J’entends des cris,des portes qui claquent. J’entends des bruits de pas venant de l’escalier,des murmures derrière la porte et des pleurs. Les pleurs s’intensifient. Soudain,la porte du dortoir s’ouvre à la volée et deux personnes entrent dans la pièce. L’une d’entre elles retire la couette qui recouvre mon corps tremblotant et me regarde les bras croisés. L’autre reste légèrement en retrait,un peu gênée.
《Je refuse de rompre avec toi. Et je refuse que tu pleures.》Dit Stan en me regardant droit dans les yeux
Moi j'évite son regard car malgré l'intonation tendre de sa voix je sais qu'il m'en veut. Après tout,comment ne pas m'en vouloir après la crise que je viens de faire?
《Je suis désolée. Je ne voulais pas tout foutre en l'air...》Je murmure la voix chevrotante
Il soupire.
《Le problème c'est qu'il y a quelque chose de plus profond. Il s'est passé quoi quand t'avais quinze ans?》
Je m'élogne subitement de lui, horrifiée. Il semble que je n'ai pas été assez prudente. Un mot de plus et mon secret est révélé.
Derrière nous, j'entends Louis qui quitte la pièce. Il referme la porte derrière lui et me laisse seul avec Stan. Je tremble encore un peu et j'ai le ventre qui gronde, non pas à cause de la faim mais à cause de la panique qui monte en moi.
《Ne dit rien; il est comme les autres et ne comprendra pas.》Me dit ma petite voix intérieure
Pourtant je ne suis pas sûre de devoir l'écouter cette fois-ci. Je ne suis pas sûre que la facilité soit le bon choix. Je crois qu'il s'en rend compte car il s'approche doucement de moi,s'allonge à mes côtés et me regarde tendrement. De la même façon que le faisait mes soeurs autrefois, avant que je pète un plomb et que je leur fassent peur. Je prends alors une grande inspiration et me lance d'une voix hachée.
《Quand j-j'avais quinze ans, je suis t-tombée amoureuse d-d'un garçon. Il s'appelait Zack et é-était assez po-populaire; des tonnes de fi-filles lui couraient après. Il a-avait 1 an de pl-plus que moi; toutes ses prétandantes au-aussi. Elles étaient t-toutes super b-belles et minces, je  me s-sentais trop grosse. Alors pour essayer de garder Zack a-avec moi  j'ai pris la d-décision de f-faire un ré-régime. Je pensais que ça r-règlerait mes problèmes.》
《Oh, c'est pas possible...》Murmure Stan en me regardant, les larmes aux yeux
《Je ne p-pouvais pas m'en empêcher(il me sert contre lui). C'était p-plus fort que moi, j'ai complètement p-perdue le con-contrôle. J'ai commencé à a-avoir peur de la n-nourriture,à ne plus m-manger. Et puis un jour,mon corps a dit s-stop. Je suis t-tombé dans les pommes alors que j'étais à la p-patinoire avec des amis,je me suis retrouvé à l'hôpital. Zack m'a q-quitté,j'ai dû a-arrêter la danse pendant six semaines:j-j'étais au fond du gouffre. Heuresement,des médecins se s-sont occupés de moi pendant mes t-trois semaines d'hospitalisation. Mais même au-aujourd'hui,il m'arrive de r-rechuter,de faire des crises de boulimie et d'anorexie. J'ai en-encore des séquelles de l'accident même si elles sont toutes psychologiques. Je v-voulais que p-personne ne soit au courant a-alors j'ai fait semblant d-d'être réservée et discrète alors que c-c'est ma maladie qui m'a r-rendu comme ça. Je n'en parle ja-jamais car je ne veux pas effrayer les g-gens et les perdre;je ne t-t'en ai pas parler plus t-tôt parce que je tiens à toi et que m-même si c-c'est peu-être une erreur,je t'aime m-malgré moi.》J'arrive à  articuler
Puis je fonds en larmes et me blottis dans ses bras. Il caresse doucement mes cheveux et me murmure à l'oreille des paroles gentilles ce qui me redonne du courage. Je sanglote doucement sur son épaule et l'entends renifler un peu. Quand je le regarde dans les yeux je vois qu'il a les yeux rouges et je me sens soudain infiniment coupable.
《Je t'aime.》Me souffle-il
《Moi aussi je t'aime.》Je reponds
Il approche alors son visage du mien,si près que je vois chaque larmes sur ses cils. Il me regarde droit dans les yeux.
《Finit les disputes;finit les mensonges;finit les secrets.》Me  promet-il
《Finit les disputes;finit les mensonges;finit les secrets.》Je répète du bout des lèvres
Soudain il se lève et me tend la main. Je me relève aussi péniblement et alors qu'on s'apprête à franchir la porte et à rejoindre les autres je le retiens par le bras et lui dit la dernière chose qui me pèse sur le cœur.
《Si on ne doit plus se mentir,alors il faut que tu sache une chose:je n'aime pas trop quand tu me tripote. Je ne suis pas un morceau de viande. Je veux tout de notre amour pas juste une partie;je veux que tu sois mon meilleur ami et mon copain en même temps. Pour moi c'est ÇA une vraie histoire d'amour.》
Il me regarde un instant puis un sourire apparait sur son beau visage.
《Pas de soucis. De toute façon,je te préfère juste toi. Toi,ton esprit et rien d'autre.》
C'est seulement après que je comprends le vrai message derrière ces mots. Et je ne peux pas m'empêcher de sourire en repensant à l'air bienveillant et courtois qu'à prit Stan en les prononçant. Il faut dire que c'était quelque chose!