Chapitre 13 La rencontre
*********** Kadia Kane *************
Il faut que je me le sorte de la tête.
Pourquoi cet inconnu rencontré de manière si hasardeuse me trouble autant?
Son visage, revient regulièrement dans mes pensées et s'impose à moi.
Quelques secondes......
C'est le temps qu'il lui a fallu pour me laisser un souvenir impérissable.
Je ferme les yeux et revis instantanément son visage, ce regard, ce petit sourire quand il m'a remerciée....
Kadia, tu deviens folle!
Allez, au boulot vite car je dois passer voir Aisha ce soir.
Les choses se sont précipitées pour elle mais c'est pas plus mal à mon humble avis.
La vérité devait sortir un jour ou l'autre et mieux vaut que ce soit maintenant.
Quand elle m'a appelé ce matin, elle était vraiment déprimée.
Sa confrontation avec Salif l'avait ébranlée mais je sais qu'elle est forte et qu'elle se reprendra rapidement.
Je ne sais pas si à sa place j'aurai la force d'affronter la situation comme elle le fait, je l'avoue.
Aisha, yalla meynako mais kene dou sama yaye.
( Dieu a donné beaucoup de force à Aisha et que dire de ma mère?)
A la maison, la tension est toujours palpable entre mes parents.
Ils sont tous les deux égaux à eux- mêmes, ma mère, toujours exemplaire et se rendant presque invisible pour ne pas s'attirer les foudres de ce qui lui sert de mari.
Oui, je sais que je parle de mon père mais je ne le considère plus comme tel depuis longtemps et je crois que c'est réciproque.
Je n'ai jamais ressenti de grande affection de sa part depuis que je suis petite.
Je me souviens qu'à l'école, quand je voyais des enfants dans les bras de leur papa, ça me choquait car j'étais persuadée que ma relation avec mon père était ce qui était normal.
Cette distance instaurée entre lui et le reste de la maison semblait naturelle.
C'était pareil avec mes soeurs jumelles, qui, je me souviens sont venues à la maison une fois avec leur mère.
Croyez moi ou non mais je ne les ai jamais revues, depuis ce jour, jamais.
Je posais beaucoup de questions à leur sujet mais j'ai cessé d'en parler quand j'ai reçu cette gifle retentissante de mon père pour que je ne prononce plus leurs prénoms.
Ma mère prit ma défense ce jour là et fut rouée de coups sous mes yeux.
C'était la première fois que j'ai vu mon père frapper ma mère et ce ne fut malheureusement pas la dernière.
Ma mère m'expliqua alors avec des mots d'enfants que l'autre femme de mon père était partie vivre loin, quelque part, dans un autre pays amenant les jumelles avec elle et qu'on les reverrait peut être un jour, si dieu le veut.
Ce jour, n'est jamais arrivé et le sujet était devenu tabou.
La manière dont il traitait ma mère m'a permis de me détacher de lui, progressivement.
Les choses ont changé à l'arrivée d'Elimane.
J'étais certes très petite mais je sentais bien que ce n'était plus pareil!
Il s'interessait à lui.
Voilà ce qui avait changé.
Elimane attirait l'attention de mon père avec une facilité que je ne comprenais pas.
Il était très gentil quand il est arrivé à la maison mais au fil des années, plus on grandissait, plus je voyais en lui l'indifférence et la froideur de mon père.
On s'est souvent disputé au sujet de la situation et je lui reprochais de ne jamais intervenir devant le comportement de papa envers maman qu'il rabaissait dès que l'occasion se présentait.
Il me disait qu'il lui en parlait quand ils étaient " entre hommes", foutaises!
Il était juste son digne fils!
La seule personne qui arrivait à le rendre un tant soi peu humain était ....Aisha.
Etant adolescents, je voyais bien qu'il était différent en sa présence.
Mon frère était tombé amoureux, ça se voyait mais Aisha ne remarquait rien, trop insouciante cette fille!
Il l'a même invité à sortir quelques fois avant que cela ne cesse brutalement.
Sans qu'elle ne me l'avoue clairement, j'ai cru comprendre que c'est tonton Fadel qui a mis fin à cette relation naissante.
Mon frère était dans tous ses etats parce qu'Aisha refusait désormais ses invitations sans raison valable.
L'autre chose que je trouvais bizarre, c'etait que quand Aisha venait à la maison papa aussi semblait devenir une autre personne.
Il la regardait toujours avec insistance et prenait même le temps de discuter avec elle de sujets et d'autres.
A l'époque, je me disais qu'il voulait peut être avoir une fille comme elle, qui sait?
Elle était tellement jolie et intelligente, qui ne rêverait pas d'avoir une fille comme elle? Mais je n'ai jamais été jalouse d'elle.
Ma cousine et moi on était amies pour la vie et rien ne changera ça.
Maman l'adorait aussi, tellement!
Aisha le lui rendait aussi bien.
Par contre Maman Koumba, a toujours été bizarre.
Je n'avais jamais compris pourquoi ma mère et elle ne s'entendaient pas, puis j'ai fini par mettre ça sur le compte d'une relation entre belles soeurs.
Les récents évènements ont levé le voile sur beaucoup de mystères et secrets de notre famille.
Reste à en savoir plus, certes mais ça ne saurait tarder.
L'heure de partir sonna, enfin.
Je pris mes affaires, direction chez Aisha mais je vais passer d'abord lui acheter du dibi comme je sais qu'elle adore ça.
Cela lui permettra peut être d'avaler quelque chose car la connaissant, elle doit être dans un état de stress pas possible.
************* Aisha ****************
La scène qui se déroulait sous mes yeux était quelque chose que je ne pensais pas se réaliser de sitôt.
Mon coeur était dans un état que je ne pouvais décrire.
Je ressentais un mélange de tellement de choses:
Soulagement, car maintenant que la vérité a éclaté, je ressentais un poids en moins.
Joie, car mon coeur de mère ne peut que se réjouir de voir ma fille dans les bras de son père.
Peur, oui....j'ai très peur. Salif connait maintenant la vérité et je ne sais pas vraiment quelle va être la suite de tout ceci.
Je ne peux plus l'écarter de notre vie et il aura maintenant son mot à dire que je le veuille ou non.
J'imagine déjà que nous ne serons pas d'accord sur tous les sujets et tous ces conflits éventuels à venir me stressent énormément.
Pourvu que ça se passe bien.
Sentant mon regard sur eux, il leva les yeux
- elle est toujours aussi calme? Me demanda- t-il doucement
- la plupart du temps oui, mais quand elle a faim, c'est une véritable terreur
Il rigola en reportant son attention sur Haby, ne se lassant pas de lui caresser les cheveux, lui tenir la main, et la devorait tout simplement des yeux d'un air émerveillé.
La voyant se mettre à sucer son pouce, je sus qu'elle était bien et se sentait en sécurité.
Au début, il était un peu maladroit mais avec du tact et de la douceur, il a pu trouver les bons gestes.
Haby était toute sage et se laissait manipuler en jouant avec la montre au poignet de Salif.
Comment vous dire?
J'avais envie d'être à des kilomètres ..... de lui.
Le salif, arrogant, imbu de sa personne et désagréable, je peux lui tenir tête sans problème mais celui que je voyais à cet instant était différent de l'homme qui me harcelait il y a seulement quelques heures.
-Tu peux la poser sur son tapis si tu veux
- non c'est bon, elle ne me dérange pas
- ok, je reviens
Je me rendis dans la cuisine pour amener le plateau que j'avais préparé pour lui servir à boire.
Je les trouvais, l'un en train de dire je ne sais quoi, de sa voix rauque, à une Haby qui nous servait des " ba ba ba ba" et qui faisait des bulles avec sa bouche.
Salif riait de bon coeur et s'était transformé.
Haby commença par contre à s'agiter dès qu'elle vit les bouteilles colorées.
Cette petite limou beugue si jus!
( cette petite raffole de jus)
- y en a une qui en veut on dirait
- on dirait? Si elle pouvait marcher, elle viendrait se servir elle même
Il la regardait amusé
Je servis Salif qui ne voulait finalement que de l'eau et preparais ensuite de l'eau avec une pointe de grenadine pour Haby dans sa tasse à bec.
M'apprétant à la prendre dans mes bras pour lui donner, j'eus la surprise de voir Salif me tendre la main
- je peux lui donner?
- t'es sûr? Elle risque peut être de tacher tes habits
- ce ne sont que des habits et j'ai des nièces, tu sais donc je suis habitué à ce genre de choses
Lui tendant l'objet de prédilection de la petite, je repense à ce qu'il vient de dire.
Il a donc des frères et soeurs.... je me rends vraiment compte que je ne connais rien de lui et de son côté, c'est pareil, que sait- il de moi, à part comment je m'appelle?
On a un enfant ensemble et on ne sait rien l'un de l'autre.
*************** Salif ***************
Assis au volant de ma voiture, je n'arrivais pas à démarrer le moteur, encore sous le choc.
Ma vie va changer.
Rectification, ma vie a déjà changé.
Je suis papa.
C'est dingue!
Il faut que je parle à quelqu'un sinon je vais exploser!
Je sais de qui j'ai besoin, là, tout de suite, maintenant.
Je roule jusque devant sa maison et me rends compte que je n'ai même pas pris la peine de prevenir.
Tant pis!
La sonnette retentit et une personne vint m'ouvrir quelques minutes plus tard.
- bonjour, Ah c'est vous?
- bonjour,
- entrez, Tabara est à l'intérieur
- merci
Je la trouvais effectivement assise au salon, un livre à la main mais sauta sur ses jambes dès qu'elle me vit
- Salif? Ça va?
- j'en sais rien Tabou!
Me laissant choir sur le canapé, je la regarde, se tenant debout face à moi, les mains sur la taille, l'air interrogateur
- comment ça t'en sais rien?
- j'ai un enfant!
- qqquuuooiii????
- j'ai un enfant, je viens de le découvrir.
Elle me scruta un instant et se pencha vers moi, à quelques centimètres de mon visage, pour me regarder de près
- yow loye def ni?
( mais qu'est ce que tu fais?)
- qu'est ce que tu as fumé?
- heiiin???
- attends, comment ça se fait que tu sois là à cette heure ci d'abord? Et dans cette tenue? Tu n'as pas bossé et tu as passé la journée avec Tanor c'est ça?
- mais de quoi tu parles?
- je le savais!!! Je savais qu'il te ferait prendre ses merdes! Comme mandi wo rek bakhna! C'était quoi, du shit?
- Tabara je te dis que je viens de découvrir que j'ai une fille de 6 mois !
- donc..... alors.... tu es sérieux là?
- plus que sérieux!!!!
Elle se laisse choir à côté de moi
- waaouuuhhh
- tu peux le dire!
- comment tu l'as su? Et 6 mois? Mais comment ça se fait?
- ça m'est tombé dessus je t'assure! J'avais pensé à tout sauf à ça
- pourquoi tu ne le sais que maintenant? Ohhh waouhhh j'en reviens toujours pas!
- elle ne voulait pas me le dire, soi disant qu'elle voulait voir quel genre de personnes j'etais et tellement d'autres raisons!!!
- elle? Tu parle de sa mère? Qui est- elle?
- c'est le 2ème truc dingue dans l'histoire! C'est Aisha!
- Aisha..... attends Aisha, comme ton assistante?
- qui d'autre?
Tabara sauta sur ses jambes
- et tu la crois? Cette femme sort de nulle part et te dit que SON enfant est TA fille et tu la crois sur parole? Dis moi que tu vas faire un test ADN
- ce n'est pas necessaire Tabou, je t'assure
- comment ça, ce n'est pas necessaire? Tu ne connais rien d'elle! Salif ne sois pas si naïf, je t'en prie.
- j'y ai pensé, qu'est ce que tu crois? Je l'ai vue, et cet enfant, est mon sang.
- non, non, ça ne peut pas être aussi facile.... Salif reveille toi bon sang!
- Tabou, assied toi, je sais que tu ne veux que mon bien mais, tu sauras de quoi je parle quand tu la verras. Elle est si adorable, oh mon dieu j'ai toujours du mal à y croire.
- un bébé, est toujours adorable Salif....
- écoutes, je devais en parler à quelqu'un avant de perdre la tête. Ma vie vient d'être bouleversée et j'avais besoin....
- je sais......et sache que je serai là pour toi...
Elle souleva mon bras comme à son habitude et posa sa tête sur mon épaule en soupirant.
On était silencieux, tous les deux dans nos pensées quand une voix brisa soudain le silence nous faisant sursauter
- ah vous êtes là?
On se détacha l'un de l'autre rapidement comme pris en faute devant le regard amusé de Monsieur Niang, le père de Tabara.
Je me levais pour lui dire bonjour et il me serra la main chaleureusement
- bonjour tonton
- mon fils comment vas- tu?
- je vais bien merci, et vous?
- ça va on fait aller. Tabara, stp tu peux me donner de l'eau, ma cherie?
- bien sûr papa, tout de suite
Elle sortit de la pièce et nous laissa seuls
- Assied toi mon fils, ça tombe bien que tu sois là car je voulais te parler.....
On s'installa l'un en face de l'autre, on dirait vraiment que c'etait important
- Salif, tu sais qu'on te considère comme un membre de cette famille depuis que toi et ma fille vous fréquentez
- oui tonton, je ne peux pas dire le contraire
- seulement, je suis un père et vous n'êtes plus des enfants tous les deux. Yow ak Tabara sene dougue ak sene guene beuri na alors so beugué diabar nga yoné sa wakeur ma mey la diabar
( vos entrées et sorties sont nombreuses alors si tu veux une femme, envoie ta famille et le mariage sera scellé)
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