Cela faisait environ 30 mn que Nick attendait son père devant le portail de l'école. Il était inquiet. Son père n'était jamais en retard. Quelque devait lui être arrivée. Ou peut-être que c'était sa mère qui devait venir le chercher. Elle ne le faisait que quand son père le lui demandait lorsqu'il avait trop de travail. Mais ce matin, il lui avait promis de venir car il voulait l'emmener quelque part.

Cela faisait des jours qu'il le harcelait pour l'emmener à la fête foraine qui venait d'ouvrir. Mais avec son travail d'ouvrier du bâtiment, il rentrait toujours très épuisé et devait parfois l'aider à faire ses devoirs et cuisiner également. Sa mère le faisait que quand elle se sentait de bonne humeur, ce qui était rare.

Assis sur l'un des bancs devant l'école, il vit son oncle, Roger, sortir de sa voiture. Il sut alors qu'il y avait un problème. Cela faisait au moins deux ans qu'il ne l'avait pas vu. S'il était là, c'était qu'il y avait une urgence.

- Bonjour Nicholas, lui dit-il. Son père et son oncle aimaient l'appelaient par son prénom en entier.

- Bonjour tonton Roger. Où est papa ?

Le visage de son oncle devint tout de suit livide. Il devait sûrement chercher ses mots.

- Ecoute mon grand, commença-t-il en s'asseyant à côté de lui, je vais devoir rester avec toi pour quelques jours.

Des larmes commençaient à couler sur le petit visage du garçon de dix ans qu'il était.

- Papa ne va pas bien ? demanda-t-il en pleurant.

- Non. Il a eu un accident. Mais ne t'inquiète pas. Ça ira bien pour lui.

Il aurait aimé le croire à ce moment-là, mais il sentait qu'il y avait plus.

- Est-ce que je peux le voir ?

Son oncle se tourna vers lui et prit son visage entre ses mains avant de lui dire :

- On va d'abord rentrer pour que tu te calme et que tu te reposes. Et on ira le voir demain, ok ?

- Oui, fit-il tristement. Ses larmes commençaient à diminuer.

- Il ne faut pas que ton père te voie comme ça. Sinon il sera triste. Tu ne veux pas qu'il le soit, n'est-ce pas ?

Le garçon fit non de la tête.

- Ne t'inquiète pas, ta mère est avec lui à l'hôpital.

Puis son oncle le prit par la main et ils montèrent dans sa voiture. Ils arrivèrent chez lui 15 mn plus tard. Il alla prendre une douche et se changer pendant que son oncle lui fit à manger. Ce dernier essayait tant bien que mal de lui faire penser à autre chose mais c'était difficile. Ils n'avaient pas eu plus de nouvelles.

Trois heures plus tard, sa mère passa la porte d'entrée. Il se précipita vers elle.

- Maman, comment va papa ? ça va, dit-elle avec désinvolture. Il doit rester à l'hôpital quelques.

Puis elle passa devant lui, sans lui demandait comment il allait après cette nouvelle.

Son oncle tira sa mère vers la cuisine en le laissant au salon. Il ne voulait pas qu'il entende ce qu'ils avaient à se dire, mais il les écouta chuchoter.

- Alors, comment va-t-il ? demanda Roger.

- Il va bien. Il est en soin intensif. Le docteur appellera quand on pourra lui rendre visite.

Puis elle se retourna pour sortir de la cuisine mais son oncle la retint par le bras, l'obligeant se tourner vers lui.

- Tu n'as même pas demandé à ton fils comment il va ? Tu ne l'as même pas embrassé.

- C'est un grand garçon. Il va s'en remettre.

Puis elle tourna les talons et monta dans sa chambre. Elle ne le remarqua pas.

Son oncle sortit par la suite. Il le vit, le regard perdu.

- Ça va mon grand ? demanda-t-il en se mettant à sa hauteur.

- Oui. Je vais aller dormir.

Il ne laissa pas le temps à son oncle de dire quoi que ce soit. Il monta dans sa chambre. Il se jeta sur son lit et se mit à pleurer comme jamais. Il ne pensait pas que sa mère pouvait être si froide même dans un tel moment. Il avait toujours pensé que son manque de démonstration sentimental était dans sa nature. Et il s'y était déjà habituer, surtout que son père était toujours là pour lui. Mais là, il aurait aimé avoir au moins un mot de réconfort envers sa mère. Mais rien.

La semaine suivante passa lentement. Son père était toujours en soins intensifs. Il n'avait pas pu le voir. Seul son oncle se rendait à l'hôpital pour avoir des nouvelles et discuter avec les médecins. Sa mère, elle, disait qu'elle avait trop de chose à faire. Que cela ne servirait à rien qu'elle y aille puisse qu'il était inconscient. Cependant, elle passait de moins en moins de temps à la maison. Elle avait même dormi dehors une nuit. Mais Nick ne s'en préoccupait plus que ça. Il voulait juste voir son père.

Le samedi suivant, il se réveilla de bonne humeur, comme s'il pressentait que la journée serait meilleure. Il fit son petit déjeuner avec des céréales et des tartines comme son oncle lui expliqua dans le mot qu'il avait laissé.

Il venait de finir de tout débarrasser quand la porte s'ouvrit. Son oncle entra d'abord, puis son père, sur un lit. Des secouristes poussaient le lit. Il ne comprenait pas ce qu'il se passait. Pourquoi son père ne marchait-il pas lui-même ?

- On le dépose où ? demanda l'un d'eux.

- Dans sa chambre, en haut, répondit Roger. Suivez-moi.

Ils montèrent dans la chambre de ses parents. Quelques minutes plus tard, son oncle raccompagna les secouristes à la porte.

- Merci messieurs, dit-il avant de refermer la porte.

En retournant au salon, il vit l'inquiétude sur le visage de son neveu.

- Ne t'inquiète pas. Ton père va mieux c'est pourquoi le médecin à accepter qu'il rentre à la maison.

Il n'arrêtait pas de lui dire de ne pas s'inquiéter mais il ne pouvait s'en empêcher. Il ne comprenait pas ce qu'il se passait.

Voyant qu'il ne disait rien, son oncle lui demanda s'il voulait aller voir son père. Il accepta.

- Hé mon grand, dit Paul à son fils. Approche-toi.

Il s'avança vers lui. Il voyait qu'il y avait un problème. Il ne bougeait pas, même pas la tête.

- Bonjour papa, dit Nick en essayant de ne pas lui faire mal quand il toucha sa main.

- Bonjour mon grand.

Puis, ils parlèrent de tout et de rien. Nick essaya de ne pas parler de l'accident. Il pensait que cela ferait du bien à son père de penser à autre chose. Roger les laissa rattraper le temps.

Nick redescendit quand son père s'endormit. Arrivé au salon, il surprit son oncle au téléphone.

- Oui chérie, je dois encore rester. Mon neveu et mon frère ont besoin de moi... Bien sûr que si... mais comprends-moi.

Puis Roger se tourna vers lui.

- Est-ce qu'on peut en reparler après ? Je dois y aller.

Et il raccrocha.

- Ça va tonton ?

- Oui, ne t'inquiète pas. C'est ta tante qui veut je rentre.

- Tu dois lui manquer.

- Oui, peut-être. Mais pour l'instant ton père et toi avez plus besoin de moi.

Et son oncle ne changea pas d'avis les semaines suivantes malgré les crises que faisait sa femme au téléphone. Il se souvint que sa tante avait toujours été gentille avec lui. Il pensait même qu'elle aurait compris la situation mieux que sa mère qui n'avait pas arrêté ses escapades nocturnes. Bien au contraire. Et cela affectait son père. Le matin, quand il allait le voir avant de se rendre à l'école, il remarquait sa tristesse qu'il tentait de cacher devant lui.

Ce matin-là, des pleures le sortirent de son sommeil. Il suivit les bruits qui provenaient de la chambre de ses parents. La porte était entrouverte.

- Tu ne comprends pas Roger, elle est partie, disait son père toujours allongé sur le lit depuis son retour de l'hôpital.

Quand il avait demandé pourquoi il ne se levait pas, on lui avait juste dit que l'accident l'avait trop fatigué et qu'il devait beaucoup se reposer.

Il entendit son père pleurer encore.

- Que va-t-on devenir ? Mon Nicholas est encore trop jeune. Il sera anéanti quand il va l'apprendre.

Il eut un moment de silence où aucun des deux ne parla. Puis Paul reprit :

- Et toi tu as ta vie. Marlène n'arrête pas de t'appeler. Tu dois retourner prendre soin de ta femme et de ton entreprise.

- Ça c'est mon problème. Je ne vais pas vous abandonner.

Tout ce que Nick avait retenu de cette histoire, c'était que sa mère les avait abandonnés. Elle ne lui avait même pas dit au revoir.