Les mercredis après-midi ne sont habituellement pas de tout repos dans la boutique de location de DVD des parents de Peter. Mais aujourd'hui, il n'y a personne. Cela doit sûrement venir du fait qu'il vient de commencer à pleuvoir. Il pleut des cordes alors les gens restent chez eux pour regarder les films qu'ils ont loués la semaine précédente. Du moins, c'est ce que suppose Peter. Le jeune homme de seize ans aime supposer les activités des gens quand il s'ennuie. Et en ce moment, il s'ennuie. Normalement, il ne devrait même pas être ici, en train de travailler à la place de ses parents ! Il devrait être tranquillement dans son lit avec son ordinateur portable sur les genoux, en train de surfer que Facebook ou Twitter ! Mais non. Ses parents ont choisis son temps de tranquillité pour aller faire les courses du mois et résultat : il tient la boutique jusqu'à au moins 18h, donc jusqu'à la fermeture ... Il avait finalement réussi à positiver en arrivant derrière le comptoir. Il s'était dit qu'il serait occupé avec les clients et que le temps passerait vite. Mais non ... Il n'y a aucun clients ... Peter a bien demandé à ses parents si il pouvait fermer plus tôt mais ils ont catégoriquement refusé. Ce qui a profondément agacé Peter.

Cela fait maintenant deux heures qu'il s'ennuie à mourir. Et il en a assez de s'ennuyer. Il saisit vivement son téléphone et il compose le numéro de sa petite amie, Deb Donovan. Après quelques sonneries, elle finit par répondre.

- Tu es vraiment casse pied Peter !, s'exclame Deb en grognant. J'étais arrivé au moment où David allait rattraper Jade à l'aéroport et t'as gâché ce moment magnifique et romantique !

Peter rit.

- Tu regardes encore Endless Love ? Deby, il va falloir me le rendre ce DVD, tu le sais ?

Deb soupire et Peter devine qu'elle a levé les yeux au ciel.

- Je sais, mais l'avantage d'être la chérie du gérant de la boutique c'est que je peux rendre le DVD en retard, répond Deb d'une voix mielleuse.

- Je suis pas le gérant Deb, déclare Peter en riant.

- Tu es le fils des gérants, c'est pareil !

- Ce n'est absolument pas pareil !

Les tourtereaux se mettent à rire mais ils furent interrompu par la porte de la boutique s'ouvrant brusquement. Peter se calme rapidement en jetant un œil vers l'entrée.

- Ah, Deb attend deux petites minutes, j'ai un client.

- Oh génial, je vais enfin pouvoir entendre comment tu rends service à un client que tu n'embrasse pas toutes les deux secondes !, s'exclame Deb.

Peter rit en posant son téléphone sur le comptoir qu'il détourne par la suite pour s'approcher de l'homme qui vient d'entrer.

- Bonjour monsieur, je peux vous aider ?, demande poliment Peter.

L'homme retire la capuche qu'il avait sur la tête et le jeune homme reconnaît tout de suite monsieur Edwards, le voisin de Deb.

- Ah, monsieur Edwards !, s'exclame Peter en lui tendant la main. Désolé, je ne vous avais pas reconnu ! Comment allez-vous ?

Monsieur Edwards sourit faiblement en prenant la main de Peter.

- Je vais très bien hum ... Peter c'est ça ?

Peter hoche la tête en souriant. Peter croise souvent monsieur Edwards quand il va chez Deb. Et puis, il faut avouer que sa bien aimée adore radoter sur lui et sur sa compagne, mademoiselle Dolman. Peter sait que Deb n'aime pas trop monsieur Edwards mais il reste tout de même poli avec lui. De toute manière, il n'a pas le choix dans le cas présent.

- Alors, est-ce que je peux vous aider à trouver quelque chose ?, demande Peter toujours aussi chaleureusement.

- Euh oui, je ... Je cherche un DVD ...

- Ça tombe bien, on ne vend que ça ici !, plaisante Peter.

Monsieur Edwards ne relève pas du tout et c'est à ce moment que Peter comprend qu'il n'a pas trop envie de rire et qu'il n'est pas dans son bon jour. Deb lui a parlé de ses incessantes disputes avec sa compagne; Peter suppose donc que c'est pour cela qu'il n'est pas très en forme.

- Que recherchez-vous monsieur Edwards ?

L'homme se gratte la nuque.

- Eh bien, je recherche le film Valentine's Day. Je sais que vous le louez ici alors je voulais ... Le louer.

Peter affiche une mine désolée.

- Je suis désolé monsieur Edwards mais je l'ai loué hier après-midi. Il ne sera pas dans les rayons avant deux semaines. Je peux vous proposer un autre film dans ce genre ?

- Non, écoute, j'ai absolument besoin de ce film, déclare monsieur Edwards qui a l'air désespéré.

- Je suis désolé mais je l'ai déjà loué et il n'y en avait qu'un. Mais il y a pas mal de films similaires à Valentine's Day, on peut aller regarder dans les rayons si vous en trouvez un qui vous plai...

- Non, il me faut ce film là !, crie monsieur Edwards. C'est ce film qu'il me faut et je le veux maintenant ! J'en ai absolument besoin bon sang ! Elle ne voudra regarder aucun autre film que celui-ci, je le sais ! C'est son film préféré et je sais qu'elle a besoin de le voir maintenant ! Il me faut ce foutu film comme ça elle me pardonnera et tout redeviendra comme avant !

Peter est bouche bée. Il se doute bien qu'il parle de mademoiselle Dolman. Mais ce n'est pas ça qui le choque. C'est toute cette tristesse qu'il voit dans les yeux de l'homme face à lui. Il n'avait jamais vu autant de tristesse en un seul homme. Il ne savait même pas que c'était possible d'être aussi triste. Peter n'a jamais été un grand sentimental mais ce qu'il voit quand il regarde monsieur Edwards lui fend le cœur.

Il secoue la tête pour reprendre ses esprits.

- Attendez moi là monsieur Edwards, lance Peter en reculant doucement.

Sans attendre la réponse de l'homme, il se retourne et il se dirige vers l'arrière du magasin. Là-bas, se trouve une porte menant à l'appartement des gérants de la boutique, donc, l'appartement de Peter et de ses parents. Il se rue dans la maison et il fonce dans sa chambre. Il ouvre brusquement la porte et il se place face à son étagère de CD. Peter a pris l'habitude de graver certains DVD pour pouvoir les regarder avec Deb, vu que ses parents ne veulent pas qu'il prenne les DVD de la boutique. Il se trouve que Deb adore Valentine's Day, donc, Peter l'a gravé. Il prend la pochette où il a rangé les CD et il la vide sur son lit pour facilité ses recherches ( NDA : CD en média 💽📀💿 ).

C'est après deux longues minutes de recherche qu'il voit enfin le CD sur lequel est écrit en gros au marqueur noir " VALENTINE'S DAY ". Il prend la pochette et il sort en courant de l'appartement.

Quand il revient dans la boutique, il est soulagé d'y trouver monsieur Edwards, faisant les cents pas. Il s'approche lentement de lui et l'homme, quand il l'aperçoit, arrête ses pas.

- Tenez, dit Peter en lui tendant le CD.

Monsieur Edwards regarde quelques instants le CD, puis Peter, avant de reposer ses yeux sur le CD.

- Il marche hein, assure Peter. Ma copine et moi nous le regardons chaque année à la saint Valentin depuis qu'il est sorti au ciné. Il n'a jamais déconné. Bon, par contre, je vous conseille de le regarder sur un PC. Je ne sais pas si votre lecteur DVD le lira.

Monsieur Edwards repose ses yeux sur Peter et il lui prend timidement le CD des mains.

- C... Combien je te dois ?, demande monsieur Edwards après quelques instants à admirer le CD.

Peter sourit.

- Ce CD fait parti de mes CD personnels. Il ne fait pas parti de la boutique. Je vous le donne.

Monsieur Edwards écarquille les yeux.

- Oh non, Peter, je ... Je vais te payer, dit-il en fouillant ses poches.

- Monsieur Edward, l'appelle Peter en posant son bras sur le sien pour l'arrêter. Je vous le donne, gratuitement. Ça me fait vraiment plaisir, et ça fera plaisir à mademoiselle Dolman.

Monsieur Edwards sourit à Peter. Un véritable sourire qui ravit le jeune homme.

- Merci beaucoup Peter, merci, vraiment.

Il lui sourit une dernière fois avant de sortir de la boutique. Peter est réellement satisfait de son geste. Il est heureux d'avoir pu aider monsieur Edwards. Il retourne derrière le comptoir et il repose son téléphone sur son oreille.

- Deb ?

- Oh Peter !, s'exclame Deb. Ça va ? J'ai entendu quelqu'un élever la voix. Est-ce que tout va bien ?

Peter sourit.

- Ce n'est rien Deby, ne t'en fait pas.

- Tu es sûr ?

- Sûr.

Deb soupire de soulagement.

- Deb ?

- Hum ?

- Je t'aime, tu le sais pas vrai ?

Deb laisse planer un silence de quelques secondes.

- Évidement que je le sais Peter. Pourquoi tu me dis ça ?!

Peter soupire en passant une main dans ses cheveux.

- Parce que, je viens de comprendre ce qui se passera si jamais je ne te dis pas assez " je t'aime ". Et pour rien au monde je voudrais que ça arrive.