Chapitre 55 :Le désespoir d'Adara
Par mon unique faute, Dumbledore s'est vu obligé de fuir Poudlard, laissant Ombrage comme directrice. Winky, l'ancienne elfe de la famille Croupton, était au château et avait sombré dans l'alcoolisme. En la voyant, je me disais que je ne méritai que ça. J'avais condamné l'AD, et même avouer être amoureuse de l'autre face de flanc. Comment les choses avaient pu partir autant en cacahuète ? Le pire, c'est que personne n'était là pour me réconforter.
Sally et Ernie vinrent me trouver, c'étaient mes deux meilleurs amis, ceux qui me connaissaient le mieux et qui avaient le plus de chance de me calmer. Mais les voir, ça ne me fit que me sentir plus mal. Quand je les regardais, je ne voyais que ma trahison et ma stupidité.
– Adara, personne ne t'en veut pour ce que tu as fait, tu pensais bien faire, assura Sally d'un ton réconfortant. De toute façon, Ombrage aurait quand même utilisé le véritaserum sur nous. Si ce n'était pas Cho, ça aurait été quelqu'un d'autre qui aurait été contraint d'avouer.
– Elle a raison, c'est Ombrage le monstre. On ne peut pas lutter contre cette garce, elle a le Ministère de son côté et n'hésite pas à enfreindre les lois magiques, ajouta Ernie.
– Merci d'essayer, mais ça ne m'aide pas, répondis-je en pleurant et me cachant sous mon plaid.
Quelques instants plus tard, Susan vint me remettre une lettre. Je n'avais aucune envie de la lire, mais elle m'informa qu'elle venait d'Hugo Delarune. Sans conviction ni énergie, je la lus dans ma tête. Il me donnait rendez-vous ce soir pour que nous parlions. Le voir était la dernière chose que je voulais en ce moment, mais mes amis insistèrent. Ils étaient incapables de m'aider, malgré leur énorme volonté. Peut-être qu'il était la dernière personne capable de me sortir la tête de l'eau.
[...]
Justin s'était porté volontaire pour couvrir mes arrières. De toute façon, nos chers Préfets n'avaient absolument pas connaissance de ma petite sortie nocturne. Ernie et Hannah me firent un clin d'œil complice et me conseillèrent d'être prudente. Même si l'Armée de Dumbledore n'était plus, la Brigade inquisitoriale, elle, était toujours active et plus vive que jamais.
Je quittai donc discrètement ma Salle Commune ainsi que le château et me rendit au point de rendez-vous fixé par Hugo. En chemin, il me vint une idée étrange. Et si tout ceci était encore un piège ? Après tout, je m'étais fait avoir une fois. Adara Selwyn n'était pas aussi maligne qu'elle le prétendait. Mais non, c'était bel et bien mon ami français qui se présenta à moi au clair de lune.
– Adara, désolé de ne venir que maintenant, j'ai été retenu à Beauxbâton, me lança-t-il d'un ton précipité.
– T'en fais pas, c'est tellement la merde en ce moment que je suis contente de te voir.
Sans prévenir, mes yeux déversèrent des litres de larmes et mes genoux lâchèrent. Je me retrouvai totalement désemparée, à la merci du désespoir. Heureusement, les réconfortants bras d'Hugo me retinrent et me soulagèrent un petit peu.
– Que comptes-tu faire pour l'évasion d'Esteban Atano ?
Hugo n'était pas au courant de ce qu'il s'était passé ici ces derniers jours. Cet homme était le cadet de mes soucis actuellement. Je n'étais pas mal à cause de lui, mais de mes erreurs.
– Ce n'est pas lui qui m'inquiète le plus, mais plutôt les dix Mangemorts qui se sont évadés et qui vont venir nous massacrer à la première occasion. Une guerre approche ici, Voldemort est de retour !
C'est bien cette partie qui me filait des frissons, je n'avais plus personne pour me former correctement aux duels. J'ai bien failli perdre contre Malefoy, une honte totale. Je lui racontai donc l'épisode qu'il y a eu entre l'Armée de Dumbledore et la Brigade inquisitoriale.
– Je t'avais prévenu pour Drago, il est dangereux et ne t'apportera que de la souffrance, cracha Hugo en jetant des éclairs avec ses yeux. Je peux t'aider à te venger, si tu le souhaites.
C'était bien la dernière chose que je souhaitais. Tout ce que m'importait, c'était de me réconcilier avec mes amis et de sortir ce sale con de ma vie. Enfermé dans son mépris pour Malefoy, Hugo ne se montra pas d'un grand soutien. Si seulement il pouvait comprendre ce dont j'avais besoin.
– Tu sais, si tu as besoin d'aide pour quoi que ce soit, je suis là. Je suis prêt à tout pour te protéger et te rendre heureuse, me confia-t-il en prenant tendrement dans ses bras. Je peux botter le cul de Drago, chercher des informations sur le plan d'Esteban, ou juste recruter des partisans pour vous aider dans la guerre à venir.
Quand il le voulait, il n'était pas si nul. C'est sur cela qu'on se quitta, je vis bien que ses yeux demandaient davantage, mais je ne pouvais le lui donner pour l'instant.
Pourquoi est-ce que la présence d'Hugo ne m'avait pas fait autant de bien que ce que j'espérais ? L'année dernière, les choses étaient quand même plus simples. Sans dire que j'étais aussi mal qu'avant de le voir, mon état n'était pas franchement mieux.
Je me contentai donc de retourner nonchalamment au château. Qu'importe ce qu'il allait se passer maintenant, je m'en fichais. Je pouvais bien tomber sur la Brigade, me faire renvoyer de l'école ou attaquer par un troll, c'était du pareil au même. J'étais à un point de non-retour, où tout m'indifférait. Je finis malgré tout par regagner le couloir des cuisines sans aucune embûche sur le chemin.
– Mademoiselle Adara Selwyn, encore dans les couloirs à cette heure, affirma une tendre voix emplie de bienveillance.
Je me retournai et découvris l'imposante silhouette fantomatique du Moine gras, le fantôme de Poufsouffle. Il était super gentil, loyal et prêt à aider tout le monde. C'était un bon représentant de sa maison. Mais il était malgré tout là pour nous faire respecter les règles. Même si c'était lui et non Rusard ou Peeves, j'étais dans la merde.
– Vous savez, vous pouvez avertir Chourave pour qu'elle me renvoie. Je ne suis pas une bonne Poufsouffle et je n'ai plus rien à faire ici, répliquais-je avec une tristesse grandissante.
– Allons mon enfant, pourquoi de telles paroles ? demanda le moine en s'approchant de moi. Tu as peut-être commis des erreurs, mais certainement pas au détriment de tes valeurs.
– J'ai été déloyale envers mes amis et ma maison. Je les ai vendus à Ombrage, certes, c'était involontaire, mais je l'ai fait quand même, expliquais-je d'un ton dur. J'ai été lâche, fourbe, mesquine et j'ai laissé mes sentiments biaiser mon jugement. Vraiment, je ne mérite pas ma place auprès de vous...
Le moine se mit alors à flotter tristement au-dessus de ma tête. Il me jeta un tendre et réconfortant regard.
– Ma petite Adara, moi, je vois en toi une fille sincère, juste et loyale. Tu as voulu lutter pour la justice, tu as mis toute ton énergie dans ce travail et tu l'as fait par fidélité envers tes proches et cette école. Tu ne peux pas mieux représenter Poufsouffle, m'expliqua-t-il avec douceur. Travail acharné ne veux pas dire réussir haut la main toutes les tâches que tu entreprends. De tes échecs, tu apprends. Il n'est rien d'irréparable dans cette erreur.
Je ne saurais dire pourquoi, mais c'est exactement ce que j'avais besoin d'entendre. En quelques phrases, le fantôme me remonta le moral à bloc. J'étais presque de nouveau fière d'être une élève de Poudlard et d'être à Poufsouffle. Même si au fond, je pensais toujours que ma place aurait dû être à Serpentard. Les choses auraient été différentes si j'y avais été.
Le Moine gras enchaîna alors en m'expliquant que les maisons de Poudlard n'étaient là que pour valoriser les qualités que l'on décidait de mettre en avant. À onze ans, quand je suis arrivée à l'école, j'étais perdue. Je ne savais pas ce que je voulais, mais la seule chose dont j'étais certaine, c'était que je souhaitais des amis. Des gens à protéger et qui puissent m'apporter autant que ce que j'avais à donner. En rencontrant Drago, je vis tout de suite quel genre de personne, il était, et je sentais que je pouvais le changer, en faire une meilleure personne. Même si je ne m'en étais jamais réellement rendu compte, j'avais le cœur sur la main. J'étais généreuse et d'une loyauté sans faille.
Jamais je n'avais vu les choses sous cet angle-là. C'était super intéressant comme analyse. Au fond, peut-être que j'avais certains traits de Serpentard, comme je pouvais avoir le courage des Gryffondor ou la sagesse d'une Serdaigle. Mais ma place était bel et bien dans la maison d'Helga. En repensant à Drago, je me dis que c'était une cause que je ne voulais pas abandonner. Je ne renoncerai jamais à en faire une meilleure version. Mais tant qu'Ombrage sera là et qu'il restera son chien, je ne pourrais rien tirer de lui.
[...]
J'étais de nouveau galvanisée et mon avenir commençait doucement à se dessiner face à moi. Je savais quel genre d'adulte, je voulais être. Je n'avais pas renoncé à lutter contre le mal ni à aider les autres. Mon regain d'aplomb fit chaud au cœur à mes camarades. Ils étaient tous si fiers de moi. Ce matin-là, on se réunit tous les sept à la demande de Justin. On le regarda tous avec de grands yeux sans savoir ce qu'il allait nous sortir.
– Si je vous ai fait venir ici, c'est pour vous annoncer une grande nouvelle. Vous êtes mes amis et je ne peux pas vous mentir plus longtemps, déclara-t-il joyeusement. Je voulais que vous sachiez que j'étais tombé amoureux de la plus belle, intelligente et gentille fille du monde, Sally Stewart.
Cette dernière fut extrêmement gênée par la déclaration publique de son petit copain, mais je la poussai dans ses bras pour que nous puissions admirer le beau couple. Nous étions tous super heureux pour eux. Cela crevait les yeux qu'ils étaient faits l'un pour l'autre.
En sortant de nos BUSES blanches, je vis toute l'Armée de Dumbledore, Harry comprit, esquiver Cho comme si cette dernière était une lépreuse. Même s'il n'avait rien à lui dire, elle ne méritait pas cela.
– Cho, je voulais te dire, c'est ma faute si Malefoy t'es tombé dessus, je suis sincèrement désolée. Je vais essayer d'arranger les choses avec Harry et les autres.
Mais elle m'arrêta tout de suite. Mon geste la toucha sincèrement, mais ce n'était en rien ma faute. Ombrage avait le pouvoir de virer sa mère du Ministère et se servait de cette menace pour lui soutirer des informations. C'était une situation super difficile pour tout le monde. Mais cela ne justifiait pas le comportement de nos camarades à mes yeux. Ils étaient injustes envers elle, qui ne le méritait certainement pas. Même si elle n'y tenait pas, je me devais d'arranger la situation, ne serait-ce que pour soulager ma conscience.
1810 mots pour ce 54e chapitre. Après réécriture, l'histoire ressemble enfin à ce que j'imaginais quand j'ai commencé à plancher dessus. Tout cet arc de la Brigade inquisitoriale fut l'un des premiers que j'ai imaginé écrire. Et j'en suis super fier aujourd'hui. J'espère que vous aussi.
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