répartie ni trop cinglante, ni trop gentille, et se comporte toujours comme si toutes les situations étaient risibles. Pourtant, je n'ai jamais été dupe. Je savais très bien que, derrière ce regard bleu comme l'océan et ces plaisanteries légères comme le vent, il y avait un petit garçon qui souffrait. J'ai pris ce petit garçon dans mes bras, je l'ai bercé, je lui ai donné du rêve. Et puis, je l'ai brutalement laissé tomber, tout ça pour protéger mes propres peur. Il tremble un peu. Je tente de dégager ma main, sans succès. Il refuse de la lâcher, s'accroche à moi.

Je savais que je n'aurais pas dû venir. Je remue ainsi le couteau dans nos deux plaies. Maintenant, je ne peux plus échapper à ses yeux dévastés par le chagrin, à ses lèvres qui frémissent du peu d'espoir qu'il lui reste. Cela fait deux ans que je le repousse sans cesse, deux ans qu'on tente tous les deux de comprendre si nos sentiments sont toujours là. Je ne pensais pas l'affronter si tôt...

"Sara... je peux te poser une question ? demande-t-il avant de renchérir, sans attendre ma réponse. Pourquoi tu continues de regretter le passé ? C'est toi qui a décidé de mettre un terme à toutes tes relations après la mort de Kiara ? Pourquoi tu fuis en marche arrière ? Partir à reculons, c'est bien la preuve que tu as peur de ton choix, je me trompe ?

- Écoute Fred, je..."

Je ne peux pas continuer. Car, à ce moment, Julia entre dans la pièce et l'atmosphère retombe. Le regard qu'elle me lance est glacial, mais à peine plus que celui que son frère lui décoche. Si j'avais été lui et que j'avais eu la fameuse "télépathie des jumeaux" qu'on voit dans les livres, je lui aurais déjà crié mentalement de dégager sa face hautaine d'ici. Le problème est qu'elle est chez elle, et pas moi. Je la regarde en biais, et elle finit par pousser un soupir méprisant avant de sortir.

Fred n'a toujours pas lâché ma main. Il la fixe, comme s'il hésitait entre me l'arracher, me demander en mariage ou me manger. Et aucun de ces choix ne semble être envisageable, même celui de me la manger. Il soupire et marmonne :

"J'imagine que tu vas sortir sans rien dire, hein ? Tu fais ça à chaque fois. Et puis, si tu ne sors pas bientôt, ton ami va venir te chercher et il ira encore fabriquer des poissons qui crient "Sardines et crevettes fraîches" pour les poser dans mon lit."

C'est à ce souvenir que je flanche. Parce que, à vrai dire, l'idée venait de Quentin, mais c'est moi qui lui ai suggéré de le placer sous l'oreiller de Julia. Mais, évidemment, il s'est trompé de lit ! Je m'effondre au sens littéral : je sens mes jambes se dérober et je glisse à côté de Fred. Il me regarde, piqué par un fard, les yeux brillants. Je pose ma tête sur ses genoux et je pleure. Les larmes sont venues si vite, que je m'en étonne à peine. Je ne réfléchis plus, je cherche mes mots mais ils ne viennent pas. Il doit le comprendre car c'est lui qui déclare gentiment :

"Sara, tu peux tout me raconter si c'est ce que tu souhaites."

Je tente de me faire violence pour me retenir mais je n'y parviens pas, c'est comme si les phrases jaillissaient toutes seules de ma bouche. À mon grand soulagement, elles veulent à peu près toutes dire quelque chose.

"Fred j'en peux plus ! J'ai tout fait pour m'éloigner de vous mais j'y arrive pas ! Je voulais essayer de vous jeter au passé, toi et les filles, mais c'est impossible pour moi ! Surtout que... Déjà que j'ai mal au cœur quand Alyssa vient me voir pour mes tâches de conseillère mais avec toi c'est encore pire ! Je... je...

- Sara ? m'interpelle-t-il calmement. Pourquoi t'as honte d'en parler ?

- Oh Fred, dis-je en me redressant, avec cynisme, le monde n'est pas rempli de jolis poissons d'Avril comme tu les aimes tant.

- Donc c'est tabou d'aimer quelqu'un et de lui parler de ses sentiments ?"

Je m'empourpre aussitôt. Non mais qu'est-ce qu'il s'imagine ?!

"J'ai jamais dit que je t'aimais ! Et même si c'était le cas, ce que c'est loin d'être, je ne vois pas à qui je pourrais en parler ! Quentin est mon seul ami et rien que le mot amour lui fait lever les yeux au ciel !

- À moi ? La vie n'est ni rose flashy, ni bleu turquoise, je sais. Mais, moi, je sais juste que je suis amoureux d'une fille qui se torture trop en se battant avec les fantômes du passé. Ce n'est pas en nous rejetant que tu vas refaire vivre Kiara..."

Je blêmis. Après tout, Fred a été mon petit ami, il me connaît bien mieux que Quentin, et mieux que Kiara aussi. Il était presque évident qu'il savait pourquoi je les évitais tous. Pourtant, ça n'en fait pas moins mal que s'il me disait qu'il ne comprenait pas ma réaction. Au contraire, la douleur est plus vive parce que mon confident est juste là mais que je ne peux pas lui avouer... J'ai envie de mettre mes bras autour de son cou et de l'embrasser, comme avant. Je veux sentir ses lèvres contre les miennes, sa main dans mes cheveux... Mais je ne peux pas.

Je me demande alors combien de temps j'ai passé ici. Le temps semble toujours s'arrêter avec Fred, alors je ne sais pas du tout si je suis restée quelques minutes seulement ou des heures ici. Quentin serait parti, de toute façon, si je m'étais éternisée auprès de "mon poisson d'amour" comme il le surnomme. Alors peu importe que ce soit aujourd'hui ou demain, je dois lui dire. Je sais que je suis détestable mais je vais le faire. Pour son bien.

"Écoute Fred je dois te dire quelque chose de sérieux. L'année prochaine, j'aurais quinze ans. Et je ne compte pas revenir à la colonie. Chiron m'a proposé d'aller étudier en Angleterre, tu comprends ? C'est une opportunité que je n'aurai qu'une fois dans ma vie. Je vais y aller. Pour l'instant, même Quentin n'est pas au courant.

- Qu'est-ce qui t'empêche de venir à la colonie pendant les vacances ?

- Et bien... je voulais déménager définitivement là-bas. Pour ne pas avoir à revenir là où j'ai tout perdu."

La suite se passe si vite que je n'ai pas le temps de réfléchir. Tandis que je me relève, faisant mine de partir, il m'attrape le bras et m'attire à lui. Je veux me dégager. Il tire doucement pour me retenir, et approche ses lèvres des miennes. Je suis si gênée que j'hésite à le gifler. Qu'est-ce qu'il fait au juste ?! Je tourne la tête, j'ai envie de crier mais ma gorge est nouée.

"Espèce de sale poisson enlève tes nageoires de là !"

Un oreiller (probablement celui de Julia) vole à travers la pièce pour s'écraser sur la tête de Fred. Surpris, il recule, et me regarde, effaré. Je lui lance un sourire froid avant de me tourner vers Quentin et de quitter ce bungalow. Mon ami tout souriant tente de me contraindre à faire ma valise. Me sentant obligée, je finis par céder, trop épuisée pour répliquer après cette matinée.


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