Chapitre 43 lever le voile?
************* Arame ***************
Au lieu de bosser, je n'arrivais pas à me concentrer.
Il se passe quelque chose et il faut que je sache quoi.
Je pourrai dire que je suis une femme heureuse et comblée car excepté un enfant, j'ai tout ce qu'une femme désire.
Alors pourquoi?
Pourquoi maintenant?
Ça ne peut pas arriver, il n'en est absolument pas question.
On dit que Dieu nous éprouve quelques fois en mettant des obstacles sur notre route et je veux bien le croire.
Alors ce n'est qu'un obstacle de plus, un qu'il faut contourner et oublier.
Rien d'autre.
J'aime à croire que je me fais des idées.
J'essaie de m'en convaincre depuis la soirée mais rien n'y fait.
Mon intuition me dit qu'il se passe ici quelque chose que je ne maitrise pas.
L'échange de regard que j'ai surpris l'autre jour chez Aisha m'a glacé le sang.
Cela n'a duré que quelques secondes mais cela a suffit pour créer le doute en moi.
Cette sensation qui ne me quittait pas au mariage d'Aisha et Salif, puis lors de la soirée était alors revenue en force.
J'avais essayé par tous les moyens de me persuader que je divaguais complètement.
Je deviens dingue?
Ou la jalousie que j'éprouvais en ce moment même altérait mes facultés?
Dites moi que je me fais des idées et que tout ceci n'est qu'une invention de mon esprit qui est sur le qui- vive à cause du passé de mon mari.
Pourquoi ces pensées alors qu'il me comble sur tous les plans?
N'empêche, j'ai un pressentiment.
Kadia et Omar se connaissent- ils?
Pourquoi le regarde- t- elle ainsi?
Et.... lui, ose- t-il,......a-t- il osé poser les yeux sur une autre femme?
************** Aisha ***************
Au retour du restaurant, l'après midi a filé à une vitesse hallucinante et les choses étaient vraiment en train de s'accélerer.
Tidiane......
oui, ça me fait toujours drôle de ne pas lui dire " tonton" mais il nous l'a formellement interdit!
Nous avons donc tous dû abdiquer.
En tout cas, il a bossé d'arrache pied avec Léna toute la fin de la journée et a échangé plusieurs coups de fils avec le procureur.
Et j'ai eu la surprise de voir tante Sarah!
Quand elle a toqué à la porte et que je l'ai vue, je n'en croyais pas mes yeux.
- tante Sarah? Qu'est ce que tu fais là?
- coucou ma chérie, je venais voir comment tu t'en sortais
Je me jetais dans ses bras et la serrais très fort.
Elle était tellement jolie et je l'ai toujours adorée.
- ça me fait très plaisir de te voir, viens assieds toi
On s'installa sur le petit canapé et je la regardais en soupirant
- alors, ça va? C'est pas trop dur?
- non, je suis bien entourée et je n'en attendais pas tant
- je suis ravie que tu aies des gens sur qui compter car c'est loin d'être facile
- pour toi non plus...... comment ça va à la maison?
Elle sourit, un peu gênée car il s'agissait de sa vie de couple et de son monstre de mari et en parler avec moi était comme en parler à Kadia.
- je vais bien, c'est tout ce qui compte
Le regard qu'elle avait à ce moment là me fit froid dans le dos.
Son regard qui était si pétillant il y a quelques minutes, redevint sombre.
Je n'osais imaginer ce que lui faisait subir Demba dans cette maison.
- ce sera bientôt fini, je te le promets
- Aisha, j'ai le sentiment d'avoir failli à la promesse que j'avais faite à Fadel, de prendre soin de toi et de te protéger. Je n'ai pu faire ni l'un ni l'autre
- si tu l'as fait. Tu as été toujours été là pour moi et tu es encore là aujourd'hui à voir comment je vais. Je t'aime beaucoup tante Sarah et j'aurai voulu que les choses se passent autrement, que tu sois ma mère.......
Deux larmes roulèrent sur ses joues, me faisant pleurer moi aussi.
- ce que tu viens de dire est le plus beau compliment que quelqu'un m'ait jamais fait. Sache que je suis très honorée ma chérie et je te considère comme ma fille. Sache aussi que j'ai l'intime conviction que ta mère, Nancy te reviendra. Vous vous retrouverez.... un jour ou l'autre et elle sera ..... tellement fière d'avoir une fille comme toi......
On se serra silencieusement dans les bras, chacune pleurant ce qu'elle gardait au plus profond de son coeur.
Elle recula et essuya ses yeux
- bon on arrête ça, je ne suis pas venue ici pour pleurer. Dis moi naka sama goro mba yang key topato bou bakh?
( comment va mon gendre? Tu t'occupes bien de lui?)
Je soupirais de dépit
- tante sarah, je ne sais pas quoi penser je te jure
- sois patiente Aisha. De la patience, c'est tout ce qu'il te faut. Ton mari est un homme bon. Tu sais qu'il m'appelle régulièrement?
- ah bon?
- hum... hum... j'ai beaucoup de plaisir à discuter avec lui. Salif a la tête sur les épaules et il me pose beaucoup de questions sur toi
- je ne comprends pas....
- mais il n'y a rien à comprendre ma chérie. Quand je te dis d'être patiente, je sais de quoi je parle
Ce que venait de me dire ma tante me choquait vraiment.
J'étais encore plus confuse.
- bon je vais te laisser à tes occupations maintenant d'accord ? Je vais y aller
- je te tiens au courant de tout
On se dirigea vers la porte bras dessus bras dessous et longions le couloir qui menait vers l'ascenseur quand nous tombons sur Tidiane et Léna en pleine discussion avec le nouveau chef comptable.
L'ancien qui devait être un complice d'oncle Demba était en fuite.
- ah vous voilà, permettez moi de vous ma tante Sarah
- bonjour Mme, enchantée, je suis Léna
- nous avons eu le plaisir de nous rencontrer dit Tidiane, en posant les yeux sur nous
- ah d'accord...
- euh.. oui, je cherchais ton bureau,.... enchantée
- tante Sarah, ces 2 personnes s'occupent de tout l'audit et ma tante est ...... la femme de Demba Kane
Je lus le choc sur leurs visages mais surtout sur celui de Tidiane qui se reprit rapidement.
- je ne vous dérange pas plus longtemps dit Tante Sarah
Après un au revoir rapide, nous nous engouffrons dans l'ascenseur et je l'accompagnais jusqu'au rez de chaussée.
En revenant à l'étage, les portes de l'ascenseur s'ouvrirent devant un Tidiane Ndiaye qui faisait les 100 pas.
- il faut que je te parle Aisha
- ok, allons dans le bureau
Dès que la porte se referma, il m'interpella
- cette femme,.... ta tante....est la femme de Demba Kane?
- oui. Qu'est ce qui se passe?
- ce qui se passe? Tu sais ....qu'elle risque la prison?
- quuuuooii????
- Aisha, elle est sa femme! La justice l'incriminera forcément dans les malversations de son mari et estimera qu'elle en a profité autant que lui!
- non. Je ne peux pas croire ça. C'est impossible et Cathy, ne m'a jamais dit ça et on s'est parlé il y a juste quelques jours
- elle voulait peut être te préserver ou avait une solution en tête mais crois moi, il lui faut un bon avocat! J'appelle Serge et il me faut le numéro de ta tante, on va devoir lui parler
- tiens, le voilà. Merci Tidiane. Je .... je vais appeler Cathy
************** Cathy ***************
Le dossier que j'avais sous les yeux, ne me disait rien.
J'avais juste du mal à me plonger dedans et ça m'énervait au plus haut point.
Je sais que je suis exécrable depuis ce matin et les employés en font les frais.
Ce n'était pas de leur faute mais il suffisait que l'un d'eux me regarde avec insistance pour que je me mette en tête qu'il me jugeait et se foutait de moi en son for intérieur.
Oui, je me voyais comme celle que son mari trompait ouvertement.
Je sais que mes pensées allaient loin mais c'était la sensation que j'avais.
Serge était absent aujourd'hui et je devais tout gérer mais ça m'occupait au moins l'esprit.
Mon téléphone sonna à ce moment là.
Le coeur battant, je m'en saisis et vis que c'était Aisha.
Merde! Je devais la rappeler hier suite à son message pour prendre de mes nouvelles.
- oui ma belle comment vas- tu?
- ça va Cathy, je ne te dérange pas?
- non. Excuse moi de ne pas t'avoir rappelé hier. Je n'allais pas bien
- t'inquiète pas pour ça mais là c'est moi qui suis inquiète. Cathy, est ce que c'est vrai que tante Sarah risque quelque chose quand Demba et Elimane seront arrêtés?
Je soupirais à cette question.
Je l'avais épargnée au maximum mais je ne peux plus lui cacher la vérité
- Aisha, le procureur fera son travail. Personne ne pourra l'en empêcher mais......
- pourquoi tu ne m'as rien dit? T'aurais dû me le dire .....
- laisse moi finir stp. Comprends que les accusations contre ton oncle sont graves et ça touche à sa famille puisque l'implication d'Elimane, qui est son fils aux yeux de la loi est quasi avérée. A partir de là, toute sa famille va être passée au peigne fin. Je ne t'ai rien dit parce que Khadim et moi négocions avec le procureur pour que ta tante et Kadia soient considérées comme témoins à charge et leur coopération depuis le début les lavera de tout soupçon
- je l'espère Cathy
- je te le promets
- excuse moi d'avoir réagi comme ça
- je comprends ne t'inquiète pas.
- tout va bien de ton côté? Tu as l'air fatiguée
- je le suis un peu. D'ailleurs je ne vais pas tarder à rentrer. On se tient au courant?
- d'accord, prends soin de toi
Je raccrochais et me posais 2 minutes pour refléchir et penser à .... khadim.
Qu'est ce qu'il faisait en ce moment?
Je lui en voulais mais en même temps, il me manquait tellement.
Quand il est loin de moi, je ressentais un vide atroce.
Cette histoire avait pris une ampleur qui commençait à me dépasser.
Je me levais pour aller voir Arame, me rendant compte qu'on ne s'était quasiment pas vu de la journée.
Je poussais la porte de son bureau et la trouvais, visage tourné vers la baie vitrée, pensive.
Elle ne s'était même pas rendue compte de ma présence.
- hey....
Elle tourna vers moi un visage grave, qui me stoppa immédiatement dans mon élan
- salut Cathy
- tu es restée enfermée ici toute la journée. Ça ne va pas?
Elle me sourit tristement tandis que je m'asseyais face à elle et posais ma main sur la sienne.
- dis moi ce qui te tracasse stp. Je sens que ça ne va pas. C'est pour le bébé?
- non, je remets tout entre les mains de dieu Cathy. J'ai arrêté de me torturer avec ça.
- alors dis moi. Tu t'es disputé avec Omar?
- non plus mais ça le concerne. Je crois que je me fais des films et si je continue, on croira que je suis folle
- peu importe ce que les autres croient, ce qui est important, c'est ce que toi, tu ressens
- je crois qu'il s'intéresse à une autre femme ou c'est cette femme qui s'intéresse à lui, je ne sais plus!
Elle soupira de manière lasse en posant sa main sous son menton
- qu'est ce qui te fait penser ça? Et qui est cette femme?
- Cathy, je.....
Mon téléphone se mit à sonner à ce moment là et je vis le nom de Diarra s'afficher sur l'écran
- excuse moi, .... allô, Diarra?
- ..............
- quoi???
- ...............
-Diarra kébé?
-..................
- non, ... je ne peux croire ce que tu dis! Mais quelle garce!!!
Diarra continuait à me raconter cette histoire rocambolesque que je peinais encore à croire.
Je raccrochais le téléphone mais ne bougeais pas toujours pas, aussi ébahie qu'on pouvait l'être mais soulagée, tellement soulagée.
- oh mon dieu
Je disais ça, une main sur la poitrine et me laissais choir sur le fauteuil, me rendant seulement compte à ce moment là que j'avais bondi comme une folle.
- Cathy yow mba diam?
( cathy ça va?)
- non li doko gueum! Ndeketé Sonia mi ngui Dakar bi!
( tu ne me croiras jamais! Sonia n'a jamais quitté dakar)
- ngani lane?
( qu'est ce que tu dis?)
- Diarra l'a vue dans une boutique et l'a entendu se vanter qu'elle avait fait croire à tout le monde qu'elle était partie avec son patron en voyage
- non mais ki niit leu?
( est ce qu'elle est normale?)
- je suis choquée de l'audace de cette fille mais c'est Diarra qui m'a le plus choquée! Elle l'a tabassée comme elle le méritait
Arame sauta sur ses pieds et mit ses mains sur sa bouche
- watal???
(Jures?)
- dego lima la wakh! Non Diarra kébé faut que ma décoré ko!!!!
( tu n'as pas entendu ce que j'ai dit? Il faut que je donne une médaille à Diarra kébé)
On rigolait à se tenir le ventre et tapait des mains comme des petites filles.
Wa li louko dakk?
- wa légui sa dieukeur mom si lane la nek?
( maintenant tu peux me dire ce que fabrique ton mari?)
- soko khamé wakh ma!
( quand tu le sauras, tu me le diras)
- bon en tout cas un souci en moins. Je crois qu'on devrait accepter la proposition de Aida de se voir demain soir pour décompresser seulement entre filles.
- tiey Aida loumou nam? Wallaye mo tal diner
( aida est la seule à être dans cet etat d'esprit)
- bayil ma Kor Aziz mane!
( laisse la chérie d'Aziz)
- mais continue ce que tu me disais tout à l'heure
- non cathy laisse tomber, ce n'est sûrement rien alors oublions ça
- t'es sûre? Je suis là pour toi, tu le sais. Des moments de doutes dans un couple, ça arrive mais Omar t'aime Arame et il a changé
- je sais, c'est pour ça que je vais me sortir ça de la tête et on va organiser cette soirée demain avec Diarra comme invitée d'honneur!
- bilaye wakhatiko! Je n'avais vraiment pas la tête à ça mais après tout, pourquoi pas? Tiens je vais en parler à Aisha, je crois qu'elle a besoin de se changer les idées.
- elle viendra seule?
- j'en sais rien moi, sûrement! C'est quoi cette question? Wa Mme Serge Ndiaye mom si loumou nek? Je vais lui faire signe aussi.
************* Khadim ************
Le téléphone toujours entre les mains, j'étais pensif.
Serge vient de me faire comprendre ce qui s'est passé en mon absence.
C'était donc désormais inutile de vouloir joindre quelqu'un qui ne veut visiblement pas me parler.
En partant de chez moi, j'étais toujours en colère contre Cathy
Quand j'ai essayé de la joindre après avoir vu son appel en absence, j'imaginais qu'elle m'en voulait pour la note que je lui ai laissé.
J'aurai pu lui dire de vive voix que je devais partir en urgence mais après tout, ce que je faisais ces derniers jours n'avait pas l'air de l'interesser de toute façon.
Elle n'a pas décroché un seul de mes appels depuis et pour avoir des nouvelles de mon fils, j'ai été obligé d'appeller la nounou.
J'y suis peut être allé un peu fort mais Cathy est tétue et bien d'autres choses et je ne peux m'en prendre qu'à moi même.
Ce que je lui reproche est simple.
Elle croit qu'elle a toujours raison et j'aurai aimé qu'elle prenne en compte mon avis dans cette histoire mais elle n'en a fait qu'à sa tête, comme toujours.
L'entendre menacer cette fille m'a mis hors de moi.
Je m'en fous de Sonia!
Celle que je veux protéger, c'est ma femme!
Elle croit qu'elle peut se permettre de menacer tout le monde et fouiller dans la vie des gens comme bon lui semble?
Après tous ses actes que je n'ai pas besoin de vous rappeler et qui n'ont pas été sans conséquences, j'avais été très clair avec elle.
Je ne voulais plus qu'elle emploie ce genre de méthodes et on était d'accord là dessus, mais à la première occasion, elle remet ça?
Il fallait qu'elle apprenne à faire attention.
L' affaire Demba Kane est toujours en cours, et je regrette encore de l'avoir laissée défier ce type de cette manière et essayais de m'en occuper comme je pouvais.
J'avais donc déjà assez de soucis à me faire pour en rajouter et ne serai tranquille que quand ce criminel sera définitivement derrière les barreaux.
Je soupirais de fatigue et allumais la télé en me jetant sur le canapé.
Mon rdv d'aujourd'hui s'est éternisé et je n'avais qu'une hâte, boucler ce dossier et rentrer chez moi.
Si cela devait encore durer plusieurs jours, je laisserai tout en plan et retournerai à Dakar.
Après tout, je ne suis qu'à Mbour.
Oui, je sais que d'après Serge, tout le monde, y compris ma femme, pense que je suis parti au Togo avec cette fille paumée.
Sérieux, Sonia devait revoir ses priorités car c'est triste de la voir gâcher sa vie ainsi mais ça ne me regarde pas!
Mon voyage a été reporté à la semaine prochaine car j'avais une affaire importante à régler ici.
Je suis donc dans la maison de Saly et dois normalement rentrer demain ou samedi au plus tard.
J'imagine déjà l'accueil qui me sera réservé.
Elle me manque, comme toujours quand je suis loin d'elle.
Ne pas la voir, ni pouvoir lui parler me met de mauvaise humeur mais il faut vraiment qu'on remette les pendules à l'heure.
************* Salif ****************
Un regard à ma montre m'indique qu'il était 19h30 et elle n'était toujours pas là.
J'ai essayé de l'appeler mais je tombais sur la boite vocale.
Je suis rentré tôt aujourd'hui et j'avoue que j'avais plié certaines instances plus tôt que prévu.
Pourquoi?
J' en savais rien mais toujours est- il que quand je suis arrivé et que j'ai trouvé la maison vide, j'étais presque déçu.
Bintou et ma princesse étaient en route apparemment, bloquées par un embouteillage monstre d'après ce que m'a dit le chauffeur.
Aisha, devait aussi être en route.
J'eus le temps de me doucher, de prier et répondre à un appel important de Walid avant que Bintou et Haby ne pénétrent dans l'appartement.
Elle était contente quand elle m'a vu et me fit un sourire magnifique mais une fois dans mes bras, elle se mit à chouiner et pleurnicher.
- ce sont ces gencives qui lui font mal me dit Bintou
Elle était agitée effectivement, comme il y a quelques semaines avant qu'une de ses dents ne perce.
Je lui donnais un peu de doliprane contre la douleur comme sa mère avait fait la dernière fois car apparemment, on lui en avait déjà donné le matin.
Bintou lui prépara à manger une purée qu'elle recrachait ne voulant pas manger.
J'avais beau essayer de l'amadouer, elle ne voulait rien savoir.
On a fini par lâcher l'affaire Bintou et moi.
Je l'ai alors prise dans mes bras, direction la chambre pour lui mettre son pyjama, le temps que bintou qui lui avait déjà changé sa couche lui prépare son biberon.
En pénétrant dans la chambre, ce qui me frappa immédiatement était ce parfum, cette odeur, celle d'Aisha.
Sa présence était partout dans cette pièce.
Des boucles d'oreilles posées sur la commode, à côté de flacons de parfum, une écharpe accrochée sur le porte- manteau.....
Je ne peux alors m'empêcher de jeter un autre coup d'oeil sur ma montre.
Presque 20h.
Mais où est ce qu'elle est? Et qu'est ce qu'il a son téléphone?
Je commençais à m'inquiéter mais l'humeur de ma fille me faisait penser à autre chose.
Une fois que j'ai fini de lui mettre non sans mal sa grenouillère, je m'installais avec elle sur le canapé et lui donnais son biberon dont elle ne but que la moitié avant de s'endormir paisiblement sur ma poitrine.
Je la contemplais, et n'en revenais toujours pas de tenir ma fille dans mes bras.
Oui, je sais, elle me fait encore cet effet là.
La porte qui s'ouvrait et une Aisha qui parlait un peu avec bintou avant de pénétrer dans la pièce en trainant les pieds m'interrompirent dans mes pensées.
Elle paraissait ...exténuée, c'était le mot.
- bonsoir....
- salut, tu vas bien?
- elle dort? Demanda- t-elle visiblement découragée. Je suis dégoutée. J'ai cru que j'allais jamais arriver. Il y avait un bouchon énorme causé par un accrochage et pour couronner le tout, mon téléphone était déchargé!
- oui j'ai essayé de te joindre.
- désolée. Ça a été avec elle? Ta mère m'a dit qu'elle était grincheuse aujourd'hui?
- oui mais ça va. Elle n'a pas voulu manger mais a bu un peu de son biberon
Elle nous regardait en esquissant un sourire las.
- elle te ressemble tellement
- ouais, j'avoue. A part le teint, elle n'a quasiment rien pris de toi ou si..... les cheveux....
- pfffff je croyais que tu me dirais les yeux, ou le nez .... laisse tomber. Je vais la coucher.
- non laisse je vais le faire.
On se dirigea dans sa chambre où elle me regardait coucher notre fille qui dormait à poings fermés, tel un ange.
Je me tournais vers elle et la surpris en train d'étouffer un baillement.
- waouhh tu dors debout toi
- je ne te le fais pas dire, je suis crevée. Je n'ai qu'une envie me doucher et dormir
- te nourrir entre les deux serait une bonne idée je crois
- même ça, je m'en passerai mais bon comme il le faut...... je te rejoins
- ok.
Douchée et en robe légère, elle servit le repas mais effectivement, elle comme moi avons juste mangé parce qu'il le fallait.
J'étais moi même assez fatigué par une journée plutôt chargée et me couchais confortablement sur le canapé après qu'on ait fini de prier.
Je lui tendis la main mais elle me regardait interrogative.
- viens la....
Elle la prit et je l'attirais à côté de moi
- je ne sais pas si tu te rends compte que ce que tu veux faire est impossible mais....
- tu crois qu'on ne tiendrait pas à deux là dedans?
- y a pas moyen!
- je vois que tu sous estimes mon canapé. Vas y couche toi
- je préfererai me coucher dans mon lit
- si tu fais ça, tu ne pourras pas me raconter ta journée
Je disais ça en la tirant pour qu'elle se couche et devant moi, contre moi.
Elle le fit mais était raide, mal à l'aise.
- détends toi. Tu es fatiguée et j'ai l'impression que tu es stressée
Elle se retourna un peu pour me regarder dans les yeux
- salif... à quoi tu joues?
- pourquoi crois- tu que je joue?
- les cadeaux? Tu viens déjeuner avec moi? Et maintenant ça?
- je ne vois pas ce qu'il y a de bizarre. J'ai voulu me faire pardonner tout un tas de choses, d'où ce cadeau. Pour le déjeuner, je venais voir comment tu t'en sortais et si tu avais besoin de mon aide mais tu t'en sors très bien. Et ça comme tu dis, ... on partage seulement un canapé alors où est le problème? Maintenant tu veux bien me raconter ta journée? Je te promets que je te raconte la mienne après?
Elle rigola avant de soupirer et de se retourner pour me parler de ce qu'ils ont arrêté à l'entreprise.
Le cas de tante sarah, la préoccupait mais je la rassurais au mieux, en me promettant de me pencher aussi sur la question.
Elle s'était détendue en étant couchée contre moi sans même sans rendre compte et parler lui faisait du bien.
A moi, sa présence me faisait du bien.
Chez Ndao S.R.S, l'ambiance avait changé, en tout cas à mon niveau et la nouvelle assistante malheureusement pour elle s'en est pris plein la figure le premier jour.
Elle ne faisait rien comme Aisha et ça m'agaçait foncièrement!
Le déjeuner?
Un coup de tête!
J'avais ma main sur sa taille et on était effectivement serré sur ce canapé mais ça ne me dérangeait pas sauf peut être le fait qu'elle bougeait sans arrêt, se frottant inévitablement à moi mais j'évitais d'y penser et essayais de me concentrer sur ce qu'elle me disait.
Fatigués, nous nous sommes endormis sans nous en rendre compte.
C'est vers 3h du matin que je me suis reveillé en sursaut et ai failli la faire tomber mais la retenais de justesse.
Elle était toujours blottie contre moi et dormait paisiblement.
Je me glissais doucement hors du canapé et la soulevais dans mes bras pour aller la glisser silencieusement dans son lit.
Elle bougea légèrement pour s'accrocher à moi mais ne se reveilla pas pour autant.
Assis sur le lit, je la contemplais durant de longues minutes et plusieurs pensées me traversèrent l'esprit.
Aisha avait pris de la place dans ma vie.
J'en prenais conscience, en cet instant précis.
Au delà de la beauté et du fait qu'elle était la mère de ma fille, elle me touchait et arrivait à me faire ressentir ...... un manque.
Oui, c'était ça.
Quand je ne la voyais pas, elle me manquait.
Je me levais et éteignais la lumière avant de sortir en faire de même dans les autres pièces.
Couché dans mon lit, j'eus du mal à me rendormir mais une dernière pensée m'accompagna dans mon sommeil.
Aisha Sow devenait indispensable à ma vie.
************** Aisha ***************
Quand je me suis reveillée ce matin, une sensation bizarre ne me quittait pas.
Je ne me souvenais pas être venue me coucher dans mon lit.
La preuve, je portais encore la robe d'interieur que j'avais hier.
Je me revois encore dans ce canapé, couchée contre lui mais pas du reste.
J'ai dû m'endormir et il m'aurait couchée?
La honte.
Une fois les rituels du matin effectués, et m'être assurée qu'Haby allait bien car elle dormait toujours profondément, je me faufilais en dehors de la chambre, habillée et prête à partir.
Le petit déjeuner ne me disait rien ce matin mais j'eus la surprise de trouver Salif dans la cuisine.
- euh... bonjour.
- bonjour, bien dormi?
Il me fit un sourire si craquant....non, ce n'était pas seulement son sourire.
Il était lui même à croquer dans ce costume qui lui allait comme un gant et oui ce sourire à 1 million de dollars.
Oh mon dieu, aidez moi
- oui et toi?
- plutôt, oui. Tiens, je t'ai fait du thé
Il dit ça en posant la tasse de thé devant moi.
Je la pris, hésitante en le regardant bizarrement et il rit en voyant ma mine
- c'est quoi cette tête? C'est juste du thé
- hum.... merci mais pourquoi tu es encore là?
- je t'attendais
Il dit ça en portant sa tasse de café entre ses lèvres
- et puis- je savoir pourquoi tu m'attendais?
- pour t'emmener au travail.
Je suspendis mon geste
- pour.... mais pourquoi? ça te faire faire un détour
Il s'avança vers moi et vient me regarder, d'un regard neuf, que je ne lui connaissais pas et que je ne savais pas comment interpreter.
- parce que j'en ai envie. Ça te dérange?
- non.....mais....
- Aisha, stp arrête de réfléchir
Il posa sa main sur mon visage et me carressa la joue avant que son doigt ne descende jusqu'à mes lèvres dont il dessina les contours.
Ce geste me fit frissonner et je retins ma respiration.
Sans le faire exprès, j'entrouvais les lèvres pour reprendre mon souffle quand il posa sa bouche sur la mienne et m'embrassa dans un baiser doux, très doux d'abord mais la tension ne tarda pas à monter.
Son parfum m'envahit.
Son odeur si masculine, si virile qui me faisait perdre la tête, m'envahissait toute entière.
Je posais mes mains sur son torse et sentais ses muscles à travers sa chemise.
J'avais juste envie de fondre et que ce moment ne finisse jamais.
Ce baiser était intense, si intense que je gémissais, là, assise sur ce tabouret de bar, en plein milieu de la cuisine.
Il se détacha de moi et ne me quitta pas des yeux alors que moi j'étais troublée et n'arrivais pas à reprendre mes esprits.
- qu'est ce que tu m'as fait Aisha Sow?
- Salif....
- arrête... si tu prononces encore mon prénom de cette manière, je ne reponds plus de moi
-......
Je n'osais plus rien dire, ni faire à part le dévisager.
Rien qu'avec ce regard, il réussissait à allumer un brasier en moi, un feu que lui seul pourra éteindre.
- allons y sinon on risque de ne pas sortir de cette maison
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