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« Que la F, rien ne change dans ma putain de tête. »
𝐌𝐚𝐢𝐬𝐨𝐧 𝐝'𝐚𝐫𝐫𝐞̂𝐭, 𝐅𝐥𝐞𝐮𝐫𝐲-𝐌𝐞́𝐫𝐨𝐠𝐢𝐬 - 𝟏𝟓𝐡𝟑𝟎
Fixant mon gobelet d'fé-ca que j'étais allé me prendre un quart d'heure plus tôt au distributeur du bâtiment principal par lequel j'étais passé en arrivant, j'écoutais mon reuf me raconter la routine de ses journées depuis qu'il était rentré en zonz'. C'était toujours les mêmes choses, écrire des textes, sortir en promenade et pioncer quand il le pouvait parce que la plupart du temps il s'tapait des nuits blanches à répétition, Tarik se tourmentait trop le cerveau et je le comprenais, moi-même je l'aurais été en étant enfermé ici. Il devait grave avoir l'impression de tourner en cage, comme baba autrefois, tout le monde savait que la prison mettait à bout et mon frère l'était déjà alors qu'il allait y rester encore pour longtemps. Le temps allait vraiment être long sans lui. Je lui racontait un peu ma routine au zoo y compris les derniers news qui s'étaient passé mais la majorité était inintéressante, on faisait tout le temps la même chose, se lever pour aller taffer puis rentrer chez soi le soir retrouver sa mif. Pour ma part je rentrais plutôt le matin à l'heure où mon p'tit reuf déjeunait devant la télé, en général je vendais la nuit jusqu'aux aurores et je rentrais nehess à l'appart uniquement quand le jour venait de se lever. Je me réveillais ensuite dans l'après-midi puis j'allais traîner dehors avec Issam avant d'aller retourner au charbon dans la soirée. En y repensant mes journées étaient toutes les mêmes mise à part le week-end où j'étais de repos, un pote à moi me remplaçait du samedi au dimanche pour que j'puisse profiter de ma mif. Ma belle-mère bossait toute la journée et comme je rentrais tard à la maison, on se voyait jamais à part le matin en coupe-vent quand je me levais pour aller me boire un verre d'eau à la cuisine et qu'elle terminait tout juste son p'tit déj. C'est pour ça que je privilégiais un max mon week-end, pour pouvoir profiter des miens.
— Toujours avec ta malade mentale ? Me lançait mon grand en croisant ses gros bras contre son torse.
J'hochais tranquillement de la tête avant de me mettre à sourire en entendant ses mots.
— Elle a du caractère, j'aime bien..quelque fois elle est jnouné mais ça va elle est cool.
Elle était cool quand elle le voulait parce que quand elle se décidait à me faire chier elle se gênait ap.
— Ça change des autres meufs avec qui je t'ai vu traîner. Se marrait mon frère en se gênant ap de me rire à la gueule.
— Et toi le célibat, c'est comment ? Changeais-je de sujet en le pointant de la tête.
— Ça s'passe.
Il m'en disait pas plus et j'eus pas besoin de gratter des infos sur sa vie privée car je savais qu'il préférait garder ses histoires pour lui et je respectais tout à fait son choix. Mon frère était comme ça, du genre discret et même si il pouvait avoir une meuf en dehors des barreaux j'pouvais être sûr qu'il m'en parlerait pas avant longtemps. C'était comme ça dans notre famille, on préférait faire nos coups en douces plutôt que de déballer des détails de nos vies, pas parce qu'on se faisait pas confiance mais simplement parce qu'on voyait pas l'intérêt de se raconter des trucs perso.
C'était comme ça, et ça risquait pas de changer.
[...]
Le matin se levait enfin malgré le sale brouillard qui traînait au zoo, je voyais à peine les immeubles d'en face depuis le balcon et c'était pareil pour les bagnoles que j'apercevais à moitié grâce à leurs phares qui m'faisait de l'œil. Mon bonnet quittait une fois ma tête lorsque je rentrais à l'intérieur me mettre au chaud, je remerciais de la tête Séléné quand elle me tendît le plaid de sa fille qui traînait sur le canap' et que j'me gênais ap d'accaparer, ayant beaucoup trop froid depuis que j'étais sortis mer-fu dehors. Je remerciais de nouveau la daronne de l'arménienne lorsqu'elle me donnait une tasse de chocolat chaud que je prenais sans broncher, elle avait sûrement dû me cramer à gargouiller du ventre en arrivant et elle devait se douter que j'avais pas pris de petit déj avant de venir. Normal, que je commençais à avoir la dalle vu que je m'étais levé sans graille avant de me rendre chez les Rivera. J'étais venu un peu plus tôt que prévu et j'avais bien fait, peut-être qu'avec un peu de chance la brune allait bientôt sortir de sa douche et l'on pourrait ensuite prendre la route. On était mi-février et tous les gosses du zoo étaient en vacances, y compris gazelle et moi parce qu'on avait décidé de se faire une semaine en Corse dans l'ancienne maison de ma grand-mère que mon daron avait conservé en une maison de vacances. J'crois que j'avais jamais été aussi pressé de me tailler d'ici, je savais que le temps était pas non plus le meilleur à Porto-Vecchio mais c'était pas ça qui m'importait le plus. Je me doutais que j'allais devoir me taper de la pluie tous les quatre matins mais c'était pas un blem, le principal était que je change de cadre et que j'puisse profiter un max avec ma meuf. D'ailleurs ça m'étonnait un peu que sa mère ait rien dit pour notre petit séjour à deux, d'hab elle aurait déjà donné son avis mais Mahalia avait dix-neuf piges donc elle avait plus trop son mot à dire sur certains points. En y repensant ma brune aurait tout juste vingt piges le mois prochain et je savais toujours pas ce que je comptais lui offrir pour son anniv.
Elle était chiante à rien vouloir aussi, me fis-je la remarque.
Tout ce qu'elle voulait cette année c'était de passer son anniversaire sous sa couette à mater des films en se coupant la faim avec des tonnes de conneries que j'avais moi-même dans le placard de chez moi. Il fallait vraiment que je réfléchisse à quelque chose de bien et qui changerait carrément des autres années, même Rafaël savait pas quoi lui offrir mise à part l'idée en commun que l'on avait tous les deux eut, faire venir la grand-mère de Mahalia en France pour son anniversaire. On savait aussi bien qu'elle, que sa grand-mère et elle formaient carrément la paire et que plus d'une fois j'avais retrouvé la portoricaine en visio avec sa grand-mère avant que l'on sorte dîner en ville. Elles s'appelaient une à deux fois par semaines mais désormais un peu plus depuis que la santé de cette dernière se dégradait de plus en plus avec l'âge. Mahalia savait que sa grand-mère n'était plus toute jeune et qu'elle finirait par s'éteindre dans moins de quelques années, comme son grand-père décédé juste avant l'âge de ses onze ans. L'idée de faire venir sa grand-mère en France allait être difficile puisqu'elle était vieille et qu'elle risquerait pas de vouloir faire le trajet d'Erevan jusqu'à Paname, nan, elle aurait besoin de quelqu'un qui soit là avec elle. C'était aussi pour ça que j'étais venu de bonheur à l'appart de Mahalia afin de pouvoir en parler à sa mère et j'avoue que le fait qu'elle-même soit pas totalement fermé au plan me rassurait un peu, même si elle m'avait prévenu que ça risquait d'être compliqué de faire venir sa propre mère al vu qu'elle kiffait ap voyager loin et encore moins de sortir de sa zone de confort. Séléné me disait qu'elle allait gérer le bail puis qu'elle m'en reparlerait lors de mon retour au zoo. Maha sortait entre-temps de la salle de bain en séchant ses veuch comme elle le pouvait à l'aide d'une serviette qu'elle posait ensuite sur une chaise de table de la salle à manger. Je râlais dans ma barbe quand je sentis des gouttes humides de sa tignasse perler sur mon visage alors qu'elle me fit un boussah sur les joues, me causant un smile indescriptible sur mes lèvres. Mahalia se retapait un aller-retour jusqu'à sa piaule afin d'aller récupérer son manteau et sa valise qu'elle fît rouler jusqu'au salon. De mon côté je traînais encore sur mon siège à regarder un vielle album de famille que m'avait passé la vieille le temps que sa fille aille chercher ses affaires, j'avais très bien compris que l'affaire du book était juste une excuse pour nous retarder dans notre départ. D'un côté on avait encore le time puisque notre avion décollait en début d'après-midi mais valait mieux être prudent avec les bouchons qu'il y avait sur la route. Je tournais la page suivante de l'album et un sourire en coin me prenait les lips quand je vis une jolie petite fille vêtu d'un costume rouge, sûrement originaire de son pays, ainsi qu'un p'tit garçon aux cheveux bouclés juste assis à ses iep, j'avais facilement deviné que le p'tit gars devait être Imrân. Voulant voir le cliché d'un peu plus près je le retirais de l'album puis je le retournais dans le sens inverse histoire de voir si la date de l'image avait été noté sauf qu'il y'avait rien, hors-mi des petits mots que je me lisais à voix basse.
« Mahalia Naïrih Rivera-Saatdjian, fête de Vartavar »
— Et ça c'est quoi ? Demandais-je en montrant le dernier mot à Séléné.
— Vartavar, une fête nationale du pays. Me déclarait-elle en souriant timidement devant le cliché de sa fille. C'est fou comment le temps est passé..ils ont tellement grandi.
— Mamá, on va jamais décoller de là si tu commences à lui sortir tous les dossiers de famille. Déboulait ma brune en soufflant. En plus j'suis horrible sur ses photos.
— T'a rien oublié ? Vérifiait sa daronne.
À la voir autant sur ses côtes je me demandais bien comment ça allait être le jour où Maha habiterait plus chez sa mère, parce que ce jour là finirait par arriver. Et ça faisait un bon petit moment que l'on se tâtait l'esprit à nous prendre un appart dans le coin. Je charbonnais un max sur le terrain pour que l'on puisse se payer un logement sur Corbeil et Mahalia taffait de son côté au resto familiale de son meilleur pote, sans compter les heures de babysitting qu'elle faisait par semaine. En clair, on essayait de se mettre un maximum d'argent de côté et j'espérais qu'avant la fin de l'année on puisse avoir les moyens de pouvoir se payer un p'tit truc à deux.
— Bonne vacances alors. Nous lançait la vieille en nous raccompagnant jusqu'à la porte de sortie.
Par chance l'ascenseur du bat' avait été réparé donc on s'était pas gêné pour le prendre tout comme d'autres voisins qui avaient profité de l'occaz, comme nous. On les laissait d'abord passer en arrivant au rez-de-chaussée puis l'on sortait à notre tour, rejoignant le beau-père de Maha qui était venu nous attendre juste devant l'immeuble. Je récupérais en deuspi mon sac de voyage que j'avais laissé dans ma caisse, encore garé sur le parking, puis je retournais sur le devant du parking fourrer mon sac dans le coffre. J'entendais la radio de la bagnole s'allumer pendant que je m'installai sur le siège côté passager à l'arrière, j'envoyais un dernier texto à mon shrab Issam avant de laisser mon tél en silencieux pour le reste du trajet.
[...]
Les vagues s'abaissant de nouveau sur les galets de noir de la plage, j'appréciais pleinement le bruit de la mer et de la mélodie que jouait le vacancier à quelques mètres plus loin de oim, je gardais tout de même un œil sur ma lionne que j'entendais rire derrière le combiné de son bigo. J'me sentais déjà un peu plus soulagée que la veille en l'entendant se marrer et taper sa meilleure conv' avec son p'tit reuf. Pour une fois qu'ils se crachaient pas à la gueule, c'était un miracle et je comptais bien me rappeler de ce jour où j'avais pu voir un moment de complicité entre les deux. Je savais que ça leur ferait du bien de se parler tranquillement sans crier, ils en avaient bien besoin vu ce qu'il s'était passé en début de semaine. La santé de leur grand-mère avait pas mal chuté et comme sa tranche d'âge dépassait largement la soixantaine d'années, ses proches flippaient tous pour la même raison, à commencer par ses petits enfants. D'après ce que leur avait dit leur mère, Maha pouvait être sûr que sa grand-mère tiendrait pas d'ici la fin de l'année, et elle et son frère s'en voulaient de pas pouvoir aller la voir une dernière fois avant la fin. Ils avaient pas assez de thunes pour se payer un aller-retour de Paname à Erevan et même leur daronne se trouvait dans la même situation qu'eux. De mon côté j'essayais de divertir un max ma brune pour pas qu'elle déprime durant ses vacances en Corse, fallait qu'elle profite à fond que l'on soit ici avant que l'on rentre à Corbeil. Un petit vent frais s'installait sur la côte et les nuages blancs de tout à l'heure commençait à devenir gris, me faisant râler automatiquement dans ma barbe. Il allait se mettre à pleuvoir d'ici peu et j'avais pas envie de rentrer trempé à la son-mai, c'est pour ça que j'avais alerté gazelle qu'il fallait que l'on décale sauf qu'elle m'avait ap entendu comme son rire faisait le double de ma voix. J'étais alors parti la chopper illico par la main dès que j'avais senti une goutte de pluie s'abattre sur mon visage, et comme je l'avais prédit il s'était mis à pleuvoir des cordes sur la plage et pleins de gens s'étaient mis à remballer leurs affaires pour se barrer. La baraque étant un peu plus loin d'ici, on avait pas eut le choix que de s'arrêter au premier endroit venue qui s'offrait à nous, j'avais alors sé-po nos sacs à dos sur un siège de libre qui se trouvait juste à côté d'une vieille dame que je vis s'endormir sur place en attendant que son tour ne vienne. Le bruit des machines résonnaient beaucoup moins qu'à ma laverie du zoo et j'avoue que le son de la pluie qui s'accordait avec formaient un parfait combo. Le décor était carrément différent de celle de mon TZ, ici les murs étaient peint en bleu marines alors que les nôtres étaient blanc, la zone de passage était plus petite car la nôtre formait une allée assez grande pour que les gens puissent circuler correctement. Honnêtement j'préférais large mon QG à moi, ma laverie à moi sortait carrément du lot surtout la night quand le proprio nous mettait ses lampes LED de couleurs vertes et bleus chaque fois que l'on passait nos fins de soirées là-bas. J'vous jure que j'kiffais, cette ambiance me donnait toujours l'impression d'être en pleine jungle et de voyager alors que je traînais juste dans ma ville, normal.
Les portes automatiques de la laverie s'ouvraient de nouveau et le froid de dehors pénétrait dans la pièce, je revoyais plusieurs personnes que j'avais pu voir à la plage venir se réfugier dans le même local que le nôtre et ça commençait sérieusement à m'saouler de voir les portes s'ouvrir toutes les dix secondes, c'était surtout qu'il faisait bon à l'intérieur et qu'à chaque fois qu'une personne entrait la température chutait d'un coup. J'allais finir par retomber malade si ça continuait. Vu que la pluie risquait ap de se calmer d'ici là, Maha avait eut la bonne idée de sortir sa paire d'écouteurs pour que l'on puisse s'écouter de la zik le temps d'attendre. Le monde commençait à se faire dans les parages et l'on avait laissé nos places aux plus vieux pour aller se mettre contre une rangée de machines inactifs, ma brune se trouvant juste contre oim, mes manos tenaient fermement sur sa taille entouré de la bonne couche de son jogging qu'elle m'avait piqué pour la journée. La musique de son tél se lançait enfin et je roulais automatiquement des yeux en reconnaissant son instru de « Vanessa » résonner dans mes oreilles, j'écoutais jamais ce son là mais gazelle le mettait tellement qu'à force je connaissais moi-même les paroles comme ma poche. Mahalia le mettait en boucle à son réveil et j'vous parlais même pas du bum-al de l'artiste qu'elle passait chaque fois qu'elle allait à la douche. Mais bon, si j'lui demandais de changer de titre on allait rentrer dans un débat pour tchi. Comme à son habitude ma brune s'était mise à valser légèrement de gauche à droite et j'avais cramé deux p'tits jeunes à nous mater d'un œil pas du tout discret, j'avais bien cramé que c'était ma meuf qu'il regardait plus particulièrement. Je m'étais ap privé pour leur lancer un regard bre-som et détourner leur yeux de ma go', sauf que j'me rendis compte qu'ils avaient pas eut l'air d'avoir bien compris mes signaux vu que j'en avais cramé un en train de beuguer sur l'arménienne et son piercing doré qui dépassait. J'avais directement caché son ventre en plaquant instinctivement mes deux mains sur son bijou playboy qui frottait contre l'une de mes mains.
— Arrête de rigoler, c'pas marrant. Me braquais-je après qu'elle m'ait cramé à faire mon jaloux.
— Si. M'enfonçait-elle en riant de plus belle avant que j'me mette à tirer sur l'une de ses mèches de cheveux. Aïe, ça fait mal !
— Pourtant ça te dérange pas quand-
— Ose finir ta phrase et je te pourris. Me menaçait-elle.
— Vasy qu'on rigole. Pinçais-je sereinement son oreille percée entre mes lips.
On avait attendu une bonne vingtaine de minutes avant de pouvoir rentrer à la maison. Sur le chemin du retour on s'était arrêté dans une supérette histoire de faire quelques petites courses pour soir-ce, je m'étais occupé de faire avancer le cadi pendant que madame s'était chargé de faire les allers-retours parmi les différents rayons du magasin. En rentrant à la maison on s'était pas fait prié pour aller à la douche, je fus le premier à y être allé puis dès que j'eus finis Mahalia venue prendre la sienne. Je rangeais vite fait les courses dans les placards de la cuisine le temps que la miss finisse sa douche puis je m'affalais ensuite dans le canap' devant un téléfilm tout pété. Je dû regarder pas plus de dix minutes de film avant que ma brune ne me rejoigne, comme d'hab je m'allongeais sur son ventre en réclamant des papouilles par la même occaz'. En même temps je faisais style de suivre le film alors que j'savais très bien que je m'endormirais en moins de deux, je finissais toujours par m'endormir quand Maha m'faisait des caresses dans les cheveux, ça me détendait de ouf et quand elle m'en faisait je pouvais être sûr de m'endormir pour une bonne heure. En sah, j'avais pas hâte de retourner sur Paname parce que j'étais tellement bien avec ma p'tite go', là au moins je l'avais pour moi tout seul et j'avais pas besoin de partager.
C'était ça l'bonheur de pouvoir partir en vacance uniquement avec ta copine, de pouvoir l'avoir rien que pour soi.
[...]
𝐃𝐨𝐦𝐢𝐜𝐢𝐥𝐞 𝐝𝐞𝐬 𝐌𝐢𝐳𝐫𝐚𝐡𝐢, 𝐓𝐚𝐫𝐭𝐞𝐫𝐞̂𝐭𝐬 - 𝟏𝟕𝐡𝟓𝟓
Repartant m'asseoir sur le canapé du salon, je fis bien gaffe à mettre mes chaussures de côté avant de m'être assis dans le fauteuil de madame Mizrahi, la mère à Issam. Celle-ci regardait un documentaire télévisé portant sur les derniers évènements qui pesait sur notre société, et comme d'hab elle avait ressorti son p'tit plaid de vieille qu'elle s'était mis sur les genoux pour pas attraper froid. Le chauffage était allumé mais comme la plupart du temps on le sentait pas vraiment donc c'était bien pour ça qu'à chaque fois que je passais al je m'assurais de mettre ma grosse doudoune sur moi, pour pas finir en situation d'hypothermie. Ça devait faire un bon bout de temps que j'étais plus passé ici et y'avait pas mal de choses qui avaient changé notamment la déco et quelques meubles de nouveau dans l'appartement. Étant gamin, je venais passer mes réssoi au bâtiment vingt-deux, ici c'était un peu comme ma deuxième maison. J'y allais pratiquement tous les jours lorsque je rentrais des cours avec mon shrab et qu'il m'invitait à monter prendre le goûter chez lui, tandis que chez oim les placards se faisaient plus que vides. Ce mec là m'avait dépanné tellement de fois et encore plus sa mère qui m'offrait toujours des rations de courses pour que je puisse tenir le mois avec mon reuf, Sarah et Yanis à l'époque où le daron traînait encore en zonz'. Eux aussi, je les remercierais jamais assez de nous avoir aidé quand ça avait été la merde. Encore une fois y'avait que la famille qui t'aidait dans les galères et ça depuis toujours. L'horloge du salon affichait dix-huit heures et je fis signe à mon pote que j'allais bientôt devoir décale vu que mes ienclits n'allaient pas tarder à arriver sur le lieu de rendez-vous. Si je l'informais maintenant c'était pour qu'il m'aide à me tailler rapidos parce que l'on savait tous les deux que sa mère allait vouloir me retenir pour que j'reste dîner alors que j'pouvais ap, et lui-même devait décale vu que c'était prévu qu'il aille voir sa go' dans le zoo. Sa daronne était pas encore au courant pour Hana mais elle devait se douter qu'il se passait un truc louche dans la vie de son fils vu qu'il rentrait toujours tard alors que ses cours de commerces se terminaient toujours tôt. Sa mère connaissait par cœur son emploie du temps donc dans les deux cas elle devait se douter que quelque chose tournait pas rond. M'apprêtant à quitter les lieux pour aller vendre sur le terrain, je renfilais mon bonnet sur la tête pendant que le con qui m'servait de meilleur pote s'amusait à me filmer pour je ne sais quel bail alors que j'aimais pas ça. Je lui demandais gentiment de couper sa vidéo parce que sa daronne était pas loin et que j'avais pas envie de me manger une tape en pleine tête parce que j'avais dit des gros mots. C'était comme ça, j'aimais pas qu'on me filme et encore moins par surprise surtout qu'Issam prenait toujours mon piff en gros plan et j'détestais ça. La dernière fois qu'il s'était amusé à me prendre en flag j'avais failli l'embrouiller pour r, j'me souviens qu'on s'était tous retrouvé en bande chez mon pote Assad, Karim s'était amusé à faire le malin devant la caméra et de mon côté je lui avais dit de se la fermer puis j'avais mis mes grosses mains devant la caméra pour qu'Issam arrête de me filmer de près. Mais en bref, pour le moment j'essayais de me faufiler incognito pendant que la mère de famille était concentré sur sa télé, je lui avais lancé un p'tit au revoir en me sauvant avant qu'elle ne me retienne jusqu'à ce soir. Je me dépêchais de prendre ma route et de faire rapidement ce que j'avais à faire, il caillait tellement que l'on prenait pas dix ans à faire nos échanges. Dès que j'avais vendu mon dernier sachet, j'avais filé sans broncher à l'appart comme tous les autres mômes du zoo, plus personnes sortaient dans les rues depuis que l'on avait franchi les grandes températures. Lorsque je refermais la porte de la casbah derrière oim, je retirais mon manteau ainsi que mon bonnet que j'accrochais sur le porte-manteau située juste devant l'entrée, je déchaussais également mes pompes que je rangeais avec celle de mon petit frère que j'entendais râler depuis le salon. J'eus pas besoin d'écouter ce qu'il racontait pour deviner qu'il devait encore faire chier son monde comme la plupart du temps ces derniers mois. Je sais pas ce qu'il lui arrivait à celui-là mais il était relou avec tout le monde et même Sarah commençait à perdre patience de sa p'tite tête, Yanis cassait les couilles à tous le monde en c'moment. J'étais pas au courant que les crises d'ados débutaient dès cette âge là, moi-même à son âge je les cassais pas autant et baba pouvait le confirmer. Je fis un boussah sur la joue de ma belle-mère avant d'aller m'enfermer à la salle de bain, je m'éternisais pas plus que ça à la douche puis comme j'avais la dalle je m'étais pas permis de prendre dix piges sous l'eau. Je m'habillais de vêtements chauds et confortables pour la nuit puis je ressortais de la pièce pour aller me rendre en cuisine afin de me réchauffer des restes de la veille au micro-onde. Une fois mon assiette réchauffée en main, je retrouvais les miens au salon tandis que je me plaçais en retrait sur la table de la salle à manger pendant que mon p'tit reuf continuer de jouer les Calimero.
— On peut jamais rien faire de toute façon. Entendais-je rechigner mon p'tit frère. J'ai pas le droit d'aller dormir chez Sabri mais Nabil a le droit d'aller chez sa copine le soir, et comme d'hab on lui dit rien et c'est Yanis qu'on engueule.
J'avais lâché sans le faire exprès mon couteau d'argent qui claqua maladroitement contre mon assiette, m'enfonçant un peu plus dans la situation. Je sentais très bien que ma belle-mère me guettait depuis son emplacement alors que j'essayais un max de dissimuler ma gêne, le pire c'est que je sentais que j'allais me mettre à rougir et c'était pas du tout le moment.
— Quel copine ? M'interrogeait Sarah que j'entendais quitter sa place pour venir s'asseoir juste en face de oim.
— Bah la fille de ta coiffeuse. Lâchait Yanis sans pour autant calculer mes appels de fards. Ça fait trois ans qu'il s'tape des allers-retours chez elle quand tout le monde dort.
J'allais le démarrer.
Personne savait que j'avais une meuf hors-mi mes potes et mes frères mais j'pensais ap que Yanis allait me poucave auprès de sa mère. J'avais préféré garder mon couple secret pour moi parce que je connaissais très bien Sarah et ses petites questions de maquerelles qu'elle m'aurait posé si elle aurait sû que j'avais une p'tite copine, et j'sais très bien que mon daron se serait mis sur mes côtes pour tchi. J'crois bien que c'était surtout lui le pire dans l'affaire, c'était un vrai parano et vu ce que ma daronne lui avait fait dans le passé il se tordait dès que Sarah s'amusait à parler de filles à la maison.
— Mais tu l'as déjà vu maman ! S'exclamait Yaya. C'est la fille qu'on a croisé sur le parking à Lukas !
— T'a pas besoin de crier, on entend très bien quand tu parles. Râlais-je méchamment en me tapant un scarface par ma belle-mère. Wallah qu'tu m'les casses à pas tenir ta langue-
— Ton père est au courant ? M'interrompait Sarah.
— Pour quoi faire ? Pour qu'il m'tape son interrogatoire de paranoïaque ? C'est pas la peine et puis on est pas obligé de lui dire. Haussais-je mes épaules.
— En tout cas moi j'aimerais bien la rencontrer, on pourrait l'inviter à dîner, qu'est-ce que tu en penses ?
J'en dit que c'est une mauvaise idée mais je pouvais ap aller à l'encontre de son sens.
— Hmmh. Acquiesçais-je brièvement. Mais on en parle pas à baba.
— Fais-moi confiance.
C'était bien ça le problème, elle mentait jamais à mon père et quand elle le faisait il l'a cramait direct donc ça allait être la merde pour lui cacher un truc pareil.
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