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« T'es seul dans le noir, j'espère que ton ombre ne t'a pas lâché. »
𝟐𝟎𝟏𝟖
Le chant des volatiles de mon zoo résonnait dans la pièce, comme chaque matin depuis une semaine. On venait d'entrer au printemps et il faisait déjà meilleur dehors qu'avant. Le point positif c'est que j'pouvais désormais dormir torse nu sans avoir besoin d'allumer mon chauffage, et ça c'était l'kiff. J'savais même pas comment je faisais pour être de bonne humeur alors que j'avais passé une nuit de merde. Tout ça parce que j'avais rêvé de sa face, et c'était pas n'importe quel rêve, j'rêvais que son keum l'avait marié. J'avais à peine entamé mon rêve que mon ex était en train de se faire maquiller par la cops' à mon meilleur pote. Sa robe de mariée égalait même pas celle que j'avais toujours voulu qu'elle porte, une p'tite robe avec de la dentelle au niveau du buste et pas avec des voiles de partout où elle risquait de s'accrocher à n'importe quel moment. J'suis sûr qu'elle allait porter quelque chose de trop superficiel, une tenue qui lui ressemblerait ap. Pourtant elle avait toujours préféré les choses simples, y'avait rien de mieux.
— Perdu dans le benga, j'aime sa gueule de Sheita. Entendais-je depuis la salle de bain, pièce où je devais m'y rendre mais qu'occupait l'italienne.
Elle me rendait fou à me mettre sa musique forte dès l'matin, ça m'donnait des envies de meurtres. Je rentrais à mon tour dans la pièce, Éris fermait jamais à clé donc c'était toujours ouvert et il valait mieux parce qu'elle prenait toujours dix piges à se préparer. Elle avait toujours le chic d'occuper la pièce quand j'en avais b'soin, c'était bien un truc de meuf ça. Je rentrais dans la pièce sans lui adresser un bonjour ni un regard, j'étais plus préoccupé à me laver la boca qu'à mater son cul sous la douche. J'en avais déjà eut assez cette nuit. Et puis t'façon on était pas en couple donc j'étais pas obligé de lui faire des boussah dès l'réveil vu que y'avait rien de plus que du bon temps. J'sais que de son técô elle espérait plus mais elle savait elle-même que mon cœur était déjà pris, j'lui avais déjà dit quand on s'était rencontré sur Naples. Elle savait que c'était mort de mon côté et qu'elle aurait beau faire des efforts, je continuerais d'aimer ma portoricaine. Inconsciemment je lui faisais peut-être du mal mais c'était en partie de sa faute, j'lui avais dit de pas s'attacher. Et j'trouvais vraiment ça dommage que ses sentiments envers oim aient changé vu qu'au départ on s'entendait super bien et qu'on délirait comme deux potes qui traînaient ensembles. Maintenant elle pouvait me prendre la tête pour tchi alors que c'était pas son rôle à elle. L'italienne me tapait souvent des crises après un concert où un show, askip elle vivait mal le fait que j'ai des groupies sur l'dos. Et je m'en battais tellement les couilles de toute ces filles là hormis les sœurettes qui venaient juste me voir pour mon taff et pas pour mon corps et ma face. Celles-là c'était toutes des vicieuses, la plupart étaient casés mais venaient dans mes DM pour me draguer, elles me dégoûtaient.
— On mange ensemble ce soir ? Me proposait la brune, moi ayant la tête dans l'gaz et elle qui sortait tout juste de la douche.
— Nan, j'ai un showcase avec mon reuf. Disais-je, m'essuyant les mains sur ma serviette avant de quitter la pièce.
J'avais anticipé d'avance le fait qu'elle allait me suivre, pour ça que j'soufflais déjà dans ma barbe. Je m'étais dépêché d'aller dans ma piaule et de faire comme si je l'avais pas entendu ni aperçu en train de me suivre, et comme le plus grand des connards j'avais claqué la porte en la refermant derrière oim. J'suis sûr qu'elle avait eut envie de vriller en se prenant la porte mais c'était ap mon problème, si elle était pas contente elle connaissait le chemin.
— Justement si t'a un showcase, j'me disais que je pourrais peut-être t'accompagner. Finissait-elle par rentrer alors que j'me changeais, m'apprêtant à sortir.
Valait mieux pas, j'sais qu'elle allait tout le temps me coller une fois en loge et j'voulais pas de ça.
— Pour quoi faire ? Répondais-je à sa proposition que j'voyais plus comme une demande. Honnêtement j'préfère pas qu'tu viennes, surtout si c'est pour m'faire tes scènes c'est pas la peine.
J'me cassais pas la tête à bien m'habiller, je mettais un vieux jean, mon maillot de Bayern Munich et une veste imperméable au cas où l'temps me jouerait des tours.
— J'en ferais pas. Tentait-elle de me convaincre alors que j'avais déjà dit non.
— C'est mort j'te dis, et puis j'ai déjà des trucs de prévu pour c'soir. La remballais-je gentiment.
Et c'était pas la peine qu'elle me propose de passer la journée avec oim vu que j'avais déjà mon programme de prévu. D'ailleurs j'attendais juste qu'elle se casse pour pouvoir y aller sauf que comme par hasard elle prenait tout son temps pour se tirer. En plus j'avais dit à Issam que je viendrai moi-même le chercher à la gare de Corbeil sauf que si ça continuait je risquerais d'être en retard.
— Ouais en fait t'es jamais dispo quoi. S'emballât Éris, chopant à son tour ses affaires posé sur mon lit pour s'habiller.
J'savais juste l'être quand ça en valait la peine.
— Au cas où ça rentrerait pas bien dans ton p'tit crâne, on est pas en couple. M'énervais-je, blasé de devoir remettre ce sujet là sur l'tapis. J'te dois rien et tu m'dois rien, ok ? Si tu veux aller voir ailleurs c'est ton problème et inversement parlant pour moi. J'sais que t'a des sentiments pour moi mais c'est pas réciproque.
— Mais en attendant t'a une fille qui t'aime juste devant toi mais nan, toi tu préfères les filles mariées.
Son pique était totalement gratuit, rien que le fait qu'elle aborde mon ex me donnait envie de l'allumer.
— Elle est pas mariée. Rectifiais-je.
— Elle est fiancé c'est pareil, dans les deux cas elle a la bague au doigt. Et puis je sais même pas ce que tu lui trouve, c'est qu'une malade mentale cette fille.
— Tu-
— Moi je t'aurais jamais blessé. Fît-elle allusion à la cicatrice à la main que m'avait faite mon ex. Et puis t'a vu pourquoi elle t'a quitté ? C'est complètement ridicule..si elle t'aimait vraiment elle serait resté à tes côtés, et au lieu de ça elle t'a lâché comme une merde. Et toi tu continues de l'aimer après tout le mal qu'elle t'a fait, alors qu'elle mérite même pas ton amour. Mais bon, si tu préfères continuer de t'aveugler pour un rien c'est ton problème. Concluait-elle, quittant pour de bon mon appart.
J'avais attendu dix minutes avant de partir pour être sûr qu'on ait pas à se croiser une fois en bas, puis j'avais direct roulé en direction de la gare rejoindre mon meilleur ami. J'étais trop refait qu'il vienne passer la semaine sur Paname, sa gueule me manquait beaucoup trop depuis qu'il avait déménagé dans le sud. On s'appelait quand même régulièrement dans la semaine mais c'était jamais pareil qu'en vrai. J'me garais rapidos sur l'parking, je vis que son train arriverai encore dans dix minutes donc j'avais l'time de zoner pleinement sur mon tél. Comme d'hab j'me connectais sur mon insta avant de taper le sien sur mon clavier. Une pointe de déception me prenait quand je découvrais que l'arménienne avait mis son compte en privé, me privant de pouvoir voir ses photos de mannequin. Résigné, j'avais pas d'autres choix que de taper son blase sur internet vu que toutes ses photos avaient soigneusement été supprimé par l'israélien. J'avais failli lui en foutre une ce jour là et heureusement pour lui que Tarik m'avait retenu de lui en coller une, sinon j'sais pas comment ça aurait finis entre nous. Issam avait supprimé le moindre souvenir que j'avais avec ma latina. Et même les photos développées il les avait déchiré hormis une que j'avais gardé en scred dans mon portefeuille. Je me rappelais pas du contexte de l'image, j'me souvenais juste l'avoir prise quand elle était en train de lire son livre préféré à notre QG de l'époque. J'y avais pas refoutu les pieds depuis notre séparation, la laverie me rappelait trop d'anciens moments, bons comme mauvais. Et puis c'était à cet endroit là que je l'avais rencontré, où elle m'avait embrassé pour la première fois et où l'on avait passé des soirées entières à délirer ensembles. Cet endroit représentait tout.
— Tu pourrais au moins sourire, j'viens d'me taper une matinée entière de train j'te rappelle. Déboulait mon shrab en s'installant sur le siège d'à côté, son sac de voyage en main. Et tout ça pour quoi ? Pour que tu tires une gueule de trois mètres de long, J'commence à croire que t'es pas content de me voir.
— Arrête de dire d'la D, t'es mon reufré, bien sûr que tu m'as manqué.
— Et la raison pour laquelle t'es énervé, c'est pour quoi ?
Il me connaissait comme sa poche ça avait jamais changé. Il était pas mon meilleur ami pour rien.
— Encore cette fille ?
— Ouais..elle m'prends trop la tête.
— C'est ça l'problème, elles tombent toutes sous le charme de N.O.S ! Se marrait mon reuf.
Et c'était que des groupies pour la plupart.
— Bon, plus sérieusement tu devrais peut-être couper les ponts avec elle. Tu l'dis toi-même, t'a pas de sentiments pour elle.
Il avait pas tort mais j'avais quand même un bon feeling avec l'italienne. Et même si je ressentais pas d'amour envers elle j'avais quand même de l'attachement pour elle. Et puis l'fait que je la côtoie était un mal pour un bien, j'allais pouvoir rendre jalouse mon ex en sortant avec une autre. J'le savais, à la longue je finirais par la rendre ouf et c'était qu'une question de temps. Je voulais la rendre aussi folle qu'elle m'avait rendu fou depuis qu'elle m'avait quitté, et l'a connaissant je savais très bien qu'elle allait pas se laisser faire. On allait se rendre l'appareil jusqu'à ce que l'un de nous deux ne craque en premier.
[...]
𝐘𝐨𝐲𝐨 𝐜𝐥𝐮𝐛, 𝐏𝐚𝐥𝐚𝐢𝐬 𝐝𝐞 𝐓𝐨𝐤𝐲𝐨 - 𝟐𝟐𝐡𝟎𝟗
On leur chantait notre haine et ils applaudissaient. Tarik gérait son couplet sur Onizuka et moi j'restais en retrait derrière lui, j'en profitait pour m'allumer un oinj sur lequel je faisais p2 avec Casper. Pour le dernier titre on s'était mis d'accord pour qu'les gars montent avec nous sur scène, tout le monde chantait sur le refrain en accompagnant mon frère qui gérait l'ambiance. Je vis quelques mecs me faire signe de prendre leurs téléphones pour que j'puisse filmer ma gueule le temps d'une minute, je pris seulement un bigo que je bougeais devant ma face au même rythme que l'instrumentale. Je redonnais ensuite le phone à son propriétaire puis j'kiffais ma life sur scène. J'étais de bonne humeur ce soir, j'sais pas pourquoi. Avec Rikta on partait en tournée dans deux jours, on irait dans le nord et dans le sud du pays et après ça c'était prévu qu'on fasse un showcase à l'étranger. On le faisait à Londres, dans le même pays où vivait mon ex. C'était une bonne nouvelle, ça voulait dire que j'allais encore la revoir et que j'pourrais la piquer autant que j'voudrais. Nos retrouvailles allaient être électriques mais je m'en fichais total, c'était justement ça l'kiff.
L'instrumentale se terminait, je reproduisais la lettre « Z » sur mes oid que refaisait le public après m'avoir vu le faire. Je disais au revoir à ma team avant de tracer ma route jusqu'à ma loge, je voyais qu'Issam marchait derrière oim alors je ralentis dans ma marche afin de l'attendre. J'lui demandais si le show lui avait plu même si je connaissais déjà la réponse qu'il allait me donner.
Que c'était cool.
Et il avait toujours le chic de me renvoyer l'ascenseur en me reposant la même question que j'lui avais posé, et lui aussi connaissait déjà ma réponse là dessus. Pour ce soir ça allait mais généralement je tirais souvent la gueule, étant pas d'humeur à monter sur scène pour rapper. J'essayais souvent de me faire des siestes avant d'aller en concert comme je dormais pratiquement pas de la nuit, je rattrapais comme j'pouvais mes heures de sommeil. Mais ça changeait pas grand chose vu que j'me réveillais tout le temps au bout d'une heure pour pas grand chose. Il me manquait cette présence, ses câlins, ses baisers et son odeur. J'avais beau essayé de pioncer avec le panda qu'elle m'avait offert c'était pas suffisant. Il me fallait juste le contact de sa peau, de son p'tit corazón qui battait contre mon torse et de sa p'tite voix matinale qui me disait de me lever.
Mahalia me manquait.
— Vasy part devant, j'te rejoins après. Signalait mon meilleur pote, répondant à l'appel de sa cop's.
Je rentrais tout seul à la loge, et à peine rentré y'avait déjà quelque chose pour me plomber mon humeur, où plutôt quelqu'un. J'avais dû la fixer deux secondes avant de reporter mon regard sur mon manteau que j'avais laissé ici le temps du concert, j'le renfilais sans faire attention à la présence de la brune. Je lui avais dit de pas venir mais elle en avait fait qu'à sa tête, j'avais pas d'autres choix que de la supporter maintenant. Le reste de mes reufs étaient venus nous rejoindre et Issam avait pas tardé à venir aussi, on vérifiait qu'il ne manquait personne pour pouvoir décale au resto qu'on avait prévu de se faire, à la base entre potes. Je partais de mon côté dans ma gov' avec Éris, mon meilleur pote avait décidé de monter avec les autres, soi-disant pour nous laisser en amoureux. Il avait rien compris celui-là, j'voulais justement pas me retrouver seul avec elle, encore moins avec ce qu'elle m'avait dit ce matin. L'italienne avait décidé de mettre la radio, sûrement pour briser le silence qui planait entre nous, je sentais qu'elle me regardait de temps à autre mais c'était pas pour autant que j'avais quitté mes yeux de mon volant.
— On peut parler ?
— C'est pas ce qu'on a fait ce matin ? Disais-je.
À l'entendre souffler je supposais qu'elle abandonnait l'idée de vouloir parler, de toute façon ça servirait à r, l'bilan était toujours le même. J'étais conscient que je l'a faisais souffrir mais j'y pouvais rien, j'pouvais pas me forcer à l'aimer si mon cœur était déjà pris par une autre.
— T'a plus aucune chance Nabil, elle t'a oublié. Concluait-elle.
J'avais pas besoin qu'on me le dise pour le savoir, j'savais qu'elle avait tourné la page alors que moi je restais toujours sur la même. Et depuis notre séparation y'avait que nos souvenirs sur lesquelles je pouvais me rattacher.
Je me garais sur le parking du resto, je remarquais que mes reufs étaient pas encore arrivés sur notre point de rendez-vous, qu'on était donc les premiers avec Éris. On décidait de rester dans ma voiture le temps d'attendre les gars, je fixais bêtement le pare-brise de ma gova pendant que la napolitaine regardait j'sais pas quoi sur son téléphone.
— Tu fais quoi ? L'interrogeais-je, décidant de m'intéresser à sa life pour une fois.
— Je regarde la sortie d'un livre, il paraît que le dernier tome va sortir cet été. Me résumait la brune. Enfin, le tome deux avait été sortie y'a super longtemps.
Éris se baladait sur les réseaux sociaux, elle me montrait une tof de la couverture du futur bouquin qu'elle comptait s'acheter cette année. J'abaissais mon regard vers le bas pour lire le nom de cette auteur gravée en italique que j'reconnus immédiatement, Owen Lynch. C'était lui, c'était l'auteur préféré de Mahalia.
— Ouais, ça doit remonter à deux-milles-dix. Commentais-je alors qu'elle me chouffait de manière étonnée. Oui j'connais le livre, elle le lisait aussi.
— C'est bien le seul point commun que j'ai avec elle. Rageait l'italienne en m'arrachant quand même un p'tit sourire en coin.
Elle avait raison, y'avait que la lecture qui les rapprochait.
— Y'a moyen de savoir de quoi parle le dernier tome ?
— Hmm..nan. Pour l'instant on peut juste voir la première page de couverture, va falloir attendre encore un peu si on veut avoir un résumé.
Je vis la voiture de mon meilleur pote arriver, suivi de celles de mes autres potes, sortant tous un par un de leurs véhicules. Je quittais à mon tour mon Audi pour aller rejoindre ma bande, on rentrait tous ensemble dans le resto, je laissais Tarik blablater avec le mec de l'accueil pour lui dire qu'on avait réservé. On avait pris une grande table pour que tout le monde puisse rentrer. Je m'étais assis à côté de mon meilleur ami et l'italienne était venue se mettre à ma droite, deux serveurs étaient venus s'occuper de nous donc on passait tous commande. Pour ma part je m'étais pris une simple spécialité du resto, en fait j'avais à peine faim, j'sais même pas pourquoi j'avais dépensé mes sous là-dedans. Les gars parlaient chacun entre eux, Issam se tapait la causette avec Éris, j'écoutais même pas ce qu'il disait, j'étais duper dans mes pensées. Vers la fin du repas j'étais tipar fumer dehors avec mon pote Nader, on discutait très brièvement, j'essayais de lui retourner ses questions pour pas montrer que je m'en fichait de sa gueule. Ce mec là je l'aime bien j'dis pas le contraire, j'étais juste pas d'humeur à parler et de devoir faire semblant de kiffer ma life. J'sais qu'un autre aurait carrément été refait à ma place, tout l'monde rêvait d'une vie de rockstar, et j'aurais dû l'être aussi. Mais il me manquait toujours ce p'tit truc. Mais c'était même pas la peine que j'en reparle parce que vous saviez déjà le pourquoi du comment. Je finissais par écraser la fin de ma clope sous la semelle d'une de mes pompes, je retournais dans le restaurant sans vraiment regarder où j'allais, c'est pour ça que je m'étais cogné contre quelqu'un et j'avais commencé à râler sur la personne sans même apercevoir son visage. Et je l'avais vite fermé en remarquant que c'était ma p'tite reuss.
— Qu'est-ce tu fais là ? Posais-je, après m'être accroupi face à ma nièce de cœur.
— Mamie voulait qu'on aille manger dehors. Désignait-elle du doigt mon ex belle-mère que j'pouvais pas voir à cause de l'effectif de clients qu'il y avait ici. En plus faut que j'y retourne sinon papa va râler.
Elle grandissait trop vite cette gamine, déjà onze piges qu'elle existait, j'voyais plus le temps passer. Et dire que quand je l'avais connu elle portait encore des couches, maintenant elle était au collège, zeubi.
— Tu fais un bisou de ma part à ta grand-mère ? Quémandais-je.
— Viens avec moi, mamie sera contente de te voir. M'attrapait-elle par la main en me tirant jusqu'à la table de ses darons.
J'vous jure que j'ai essayé de retourner à ma table, mais je pouvais rien refuser à cette gamine. Thaïs m'emmena jusqu'à sa table, cette fourbe partît direct s'asseoir à côté de son daron pour me laisser tout seul dans ma merde. Je savais même pas quoi dire à part bonsoir, c'était même pas sa mère et son père qui me stressait mais c'était surtout le fait de me retrouver devant mon ancienne belle-mère. Elle avait pas arrêté de me fixer depuis mon arrivée.
— Tu veux peut-être te joindre à nous ? Me proposait gentiment Inna.
— Nan j'peux pas, je suis déjà avec mes gars.
— Une prochaine fois alors, tu sais que tout sera toujours le bienvenu dans la famille.
C'était bien la seule qui me parlait encore depuis ma séparation avec sa reuss, le reste de leur mifa me calculait ap.
— Dis Nabou, c'est vrai que tu vas partir à Londres voir ma tata ? Demandait innocemment ma tipe que dévisageais sa mère, se sentant sûrement honteuse par sa question. Je pourrais venir avec toi ?
— Thaïs ! La corrigeait sa mère.
— Le collège c'est pas une option. Rajoutait son daron sous les acquiescements de sa belle-mère.
Intérieurement je souriais en voyant la mine boudeuse qu'affichait la p'tite, elle avait ce même côté buté que sa tante, j'vois de qui elle tenait son trait de caractère.
— Mais ça se fait pas, lui il aura le droit à des vacances et moi nan ! Râlait toujours la môme.
Si elle savait. J'allais surtout à Londres pour le taff et c'était certainement pas des vacances, de plus, j'savais même pas que j'allais croiser mon ex à l'un de mes showcases avec sa nouvelle bande d'amis et son fiancé.
[...]
𝐊𝐞𝐧𝐬𝐢𝐧𝐠𝐭𝐨𝐧, 𝐋𝐨𝐧𝐝𝐫𝐞𝐬 - 𝟏𝟏𝐡𝟒𝟏
Le téléphone fixe de mon appartement s'était mis à sonner, n'ayant pas la force de bouger j'étais resté allongé dans mon lit, emmitouflé dans ma grosse couverture d'hiver qui me tenait plus que chaud. J'avais horriblement froid, je ressentais de petits frissons dans le dos et j'avais toujours ces mêmes crampes à la tête, comme si on m'avait tapé à coups de marteau sur le front. La fièvre ne voulait toujours pas redescendre, et le seul remède que j'avais c'était de dormir sauf que je ne me sentais pas fatigué. En rentrant de mes vacances de Noël j'avais commencé à tomber malade, tout était parti d'un simple rhume et j'avais fini par me choper une grippe sur mon lieu de travail, une autre de mes collègues l'avait attrapé. Ça faisait deux jours que j'étais cloué au lit et que je passais la plupart de mes journées devant des téléfilms. Naël venait de partir travailler à son cabinet, il avait longuement hésité à rester avec moi mais je lui avais assuré que ça irait et qu'il pouvait partir l'esprit tranquille.
Le téléphone de la maison avait sonné de nouveau, peut-être que l'appel était important, c'était sûrement pour le boulot. Je prenais mon courage à deux mains pour me lever de mon lit, je gardais quand même ma couverture sur le dos que je m'étais trimballé jusqu'au salon, prendre cet appel. Je finissais par décrocher sans avoir pris la peine d'avoir regardé le destinataire, je me détendais petit à petit après avoir entendue la voix de mon demi-frère Adil. Je le laissais râler derrière le combiné pour ne pas avoir répondu à ses deux derniers messages qu'il m'avait envoyé sur Snapchat. J'imagine que ce traître de Rafaël avait dû lui balancer que j'étais tombé malade, Adil s'inquiétait toujours pour un rien depuis qu'on était jeunes et il continuait de vouloir me couver à mon grand âge. J'allais sur mes vint-huit ans cette année, je n'étais plus un bébé. Je savais que mes parents espéraient que je rentre en France pour mon anniversaire mais je n'avais pas prévu de retourner là-bas, comme toutes mes autres années ici, je célébrerais mon anniversaire avec mes amis que je m'étais fait sur Londres. En plus, je n'avais pas le temps de prendre des congés pour pouvoir retourner dans mon pays natale. J'étais pleinement consciente que je n'accordais pas beaucoup de temps pour ma famille, ma sœur aînée me l'avait déjà fait remarquer et mes parents aussi. Je sais que je travaille énormément mais j'aime mon travail et je ne compte pas le changer.
— T'a pu réfléchir à ce qu'on s'est dit à Noël ? Me demandait mon demi-frère, d'une voix hésitante.
Je prenais le temps de m'asseoir sur mon canapé avant de répondre à sa fameuse question.
— Un petit peu..mais j'ai pas encore pris ma décision. Je suis pas sûr que ce soit une bonne idée.
Mon frère fréquentait toujours mon ancienne copine du lycée, depuis qu'il s'était mis avec elle il ne l'avait plus du tout lâché. Et aujourd'hui il songeait à vouloir l'épouser, il ne l'avait pas encore fait mais il souhaitait demander sa main durant sa fête d'anniversaire à lui, auquel il voulait m'inviter alors que j'avais décidé de tirer un trait sur mon amitié avec Naoual. On ne s'était pas reparlé depuis nos derniers différents concernant mon ex petit copain et je n'avais pas non plus apprécié apprendre que c'était à cause d'elle que le frère de Nabil avait été en prison. Adil pouvait me dire ce qu'il voulait sa copine était une vraie peste.
— Je veux inviter les gens que j'aime alors tu dois être présente. Tentait-il de me faire changer d'avis.
— De toute façon maman prendra sûrement des vidéos alors tu pourras toujours me les envoyer-
— T'a pas d'excuses, tu dois être là. Et puis je me suis déjà arrangé avec Pietro pour que tu puisses venir, tout est réglé.
En plus de contacter mon agent sans même m'en parler il décidait aussi à ma place.
— Ça sera aussi l'occasion de pouvoir t'expliquer avec-
— Je me suis déjà expliqué avec ma sœur, je me suis même excusé alors tu vas devoir te trouver d'autres excuses pour me convaincre.
— Espèce d'idiote je parlais pas d'elle, je parlais de l'autre con.
— Depuis quand tu te fais du soucis pour lui ?
— C'est pour toi que je m'inquiète, Raf' m'a dit que vous avez reparlé de lui la dernière fois qu'il t'a eut au téléphone.
Quel balance ce Rafaël, pensais-je.
— Je vais bien. Lui assurais-je.
Et j'allais vraiment bien, c'est juste que la dernière fois que j'avais reparlé de mon ex avec mon meilleur ami je m'étais rappelé des mauvais souvenirs. C'est vrai qu'il m'arrivait de repenser à notre histoire mais ça ne voulait pas dire pour autant que je l'aimais, j'aimais déjà quelqu'un d'autre maintenant. Oui, Nabil avait eut une place très importante dans ma vie et ça n'allait pas changer. Je me sentais toujours blessé vis à vis du comportement qu'il avait eut pendant notre séparation, on pouvait penser que je m'en fichais parce que c'était l'image que je renvoyais toujours mais dans le fond ce n'était pas du tout le cas. Très peu de personnes savaient que j'étais revenu à Paris quelques mois après que je ne décide de rompre avec lui, j'étais réapparu sur Corbeil en fin d'année, au mois de décembre. J'y avais bien réfléchi et je me sentais prête à le laisser s'expliquer, peut-être même à lui redonner une seconde chance. À l'époque j'avais été bien conne, j'aurais dû me douter qu'il m'aurait déjà remplacé. Rafa était passé me prendre à l'aéroport, lui aussi m'avait laissé quelques indices qui montraient parfaitement que monsieur n'était plus disponible. Mon meilleur ami m'avait attendu en bas de mon ancien appartement pendant que je montais dans notre ancien chez nous. J'avais gardé mon trousseau de clés donc j'avais pu rentrer comme bon me semblait, je me rappelle que chacune des pièces n'avaient pas été allumées sauf notre chambre vers laquelle je m'étais directement dirigé. Et la suite vous devriez la connaître, je n'étais même pas encore rentré le rejoindre que j'avais directement fait demi-tour, ayant entendu une voix féminine à travers la porte.
— De toute façon c'est du passé, tout est de ma faute. J'ai été naïve, je pensais qu'il était différent de mon père mais apparemment je me suis trompé.
— Si tu m'aurais écouté t'en serais peut-être pas là aujourd'hui.
— Si je t'écoutais j'aurais fini vieille fille, Nabil tu l'aimais pas et Naël non plus.
— J'ai pas dit que je l'aimais pas, on a juste pas d'affinités c'est tout, il a ses délires et j'ai les miens. Et puis ça va faire que deux ans que vous êtes ensembles, laisse-moi le temps d'encaisser.
J'aurais pu lui présenter n'importe quel autre homme Adil ne l'aurait pas apprécié. Dans le fond il ne voulait pas se l'avouer mais je sais qu'au fond de lui il préférait largement mon ex à mon fiancé. C'était une certitude.
[...]
𝐂𝐚𝐩𝐞 𝐓𝐨𝐰𝐧, 𝐀𝐟𝐫𝐢𝐪𝐮𝐞 𝐝𝐮 𝐒𝐮𝐝 - 𝟏𝟗𝐡𝟎𝟓
Je chantonnais sous ma propre voix qui résonnait sur l'enceinte qu'avait lancé mon reuf, je terminais ma scène sur le radeau en bois que nous avait prêté un marin du coin. Mess me faisait signe qu'on en avait fini pour aujourd'hui, je reprenais ma pagaie de 'tal pour regagner tranquillement la plage. Tarik s'était pas gêné de se foutre de ma gueule quand il m'avait vu me casser la gueule en revenant sur la côte. Je lui levais fièrement mon majeur en l'air qu'il prit à la rigolade alors que je rageais encore pour être tombé comme une merde. J'aidais l'équipe de réal' à ranger tout le reste du matos dans les véhicules avec lesquels on était venu jusqu'ici. Eux, repartaient de leurs côtés jusqu'à leur hôtel tandis que mes gars et moi on rentrerait de notre técô à la maison. Pour être plus tranquille on s'était loué un petit logement pour ces deux semaines de tournage à Cape Town, en Afrique du Sud. Ça faisait un petit time qu'on avait terminé le son « À l'ammoniaque » et on avait pas perdu de time pour le clipper, on comptait le balancer l'été prochain, avant de balancer le prochain clip éponyme de notre quatrième album. Depuis Dans la légende on s'était jamais arrêté de taffer, on avait continué de bosser sur nos prochains projets dont notre album qui serait peut-être le dernier où l'avant-dernier, à vrai dire on savait pas encore. Tout ce que je sais c'est que les gens allaient kiffer, dans cet album y'en avait pour tout les goûts. Pour le moment j'avais juste fait écouter une partie d'un de mes morceaux préf à mon meilleur ami et comme tout mes sons il avait adoré, et j'sais que ça l'avait beaucoup touché, on me disait souvent que ma plume touchait les gens. Pourtant elle était pourri, je faisais que cracher ma haine et ma mélancolie sur des instrumentales. Mais Issam était pas d'accord avec oim, il trouvait que j'étais doué mais moi j'trouvais pas. L'instru de Zoulou tournait encore dans ma tête avec quelques paroles de mon couplet.
J'ai grandi dans le zoo, j'suis niqué pour la vie
Même si j'meurs sur une plage, j'suis niqué pour la vie
Parce que ceux que j'aime ont la haine, j'suis niqué pour la vie
Parce que j'cours après ce biff, j'suis niqué pour la vie
Merci pour les étoiles que t'as posé sous mon ciel
Me suis pas de trop près si tu veux garder tes ailes
J'récolte ce que je saigne, que le bonheur te prenne
J'ai lâché ma haine, j'ai causé ta peine
J'fais pas trop confiance, c'est la rue
J'confie ma conscience à la lune
On danse la misère, on parle la guerre
Charbonne pour pas se perdre, 22 sur Casper
T'as bien gé-chan comme mon TZoo
Comme le Bât' C, comme moi demain.
C'est cette partie là que j'avais fait écouté à mon frère, j'imagine que ça l'avait touché parce qu'il savait de quoi je parlais dans mes textes. La vie dans le zoo et la misère, tout ce qu'on avait vécu ensemble. J'avais pas besoin de lui expliquer le pourquoi du comment vu qu'il me comprenait et que j'le comprenais aussi sans qu'on ait l'besoin de parler, on était pas des frères pour rien. Sa p'tite tête de con commençait à me manquer même si on s'était déjà vu en janvier, j'avais hâte de revoir sa gueule cet été. Toute la bande partait en vacances avec Tarik et moi, on avait aussi prévu de tourner un clip dès qu'on aurait posé les pieds sur notre lieu de destination. J'aurais aimé pouvoir l'emmener avec nous durant les tournages, à l'époque c'est avec elle que j'me rendais pour tourner dans l'zoo et maintenant je m'accompagnais tout seul. Elle avait rêvé plein de fois de comment serait nos concerts et des tenues que j'aurais porté, aujourd'hui elle est même pas là pour le voir, j'pète le seum. Si j'avais pas abandonné le rap c'était en partie grâce à elle parce qu'elle m'avait toujours soutenu, du début jusqu'à la fin. On aurait dû briller ensemble, c'était ce qu'on s'était dit. Ça fera bientôt six ans qu'elle m'a quitté, six putain d'années que je l'avais toujours pas oublié et qu'elle allait se marier avec un boug qu'elle connaissait à peine. Je suivais quelques magazines anglais sur mes réseaux sociaux et ils parlaient que de ça, du mariage de la "célèbre" modèle franco-londonienne alors qu'elle était même pas de là-bas. Et son pélo pouvait m'dire ce qu'il voulait, j'savais qu'il y'avait toujours un truc entre elle et moi, j'le sentais.
Tout comme j'sentais que ce mariage allait pas durer. Et dans l'cas contraire c'est moi qui allait le détruire.
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Helloooo ! Ça faisait un petit moment que je n'avais pas posté. Pas mal de personnes se demandaient si je n'arrêtais pas l'histoire, je vous rassure, je ne l'arrête pas. Je me concentre simplement sur Autre Monde vu qu'il ne me reste pas beaucoup de chapitres à écrire.
N'hésitez pas à me dire ce que vous avez pensé du chapitre, si vous avez des questions j'y répondrais avec plaisir !
@nyxialmd 💃🏽
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