‹‹𝑌𝑒𝑝 ! ››
Aujourd'hui, comme hier et comme demain, il fait un froid à s'en casser les dents.
La température, inférieure à zéro degrés, fait grelotter les épaules des passants qui, dans l'espoir vain de se réchauffer, frottent leurs mains les unes contre les autres.
Du reste, et alors qu'il quitte l'habitacle chauffé du bus, Katsuki grimace quand l'air exagérément frais de l'extérieur cogne de plein fouet son visage.
Les joues presque instantanément rougies, le cou glacé et la tête baissée pour protéger ses yeux du vent glacial, il s'engage en quatrième vitesse sur le trottoir qui borde la route.
Bien qu'un peu de neige soit tombée dans l'après-midi, elle s'est rapidement estompée, et il n'en reste déjà plus que quelques misérables tâches blanches sur les capots de voitures et les bordures de jardins.
En bref, l'hiver s'est installé, et comme à chaque fois, Katsuki déteste ça.
Emmitouflé dans un épais manteau, la gorge compressée dans une grande écharpe et les oreilles totalement givrées, il frissonne en même temps que sa respiration se change immédiatement en buée.
Il vient de sortir de ses cours, il n'est d'ailleurs pas plus de dix huit heures, mais la nuit tombe déjà.
Les réverbères de l'avenue s'allument les uns après les autres comme s'ils se passaient progressivement le mot, et dans les maisons, les volets commencent même à se fermer.
Sans doute pour s'enfermer dans le déni et ne pas voir que la journée s'enfuit si tôt.
Katsuki presse le pas, sentant le froid s'inviter dans ses manches et s'infiltrer sournoisement sous sa peau.
Le trajet à pied n'est pas bien long, mais il lui semble tout de même deux fois plus court au printemps, quand il ne se caille pas les miches en route ...
Quand il lève enfin la tête, se sachant arrivé à destination, il fouille sans attendre le fond de sa poche de manteau pour ne pas perdre une seconde.
Entre ses doigts, le saint double de clé lui permet d'ouvrir la sainte porte et de se réfugier dans la sainte maison avec le sacro-saint chauffage !
Enfin !
La chaleur court sur sa peau, de son visage au bout de ses pieds, et en soupirant de bonheur, il s'empresse de refermer derrière lui pour ne surtout pas laisser le froid s'inviter à son tour.
Ôtant son manteau, puis son écharpe, il frictionne ses mains l'une contre l'autre en s'avançant jusque dans le salon.
Et comme d'habitude, il finit par couler un regard désespéré sur ce qu'il voit ...
Voilà un peu plus de deux ans que sa relation avec Izuku dure, et plus de deux ans qu'il se rend directement chez ce dernier après son dernier cours du vendredi.
Il passe tous ses week end ici, et quand sa troisième et dernière année d'étude se terminera, d'ici quelques mois, il emménagera probablement complètement ici.
Mais en attendant, il arrive toujours le premier le vendredi, généralement une bonne heure avant son petit ami.
Et à chaque fois, il se désole du bordel qu'Izuku est capable de laisser derrière lui en une seule semaine.
La vaisselle est propre, mais jamais rangée après lavage, la moitié des placards restent grands ouverts, tandis que la table centrale de la pièce disparaît sous les emballages, les chargeurs, les dossiers.
Et il ne parle même pas du linge, qui s'échoue un peu partout, propre comme sale.
À se demander comment fait Izuku pour s'habiller le matin sans devoir engager un détective privé pour retrouver ses fringues.
Alors, comme tous les vendredis soirs, Katsuki profite de cette heure de battement pour mettre un peu d'ordre.
Pas qu'il veuille particulièrement s'occuper des tâches de son petit ami, mais il ne peut simplement pas supporter un week end entier dans un tel chantier.
Il reste beaucoup trop maniaque pour ça, et ça le rendrait malade de ne pas organiser son environnement.
Ainsi, les oreilles encore froides et les doigts encore crispés par le vent extérieur, il entreprend malgré tout de ranger le waï ambiant, ramassant les vêtements qui traînent, faisant place nette sur la table, et replaçant correctement les chaises autour du plateau.
Bien sûr, il n'oubliera pas de faire remarquer, pour la énième fois, à Izuku son incapacité à conserver un lieu de vie ordonné.
C'est sûr, pas mal de choses ont changées depuis leurs tout débuts.
Premièrement par le fait que Katsuki ne se gêne dorénavant plus pour engueuler son amoureux de temps à autres.
Parfois même, il croirait que leurs rôles s'inversent, quand Izuku neglige de faire le lit et laisse la télé tourner dans le vide pendant des heures, pour finalement se faire remonter les bretelles par l'étudiant.
Mais Katsuki, en dépit de ses soupirs, aiment profondément chacun de ces instants.
Ces moments qui rappellent que l'âge ne fait pas la maturité, que la différence n'empêche ni l'amour ni la complicité, et que leur couple ressemble à n'importe quel couple normal.
Ces moments qui, aussi, lui permettent de ne pas oublier que ce n'était pourtant pas gagné d'avance, et qu'ils se sont accrochés fort pour devenir un couple normal aux yeux de tous.
Il se souvient de ce que sa mère lui a dit à l'époque, quand elle affirmait avoir besoin de temps avant d'accepter de rencontrer Izuku.
Et le moins qu'il puisse dire, c'est qu'elle n'avait pas menti, ce jour là ..
Quatorze mois, c'est le temps qu'il lui a fallu.
Quatorze mois pendant lesquels elle grimaçait à chaque fois que Katsuki faisait référence à son petit ami sous son toit, quatorze mois de méfiance, persuadée que leur histoire ne durerait pas, toujours sur ses gardes, convaincue que quelque chose de mal finirait par éclater.
Quatorze mois de tensions, de tentatives vaines de lui faire changer de point de vue, et de disputes.
Masaru, lui, a accepté une entrevue avec le petit couple quelques semaines après l'annonce.
Et si cette première rencontre fut chargée d'une atmosphère de malaise et profondément maladroite, le feeling a, par il ne sait quel miracle finalement, réussi à bien passer.
Pour Mitsuki, c'était une autre affaire.
Katsuki se souvient avoir frissonné d'office quand, alors qu'Izuku venait d'arriver chez eux sur invitation, sa mère a passé de longues minutes à observer sa moto comme s'il s'agissait d'une arme diabolique.
Puis, en croisant le regard de celui qu'elle n'avait pas le choix que de considérer comme son gendre, son expression est restée de marbre un long moment.
Elle l'a dévisagé, rechignant à le saluer, tandis qu'Izuku ne savait plus quoi faire de sa peau.
Ce soir-là, Katsuki jure que le dîner aurait été moins stressant et lugubre s'il l'avait passé coincé entre un baron de la drogue et un tueur à gage qui voulaient tous les deux sa tête.
Néanmoins, Mitsuki a fini par se défroisser avec le temps, et si elle n'entretient toujours pas une relation mirobolante avec son ‹gendre›, elle ne fait au moins plus la gueule quand ils se voient, et échange avec lui des conversations formelles et diplomates.
C'est déjà ça.
Toujours occupé à faire son petit ménage du vendredi soir, Katsuki trie les documents qu'il trouvent éparpillés à droite à gauche, sur le buffet, la table basse et les accoudoirs du canapé.
Mettant de côté les enveloppes vides à jeter et empilant les papiers importants, son attention s'arrête sur une petite carte carré.
La retournant, devinant une carte postale comme on en trouve dans n'importe quel bureau de tabac, il fait courir un regard curieux sur les lignes écrites au stylo plume.
Sur le carton, il reconnaît l'écriture de cette femme qu'il n'a encore jamais rencontré, mais qui, de plus en plus souvent, envoie des lettres à son fils abandonné.
Ce mois ci d'ailleurs, c'est la deuxième fois qu'une lettre d'Inko atterrit dans la boîte aux lettres d'Izuku.
Izuku ne répond jamais par courrier, il se contente de lire ce qu'elle lui envoie, puis de la remercier plus tard quand ils se parlent au téléphone.
Ils s'appellent régulièrement, même si c'est toujours Inko qui appelle la première.
C'est pourtant bien Izuku qui a fait le premier pas, le même jour que l'annonce de Katsuki à ses parents, en trouvant la force de la contacter.
Après ça, il l'a laissé venir à lui.
Peut être considère t-il avoir fourni le plus grand effort, et qu'il revient désormais à Inko de faire ses preuves aussi longtemps qu'il le faudra.
À vrai dire, même s'ils en parlent régulièrement ensemble, Izuku reste assez discret concernant les raisons pour lesquelles il refuse d'être celui qui cherche après elle.
Mais Katsuki n'est pas fou, et il sait combien son amoureux a souffert et souffre encore de cet abandon.
Quelques fois, quand sa mère lui téléphone, il arrive aussi qu'il échange quelques mots avec le deuxième enfant qu'elle a eu, et qu'Izuku refuse encore fermement de considérer comme son frère.
Leur conversation se limitent généralement à deux ou trois phrases, des banalités, juste de quoi se dire qu'ils ne se détestent pas, mais ça s'arrête là.
Souvent, après avoir raccroché, Izuku pleure.
Encore.
Il ne s'y fait pas, et il est encore trop tôt pour déterminer si cette reprise de contact avec sa mère, même si elle dure déjà depuis plus de deux ans, lui est bénéfique ou douloureuse.
Alors en attendant de trouver la réponse à cette question, Katsuki le console à chaque fois.
Comme il fait froid en ce moment, il l'emballe dans un plaid comme un oreiller dans une housse, le prend dans ses bras et fait défiler les chaînes à la télévision jusqu'à trouver de quoi lui changer les idées.
Peut être qu'un jour, si Izuku se sent prêt, ils rencontreront Inko et son fils.
Peut être pas.
Le temps lui dira, sûrement.
En bref, tout n'est pas parfait.
Mais ils fonctionnent et sont heureux ensemble.
Ils s'aiment encore, toujours, avec la même passion, la même complicité, le même désir chaque jour renouvellé.
D'ailleurs, Katsuki continue de porter, à son poignet, ce joli bracelet qu'Izuku lui a offert avant même qu'ils ne se mettent ensemble.
Rien n'a su, et ne saura pour sûr, détruire les sentiments qu'ils se partagent.
Ni les années qui les séparent ni celles qui passeront, ni le regard du monde, ni leurs différences, et pas même le bordel qu'Izuku répand dans toute sa maison.
Parce que l'amour ne vieillit pas, il ne se lasse pas.
Et c'est pour ça qu'il ressent encore, toujours, à chaque fois, ce même pétillement au fond de son ventre en entendant le vrombissement du moteur de la Kawasaki.
Qu'importe le nombre de vendredis similaires à celui-ci qu'il a déjà vécu, il réagit systématiquement de la même manière.
Terminant à la hâte de ranger ce qu'il tient dans ses mains, reposant la carte d'Inko sur la table basse, il s'empresse d'aller se poster devant la porte.
Sa poitrine frétille comme au premier vendredi en attendant de la voir s'ouvrir, et son cœur bondit comme au premier jour quand la poignée s'abaisse.
Son sourire s'installe, pareil à celui de leurs premiers instants de complicité, quand Izuku apparaît enfin, et son corps brûle de l'envie de l'embrasser comme à l'époque de leur tout premier baiser.
_ Bonjour mon cœur.
Et les mots d'amour d'Izuku résonnent entre ses côtes comme leur premier ‹‹je t'aime››
Il l'observe retirer sa veste coquée, puis ses gants, que le froid l'incite à garder même après avoir refermé le garage, et Katsuki s'ermerveille sur ses courbes et ses formes comme à leur première rencontre.
Son regard brille encore en balayant son visage, les mèches ondulées de ses cheveux qu'il attache dans son élastique, et les mouvements de ses mains dans l'espace.
Avec le même désir jamais entaché, il s'approche pour l'enlacer, caresser ses joues encore toutes froides, puis dépose un baiser tiédit sur sa bouche fraîche.
_ T'es gelé. souffle t-il alors sur ses tâches de rousseur, qu'il redécouvre aussi chaque jour.
_ Je crève d'envie de prendre une douche. Tu veux venir avec moi ?
_ Yep !
Et plutôt deux fois qu'une !
Quand il le voit comme ça, à moitié recoiffé, lessivé par sa journée, frigorifié par le trajet, une seule idée lui vient en tête.
Lui faire l'amour.
_ Tu veux sortir manger quelque part après ? J'ai vraiment pas la foi de faire à manger.
Il vient de le décider, il lui fera l'amour deux fois ce soir !
_ Ouais, tu veux manger où ?
_ Où tu veux. Ce qui te fait plaisir.
Trois fois !
_ Faut que je choisisse bien alors !
_ Pour ça je me fais pas de soucis.
Enfin, en s'enfermant dans la salle de bain, et alors qu'il observe le corps d'Izuku se débarrasser progressivement des vêtements qui le recouvrent, tout son être tremble et s'agite d'envie comme lors de leur toute première fois.
Il n'exagère pas.
Chaque matin de sa vie, Katsuki tombe et retombe sous le charme de ce même homme.
Chaque soir de sa vie, il séduit et reconquérit ce même homme au travers de leurs échanges.
Chaque jour de leur vie, ils se rencontrent et se séduisent, pour s'aimer chaque instant un peu plus fort, un peu plus grand, un peu plus passionnément, plus qu'hier, et moins que demain.
_______
.Plus qu'hier et moins que demain.
___________________
Hola !
Eh voui, voilà pour l'épilogue.
Un peu plus court qu'un chapitre complet puisque c'est une conclusion.
J'en ai parlé vite fait dans une réponse à un commentaire, mais il y a effectivement une raison au fait que PHMD soit plus courte que la plupart de mes autres fictions.
Et cette raison c'est que ...
Je ne suis pas faite pour m'épanouir dans le fluffy.
Cette histoire a vraiment été un petit bonbon à écrire, toute douce, mignonne et intéressante à travailler.
Mais mon truc à moi, ça reste quand même quand c'est globalement la merde, que tout va de travers et que les gens pleurent.
Alors, assez rapidement dans l'écriture de PHMD, j'ai commencé à m'ennuyer.
Pas parce que je n'avais plus envie de la finir, mais parce que je devais respecter ma propre ligne directrice et donc brider mes envies de scandales et autres drames.
(Traduisez : j'ai été frustrée, alors maintenant je vais écrire des trucs dramatiques et tragiques pendant quatre siècles pour compenser)
Plus sérieusement, j'avais dit que je vous annoncerai un projet que je prépare avec Izuku_de_chez_wish !
Je l'avais gardé secret jusque là, mais il arrive enfin !
Il prendra la forme d'un one shot, découpé en segments
(Et si vous vous demandez pourquoi je ne fais pas directement plusieurs chapitres, c'est parce que les segments ne feront probablement pas la même taille, et que poster des chapitres de plusieurs longueurs différentes perturbe mon perfectionnisme)
Ce sera donc un One Shot relativement long !
Il s'appellera "My favorite place".
C'est évidement un bakudeku, post guerre dans l'univers mha (le One shot ne sera pas synchronisé sur les évènements du manga ni de l'anime, juste ça se passe dans l'univers d'origine, après une guerre telle qu'on pourrait l'imaginer dans mha), qui traitera de syndrome post traumatique, de la lente guérison psychologique après un tel événement, de la puissance de l'amour et du soutien mutuel.
Les segments seront séparés par des dessins réalisés par Izuku_de_chez_wish elle même, tout comme la couverture de l'histoire !
Et nous espérons toutes les deux (puisque vous avons également travaillé ensemble sur le scénario) que cette histoire vous plaira ! 🩷
En attendant sa sortie, je vous embrasse fort 😘
Prenez soin de vous ❤️🦩
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro