LE DERNIER ACTE
Ce fut le retour à Whitehaven Mansions...et à la routine... Hercule Poirot compulsa et tria son courrier avec entrain, il se chargea de quelques clients en attente et reprit enfin une vie normale, pour lui. La tisane devait être servie à onze heures précises et les repas étaient à nouveau réguliers. Il dormait de vraies nuits. Il reprenait du poids et de la vigueur.
Le capitaine et la secrétaire surent que Poirot était définitivement sauvé lorsque ce dernier leur cuisina un coq au vin délicieux. Mais du mariage ? Aucune nouvelle ! Poirot n'en parlait jamais.
Une semaine passa dans cette atmosphère tranquille et travailleuse. Aucun appel ne vint en provenance de Whytefool, par contre un appel de Scotland Yard brisa cette sérénité. Mme Caroline Jackson, profitant d'un moment d'inattention de la part de ses gardiens, avait réussi à se pendre dans sa cellule. Suicide avant le procès. Le détective accourut dans les locaux de la police mais ne put que constater les faits. La malheureuse n'avait pas obéi au petit Belge.
Poirot en fut consterné et rentra bien sombrement à son appartement.
Ce fait alerta Miss Lemon, elle craignit une rechute et décida de prendre les devants. Même si elle n'aima pas empiéter ainsi sur la vie privée de son patron. Elle contacta Mlle Carrow et organisa un complot avec elle...qui eut lieu le lendemain...
Alors que le détective étudiait le courrier, comme à son habitude, la sonnette d'entrée retentit. Miss Lemon annonça ensuite une cliente avec un large sourire aux lèvres.
Poirot se leva et se prépara à accueillir la dame avec politesse et Mlle Carrow apparut dans son salon, un peu gênée d'être ici de cette façon si cavalière. Poirot resta un instant interdit puis se précipita sur la jeune femme pour lui saisir les mains et les embrasser galamment.
« Vous, ma chérie ? Comment cela se fait-il ? »
Mlle Carrow rougit joliment en entendant cette appellation. Elle était sa chérie.
« Une semaine que j'attends ton appel, mon cher Hercule. »
C'était dit avec un léger reproche dans la voix que Poirot étouffa d'un tendre baiser.
« Pardonne-moi, ma chérie, j'ai du mettre mes affaires en ordre.
- Déjà ? Je dois te pardonner déjà ?, sourit la jeune femme, après avoir enfin salué le capitaine Hastings. Alors même que nous ne sommes pas encore mariés ?
- Tu auras certainement d'autres choses à me pardonner. »
Ils se sourirent. Le capitaine se sentit de trop et se leva pour partir en bredouillant une excuse. Mais un signe discret de Poirot le fit se rasseoir sur le divan avec surprise. Voulait-il un chaperon ? Miss Lemon vint prévenir le détective que tous ses rendez-vous de la journée étaient annulés. En fait, Miss Lemon n'en avait pris aucun pour ce jour, afin de ménager du temps pour les fiancés.
Poirot était donc libre de passer quelques heures en la compagnie de la jeune femme. Il se tourna vers Mlle Carrow et lui demanda si cela lui ferait plaisir de se promener en sa compagnie dans Londres. La femme frappa dans ses mains, comme une gamine, heureuse de cette idée.
« Êtes-vous déjà venue à Londres, ma chérie ?
- Oui, mais je ne connais pas le Londres d'Hercule Poirot. Montre-le moi ! »
Poirot accepta et Mlle Carrow disparut un instant pour se préparer à la promenade. Le petit Belge s'approcha du capitaine Hastings qui l'attendait avec un sourire joyeux...mais le capitaine déchanta lorsqu'il entendit ce que le détective avait à lui dire :
« Hastings ! J'ai une mission de la plus haute importance à vous confier. Soyez présent cette nuit dans ma chambre avec l'inspecteur Japp. Disons pour onze heures ! »
Le capitaine ouvrit la bouche pour protester contre cette idée saugrenue et franchement déplacée. Mais Poirot insista avec force et, comme à son habitude, Hastings en tira les mauvaises conclusions.
« Vous vous inquiétez pour Mlle Carrow ?
- C'est tout à fait cela mon cher ami.
- Je préviens Japp et nous serons là ce soir. Comptez sur nous Poirot !
- J'ai une autre demande à vous faire, plus délicate. »
Là, Poirot se tut et chercha un instant ses mots avant de lancer :
« Vous laisserez la porte de la chambre ouverte et vous serez à l'écoute. Quoique vous entendiez, quoiqu'il se passe ce soir dans mon appartement, vous n'interviendrez pas avant que je ne vous appelle. C'est primordial ! Même si...ce que vous entendez vous choque ou vous gêne. Je vous en prie ! »
Il fallut une seconde à Hastings pour en faire la promesse. Poirot fut soulagé et retrouva un sourire radieux lorsque Mlle Carrow réapparut, joliment apprêtée.
Et les fiancés quittèrent Whitehaven Mansions...tandis que le capitaine Hastings se posait mille questions et commençait à s'inquiéter pour l'heureux couple. Il fila aussitôt à Scotland Yard, prévoyant déjà une discussion pénible et houleuse avec Japp.
Hercule Poirot arrêta d'abord un taxi pour y faire monter la jeune femme. Elle le regardait, curieuse, confiante, si belle. Il s'assit à ses côtés sur la banquette arrière de la voiture.
« Où m'emmènes-tu ?
- Tu veux voir le Londres d'Hercule Poirot. C'est très simple. J'aime l'art moderne et visiter les galeries. Cela te plairait ? »
Pour toute réponse, Mlle Carrow se rapprocha du détective et posa délicatement sa tête contre son épaule.
« Alors je t'emmène, murmura Poirot. »
Il baissa les yeux sur elle et captura sa bouche. Une fois encore, l'homme prenait le pas sur le détective. Et le baiser devint vite intense et ardent.
Ils durent se reprendre une fois arrivés à la Tate Gallery. Poirot joua les guides pour sa petite fiancée, lui expliquant les méthodes des artistes, les thèmes, les recherches de l'art moderne. Poirot était passionnant, passionné. Alice Carrow buvait ses paroles, accrochée à son bras.
Pour le déjeuner, Poirot l'entraîna dans un restaurant français qu'il appréciait beaucoup, content de lui faire découvrir la cuisine continentale qu'il aimait tant. Ils parlèrent de tout, de rien, de leur vie future, des projets... Poirot devait-il poursuivre son métier de détective ? Alice devait-elle emménager à Londres ? Beaucoup d'incertitudes. Ce fut à ce moment-là que la jeune femme évoqua sa volonté d'avoir des enfants, rapidement.
C'était un des drames de la vie d'Hercule Poirot, de ne pas avoir d'enfants à qui transmettre son nom, ses biens, ses connaissances. Ce fut la plus terrible des tentations pour le détective. Il ne lui suffisait que d'un message envoyé à Hastings via Miss Lemon, voire Japp, pour tout arrêter. Mais le petit Belge réussit à se ressaisir assez pour finir le repas et décider, avec Mlle Alice Carrow de la date du mariage.
Après le déjeuner, Poirot surprit Mlle Carrow en la menant au théâtre de Shakespeare, le Globe. Comme elle contempla le détective toujours aussi étonnée, Poirot lui raconta sa vie de réfugié belge et son apprentissage tardif de la langue durant la Guerre. Le théâtre avait été un excellent moyen d'apprendre vite et d'apprendre bien.
Ils assistèrent à une pièce pendant laquelle ils retirèrent leurs gants pour avoir le plaisir de se tenir la main, de sentir la peau de l'autre... Se découvrir.
Après le dîner pris dans un autre restaurant, la soirée se termina par un concert de musique contemporaine dans une petite salle modeste, où Poirot avait une loge. Mais les fiancés arrivaient difficilement à se concentrer, le baiser brûlant dans le taxi, les caresses faites discrètement sur des bras, des épaules, leurs doigts s'entremêlant...tout cela avait mis leurs corps en éveil, dans l'attente d'autre chose.
Il était presqu'onze heures lorsqu'ils sortirent de la salle de concert. Poirot, galamment, proposa à Mlle Carrow de la ramener à son hôtel. Mais la jeune femme ne voulait pas laisser partir Poirot. Pas après cette journée, ces caresses, ces sourires... Elle voulait plus... Elle murmura à l'oreille du détective de la ramener à son appartement. Pour un dernier verre.
Il y eut un instant d'incertitude, durant lequel l'homme et le détective s'affrontèrent à nouveau et Poirot accepta.
La nuit était complète dans l'appartement du détective. Le silence total les poussa à se parler doucement, chuchoter à l'oreille de l'autre. se rapprocher le plus possible l'un de l'autre. Poirot se dépêcha d'allumer pour ne pas perdre la tête à cause de la proximité de la jeune femme. A cause de son parfum qu'il commençait à trop bien connaître.
Mais celle-ci se rapprocha encore plus de lui et l'embrassa, cherchant de nouveau la sensation de chaleur, le désir si fort que les baisers du détective lui procuraient. Et puis, soudain, Poirot ne lutta plus. Il répondit franchement au baiser. Il était chez lui, libre d'embrasser sa fiancée. Cette dernière se mit à rire devant la fougue toute nouvelle du petit Belge. Il la serra dans ses bras et accentua le baiser, les caresses, les rendant plus précises, plus sensuelles, arrachant enfin des gémissements à la jeune femme. Puis elle murmura dans un instant de répit, d'une voix pleine de désir :
« Fais-moi l'amour. »
Cela réveilla Poirot qui était parti si loin à la dérive, le glaçant à l'instant. Il brisa l'étreinte et se recula jusqu'à son bureau. Il fallait, enfin, finir le dernier acte.
« Et tu serais prête à faire l'amour avec moi ? Tu irais jusque là ? »
La jeune femme ne comprenait pas, son sourire devenait incertain.
« Que veux-tu dire Hercule ? Que se passe-t-il ?
- Que tu sois obligée de m'épouser pour conserver ton alibi, je peux le concevoir. De nombreux mariages sont arrangés et la nuit de noce n'est pas une partie de plaisir. Mais que tu viennes t'offrir à moi avant le mariage, voilà qui dépasse l'entendement !
- Mais je t'aime Hercule ! Et j'ai envie de toi ! Comme je sais que tu as envie de moi !
- Le corps a ses besoins mécaniques. Il est difficile d'exercer un contrôle total sur ses réactions, même Hercule Poirot.
- Tu ne veux pas de moi ? »
Poirot se tourna vers elle, un sourire attristé aux lèvres. Tout un monde lui apparaissait, hors d'atteinte, dans les yeux de la jeune femme. L'aimait-elle réellement ?
« Si, je te désire plus que tout, admit le détective. Tu as raison sur ce point. Mais tu sais si bien jouer de moi que je ne vois plus le jeu d'actrice.
- Actrice ? Tu crois que je ne t'aime pas Hercule ? »
La jeune femme était horrifiée. Elle ne comprenait pas ce qui se passait. Poirot, lentement, sortit un revolver de sa poche et le déposa sur son bureau. Mlle Carrow devint livide, toute trace de désir avait disparu, ses yeux verts devenaient durs et froids.
« Je l'ai trouvé dans ton sac à main au restaurant ce midi.
- Vous ne comprenez pas M. Poirot. Il y a une raison derrière tout cela a.
- Vous aviez tellement besoin d'argent ? C'est pour cela que vous avez voulu la mort de votre tante. Il y a trois mois, la petite Émilie Jackson est tombée gravement malade. Sa mère était désespérée, elle a du se confier à vous pour soulager son cœur et recevoir les conseils avisés d'une infirmière qualifiée. Mais ce fut sa plus grande erreur, non ? »
La voix du détective était redevenue normale, enfin ! Il avait repris un total contrôle sur lui. Il ressentit cela comme une petite victoire.
« Ensuite, vous avez imaginé un plan. Vous êtes d'une intelligence remarquable, mademoiselle. Vous avez presque réussi à duper Hercule Poirot ! »
C'était dit sans joie, sans le petit accent de triomphe habituel.
« Vous avez envoyé des lettres de menaces contre votre tante. Vous avez acheté le poison, ostensiblement. Vous l'avez mis dans la confiture de rose et le tour était joué. »
Poirot se rapprocha de la fenêtre, s'éloignant de son bureau. Il enrageait de sentir monter une sourde tristesse en lui. Il était si faible comparé à cette femme implacable.
« Vous avez été parfaite ! Beaucoup aurait été paniqué en apprenant l'arrivée d'Hercule Poirot mais pas vous ! Non, vous avez continué à jouer les jeunes femmes agréables et les infirmières dévouées...même avec moi...même si vous avez du hésiter à me sauver la vie. Cela aurait été plus simple pour vous de me voir disparaître.
- Je n'ai pas hésité un seul instant, répondit froidement Mlle Carrow.
- Vous aviez besoin de moi, c'est vrai. J'étais votre allié, votre complice. Vous m'avez manipulé comme jamais, mademoiselle. Vous avez été un très grand adversaire. Et maintenant... »
La jeune femme se jeta sur le bureau et s'empara du revolver qu'elle pointa sur le détective, les yeux devenus fous.
« Vous êtes stupide, M. Poirot ! Malgré vos petites cellules grises. Je vous aime ! Je suis tombée amoureuse de vous dés que je vous ai vu.
- Un coup de foudre ?, sourit ironiquement Poirot, indifférent au danger que l'arme pointée sur lui représentait.
- J'ai tué ma tante parce qu'il me fallait de l'argent pour...
- Pour élever décemment votre fils George. De quelle maladie souffre-t-il exactement ? Vos anciens collègues de l'hôpital n'en étaient pas sûrs.
- Son cœur est trop faible et n'irrigue pas suffisamment le cerveau. Mais comment... ? »
La voix de la jeune femme avait faibli. Son bras tremblait en maintenant en joue le détective. Poirot ressentit cruellement l'envie, le besoin !, de la serrer dans ses bras pour la consoler, la rassurer. L'envie de l'aimer. Mais il se secoua et reprit sèchement :
« Et Caroline Jackson ?
- Elle m'a avoué son histoire il y a trois mois. J'ai su que je tenais le coupable idéal. Même pour vous. Je me suis rapprochée d'elle, je m'en suis faite une amie. J'ai même rencontré sa fille et je l'ai soignée avec tout le sérieux possible.
- Ce fut charitable, mademoiselle, mais ce ne fut pas une bonne idée. La petite Émilie a parlé de vous à ma secrétaire. Comment était-ce possible vu que vous deviez ignorer la vérité sur sa mère ?
- Je devais jouer le rôle de l'amie dévouée. Et je suis une bonne infirmière.
- Rassurez-vous ! Vous l'avez joué si parfaitement que Mme Jackson, jusqu'au bout, a refusé de vous compromettre.
- C'était ainsi que c'était prévu. Il y a trois mois, j'ai vu une opportunité et j'ai tout planifié. J'ai prévu de tuer ma tante et avec la complicité de la domestique. Caroline savait ce que je prévoyais. Elle a lutté mais elle a compris son intérêt. Puis elle avait sa fille sur la conscience.
- Mais pourquoi être passée à l'acte ? Votre enfant souffre de cette maladie depuis des années, il est bien suivi à l'hôpital, vous ne manquez de rien, vous pouviez continuer ainsi pendant des années ! Votre fils n'est pas victime d'une maladie mortelle ! Pourquoi ?
- Parce que je voulais vous revoir !
- Vous êtes complètement folle !, s'écria Poirot, choqué.
- Ne me traitez pas de folle ! Je ne suis pas folle ! »
Elle devenait hystérique et se rapprocha de Poirot en pointant toujours son revolver.
« Je vous aime, M. Hercule Poirot. Vous êtes tellement aveugle qu'il a fallu la mort de ma tante pour que vous vous en rendiez compte.
- Je pensais que vous ne faisiez que votre travail d'infirmière. C'est pour cela que je...
- Que vous avez voulu vous suicider !, poursuivit-elle avec hargne. Homme stupide ! J'ai cru devenir folle d'inquiétude quand je vous ai vu inconscient sur votre lit. J'aurai donné ma vie pour vous ! Et je vais vous l'enlever ! »
Et elle tira...une balle à blanc... Attirés par la détonation, Japp et Hastings sortirent en trombe de la chambre du détective. Ils virent Hercule Poirot, debout devant la fenêtre, paisiblement en train de refaire sa cravate de soie. Face à lui, blême, sonnée par ce qui venait de se passer, Mlle Alice Carrow, le revolver à la main. Ils restèrent interdits puis Japp se reprit et arrêta la jeune femme.
« J'ai échangé les balles, mademoiselle, dit simplement Poirot. »
Elle se laissa faire mais gardait les yeux fixés sur Poirot. Avant de partir, elle lança doucement au détective qui se rapprochait d'elle, cherchant instinctivement à capturer ses mains.
« Je t'aurai rendu heureux. Je t'aime Hercule.
- Je t'aime aussi ma petite chérie, mon Alice.
- J'ai tellement peur, Hercule. Cela fait-il si mal ? »
Poirot écouta une dernière fois l'homme caché en lui, quelque part derrière la froide machine à penser. Il se pencha vers la jeune femme, l'embrassa doucement et lui parla à l'oreille. Leurs mains se serrèrent une dernière fois puis se lâchèrent. A jamais.
L'inspecteur Japp l'embarqua et ce fut avec un pâle sourire que Mlle Carrow disparut de la vie d'Hercule Poirot.
Bientôt, il n'y eut plus que le petit Belge et le capitaine Hastings. Ce dernier était encore sous le choc.
« Comment avez-vous su ?
- Pas aussi tôt que je ne l'aurai voulu. Sinon, j'aurai mieux protégé Lady Bentley et Mme Jackson. J'ai été aveugle, mon pauvre Hastings. Aveugle ! »
Poirot saisit le revolver que la jeune femme avait laissé tomber et le reposa délicatement sur le bureau.
« Comment vous sentez-vous, mon ami ? »
Poirot eut un petit sourire amusé.
« Encore cette même question, Hastings ? Je suis vivant, n'est-ce-pas ce qui compte ?
- Oui, mais...
- C'est ce qui compte, coupa sèchement le détective. La discussion est définitivement close. »
Le capitaine Hastings voulut rétorquer mais le téléphone sonna à ce moment-là. Poirot tourna ostensiblement le dos au bureau et plongea son regard dans la nuit visible de la fenêtre. Les voitures roulant dans les rues, les lampadaires éclairant les façades, peu de passants... Il était si tard... Hastings répondit à sa place, il eut une exclamation de surprise et raccrocha, le visage livide.
Il se tourna vers Poirot, ne sachant quoi dire et Poirot parla pour lui, d'une voix lasse, immensément lasse.
« Elle est morte, n'est-ce-pas ? Dans la voiture de police. Derrière ce bon vieux Japp. Cyanure. J'espère qu'elle n'a pas trop souffert...
- Comment le savez-vous ? Où a-t-elle trouvé le poison ?
- J'espère qu'elle n'a pas trop souffert, répéta Poirot en se tenant le front, laissant ses yeux se fermer.
- Poirot, qu'avez-vous ?
- Il faudra rappeler à Japp de se charger du fils de Mlle Carrow. Il est chez une de ses cousines, à Richmond. Un garçon de cinq ans appelé Nathanaël. Lui faire une rente avec l'argent de Lady Bentley. Il faudra y penser, n'est-ce-pas Hastings ?
- Dites-moi Poirot ce qu'il y a ! »
Hastings se précipita sur son ami qui vacillait. Il semblait aller mal mais le détective l'arrêta dans son élan, l'empêchant de se rapprocher trop près.
« Rien, cher ami. Je suis fatigué et il est tard. Bonne nuit Hastings.
- Quoi ? Mais...
- Bonne nuit ! »
Poirot salua le capitaine d'un vague geste de la main. Hastings se décida à partir la mort dans l'âme. Il quitta l'immeuble avec une sourde appréhension au cœur. Lorsqu'il fut au pied du bâtiment, il leva la tête mais tous les appartements étaient plongés dans la pénombre.
Et ce fut cette nuit que Hercule Poirot disparut !
Le lendemain, Hastings arriva à l'appartement du détective et découvrit que ce dernier était parti. Il avait pris quelques-unes de ses affaires et une valise. Le reste était laissé en plan.
Comme il s'inquiétait pour Poirot, Hastings demanda à l'inspecteur Japp de chercher le détective, suite à la mort d'Alice Carrow, il y avait lieu de s'affoler.
Un avis de recherche fut lancé, des petites annonces furent publiées, en pure perte. Poirot n'était pas un imbécile.
Un mois plus tard, l'agence était fermée, le dossier Hercule Poirot clos et Hastings ne dormait plus...lorsqu'une lettre arriva de France. Elle était d'Hercule Poirot.
Mon très cher Hastings,
Je vais bien. Je suis désolé de vous avoir joué ce mauvais tour mais j'ai eu tout cela en horreur. Il fallait que je parte. Mon loyer, le salaire de Miss Lemon...tout sera versé comme auparavant. Un jour, je reviendrai lorsqu'il sera temps. Ne vous inquiétez pas pour moi.
Cordialement,
Vôtre,
Hercule Poirot
Ce fut la fin de cette affaire. Il fallut un an à Poirot pour surmonter sa peine et revenir parmi les vivants. Il le passa en Égypte, en Mésopotamie..., en Orient, dans les sables du désert... Un an à revenir même s'il ne fut plus jamais le même...
FIN
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