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« Pas envie de parler, pas envie d'te voir »
𝐓𝐨𝐮𝐥𝐨𝐮𝐬𝐞, 𝐅𝐫𝐚𝐧𝐜𝐞 - 𝟐𝟐𝐡𝟏𝟓
Depuis la loge je pouvais entendre les cris de la foule s'impatienter de notre montée sur scène. Comme pleins de fois je suis arrivé en retard avec mon reuf, on aurait dû commencer le show depuis quinze minutes et on n'était toujours pas prêt, du moins Nabil. Il aimait trop prendre son temps pour se préparer. Il prend dix ans pour se laver, dix ans pour s'habiller et dix ans pour se coiffer. C'est une vraie gonzesse. J'entendais Ilinas échanger avec le gérant de la boîte situé à quelques mètres plus loin. Je pressais Nabil pour qu'il se magne le cul à se mater dans la glace, pour rien en plus, alors qu'on avait plus le time pour ça. Il râlait dans sa barbe mais je m'en foutais complet. Le responsable nous donnais nos oreillettes ainsi que nos micros afin qu'on soit équipé. On quittait enfin la pièce en laissant Nader et Mess ici. Ilinas marchait derrière mon frère et moi, il s'arrêta juste devant les escaliers de la scène que je montais le premier suivi de mon p'tit reuf. Le DJ lançait l'instru de Béné, je m'ambiançais dès les premières notes de l'instrumentale, je profitais que le son n'ait pas encore commencé pour m'allumer une clope que j'avais gardé au chaud dans une poche de mon jean. Je démarrais mon couplet accompagné du public qui connaissait chaque phrase par cœur. Je jetais quelques coups d'œil à mon reuf que je voyais profiter du moment présent, il était heureux aujourd'hui ça me faisait plaisir. En réalité ça fait deux semaines qu'il me tape des smiles pour tout et pour rien. Il était trop refait depuis l'anniversaire de la tipe, il est trop content d'avoir niqué la relation de son ex et de son mec. Vu les révélations qu'il y a eut je suppose que la portoricaine a quitté son mec, j'espérais pour elle en tout cas.
— Elle écoute PNL, quand elle est accroupie. J'crois bien que j'suis condamné à baiser des groupies. Ce soir j'vais me balader, j'vais me rouler un pookie. Rappait mon frère, accompagné lui aussi du public.
J'avais appris qu'il avait revu son ex à la laverie. Nabil m'a pas raconté ce qu'ils s'étaient dit mais j'ai bien vu que leur échange lui a fait du bien. Il a eut un impact positif sur lui. Nader m'a confié qu'il avait fait une petite fête chez lui avec nos shrab, ça s'est passé y'a quelques jours. Il a invité quelques meufs à sa soirée et pour la première fois depuis cinq piges mon frère a flirté avec l'une d'entre elles. Il s'était rien passé d'autre mais pour moi c'est déjà un grand pas de la part de mon frère. Je me souviens d'il y a cinq ans quand sa meuf l'avait quitté et qu'il fréquentait différentes filles pour essayer de l'oublier. Il avait vite arrêté de les voir au bout de quelques mois parce qu'il culpabilisait trop d'aller voir ailleurs. Mais maintenant c'était différent il savait que même si il l'aimerait toujours il pouvait pas s'arrêter de vivre pour elle. Ça allait lui faire mal mais il avait pas le choix que de tourner la page, il le savait au fond de lui. J'espère qu'il finira par se trouver une meuf à sa hauteur et pas une qui le rabaissera la plupart du temps.
— Billets sentent comme un bouquet. Les miens sont beaux relookés, le monde ou nada. Terminait mon reuf.
J'arrêtais de penser pour me concentrer de nouveau sur le show, j'entamais le refrain que Nabil chantait avec moi, l'ambiance était n'da. On enchaîna une dizaine de titres de nos différents albums avant de remercier le public et de le saluer juste avant de quitter la scène. On retrouvait Messrine et Nader dans notre loge, on se dépêchait de prendre nos affaires pour rejoindre notre chauffeur de la soirée qui devait nous conduire jusqu'à notre hôtel. On s'était arrêté une fois en cours de route pour aller s'acheter des grecs avant de rentrer, j'avais trop faim, je pouvais pas m'endormir sans rien manger. Mess s'était occupé de prendre nos commandes pour éviter qu'on se fasse reconnaître avec Bilna, il nous sauvait. Un petit quart d'heure plus tard on avait repris la route, j'me suis cassé le ventre. Encore un jour où j'avais la chance de manger à ma faim, grâce à Dieu.
— Qui sort avec moi après ? Nous proposait Nader, toujours partant pour aller traîner en ville.
Je refusais gentiment sa proposition, j'étais pas d'humeur à sortir et puis j'me doutais qu'il voulait pas que visiter Toulouse. Et par respect envers ma meuf j'évitais de le suivre dans ses plans. Moi-même ça me faisait bizarre de dire le mot « copine » vu que j'ai eut qu'une relation sérieuse avant elle, et ça remontait de fou. Bientôt deux ans que j'ai quitté le groupe des célibataires et c'était pas plus mal pour moi. Je pense qu'à un moment donné dans la vie on a plus l'âge pour changer de meufs toutes les semaines, et je pensais pareil au sujet des boîtes de nuit. Certains de mes potes le faisaient encore et je les jugeais grave pour ça. Ils se faisaient trop vieux maintenant.
— Une autre fois, j'veux nehess tôt ce soir. Déclinait Bilna. En plus on quitte de bonheur l'hôtel et on enchaîne au studio, j'vais pas assumer.
— Tu vas sortir tout seul frérot. Rajoutait Messrine, claque de sa journée d'aujourd'hui.
Le chauffeur nous déposais devant l'entrée, je laissais mon petit frère se charger de régler la note avec lui pendant que je filais jusqu'à ma chambre, fallait trop que j'aille au toilette. Quand c'était fait je pris une bonne douche que j'ai savouré comme jamais, j'me sentais toujours crade après un concert, surtout quand je passais devant la foule et qu'on me touchait sans me demander la permission. Ça me dégoûtait de ouf, j'sais pas où les gens ont traîné leurs mains. Après ma douche je zonais un peu sur mon téléphone où je répondais à des messages de ma mif, dont ma meuf qui s'assurait que je sois bien rentré de mon showcase. Une notif' sur insta me faisait sourciller quand je vis le pseudo de mon ancienne belle-sœur s'afficher sur mon compte. Qu'est-ce qu'elle me voulait celle là ? J'ouvrais quand même son message, j'étais curieux de voir qu'elle me contacte parce que c'était jamais arrivé. Je lisais une première et une seconde fois ce qu'elle m'a écrit histoire d'être sûr que ça soit pas une blague. Mais ça n'en n'était pas une. Elle demandait à me voir avec mon frère et je mettais ma main à couper que c'était pour nous remercier de lui avoir appris la vérité sur son gars. Si c'était pour ça elle pouvait nous le dire par message.
À maha_rvr : Pas besoin. Si c'est pour ton mec c'est surtout mon reuf que tu dois remercier, moi j'ai rien fais. Si ça aurait été moi j'aurais rien fait du tout et je t'aurais laissé découvrir la vraie face de ton mec après que tu te sois mariée avec. Enfin bref, bonne soirée à toi.
Elle a lu ma réponse et m'a laissé en vue. Ça m'arrangeait bien, j'ai pas envie de me taper la discute avec elle. J'ai beaucoup de mal à apprécier cette femme avec tout ce qu'elle a fait endurer à mon frère. Et c'est dommage parce qu'elle a de bonnes qualités mais elle gâche tout bêtement avec son caractère de merde. Ça me faisait chier pour mon reuf qu'il soit amoureux d'une femme comme ça, elle le méritait pas du tout. Et je continue de penser qu'elle ne le méritera jamais.
[...]
𝐌𝐚𝐢
Durant tout le mois d'avril nous avions eut le droit à de la pluie. La météo de Paris était exactement la même qu'à Londres. Le temps reflétait parfaitement mon humeur du moment. J'ai passé un mois difficile qui m'a parue interminable. J'ai atterri tard dans la nuit à Paris, j'avais retrouvé mon père une seconde fois qui avait insisté pour venir me récupérer à l'aéroport. Sur le chemin vers Corbeil il ne m'avait pas posé de questions, on a passé un trajet dans le silence totale et ça m'a fait du bien de pouvoir être enfin au calme. Là-bas ça avait été tout le contraire. Il s'était passé tellement de choses en un mois. Premièrement j'avais tenue à effectuer chacun de mes rendez-vous professionnels même si mon esprit avait été ailleurs. J'avais informé en amont mon agent que je m'étais séparée de mon fiancé pour qu'il ne soit pas étonné de me voir mal à certains moments. Je m'étais pris un petit appartement près de Londres que j'avais loué sur toute la durée du mois d'avril. Béa m'avait aidé à déménager mes affaires, elle avait pris deux jours de congé exprès pour venir m'aider. Je n'avais pas voulu rester toute seule avec mon ex parce que je savais qu'en ayant la présence de quelqu'un d'autre dans l'appartement il n'aurait pas essayé de me retenir, comme il l'avait fait la veille en me suppliant de ne pas le quitter et de réfléchir à ma décision. Ce soir là j'avais senti qu'il n'était pas dans son état normal, il s'agitait beaucoup trop et il parlait dans tout les sens. En résumé je lui ai laissé notre appartement pour en prendre un autre que j'ai rendu hier. J'ai bouclé mes deux grosses valises pour revenir dans mon pays natale, me ressourcer auprès des miens et prendre soin de ma santé mentale qui se dégradait petit à petit. J'ai décidé de me reprendre des vacances d'une durée indéterminée, je devais faire passer ma santé avant tout pour pouvoir revenir en forme au travail. J'avais bloqué Naël qui n'arrêtait pas de m'appeler depuis que je suis retourné à Paris. Le comble ça a été lorsque j'étais reparti à Londres pour mon travail, il avait fait exprès de prendre le même vol que le mien mais je l'avais vite stoppé avant qu'on ne monte dans l'avion. Je n'ai même pas compté le nombre de fois où il essayé de me parler, de m'appeler, de vouloir recoller les morceaux. Sa mère était même venu se mêler de notre histoire en m'envoyant des messages par l'intermédiaire de son fils. À elle non plus je n'avais pas répondu, je n'étais pas bête, je savais que c'était lui qui écrivait. Et d'ailleurs elle a finis bloqué aussi parmi mes contacts. Plusieurs personnes de ma famille faisaient semblant de compatir avec moi face à cette rupture alors qu'ils s'en réjouissaient dans mon dos. Mon meilleur ami et mon père étaient les premiers.
— Tu veux manger quelque chose ?
Est-ce que j'avais vraiment le choix ? Ce n'était pas une proposition mais une obligation.
— Tu me forceras si je dis non donc je peux que dire oui. Cédais-je à l'avance.
Je le regardais se lever de son canapé, un sourire victorieux aux lèvres qu'il garda quelques secondes. Il me réchauffa une part de lasagnes au micro-ondes, préparé avec soin dans la matinée. Lui avait déjà dîné alors je mangeais seule. Je me sentais vraiment bien en étant chez lui, en vivant avec ma mère on ne savait jamais à quoi s'attendre, ses humeurs changeaient tout le temps. Je me souviens de l'époque où l'on ne faisait que de se prendre la tête, je répondais très souvent quand quelque chose me tracassais. Si mon frère et ma sœur préféraient fermer les yeux et encaisser les remarques, moi j'ouvrais la bouche à la moindre occasion. J'avais pratiquement pris tout les traits de caractère de ma mère. C'était pas une fierté. Il m'a fallu plusieurs années de réflexion pour que je me rende compte de mes défauts et de mes erreurs passées.
— À quoi tu penses ? S'interrogeait mon père, remarquant que j'étais ailleurs depuis peu.
Je n'avais pas envie de lui révéler le fond de ma pensée, je pense qu'il se torturait assez l'esprit avec toutes les choses qui se sont passées avec ma mère.
— C'est rien d'important. Le rassurais-je comme je le pouvais.
Il n'a pas insisté pour savoir et ça m'a arrangé. On faisait comme si de rien n'était, je l'aidais en cuisine comme au bon vieux temps où j'étais enfant, je lui filais toujours un coup de main pour préparer les repas. J'avais coupé des légumes et mon père s'occupait de mariner la viande. Lorsque j'ai terminé ma tâche je me suis rendue dans la salle de bain pour me laver les mains. En retournant sur mes pas jusqu'au salon mon père m'informa que mon portable avait sonné une fois, un appel venant de Karim puis un second de Samy quelques secondes plus tard. Je m'empressais de rappeler Karim, j'étais surprise qu'il m'appelle parce que c'était très rare et encore moins à une heure aussi tardive. Il répondait à la troisième sonnerie, je n'eus pas le temps de lui dire bonsoir ni rien du tout, il m'avait coupé la parole avant même que je n'ouvre la bouche. J'écoutais attentivement tout ce qu'il me disait, j'enregistrais chacune des informations de l'histoire tout en me retenant fortement de ne pas le couper dans son monologue. À la place je me mordais les lèvres, en colère d'apprendre que mon ex fiancé s'était rendu volontairement sur le lieu de travail des deux frères. Ils avaient investis dans un immeuble afin d'en faire des bureaux. Le bâtiment était sécurisé donc Naël n'a pas pu entrer dans les locaux, par contre il ne s'était pas gêné pour sonner à l'interphone, demandant au corse de descendre.
— Qu'est-ce qu'il lui veut à Nabil ? Demandais-je des comptes à mon ami.
Sa qualité audio était mauvaise, je devais bien tendre l'oreille si je voulais entendre correctement ce qu'il avait à me dire.
— Je sais pas..il fait que d'appeler Ladif depuis tout à l'heure. Il l'a esquivé jusqu'à maintenant mais il perd patience, il vient de descendre en bas là, Tarik est parti avec lui.
Il me racontait tout ça sur un ton normal alors qu'il y avait de quoi s'affoler sur la situation.
— Et ça t'inquiète pas ? Tentais-je de le réveiller, voyant qu'il n'était pas plus inquiet que ça. Tu connais assez Nabil pour savoir qu'il va pas juste discuter.
J'avais un mauvais pressentiment.
— Donne-moi l'adresse, je vais me mettre en route, je la sens pas cette histoire. Soufflais-je.
Il m'a donné la localisation des bureaux avant de couper précipitamment notre appel. Ne voulant pas perdre plus de temps je me suis dépêché d'enfiler une de mes vestes ainsi qu'une paire de baskets. J'alertais mon père de mon départ, je n'ai pas eut le temps de lui expliquer ce qu'il se passait mais il avait compris que c'était quelque chose de grave pour que je m'enfuis comme une voleuse. J'avais pensé à prendre mon portefeuille avant de partir mais pas mon téléphone, je m'en suis rendue compte avant de démarrer. Je me remerciais moi-même d'avoir une bonne mémoire, ayant retenu l'adresse que m'avait filé Karim. Tant pis pour le portable, je n'avais plus le temps de remonter jusqu'à l'appartement. Je rentrais l'adresse dans le service de localisation, j'indiquais la rue, la ville et le code postale. D'ici j'en avais pour une quarantaine de minutes jusqu'à Paris. J'allais devoir griller quelques feux et sauter des vitesses pour pouvoir arriver à temps. Je connaissais suffisamment Nabil et Naël pour savoir que ça pouvait très vite partir en vrille entre eux. Ils ne se supportaient pas. Je me souviens de la fois où ils ont failli se battre devant ma nièce, heureusement que j'étais arrivé à temps. Dès que je le pouvais j'accélérais ma vitesse tout en faisant quand même attention à ne pas me mettre en danger. J'arrivais à destination en une trentaines de minutes, j'avais garé la voiture sur une zone de dépose minute, vu l'heure personne ne viendrait me déranger pour aller la déplacer. À quelques mètres plus loin j'apercevais les garçons en train de parler, du moins se disputer devant le bâtiment que m'avait indiqué Karim. J'éteignais la voiture avant d'aller rejoindre le petit groupe. En conduisant je m'étais posé pas mal de questions sur la venue de Naël en France. Je suis sûr qu'il a lâché son boulot pour venir ici ainsi que tout ses autres rendez-vous professionnels. Je ne sais pas pourquoi mais je ressentais une boule au ventre en me rapprochant des garçons. Ça criait dans tout les sens, je venais d'atterrir dans une véritable jungle. Ça criait mais Nabil était le seul à ne pas le faire, ça m'étonnait beaucoup de sa part. Son frère était plus énervé que lui-même. Nabil était super calme avec une attitude plus que nonchalante qui rendait fou Naël. J'avais directement vu qu'il n'était pas dans son état normal, c'était tellement flagrant, ses yeux rouges, ses mains toutes tremblantes et j'en passe. Il avait consommé sa merde avant de venir jusqu'ici.
— Tu t'es mêlé d'un truc qui te regardait même pas ! Est-ce que moi je me suis permis de venir mettre mon nez dans ta vie ?! S'écriait Naël, bloqué par Karim et Samy qui s'étaient mis entre les deux frères et lui.
— Il fallait bien que quelqu'un le fasse, t'es un mytho. Tu méritais pas de la marier. L'accablait l'algérien, toujours sur un ton neutre.
Je devais m'en mêler avant que ça n'aille plus loin.
— Vous pouvez nous laisser seuls ? Demandais-je aux autres.
— Moi je reste ici, il est capable de te frapper ce fou. Riait jaune mon premier ex, bien décider à ne pas bouger.
— Nabil je sais ce que je fais ! M'énervais-je contre lui car il ne faisait qu'empirer les choses.
Tarik, Karim et Samy sont repartis à l'intérieur de l'immeuble et Nabil était quand même resté sur place avec nous.
— Naël, je vais te ramener à l'appartement. M'avançais-je vers lui afin de lui proposer mon aide.
— C'est pas chez lui qu'il faut le déposer c'est à l'hosto. Se permettait de rajouter Nabil que j'ignorais complètement.
— J'ai pas envie de rentrer si t'es pas là. Me répondait le londonien, ignorant également Nabil.
Ses humeurs variaient beaucoup, avant que je ne lui parle il était hyper agressif et là on aurait dit une autre personne. Il était redevenu calme.
— Tu parles trop. Continuait Nabil que je réprimandais. Déjà tu viens me faire chier sur mon lieu de taff pour me raconter ta vie mais je m'en tape. C'est pas mon problème si t'es pas honnête.
— Nabil arr-
— Nan j'arrête pas, j'vais bien dire ce que je pense. Me coupait-il dans ma lancée en s'avançant jusqu'à Naël pour l'affronter. Un jour tu m'as dit que j'avais gâché son avenir parce que j'avais caché son admission dans son université. C'était pas bien, j'en suis pas fier et je sais que j'ai fais de la merde. Mais toi t'a fait quoi ? Tu lui as caché toute ta vie. Et t'aurais payé comment le mariage si t'a que des dettes ?
Sa question était très pertinente, moi-même je me la suis posé un paquet de fois.
— C'est pas tes affaires ! S'agaçait de nouveau le londonien.
— Si justement, tu lui fais du mal donc c'est comme si tu m'en faisais aussi. Tu croyais quoi ? J'allais jamais la laisser t'épouser, tu l'as connais ap.
Il avait à peine pu terminer sa phrase, Naël s'était jeté sur lui. Il lui a porté un coup au visage le premier que Nabil lui a rendu doublement. Les garçons étaient redescendus après avoir entendu le brouhaha que faisaient mes deux ex. J'espérais que nous n'allions pas avoir de problèmes avec le voisinage. Tout le monde essayait tant bien que mal de les séparer, Naël était hors de lui, il ne voulait pas retirer ses mains du cou de Nabil. Tarik en a profité qu'il soit concentré sur son petit frère pour lui porter un coup au visage afin de le faire tomber. Une fois au sol Samy et Karim se sont chargés de le maintenir pour ne pas qu'il attaque de nouveau Nabil.
— Il a le nez cassé. Nous faisais remarquer Samy.
— Appelle les pompiers, qu'ils le gardent à l'hosto et qu'il se fasse interner, c'est un malade ! Il a voulu me tuer ce bâtard !!! Gueulait le corse.
Sur un point il n'avait pas tort, Naël avait besoin de se faire aider, je pense qu'il doit refaire une cure de désintoxication. J'avais encore le numéro de sa sœur aînée, il valait mieux que je lui envoie un message pour la prévenir de ce qu'il se passait avec son petit frère. Je me chargeais moi-même de joindre le quinze à qui je leur expliquais l'état de mon ex fiancé. Bien sûr je leur avais précisé qu'il était sous l'effet d'une drogue que je ne connaissais pas puisque je n'avais pas été avec lui lorsqu'il en a prit. Naël a été pris en charge au bout d'une quarantaine de minutes, il a été amené vers l'hôpital le plus proche. Désormais il est entre de bonnes mains.
— Tu me déposes chez moi ? Entendais-je dans mon dos, et il n'y avait qu'une personne capable de me demander ça. C'est pas trop loin.
— Nan-
— Les reufs on se voit demain ! Disait-il au revoir aux garçons, s'installant ensuite dans la voiture de mon père, côté passager.
Le culot.
— Passez une bonne soirée. Nous souhaitais Samy en faisant des appels de phares à son pote que n'importe qui aurait cramé.
Je ne sais pas ce qu'il espérait mais il n'allait rien se passer, j'allais simplement ramener Nabil chez lui, rien de plus.
[...]
Nabil
Bientôt deux heures que le soleil s'était levé, depuis ma chambre j'entendais les oiseaux chanter et le bruit des voitures qui passaient dans ma rue. J'ouvrais difficilement les yeux, k.o de ma soirée de la veille. L'arménienne m'avait déposé chez moi, avant de descendre de sa voiture j'avais tenu à lui rendre le collier qu'elle m'avait offert quelques années plus tôt. J'voulais plus le mettre. Elle n'avait rien dit après ce geste là mais j'ai vu que ça l'a piqué que je lui rende son cadeau. Mais elle pouvait que me comprendre, je pouvais pas garder des objets qu'elle m'a offert si je veux pouvoir avancer. Et c'était pareil pour nos photos, je savais que je devais m'en débarrasser mais pour ça c'était plus compliqué. Il fallait que je fasse mon propre chemin. Elle avait bien avancé de son côté, je devais faire de même. Quand j'ai quitté sa voiture je l'ai entendu marmonner quelque chose mais j'ai pas cherché à comprendre ce qu'elle avait dit. Je suis parti sans y prêter attention et j'suis rentré chez moi. J'avais retrouvé notre chat qui m'avait attendu devant la porte et qui m'a suivi dans n'importe quel pièce où j'allais. Pour une fois je l'avais laissé venir dans ma chambre, dormir sur mon lit pendant que je composais de mon côté dans mon cahier de notes. En ce moment j'écrivais tout les soirs, j'avais pas mal d'inspiration alors j'allais plus souvent poser en studio. J'avais prévu de partir au Canada avec NKF afin de travailler sur des sons du prochain album. On avait pas encore calé de date mais c'était en cours. Aujourd'hui c'est mercredi et c'est le jour où je passe prendre Thaïs au collège. Elle m'avait prévenu qu'elle finirait plus tôt et en regardant l'heure sur mon tél, il était temps que je bouge de mon lit pour aller me préparer. Je commençais par prendre une bonne douche que j'écourtais vite pour pas être en retard. Je me dépêchais ensuite d'aller m'habiller, je choppais un de mes polos Lacoste noir que j'accordais avec un jogging gris. Je me préparais un p'tit fé-ca avant de me mettre en route. Je me posais dix petites minutes dans ma salle à manger avec mon pot de colle de chat qui me suivait toujours à la trace. Si j'lui faisais pas des câlins du matin elle allait me faire la gueule pour le reste de la journée, c'était une capricieuse.
— Me regarde pas comme ça, j'suis pressé. Lui parlais-je alors qu'elle devait comprendre que la moitié de ce que je disais.
Il était l'heure pour oim de partir, j'enfilais un sweat et une paire de baskets avant de filer. Je refermais l'appartement à clés, je regagnais ma gova dans laquelle je m'installais. Direction le collège de ma tipe. J'arrivais à destination avant quelques minutes de la sonnerie, j'avais pas eut de mal à me trouver une place, je m'étais garé derrière un gros 4x4 pour éviter qu'on me reconnaisse. Quelques parents d'élèves attendaient devant le portail de l'établissement dont une femme avec son bébé qu'elle avait sortie de sa poussette, lui faisant des boussah sur son p'tit visage d'ange. Je m'imaginais à la place de cette dame et de porter mon propre enfant dans les bras. J'essayais d'imaginer à quoi il ressemblerait, si il aurait la tête de sa mère ou la mienne. Même si j'ai décidé de refaire ma vie ça n'empêche pas que je continue de penser que ça serait elle que j'aurais choisi en tant que mère pour mes enfants.
— Tontonnn ! Débarquait ma nièce que je vis pas du tout arriver.
Elle arrivait au bon moment, je commençais à trop me perdre dans mes pensées.
— Ça s'est bien passé l'école ? Lui demandais-je comme à chaque fois que je venais la récupérer.
— Oui mais c'était trop long et le prof de maths nous a donné un devoir maison pour la semaine prochaine. Se plaignait-elle.
Ça me faisait bizarre de me dire qu'elle était plus en primaire mais au collège, il fallait que je m'habitue.
— Tu veux manger quoi aujourd'hui ? Lançais-je un autre sujet. J'voulais pas la saouler avec ses cours.
— Pizzas !! Me répondait-elle sans hésiter.
J'acquiesçais sa proposition, démarrant la voiture avant qu'on ne fasse remarquer. Je laissais ma petite gérer la playlist musicale, elle me faisait découvrir des sons que je connaissais ap. Je kiffais trop notre routine du mercredi, ça me faisait du bien, elle me changeait trop les idées. Bientôt on allait devoir arrêter de se voir parce que j'allais être beaucoup pris par mon taff donc je savourais un maximum chaque instant passé avec elle. Le resto italien dans lequel on avait l'habitude d'aller était à deux pas de chez moi, pour éviter de m'embêter à chercher une place pendant dix ans, j'ai garé ma voiture dans mon immeuble. J'ai accompagné Thaïs jusqu'à mon appart pour qu'elle y entre et j'suis retourné à l'extérieur pour aller à pieds jusqu'au restaurant. La gérante qui gérait principalement l'accueil s'occupait de prendre ma commande qu'elle connaissait par cœur à force que je vienne ici. Je patientais tranquillement dans mon coin derrière un papi qui se tapait la discute avec la gérante, en attendant je jetais quelques coups d'œil à mon portable. J'avais plusieurs demandes d'amis en attente sur mon insta privé, je supprimais les personnes qui faisaient pas partie de mon entourage. Je m'arrêtais sur un profil qui me semblait familier. Je cliquais dessus, le compte était en privé mais je pouvais voir l'identité de la personne sur sa photo de profil. Un faible sourire s'installât sur mes lips quand je reconnus une parent d'élève que j'avais dû voir en coupe vent une où deux fois. Je sais pas comment elle a trouvé mon compte perso, mon pseudo est dur à trouver. Elle avait pas d'intérêt à m'ajouter sauf si elle voulait me gérer mais je préférais qu'elle me le dise en face. Visiblement c'était pas la seule daronne à m'avoir dans le viseur, la mère de ma p'tite m'avait raconté que d'autre mamans avaient essayé de gratter des infos sur moi.
— Une quatre fromages et une napolitaine pour monsieur Andrieu. M'appelait la gérante que je remerciais gentiment avant de quitter son resto'.
Je retrouvais vite ma tipe qui jouait encore avec mon chat depuis que je l'avais laissé ici. Elle partait se laver les mains dans la salle de bain et je fis de même. On se mit à table, on parlait ap mais on savourait notre nourriture comme il le fallait. Après avoir mangé on s'est posé au salon devant le Roi Lion, un des films préf de Thaïs. Elle était à fond dans le film et de mon côté j'arrivais pas à me concentrer dessus parce j'ai commencé à avoir une migraine qui est resté jusqu'à ce que Thaïs parte, et qui a continué dans la soirée. J'avais pris un médicament en me disant que ça allait passer, vers vingt-et-une heure je suis allé me coucher et j'me suis endormi. Le lendemain ça a été la même chose mais en pire. Mon mal de tête s'était intensifié, j'arrêtais pas d'avoir des sueurs froides et en même temps je transpirais de ouf dans mes draps. J'ai dû attraper la grippe ou un truc dans le genre. Mon tél avait fait que de sonner mais j'avais vraiment pas la force de prendre mon bigo et de répondre. J'étais trop dans le mal mais je voulais pas aller chez le médecin, j'en voyais pas l'intérêt. Je vais pas avoir de rendez-vous avant longtemps jusque pour qu'il me dise de me reposer et de rester chez moi. Si je savais que demain j'allais passer l'un des pires jours de ma vie, j'aurais consulté bien avant.
[...]
Une semaine que j'étais cloîtré dans mon lit, dans le noir total. Je mangeais que très peu parce que je gardais pratiquement rien dans l'estomac. Je digérais ap. Comme si c'était pas assez j'avais le nez bouché comme pas possible, je sentais rien. Et le pire c'était cette toux qui est apparu de nulle part, elle me tuait les poumons. J'avais beau prendre des sirops ça passait pas. Rikta et Sarah étaient passé dans la matinée, Tarik ayant un de mes doubles il avait pu entrer sans problème. Ils m'avaient tiré de mon lit sans aucun scrupule, pour que j'essaye de manger alors que j'leur avais dit que j'voulais pas. Mon reuf s'était chargé de changer mes draps et d'aérer ma piaule. Sarah me réchauffait une part de lasagnes au micro-ondes, j'avais juste mangé un bout, j'ai rien avalé d'autre. J'avais un sale goût dans ma bouche en plus. J'attendais que mon frère finisse de faire le lit pour aller me recoucher.
— Tu as vu un médecin ? M'interrogeait ma belle-mère, inquiète de me voir aussi malade.
— Ouais, j'ai choppé la grippe il m'a dit. Mentais-je pour éviter les prises de tête.
— Ton visage est plus creusé qu'avant, tu as le teint très terne et ton frère m'a dit que tu toussais beaucoup. Tu es sûr que c'est seulement une grippe ?
Tarik la poucave.
— Mais oui Sar-
Même si je voulais mentir mon corps me trahissait. Je n'ai pas pu finir ma phrase, j'ai été pris par une forte douleur aux poumons que je ne comprenais pas. Je peinais à respirer correctement, Sarah s'affolait en me parlant sauf que j'arrivais pas à l'écouter. Je me concentrais tant bien que mal sur ma respiration qui a l'heure actuelle était médiocre. Et cette putain de migraine qui me tuait le crâne. J'avais l'impression qu'on me tapait la tête avec un marteau. J'entendais rien de ce qu'on me disait, mes oreilles bourdonnent, ma vision devient de plus en plus flou. Mon corps est en train de me lâcher et j'sais pas pourquoi.
Putain, qu'est-ce qu'il m'arrive ?
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