L'annonce de la création de la Brigade inquisitoriale nous secoua pour plusieurs heures. Peut-être tenais-je cela de mon oncle, mais je sentais venir les problèmes qu'elle allait nous causer. Pour l'instant, nous ne savions rien de ses membres, mais nous devions nous méfier.

Le soir, dans notre Salle Commune, je lançai un regard complice à Sally et Justin, assis l'un contre l'autre en face de moi. Ma meilleure amie se décala de quelques centimètres. Ernie vint quant à lui se poser à côté de moi.

– Je suis sincèrement désolé de ne pas t'avoir cru au sujet de Tu-Sais-Qui. Je sais que tu ne me mentirais jamais, et Potter non plus. Mais j'étais sous le choc et j'ai été con, puisses-tu un jour me pardonner.

– Sincèrement, j'en doute, répondis-je d'un ton sarcastique.

Je vis le désappointement sur le visage de mes camarades. Je me résignai donc à faire un gros câlin à mon meilleur ami. Qu'il en profite bien, ce sera le seul de l'année.

Une fois les garçons couchés, Sally m'assura qu'elle savait que je savais. Je n'allais pas trahir leur secret, je voulais juste qu'elle sache que j'étais la plus heureuse du monde. Justin et elle allaient tellement bien ensemble. C'était évident qu'ils se plaisaient depuis un moment. Sally voulait attendre de voir l'évolution avant d'en parler aux autres, ce que je comprenais.

[...]

Une semaine, en une putain de semaine, notre vie était devenue un véritable enfer à Poudlard. La fameuse Brigade inquisitoriale nous avait pris en grippe, nous, les gentils Poufsouffle. Nous étions devenus les boucs émissaires parfaits pour leurs punitions. Les membres étant tous des Serpentard à la solde de Drago Malefoy, ils ne faisaient qu'enlever arbitrairement des points à ceux qu'ils n'aimaient juste pas.

– Ton grand ami Malefoy est une ordure, il m'a enlevé vingt points pour avoir remis en cause son autorité, me lança Ernie avec véhémence.

– Il n'a pas le droit de faire ça, tu es Préfet, répondis-je avec colère. Si seulement je l'étais à la place d'Hannah, je pourrais avoir plus de possibilités d'action.

– Mais tu ne l'es pas et c'est mieux ainsi, répliqua la concernée en me jetant un regard complice.

Il fallait que je parle à Drago, que je le confronte, même si pour cela, je devais briser mon sermon.

Malefoy n'était pas bien difficile à trouver. Il traînait toujours autour du septième étage, lieu de tous les rassemblements illégaux. Je ne lui avais pas adressé la parole depuis plusieurs mois. Il m'attirait encore, mais je devais rester forte et droite. Dire que je mentais à tout le monde sur la véritable nature de notre relation. Mais je ne devais pas craquer.

– Alors comme ça, tu t'en prends à mes amis. Je crois bien être la seule à qui tu n'as pas fait de crasse cette semaine, aboyais-je avec aplomb.

– Restes en dehors de ça Selwyn, rétorqua Drago avec détachement. Ça me ferait de la peine de te sanctionner, après ce que nous avons vécu l'an dernier.

C'était ironique, jamais cette fouine n'allait accorder la moindre importance à ce que nous avions fait.

– Tu as de nouveau un cœur ? Moi qui croyais que tu l'avais perdu quand tu as accepté la dictature d'Ombrage. Après tout, ça doit bien arranger ton papa. Le Ministère sombre dans la démence et lui peut tranquillement s'amuser avec Voldemort et ses copains Mangemorts.

– Je t'interdis de... menaça le blond en se jetant violemment sur moi. Qu'est-ce que tu crois que ton oncle chéri est en train de faire en ce moment ?

Orion avait disparu, certes, mais je refusais de croire que ce puisse être un Mangemort. C'était impossible. Il me disait ça uniquement pour me blesser dans mon ego. Nous étions désormais serrés, collés l'un contre l'autre. Je mentirais si je disais que cela ne me faisait rien. Mais c'était Malefoy et je voulais le frapper.

– Tu vas faire quoi, hein ?

– Je te connais Adara, mieux que tu ne le penses, il fit descendre sa main sur mes cuisses. Je connais tes petits secrets et je ne vais pas me laisser berner une fois de plus, murmura-t-il alors que je me dégageais de son emprise. Qu'est-ce que tu me veux ?

Il me fallut un instant pour reprendre mes esprits. Je ne savais pas quel type de sentiment, il venait de me provoquer, si c'était de l'euphorie ou de la peur. Mais il me perturba. Il fallait que je rencontre Ombrage, et Drago allait m'y conduire, de gré ou de force.

Je me tenais désormais face à lui et le toisais d'un sale regard.

– Je veux comprendre. Pourquoi Drago Malefoy, fils à papa pleurnichard, est aussi hautain et enclin à aider Ombrage. Qu'est-ce que tu gagnes dans cette affaire ? Du pouvoir ? De la reconnaissance ? Tu as déjà ta bande de ploucs à ton service pour ça.

– Et toi donc ? Tu es dans le mauvais camp et tu le sais.

Comme c'était étonnant, un Malefoy qui passe dans le camp des gagnants à la première difficulté venue. C'était d'un pathétique. Mais il avait raison, je ne savais pas ce que je voulais, du moins, à l'instant T. J'étais venu à sa rencontre dans l'espoir de le changer à nouveau, de lui faire comprendre son erreur. Une chose bien impossible ceci dit. Mais là, j'étais face à lui, désemparée et sans moyens de pression. Qu'est-ce que je foutais là sérieux ?

Je me décidai donc à partir, mais il m'arrêta de nouveau en me posant la question. Qu'est-ce que je mijotais avec mes camarades ? Et lui alors ? Il voulait connaître les agissements de l'Armée de Dumbledore et moi celle de la Brigade inquisitoriale. Sauf qu'aucun de nous deux ne trahirait son camp. C'était là notre dilemme. Nous étions opposés, destinés à n'être que des ennemis.

– Tu es fils de Mangemort et tu ne cherches que le pouvoir, même s'il est éphémère. Tu es une coquille vide, sur ce point, nous sommes semblables. Je recherche la reconnaissance de mes pairs. C'est pour cela que tu vas me dire ce qu'Ombrage attend de moi.

– Faire de Poudlard ce qu'elle aurait dû être sans ce Dumbledore. Tu le dis toi-même, ce n'est même pas une école, cracha le blond avec dédain.

– Tu as raison, mais pas au prix de la liberté, pas en créant une dictature basée sur la répression ! Je fis un pas vers lui, je devais sortir mon ultime carte. Au nom de ce que nous avons vécu l'année dernière, aide-moi Drago, suppliai-je en plongeant mon regard dans le sien.

Drago me tira fermement le bras jusqu'à Ombrage ; je me tenais désormais face à elle et à toute sa froideur qui me glaça le sang. Je n'avais aucun plan, aucune idée de ce que je foutais là. Mais je devais savoir quel pion elle avait placé pour nous coincer mes amis et moi.

– Avez-vous quelque chose à me donner, mademoiselle Selwyn ?

 – Un simple conseil, lançai-je courageusement, cette histoire n'aura pas de fin heureuse pour vous. Nous savons toutes les deux que laisser Voldemort agir ne va faire que détruire cette école et le pays. Si cela arrive, votre ordre ne sera plus qu'un mauvais souvenir.

– Assez ! hurla Ombrage en manquant de me coller une sacrée gifle. Un mot de plus, et je vous renvoie sur le champ de cette école. Vous et vos petits camarades n'agiront pas impunément, éternellement.

– En fait, vous ne savez rien de ce qu'il se passe sous votre nez. Vous l'avez dit vous-même, il n'y aucun danger extérieur, minaudai-je avec satisfaction.

Ses yeux passèrent d'assassin à tendresse en une fraction de seconde. Elle devait bien se douter que j'avais le pouvoir de la détruire, et qu'il valait mieux m'avoir dans son camp de mon plein gré.

– Vous avez raison, murmura-t-elle avec une hypocrite bienveillance, mais vous venez de condamner votre année à l'enfer, mademoiselle Selwyn, ajouta Ombrage d'un ton très menaçant.

– Croyez-moi, cela en valait la peine.

Dehors, mes genoux lâchèrent, jamais, je n'avais fait preuve d'autant de courage et de stupidité. Je venais de condamner ma présence auprès de l'Armée de Dumbledore. Mais si cela me permettait d'attirer la Brigade inquisitoriale sur une fausse piste, alors j'étais prête à courir ce risque. Je me retrouvai de nouveau face à Drago, celui-ci avait gagné en douceur depuis tout à l'heure.

– Après ce que je viens de faire, je mérite largement ma place à Serpentard, plaisantai-je en me posant à ses côtés.

– Adara Selwyn, prête à trahir ses amis pour moi, j'ai du mal à y croire, répliqua-t-il d'une voix à demi-méprisante.

– On était proche l'an dernier, c'était cool d'avoir le vrai Drago Malefoy en face de moi, puis il y a eu le retour de Voldemort et ça a tout gâcher.

Il posa délicatement sa main sur la mienne et me jeta un drôle de regard. On regarda la vie du château se dérouler en dessous de nous. J'affichai un discret sourire mesquin. Mon plan improvisé était en marche. Ce fut bien plus simple que prévu. Plus qu'à prier pour que Drago soit plus faiblement manipulable que prévu.

1515 mots pour ce chapitre. Donc nous avons une Adara sournoise qui se sert de Drago pour parvenir à ses fins. Où cette histoire va mener à votre avis ?