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A/N : Bonsoir, je reviens un an après. Joyeuses fêtes.
❝ Viens visiter
Chez nous pas de gros meubles, pas de grosses télés
On prend les cafards dans l'mouchoir❞
Tout était identique à sa première fois.
Rien n'était fantasmé, la porte du bâtiment des tarterêts était bel et bien à quelques centimètres de lui. Junmyeon, sentant ses mains moites trembler nerveusement, se saisit de l'occasion pour transformer son anxiété en courage. A peine eut-il l'audace de toquer à la porte des Andrieu, que son fameux courage détala aussitôt pour ainsi laisser place au regret, qui sans se faire prier, se mit à l'aise dans le corps du saint.
La bible et ses prospectus coincés entre les jambes, Junmyeon joignit les deux mains dans une dernière prière adressée à Dieu.
Faites que personne ne vienne ouvrir, faites que cette personne ne soit pas là. Faites-moi échouer cette mission dans l'espoir d'accomplir une plus grande,je vous en pr--
- Je me disais bien que t'allais revenir. Toute l'attention du jeunet fut immédiatement interpellée par la nonchalante voix de Nabil.
Identique à la première fois, l'homme se tenait là devant la porte grande ouverte, ne portant qu'un short et une cigarette dans la bouche, les yeux éteints et les cheveux retenus en arrière dans un élégant chignon.
- Je...je suis d-désolé, enfin non je ne le suis pas, je suis pl-plutôt venu te voir enfin je veux dire vous voi--Bégaya le jeune homme sans même se rendre compte des absurdités que sa bouche pouvait, non sans mal, proférer.
Recrachant le nuage grisâtre de ses poumons, Nabil l'invita à rentrer d'un geste de la main avant de prévenir : "Crache vite ce que t'as à dire".
Étonné par la tournure des choses, Junmyeon se dépêcha de pénétrer chez l'infidèle. Une fois à l'intérieur, le caractère modeste de la demeure le surprit de nouveau. La maison n'avait rien d'insalubre, seulement on n'y trouvait uniquement le strict nécessaire. Une table basse, deux chaises, deux fauteuils, un tapis et le salon était au complet. Aucune décoration n'ornait les murs blancs, aucun tissu ne recouvrait les objets froids.
S'asseyant sur l'un d'eux, Junmyeon se racla la gorge avant de prononcer tout haut : "Je viens te parler de Jésus,de ses apôtres et des croyances fondamentales pour chacun de nous. Ces croyances guident ma vie et doivent guider la tienne pour que tu puisses, à ton tour, connaître l'épanouissement en compagnie de Dieu. Nous croyons en Dieu et en son royaume, à la bible et au salut,ainsi qu'aux sphères spirituelles abritant Jésus et ses anges. Le mal et ses souffrances, la mort et la famille sont des éléments que nous appréhendons. Ainsi pour la notion de famille, il existe des normes de mariage instauré par Dieu à l'origine que nous respec--"
- Comment est-ce que je pourrais te croire alors que toi-même tu ne crois pas en ce que tu dis ? Le coupa le jeune Nabil qui, posé sur le fauteuil en face de lui, n'hésita pas à se mettre à l'aise en présentant ses longues jambes à la vue de tout le monde.
- Comment ça ? Bien sûr que j'y crois ! S'insurgea le susceptible homme de l'église. C'est parce que j'y crois que ma vie a un sens,un but !
A ses mots, Nabil ne put contenir son rire. Il s'esclaffa sans remords devant le petit être, il était si pris par ses gloussements qu'il ne remarqua pas même les quelques larmes cavaler sur ses joues.
L'ego de Junmyeon en avait certainement pris un coup mais voir le grand méditerranéen agir de la sorte était une scène , sans conteste, fort plaisante à regarder et mit du baume sur le cœur blessé de celui-ci.
- Pourquoi est-ce que tu ris comme un idiot ? Demanda l'hôte insolent non sans laisser un sourire traîner au coin de sa bouche.
- Parce que tu penses réellement avoir un but ? Et tu oses dire que c'est moi l'idiot ? Nabil marqua une pause pour rire de nouveau. Dis, tu dois forcément croire au destin aussi ?
- Oui, c'est une évidence.
Plus les questions de Nabil pilulaient et plus la méfiance de Junmyeon grandissait. Le jeune homme avait la nette impression que ce dernier venait d'inverser les rôles. Renversant ainsi la table, le grand brun y déposa ses jambes croisées et ne se priva pas de mener à son tour son discours empli de conviction.
- Tu vois le mur en face de toi ? Oui, celui-là. Plisse un peu les yeux et tu y verras une fourmi. Tu es comme cette insecte, tu penses être libre de tes mouvements, tu penses comme elle être maître de tes gestes, de tes choix. Tu te dis que chaque pas que tu fais est parfaitement conscient puisque chacun d'eux est sur un chemin que tu as toi-même choisi. Regarde-la sur ce mur, elle se dit peut-être, qu'elle va rentrer chez elle et manger, travailler, dormir peut-être. Et regarde-moi maintenant, regarde-moi bien. Imposa Nabil avant de se lever péniblement de son siège.
A son tour, il s'avança un pas après l'autre jusqu'à la fourmi et d'un air sinistre la saisit entre ses doigts avant de l'écraser délicatement.
- Tu vois ce que je viens de faire ? Je suis le destin, j'ai foutu en l'air tous tes plans. Elle ne m'avait pas choisi, elle pensait réellement être libre et pourtant je suis là pour mettre fin à tout ça. Je ne sers qu'à ça, enlever la vie des autres. Conclut-il avant de laisser la dernière bouffée de fumée envahir ses poumons.
- Mais je ne comprends pas, tu crois donc au destin aussi ? Demanda un Junmyeon à la fois perturbé et laissé perplexe.
haussant les épaules, Nabil éteignit sa cigarette en l'écrasant négligemment contre le sol de l'appartement. Il révéla enfin (sans faire attention à la mine offusqué du religieux par son geste) : Je n'pense pas. Je crois plutôt à une forme de déterminisme. Il n'y a pas de force supérieure qui me guide comme un sim, mais plutôt des éléments extérieurs qui contraignent ma vie à être ce qu'elle est. Comme l'a dit Spinoza, La pierre qui roule pense être libre alors qu'elle a été poussé par le vent. Et le vent n'a rien à voir avec Dieu.
Personne à cet instant ne pouvait imaginer la mine abasourdie de Junmyeon. Sonné, il venait tout juste de se prendre une gifle qui allait rester longtemps gravée dans son esprit. Qui aurait crû que cet âme égaré des cités pouvait connaître la notion de déterminisme partagé par Spinoza ? Lui-même ne connaissait pas qui était ce gars alors que le vendeur corse était emprunt de sa science. De honte, Junmyeon baissa les yeux en demandant à Dieu de pardonner ses préjugés peu raisonnables sur cet homme.
( Et sans honte, son admiration pour lui n'en était que grandissante)
- Le destin n'existe donc pas. On appelle tout ces éléments des imprévus, rien à voir avec le destin. Et toi, tu n'es pas un envoyé de Dieu. On t'appelle charlatan ou une petite pute, si tu préfères.
- Comment oses-tu ?! Et puis, Ta logique ne tient pas la route. Tu dis que cette pierre roule grâce à un élément extérieure, le vent. Jusque là je suis d'accord avec toi. Et dans ce cas, quel est l'élément extérieur qui crée le vent si ce n'est autre que Dieu ? Tu me diras peut-être que c'est des procédés chimiques et moi je te dirais que ces procédés viennent alors de Dieu. Tout élément hasardeux a une essence d'abord divine.
Levant les yeux au ciel, Nabil s'approcha lentement du jeune asiatique. Posant ses deux mains sur les épaules de ce dernier, il se baissa pour être à la même longueur d'onde que lui et une fois ses yeux noirs pénétrant dans les siens, il prononça dans un ton amusé : Prouve-moi que j'ai tort.
Les mains de Nabil ne manquèrent pas de faire trembloter le corps raide de Junmyeon. L'homme frissonna de plus bel en se disant que seul son vêtement le séparait du jeune corse.
- Donne-moi un mois, je reviendrai tous les jours et je saurai te convaincre. Répondit le religieux plein d'éspoir et d'amour envers son prochain.
Retenons fermement la profession de notre espérance, car celui qui a fait la promesse est fidèle. Récita Junmyeon alors que ses yeux ne pouvaient quitter l'océan noir servant de miroir à l'âme de Nabil.
✝
A/N : Je suis absolument fan des religions, je trouve ça fascinant (moi-même je suis religieuse mais j'aime les débats). Bref, je m'amuse en lisant ce chapitre parce que, bon, je sais déjà comment les choses vont tourner .
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