Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

6 II La fenêtre

La fenêtre de LusiRainom et TheCaecilia

Il fait beau. Aujourd'hui, les nuages ne viennent pas cacher le soleil, alors les oiseaux sont de sortie. Ils se posent sur les branches du chêne en face de ma chambre, et chantent de jolies chansons jusqu'à la nuit. Ce soleil est le même que celui d'hier, à la même heure, et le restera, tous les jours, sauf bien sûr quand la pluie vient lui voler la vedette. Il éclairera, et à toujours éclairé aussi longtemps que je m'en souvienne, la même scène.

J'aime bien regarder le soleil. Enfin, pas trop longtemps, parce que sinon maman hurle que ça va m'abimer les yeux. Moi je m'en fiche. Parce que si personne ne regarde le soleil, il va être triste. Peut-être que la pluie, c'est quand le soleil il pleure.

J'aime pas quand la pluie cogne contre les carreaux et frappe le chêne. Alors, je souris au soleil pour pas qu'il pleure.
Bientôt, papa m'emmènera au parc, jouer avec mes copains. Ils sont gentils, mais ils préfèrent courir partout, et ça fait peur aux oiseaux. Moi, j'écoute leur chant tous les matins. Peut-être qu'ils chantent pour le soleil, parce que, sans lui, il ferait toujours nuit. Parfois, le soleil vient avec son ami le vent. Il est gentil, le vent. Il caresse les feuilles, fait danser les brins d'herbe, et ébouriffe mes cheveux.

Ce matin, les oiseaux chantent pour le soleil. Les feuilles qui bougent accompagnent leur mélodie. C'est un sacré orchestre devant ma fenêtre. J'ai même l'impression d'être comme les monsieurs à la télé qui agitent une baguette pour que les gens jouent de leur instrument. Et le soleil, c'est le public.
J'aimerais bien dire à papa et maman que je ne veux pas aller au parc, que je veux rester à écouter la musique du dehors. Mais ils ne comprendraient pas. Pour eux, une petite fille normale doit aimer courir et jouer, pas juste regarder le soleil jusqu'à avoir les yeux qui piquent.

Maman vient me chercher, et encore une fois, elle lève les yeux au ciel. Pas pour regarder le soleil, mais pour me montrer qu'elle est énervée, je crois. Alors je dis au revoir aux oiseaux, aux feuilles, à l'herbe, au vent et au soleil, et je descend de ma fenêtre. Je reviendrai demain.

*

Je soupire. Je me lasse, un peu, de ce paysage. Cette même vision, chaque jour. Cette même fenêtre, chaque jour. Tout semble si monotone. Les années ont passé, et je suis toujours là, perchée sur le rebord, à la limite entre chambre sombre et extérieur grisâtre. Les nuages couvrent le soleil. Même le vent, d'habitude doux, est cinglant.

Les oiseaux chantent, toujours, et ce chant m'obsède autant qu'il m'agace. Cette mélodie, que j'entends, encore et encore, va-t-elle s'arrêter ? Une rengaine lassante qui ne me renvoie qu'à ma propre routine. J'en ai assez d'entendre le même air. Pourtant, comme chaque jour, j'attends sur ma fenêtre. Je m'enferme moi-même dans ce que je veux fuir.

J'ai l'impression de regarder mon temps s'écouler, en même temps que les feuilles tombent du grand chêne. Les minutes s'écoulent, puis les heures, et rien ne change. Toujours les mêmes passants, toujours les mêmes voisins, toujours le même jardin.

Simplement les saisons qui repeignent à un rythme régulier. De l'amande à la crème, de la crème à la pistache, puis de pistache à agrumes, et tout recommence. L'automne reprend ses droits ; et les feuilles rougies semblent se moquer de moi. Encore une rentrée scolaire, encore le défilé des visages, des professeurs, de l'ennui. L'école est la pire routine qui soit. Rien d'autre que des stylos qui grattent le papier, des craies qui écorchent le tableau, des voitures au dehors. Concerto pour trente gamins insupportables.

Si ma routine matinale m'ennuie, je tuerais pour rester sur ma fenêtre au lieu de faire des mathématiques. Au moins, les oiseaux se foutent de mon apparence. Ils ne me demandent jamais pourquoi je ne souris pas, pourquoi ceci, pourquoi cela. Pourquoi je garde le silence, pourquoi je ne leur parle pas. Quand comprendront-ils qu'il ne sert à rien d'hurler, et que je n'accorde grâce qu'au chant de ces maudits oiseaux ? Si je leur racontais ça, ils ne comprendraient pas. Eux préfèrent passer la journée avec des écouteurs vissés aux oreilles plutôt que de prêter attention à la mélodie de la nature. La nature... Rien n'est plus faux. Mon seul paysage est celui de ce jardin minuscule, tout juste assez grand pour le chêne. Même les oiseaux y semblent à l'étroit. Bien loin du calme d'une forêt, du doux son d'une rivière. Tour ce que j'ai, c'est de la nature industrielle, cette arbre devant ma fenêtre, emprisonné dans ces quelques mètres carrés.

Papa débarque dans mon calme, éclate la bulle dans laquelle je me plonge quotidiennement. C'est l'heure. L'heure de retrouver les autres dans une marée humaine cacophonique.

*

Est-ce que ce petit être, sa chaleur sur ma peau, ses grands yeux qui papillonnent, sera comme moi ? Est-ce qu'il passera sa vie, lui aussi, penché sur une fenêtre, à observer la vie d'un unique arbre au milieu d'un minuscule jardin ? Est-ce qu'il sera spectateur de sa propre vie ? Les années me le diront, je pense. Mais aujourd'hui, comme hier et sans doute demain, c'est la même rengaine. Les oiseaux changent avec les saisons. En ce matin d'hiver, les rouge-gorges bravent la neige pour picorer des boules de graisse pendues aux branches. Leurs minuscules empreintes marquent la couche immaculée en autant de routes qui se croisent et s'entrecroisent.

Les flocons volent, flottant dans le silence cotonneux de ce début d'après-midi. Des enfants courent le long de la route, hurlant leur allégresse. Ils ne semblent même pas remarquer ma présence et continuent leur course folle, laissant leurs écharpes bariolées se soulever au gré du vent. Cet enfant, au creux de mes bras, les rejoindra-t-il, plus tard ? Je voudrais déjà le savoir. Je voudrais le voir courir, j'ai si peur qu'il reste sur le bord de cette fenêtre. Moi, j'y ai déjà passé tant d'années... Ce serait une trahison que de renoncer à mes habitudes. Les oiseaux ne me le pardonneraient pas, et moi non plus.

Je suis enchaînée à ce carreau, à ce chêne et cette maison. L'impression de ne jamais avoir vu du pays me tenaille parfois. Mais ce jardin, cet arbre... ils sont un monde à eux tout-seuls. Ils m'ont vue grandir, plus que quiconque. J'en connais la moindre parcelle. La moindre courbe de ce chêne, le moindre noeud de ses racines ancestrales, je connais la complainte du vent lorsqu'il souffl danes ces branches. Moi aussi, j'ai vu ce paysage grandir. Même si je ne souhaite pas à mon enfant de s'étouffer dans la routine, je veux qu'il puisse voir cet arbre, ces oiseaux et ce soleil. Je veux préserver ce patrimoine, mon patrimoine.

Je le sens remuer, engoncé dans la couverture. Il est l'heure de fermer la fenêtre. Demain sera un autre jour, un autre paysage, une autre mélodie.

*

Je donnerais tout pour rester ici, sur le bord de cette fenêtre. Le soleil n'inspire qu'à la détente, pourtant, d'ici quelques minutes, tout s'accélérera. Si naguère je redoutais l'ennui, je n'ai maintenant plus le temps d'un concert. À présent, je dois écourter l'habituelle mélodie, pour courir vers un bureau gris et m'y enfermer toute la journée. Je me demande comment j'ai pu me lasser de ce paysage. Il était autrefois une prison, il est désormais mon échappatoire.

Je chéris ces minutes passées à contempler la mince verdure de mon jardin. Mon univers. Je me complais des choses simples, des vieilles habitudes. Elles m'aident à tenir chaque jour. Leur mélodie éclipse le brouhaha de l'indifférence. Mes collègues, mes enfants, ils semblent parfois aveugles au monde extérieur. Ils se cloîtrent dans des bureaux, devant des ordinateurs. Ils ne connaissent la nature que par écrans interposés. Je ne sais pas si mes enfants ont déjà pris le temps de s'asseoir dans ce jardin pour écouter tous ces sons. Je ne sais pas s'ils sont déjà montés dans le grand chêne pour observer, perchés dans les branches, la vie d'animaux microscopiques. Ont-ils conscience des oiseaux, des grillons et des sauterelles ? Entendent-ils leur entêtante mélopée dans laquelle j'aime me réfugier ?

Mes cheveux se teintent d'argent, et ce chêne que je connais si bien vieillit avec moi.

La vie file, comme tout ces matins passés à attendre sur la fenêtre ; à écouter la symphonie de la nature. Celle que je me crée depuis si longtemps. Mais le temps est assassin ; et déjà je m'approche d'une fin inévitable. A l'instar des fleurs fanées, des insectes éphémères, des feuilles de ce chêne.

La vie m'a offert ce jardin ; cet univers à portée de fenêtre que j'ai contemplé chaque jour. Tantôt je l'ai chéri, tantôt haï, mais il m'a vue grandir. Ce chêne me connaît mieux que quiconque. Il m'a fait oublier le silence qui m'entoure en emplissant mon coeur d'une douce symphonie qui m'a accompagnée. Je n'ai jamais entendu un seul son, une seule plainte, un seul rire. Mais j'ai tant de fois imaginé cette mélodie. Aujourd'hui encore, je peux l'entendre résonner en moi. Les feuilles bruissantes. Les oiseaux pépiants. Je ressens chaque note de cet orchestre naturel. Ce chêne, et tout ce qui l'entoure, ont été le sens que je n'ai jamais possédé. Mon ouïe tenait, et tient toujours à cette minuscule parcelle ; poussière parmi les poussières, mais qui représente tant pour moi.

A présent, il est l'heure de faire mes adieux. Les années m'ont bien trop abîmée. Bientôt, je ne serai plus, plus là pour me tenir à la fenêtre. Je céderai peut-être ma place à quelqu'un qui, comme moi, ne trouve pas sa place dans un monde fou. Du moins, je l'espère. Ce chêne qui m'a presque vue naître me verra mourir.


MERCI DE VOTRE LECTURE,

Pour voter, commentez simplement "je vote" sur la partie de votre choix. Vous ne pouvez voter qu'une fois, et les auteurs sont autorisés à voter.

Les votes sont desormais ouverts ! 


Les interviews de TheCaecilia et LusiRainom arriveront en fin de semaine. 


Merci de vos votes et de vos lectures.

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro