« 2. Les plantes se nourrissent autant d'eau que de lumière. Placez-la donc à proximité d'une source lumineuse pendant au moins 4 heures par cycle et pas au-delà de 8 heures afin de respecter son cycle naturel. »

La plante. La surface. Ria... Ce n'étaient pas des lubies. C'étaient les rêves de sa bienaimée qu'il tentait de réaliser.

— Un peu tard, admit-il.

Et cette pensée, tendre et cruelle à la fois, renouvela sa résolution de ravigoter sa nouvelle compagne au cul terreux. Il rit de son propre jeu de mots et alla poser la plante à côté de la photo décolorée.

— Quel joyeux trio nous formons là ! Toi, le passé. Moi, le présent. Et elle...

Mais il ne put finir sa phrase. L'unique feuille du pédicule rachitique venait de se détacher et de tomber mollement au pied de la tige. Le futur semblait bien mal barré. Jao prit la feuille morte entre ses doigts. Sa couleur était très brune, une teinte qui, de toute évidence, n'attestait pas de la bonne santé du plant. Était-ce l'eau dont il venait de l'abreuvoir ? Ou le pénible voyage qu'elle venait d'effectuer ? Ou encore, la lumière naturelle qui l'avait brulé ? L'atmosphère trouée de la planète laissait filtrer des rayons solaires mortels, cette lumière noire qui n'éclaire pas, mais empêche toute vie de se développer en surface. Jao déplaça le pot dans un coin sombre, puis rumina cet évènement. Le vert faisant partie de ces couleurs oubliées, il lui était impossible de se procurer un échantillon fiable auquel se référer. La tentation était grande d'enfouir le pot et de prétendre que son achat ne lui était jamais parvenu. Mais le livreur aurait certainement une tout autre version des faits. Une livraison en surface, ça n'arrive pas tous les jours.

La tige grise et nue paraissait éteinte. Parviendrait-il à lui faire pousser une nouvelle feuille ? Voire une deuxième, histoire d'avoir un semblant d'équilibre ? Il se rendit compte qu'il ne savait même pas à quoi cette fameuse plante était censée ressembler.