Chapitre 19 Pour le pire ou.... ?
À cette heure ci, ça roulait plutôt bien.
En fait, à Dakar, il faut soit partir avant l'heure de pointe soit rester bosser tard.
C'est la meilleure stratégie pour éviter les gros bouchons.
C'est ainsi que les deux amis arrivèrent assez rapidement à cette nouvelle salle de sport qu'ils ont adopté depuis plusieurs mois maintenant.
Il y avait un matériel flambant neuf et le confort nécessaire pour faire du sport un pur moment de détente.
Omar claqua la porte passager et j'attrapais mon sac à l'arrière avant de sortir à mon tour.
On se dirigeait déjà vers la porte quand je me rendis compte que j'avais laissé mon téléphone en charge à l'interieur.
- attends boy
Un aller retour rapide et c'est bon. On pouvait y aller.
Un coup d'oeil sur l'écran avant de le mettre dans ma poche me montra qu'il clignotait, signe d'une notification.
Je lisais sans vraiment comprendre.
"SOS Besoin de toi. En danger. Chez moi. Au plus vite. Aisha "
- way Salif gawal way sama yaram dafa tang!
( Salif dépêche toi, j'ai le sang chaud là)
Je lui fis un signe de la main qui lui fit comprendre qu'un truc clochait.
- monte!
Je courais déjà vers ma voiture en lançant l'appel
- quoi?
- monte bordel!
Je ne sais pas par quel miracle je n'ai pas percuté le poteau électrique qui se trouvait devant moi en démarrant en trombe.
- ralentis Salif! Qu'est ce qui se passe bon sang?
- j'en sais rien. Aisha, ....Haby,.... il se passe quelque chose
2 appels et ça sonnait toujours dans le vide
Je lui tendis le téléphone sans quitter la route des yeux
- ok. Qu'est ce que ça veut dire? S'interrogeait Omar. Ecoute, peut être que ce n'est rien de grave.
- rappelle la!
Omar insistait mais c'était peine perdue.
Le trajet me paraissait interminable!
Mon cerveau refusait d'analyser ce message et la seule chose qu'il avait retenu c'était le mot " danger".
Je ne connaissais pas bien Aisha mais je l'ai assez cotoyée pour savoir en mon for intérieur que ce message, c'était du sérieux.
Je garais la voiture en bas de l'immeuble dans un nuage de poussière et descendis en courant, Omar à ma suite et verouillais la voiture à distance.
Je n'ai jamais monté des escaliers aussi rapidement de toute ma vie.
De prime abord, tout avait l'air calme sur le pallier et en tambourinant à la porte, rien ne laissait présager de ce qu'il se passait dans cet appartement.
Aucune réponse.
- il n 'y a peut être personne Salif
- passe moi mon téléphone
Ça sonnait toujours dans le vide et on n'entendait rien dans l'appartement.
J'allais taper à la porte des voisins quand celle ci s'ouvrit à la volée sur un homme
- ah bonjour monsieur, savez vous où se trouve votre voisine Aisha Sow ou s'il s'est passé quelque chose?
- euh, non je ne l'ai pas vue aujourd'hui et....
Un cri de femme venant de l'appartement nous arrêta net
Je ne sais pas qui de moi, Omar ou le voisin a défoncé cette porte, mais on se retrouva à l'intérieur en moins de temps pour le dire.
On buta sur un homme qui bondit sur nous, couteau à la main et qu'on envoya valser sans autre forme de procès.
Il fut ensuite maintenu par le voisin alors qu'on pénétrait dans le séjour.
La scène sur laquelle on tombait alors paraissait sortie tout droit d'un film.
Bintou était par terre, se tenant la joue, un homme au dessus d'elle venait visiblement de la frapper.
Le cri venait donc sûrement d'elle
- putain mais qui êtes vous?
L'homme avait les yeux qui lançaient des éclairs et on venait sûrement d'interrompre quelque chose.
Sans réfléchir, je fonçais sur lui pour l'empoigner fermement et l'éloigner de Bintou.
Un monsieur avec un boubou immense était assis à côté d'une dame d'un certain âge et ils semblaient surpris, non choqués par notre présence.
La scène la plus délirante était, Aisha, pieds nus, qui tenait Haby dans les bras et dansait en chantonnant, ne se rendant même pas compte de notre présence.
Elle n'était clairement pas dans son état normal.
- non, vous, vous êtes qui? Et qu'est ce qui se passe ici bon sang?
- ils nous ont retenues de force et.....commençait Bintou mais elle fut interrompue
- et je ne sais toujours pas qui vous êtes mais je vous signale que nous étions en train de célébrer un mariage donc vous allez déguerpir d'ici sur le champ!
Un .... quoi?????
- dou deugue! Madame Aisha ne voulait pas mais le monsieur lui a fait quelque chose lança Bintou
Omar et moi on se regardait ébahis
- personne ne lui a fait quoique ce soit, ceci est une affaire de famille dit la dame
Je lâchais ce type et allais voir Aisha et ma fille pour m'assurer qu'elles allaient bien tandis qu'Omar aidait Bintou à se relever.
La petite pleurait et toussait alors je voulus la prendre mais sa mère refusait de la lâcher.
- Aisha c'est moi, Salif. Aisha...donne la moi, stp
Je la secouais pour qu'elle me regarde.
Elle me sourit et me caressa le visage, le regard vide.
- bintou, allez dans la chambre, elle a été visiblement droguée
Elle ne demanda pas son reste et les tira vivement.
- droguée? Lança celui au boubou... sokhna Koumba li loumou?
( sokhna Koumba qu'est ce qui se passe?)
Dites moi que je suis en train de rêver!
- vu votre accoutrement, je suppose que c'est vous qui deviez célébrer le mariage?
- accoutrement? Yow kilifa bou dey ni mane ngueye wakhal?
( accoutrement? C'est à une personne de ma trempe que tu parles de cette manière?)
- Salif, je crois que c'est encore plus grave qu'on ne le croyait, regarde ça dit Omar en me tendant des documents
- hé, qui vous a autorisé à toucher ces papiers?
- fermez la!
- bon Sokhna si mane ma ngui dem!
( moi je m'en vais)
- fi kene dou fi bouger! On va appeler la police et éclaircir tout ça
( personne ne sort d'ici)
L'homme en question ricana
- ça se voit que vous ne savez pas qui je suis
- Elimane Kane, c'est écrit juste ici...lança Omar
- donc si je comprends bien, toute cette mascarade avait pour but d'épouser Aisha? Vous n'êtes pas un mec ou quoi? Vous vous croyez encore au moyen âge? ou vous n'avez pas les couilles nécessaires pour demander une femme en mariage?
- ehh dafa doye! D'abord vous êtes qui pour Aisha? Hein? Pour qui vous vous prenez pour nous parler sur ce ton? s'offusqua Mère Koumba
- je me prends pour le père de sa fille! Et vous?
- je suis sa mère!
- sa... sa mère?
- elle vous a sûrement dit que je suis morte! Pour quelqu' un qui se dit être le père de sa fille, vous ne semblez pas la connaitre. Aisha a toujours été une menteuse! Elimane et elle sont fiancés depuis très longtemps et elle veut faire croire qu'on la force?
- arrêtez votre charabia! Vous allez aussi nous faire croire qu'elle s'est droguée toute seule?
- comme je l'ai déjà dit, vous ne la connaissez pas mais allez y appelez donc la police, vous leur expliquerez comment vous avez débarqué sans autorisation dans une réunion familiale en défonçant la porte.
Omar me jeta un regard qui en disait long
- rien de ce qui se passe ici ne vous regarde mais j'aurai dû me douter que vous étiez le père de la batarde
Mon poing attérit directement dans sa gueule!
- espèce de ....
- de quoi?
Il essaya de riposter mais je fus plus rapide que lui et lui flanquais une deuxième droite sur le nez en espérant lui avoir cassé.
- vous êtes un vrai petit con mais c'est la dernière fois que vous appelez ma fille ainsi et ça c'est pour Bintou maintenant foutez le camp d' ici!
- ce n'est pas fini! Et donnez moi ces papiers, ils ne sont pas à vous!
Le regard que lui lança Omar puis le voisin qui était arrivé derrière nous depuis quelques minutes le dissuadèrent de tenter quoi que soit.
- je vous garantis que ce n'est pas fini! Je vous retrouverai sortit- il en se tenant le nez
- pour info, je suis Salif Ndao et je ne me cache pas
Ils sortirent de là avec grand fracas.
Omar se chargea de réveiller l'autre homme à l'entrée à coups de pieds.
Ok.
Mr le voisin est un vrai colosse et une droite de sa part peut envoyer n'importe qui dans les étoiles.
Celui là, en a fait les frais.
Avant de le laisser partir Omar prit son calepin et prit une photo de sa carte d'identité, en bon avocat qu' il était.
Quand l'appartement se fut vidé, je serrais la main du voisin.
- merci de votre aide, mr?
- Diagne.....Moustapha Diagne
- enchanté, Salif Ndao et voici mon ami Omar Seck
- quelle histoire! On aura vraiment tout vu dans ce pays.
- je ne vous le fais pas dire. On ne va pas vous retenir, en tout cas on vous doit une fière chandelle
- vous ne me devez rien, c'est tout à fait normal. Si vous avez besoin de quoique ce soit, n'hésitez pas.
- merci et vous aussi. Voici mes coordonnées au cas où.
Je lui tendis ma carte.
Dès qu'il partit, je me rendis dans la chambre.
Bintou avait changé bébé Haby et la berçait en pleurant de chaudes larmes.
Aisha, elle, dormait profondément et je dus m'assurer qu'elle respirait bien tellement son inertie était inquiétante.
Je passais un coup de fil rapide au médecin de mon père pour lui expliquer la situation et voir s' il pouvait venir la consulter sur place, vu qu'on ne sait pas ce fou lui avait donné.
Non mais je n'en reviens toujours pas!
C'est quoi cette histoire?
C'est qui ce Elimane?
Et celle qui dit être sa mère?
Aisha aurait- elle menti depuis le début?
Si c'est le cas,.....
Non, attendons d'avoir des explications plus claires mais avouons que ce qui vient de se passer est tout de même incroyable!
Bintou n'arrêtait pas de s'excuser et de répeter les mêmes choses, expliquant les circonstances dans lesquelles, ces gens étaient entrés dans l'appartement.
Quand Bébé Haby s'endormit, elle la coucha dans son lit et je lui demandais d'aller se reposer.
Je retrouvais mon ami en pleine conversation avec un menuisier pour la porte d'entrée qu'il fallait remplacer en urgence.
Je me laissais tomber dans un fauteuil, vidé de toute énergie mon cerveau repassant en boucle les évènements surréalistes de cette dernière heure.
Omar s'assied face à moi, le visage grave
- je n'aurai pas cru rencontrer ta fille dans de pareilles circonstances.
- c'est dingue!
- bro, je ne sais pas qui sont ces gens, mais ils n'ont peur de rien. Tu as vu ces papiers? Ils sortent tout droit d'un registre de l'état civil, si Aisha les avait signés, et qu'ils étaient par la suite, visés, elle serait liée à ce type devant la loi
- mais comment ont- ils pu se procurer ce genre de documents?
- c'est bien ça qui m'inquiète. Des gens capables de ce genre de choses, ont en général des entrées partout.
- c'est pour ça que tu ne voulais pas que j'appelle la police....
- ils ont l'air dangereux, Salif. Il faut qu'on se renseigne et qu'Aisha nous dise ce qu'elle sait
Le médecin arriva plus tard et l'ausculta.
Il lui mit en place une perfusion qui aiderait à évacuer plus rapidement toute substance.
Son coeur apparemment battait un peu trop vite mais il la reverra demain car elle pouvait dormir encore durant des heures.
Elle avait l'air si paisible dans son sommeil, que j'avais du mal à imaginer la vie compliquée que je devinais désormais, derrière ce visage.
- Aisha!!!!!! Aisha!!!!!
Des cris provenant du séjour me firent sortir.
Je vis une femme plantée en plein milieu de l'entrée affolée, qui avait l'air perplexe face à un Omar surpris
- Vous??? ......je... euh... où est- elle? Où est Aisha?
- mademoiselle, calmez vous
- je ne peux pas me calmer.... je suis sa cousine Kadia
Elle courait maintenant dans tous les sens et avait l'air vraiment paniquée
- elle est dans la chambre
Omar et moi on échangea, encore une fois, un regard lourd de sens, ayant l'impression de ne faire que ça depuis plusieurs heures.
- le menuisier arrive, je vais le voir
- parfait, merci Omar, tu peux rentrer chez toi après, tu en as assez fait et Arame va s'inquiéter.
- t'occupes pas de ça bro, je l'ai prévenue que je rentrais tard. Je vais m'occuper de la porte
Emboitant le pas à la fameuse Kadia, je la vis glisser contre le mur à la vue de sa cousine, couchée sur le lit, le médecin à son chevet, en train de contrôler son pouls.
- oh non qu'est ce qu'il t'a fait?..... dites moi qu'elle va bien, je vous en prie.
- elle va bien, enfin, elle ira bien demain lui repondis- je
- pardonne moi Aisha, de n'avoir pas été là...
- arrêtez de vous faire du mal, d'après le médecin, elle se reveillera dans quelques heures
- mais pour quoi elle dort autant? Qu'est ce qu'elle a?
- elle a été droguée
- Elle avait raison! Elimane est devenu complètement fou! Où est Haby?
- elle dort avec Bintou. Venez, on va laisser le médecin faire son travail
Elle me suivit en pleurant et s'installa sur le canapé en soufflant bruyamment pour essayer de se calmer
- je sais que vous êtes Salif....
- et vous Kadia? C'est ça?
Elle hocha la tête
- comment avez vous su? Elle vous a aussi envoyé un message?
- oui mais je ne l'ai pas vu tout de suite, malheureusement mais je suis arrivé à temps pour arrêter ce simulacre de mariage
- quoi????
Je lui parle en quelques mots de ce qui s'est passé
- j'y crois pas! Ils sont complètement tarés! L'obsession d'Elimane pour Aisha va le mener à sa perte
- donc vous le connaissez?
- c'est mon frère.
- pardon?
- je sais.....écoutez....Salif, ce n'est pas à moi de vous raconter la vie de ma cousine mais il faut les protéger, elle et votre fille, parce qu'une chose est sûre, il ne s'arrêtera pas là et vous n'avez vu que le haut de l'iceberg, croyez moi. Elimane n'est rien à côté de mon père.
- Kadia, et ....tu peux me tutoyer... mais c'est quoi cette histoire de dingue!
- tu peux le dire. Cette histoire dure depuis trop longtemps. Elimane a toujours été amoureux d'Aisha mais le père de ma cousine était foncièrement contre cette relation du fait de ses differends avec mon père. À cela s'ajoute une histoire sordide d'héritage qu'Aisha devra te raconter elle même.
- ok j'apprécie ta franchise et ce que je retiens de tout ça, c'est qu'elles ne peuvent plus rester ici. Tu peux me rendre un service?
- lequel?
- tu peux commencer à préparer leurs affaires stp? Dès qu'elle se reveille, on quitte cet appartement!
- j'y vais de suite.
*************** Aisha ***************
Ohh, ce mal de tête.... mon crâne va exploser.
Mes yeux voulaient s'ouvrir mais mes paupières étaient si lourdes que je n'avais pas la force nécessaire pour les soulever.
Ce filet de lumière, non, impossible.
- Aisha?......ohh ma chérie, ..... c'est moi
- Kadia?
- qui d'autre idiote?
Elle rigolait couchée sur moi
- aïe tu me fais mal et qu'est ce que tu fais là? Il est quelle heure et c'est quoi ce truc dans mon bras?
Je me redressais brusquement, les évènements d'hier me revenant brutalement à la mémoire
- oh non! Comment..... haby...... Elimane...
- calme toi, tout va bien. Tu as dormi longtemps, il est 7 h du matin
- quoi? Ce connard m'a injecté une saleté
- on le sait... dit Salif qui pénétra dans la chambre, me laissant bouche bée.
Qu'est ce qu'il faisait là, à pareille heure?
Comme si elle avait compris mes pensées, Kadia reprit
- il a reçu ton message à temps et moi, je suis tellement désolée, j'avais oublié mon téléphone à la maison
Je les regardais à tour de rôle et des images me revenaient, floues mais parlantes.
Il ne disait rien et ne faisait que me scruter attentivement, me mettant mal à l'aise.
Je ne voulais même pas imaginer dans quel état j'étais pour avoir dormi tout ce temps d'une traite.
- je veux voir ma fille
- elle et bintou sont chez moi
- quoi? Pourquoi?
- je vous laisse dit Kadia en se levant, je crois que vous avez pas mal de choses à vous dire et je suis si heureuse que tu ailles bien. Je passe te voir chez Salif ce soir, si tu n'y vois pas d'inconvénient demande- t- elle à ce dernier
- aucun
Attendez, combien d'épisodes j'ai raté?
- bye Kadia
- hum....ok...bye
La pièce redevint calme et je ne savais pas quoi dire, sentant son regard pesant sur moi, mais si, bien sûr que je savais quoi lui dire
- merci d'être venu Salif, ma vie doit te paraitre vraiment extravagante
- tu peux ajouter, mystérieuse, compliquée, et dangereuse.
- je ne peux pas dire le contraire mais dis moi, c'est quoi cette histoire?
- laquelle au juste?
- le fait que ma fille soit chez toi? Et le fait que je sois censée y être ce soir?
- tu sais ce que je te propose, qu'on en parle plus tard. Tu viens à peine de retrouver tes esprits. Est ce que tu te sens bien?
- un peu mal à la tête mais ça va.
- le médecin nous avait prévenus à ce sujet et a laissé ça en prévision dit- il en me tendant un cachet puis me servit un verre d'eau. Je te laisse te rafraichir
Je le bus d'une traite et me dirigeai vers la salle de bain dès qu'il sortit.
À ma grande surprise, quand je voulus m'habiller, je ne vis que le 1/ 4 de mes habits dans l'armoire.
C'est quoi ce bordel?
Je fouillais alors la chambre et me rendit compte que pratiquement toutes mes affaires s'étaient envolées! Les affaires d'Haby, n'en parlons pas! Il ne restait plus rien!!!
Je sortis de là comme une furie
- non mais de quel droit as- tu déménagé toutes mes affaires?
Salif était au téléphone et raccrocha quelques secondes plus tard pour me faire face.
- tu veux rester ici? Et attendre sagement qu'ils reviennent?
-...........
- c'est bien ce que je pensais et maintenant que tu es reveillée et lucide, tu vas me dire tout ce que je dois savoir sur ces gens qui se disent être de ta famille. Ah et au fait, j'ai rencontré ta mère, tu as quelque chose à me dire là dessus?
- je te remercie d'être intervenu Salif mais....
- oses me dire que ça ne me regarde pas et je ne reponds plus de moi!
- ce n'est pas ce que je voulais dire... mais assied toi, je vais te raconter la raison de ce qui s'est passé hier.
************* Salif ****************
J'étais sur le cul après avoir entendu son récit.
Elle est allée à l'essentiel et je me doutais qu'elle avait omis beaucoup de détails mais je saisissais désormais l'ampleur de la situation.
Je savais que je devais éloigner ma fille.
Non mais dans quel monde vivons nous?
Tout ceci pour l'argent et le pouvoir?
Je comprenais mieux pourquoi Kadia parlait ainsi de son père, c'est lui le principal instigateur de toute cette mascarade.
Ce.... ce petit con quant à lui est effectivement obsédé par Aisha en plus de cet héritage tant convoité.
- donc durant tout ce temps, tu te cachais d'eux?
- oui. Je pensais que ce serait fini dans quelques jours car l'avocat de mon père m'a contactée pour me dire que le dossier de transfert des parts était presque prêt et qu'on se verrait sûrement la semaine prochaine.
- Aisha, est ce que tu es consciente que cela ne réglera le problème que partiellement?
- oui je sais mais ce sera déjà un pas en avant.
- en attendant qu'on trouve une autre solution, vous allez rester chez moi
- on ne peut pas faire ça Salif, nous imposer de cette manière...non, je ne peux vraiment pas.
- c'est ça ou aller chez mes parents.
-chez tes .....?
- oui, c'est une excellente idée, en fait! vous ne serez jamais seules et Haby sera avec ses grands parents toute la journée quand on sera au boulot, je serai plus tranquille. Avoue que c'est la meilleure solution
- et,.....tu crois qu'ils accepteront?
- tu rigoles ou quoi?
Il était si enthousiaste et je devais avouer que cette solution était de loin la meilleure car Haby sera toujours bien entourée et les parents de Salif avaient vraiment l'air de beaucoup l'aimer
- D'accord.
- super!
****** quelques jours plus tard ******
Ils avaient installé une certaine organisation qui semblait convenir à tout le monde....... (semblait).
En réalité, Salif n'était toujours pas rassuré, surtout après avoir mené son enquête avec Omar au sujet de la famille Kane.
Tout ce qu'ils apprirent faisait froid dans le dos.
La Cimenterie Autonome de Dakar CAD était dirigée par la famille Kane mais a été créee par le grand père de Aisha, Omar Sow.
Demba Kane a toujours travaillé dans l'entreprise jusqu'au décès de Fadel Sow, le père adoptif d'Aisha, et dirige depuis l'entreprise avec son fils, Elimane.
Ils avaient la réputation de détruire quiconque se mettait en travers de leur chemin et avaient des entrées partout.
Il y avait même une rumeur qui circulait dans les hautes sphères, dans un cercle très restreint, sur un réseau de prostitution et de trafic de drogue dont le Sieur Demba Kane était l'un des principaux participants.
Se servait- il de l'entreprise pour couvrir ses sales besognes?
Il fallait espérer que non.
Toujours est- il que, pour cette famille, plutôt mourir que de laisser l'entreprise leur filer entre les doigts.
Salif avait dû tourner ça dans sa tête des dizaines de fois depuis que toutes ces informations lui étaient parvenues.
Aisha, elle, s'était bien intégrée à la vie familiale des Ndao qui étaient aux anges de les avoir sous leur toit.
La sérénité de ces derniers jours étaient loin de cette fin de journée catastrophe vécue récemment.
Comme tous les soirs, Salif s'apprêtait à quitter la maison familiale et partit à l'étage embrasser sa fille qui s'était désormais tellement attachée à lui qu'elle pleurait quand il partait.
Aisha réussit tant bien que mal à la coucher pour le laisser rentrer et ferma doucement la porte derrière elle.
En se retournant, pensant que Salif s'était éloigné, elle se retrouva contre toute attente, nez à nez avec lui et faillit perdre l'équilibre de surprise.
Il la retint par la taille et plongea un regard si intense dans le sien, qu'elle sentit un long frisson la parcourir
- Salif....
- Aisha, épouse moi
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