Peut être que...tenter de survivre était une erreur. Je carressais les cheveux courts de Mégan, le regard dans le vide.

- Maman...on va devoir rester ici encore longtemps? Me questionne ma fille.

- Oui ma chérie...je crains que oui, lui répondis-je peinée.

- Au moins on est tous ensemble ! S'écria t-elle emplie de joie.

Ses mots me déchiraient le coeur.
Ensemble...
Nous ne le serons plus pour longtemps.

- Oui...

Elle sourit timidement tandis que je retenais mes larmes. Elle ne devait se douter de rien.

Je la porta jusqu'à son lit, où je la borda.

- Tu veux que je te raconte une histoire ? Lui proposais-je calmement.

- OUIII !

- Ok ok, dis-je en riant. C'est l'histoire d'une petite fille. Elle vivait avec ses parents et son frère qu'elle aimait énormément. Mon coeur se serra.
Tous les trois habitaient à Washington, c'était avant la catastrophe. Son frère était un scientifique. De ce fait, il partait souvent de la maison, laissant sa soeur seule avec leurs parents. Cela peinait la jeune fille mais elle comprenait malgré tout. En même temps comment pouvait-elle se douter de quoi que ce soit...? Puis arriva le jour de la catastrophe. Son frère avait trouvé un moyen de sauver l'humanité, en l'envoyant vivre sur une autre planète. Échec. Tous adoptèrent cette idée et le projet se mit en place. Ils l'appelaient : "l'Exodius". Mais, alors que le jour du départ arriva, la jeune fille fut abandonnée par sa famille. On l'avait assommée et tous étaient parti sans elle. Ma voix se brisa sur ces mots.
Quand elle s'est réveillée, seule, elle était prise d'un élan de colère mais surtout d'incompréhension. Elle savait que son frère n'était pas capable de ce genre de choses, et garda son journal pour lui tenir compagnie. Elle était naïve...Elle fuit les radiations en montant sur un plateau élevé. Peu de temps après, elle découvrit toute la vérité. Elle avait été choisie pour sauver cette planète. Son frère était celui qui lui avait confié une telle mission. La jeune fille se sentait triste de savoir qu'il l'avait volontairement abandonné, et condamné. Mes mains se mirent à trembler. Mais après, elle comprit que l'humanité n'avait aucun avenir dans l'espace. Entre temps, alors qu'elle se pensait seule, elle avait rencontré un jeune homme qui avait décidé de rester sur Terre. Mon regard devint alors plus chaud. Il avait ses raisons. Au début, elle ne l'aimait pas mais elle a vite compris qu'il était le seul qui pourrait l'aider. Il fut la plus belle chose qui lui soit arrivé. Elle était tombée amoureuse de cet homme. Mes mains cessèrent de trembler. À deux, ils ont tenté de trouver une solution. Hélas, j'ai bien peur qu'ils ne puissent y arriver seuls. Ces deux tourtereaux eurent une fille. Ils s'en voulaient de la condamner à un avenir peu joyeux et empli de solitude. Mais ils feront tout pour sauver leur enfant, puisqu'ils l'aiment plus que tout. Peu de temps après, les deux s'éteignirent de la plus belle des manières, laissant derrière eux leur pauvre enfant. Mon regard se planta dans celui de Mégan qui m'écoutait attentivement. Mais cet enfant ne devait pas se laisser abattre, c'était une battante. C'est donc elle qui a sauvé cette planète.

- Waaaw. C'est trop bien ! La planète est sauvée ! S'exclame t-elle enjouée. Mais c'est une histoire un peu triste...

Je souriais toujours en retenant mes larmes. Yoongi vint s'assoir à mes côtés, me frottant le dos en guise de soutien. Je m'approcha de Mégan et lui embrassa le front. Elle me sourit.

Yoongi lui prit la main. Nous attendîmes jusqu'à ce que ses paupières se ferment. Je contemplais son visage d'ange, apaisé.

Yoongi se lève et je le suis, à contre coeur. Nous sortons de la pièce et je referme la porte derrière nous.

Je m'effondra sur Yoongi en larmes.

- Yoongi ! C'est trop dur..., marmonais-je désespérément.

- Je sais Ashley, je sais. Mais c'est ce qu'on a décidé...

- Tu..tu as fini ?

Il hocha la tête en guise d'affirmation. Ça y est, il avait fini d'écrire les indications qu'allait devoir suivre Mégan pour survivre, et pour sauver cette foutue planète.

- Je m'en veux Yoongi, de devoir la laisser seule comme ça. Ça va être tellement dur pour elle...

- Je sais...nous n'avons pas le choix, me dit-il en me regardant d'un regard tendre.

Je sortis un papier de la poche de mon pantalon et déposa le mot que nous avions écrit sur la table du salon. Je plongea mon regard dans celui de Yoongi, encra mes yeux dans les siens.

- Il est temps, n'est-ce pas ?

- Ça fait déjà bien trop longtemps.

J'embrassa une dernière fois ses douces lèvres. Ce baiser était salé, mêlant nos larmes à notre salive.

Il était si doux,
Si parfait.
D'autant plus que c'était le dernier.

Nous avions pris du temps pour nous décider. Les rations allaient manquer. L'air ne serait respirable qu'à partir de dix ans.

Soit nous mourrions tous les trois dans ce bunker, soit nous laissions à Mégan la possibilité de voir la lumière du jour, la condamnant à être seule le restant de sa vie.

Et Yoongi et moi serions enfin libérées de ce calvaire. C'était égoïste, mais nous n'en pouvions plus.

Il fallait que tout cela s'arrête.
Vingt-cinq ans que nous sommes enfermés.

L'air de dehors doit être assez irradié pour nous tuer au bout de cinq minutes. Les cinq dernières minutes de notre existence.

Yoongi ouvrit la trappe.
Plus de retour en arrière possible.

Je sais que j'avais promis à Mégan de ne pas la laisser seule, mais je ne pouvais pas rester ici plus longtemps.

Un passage de la lettre que mon frère m'avait laissé me revint alors en mémoire.

"C'était dur aussi, de te faire la promesse de ne jamais t'abandonner en sachant pertinemment que cette promesse ne pourrait être tenue.

Mais qu'aurais-tu fais à ma place ?
Qu'aurais-tu fais si une petite fille te demandait de lui faire cette promesse en te regardant droit dans les yeux, et en affichant ce sourire sincère dont seuls les enfants ont le secret ?"

Je comprenais maintenant. J'aurais fait comme toi Andrew...j'ai fait comme toi.

Pardonne moi Mégan, pardonne moi d'être une mauvaise mère. Je monte les échelons pour rejoindre Yoongi dehors.

Dehors.

Je refermai la trappe derrière moi, activant le système de fermeture automatique.

Une fois sortie, je pris la main de Yoongi. Je sentais l'air emplir mes poumons. Il était brûlant, mais peu m'importait.

La lumière de la lune m'éblouit d'abord, mais mes yeux s'y habituèrent rapidement.
Notre Terre n'était plus qu'un désert.
Plus de verdure, d'animaux.

Je sentais le vent effleurer ma peau.
Je ne pu réfréner un sourire.
Et des larmes de joies se déversèrent.

Enfin on me laissait partir.
Il était enfin l'heure de mon départ.
Depuis le temps.

Je me tournai vers Yoongi, qui me regardait.
Je l'aimais tellement.
Il me prit dans ses bras.
J'étais si bien ici.

Je sentais ma peau brûler et j'étais prise de toussotements incontrôlables. Mais je m'en foutais royalement.

J'étais déjà fière, d'être arrivée jusque là, d'avoir résisté aussi longtemps. Et je savais que c'était grâce à lui.

Je regardai le ciel parsemé de millions d'étoiles. Je pensais à ceux là haut. Étaient-ils encore en vie ?

Andrew, mon cher frère, je ne t'en veux pas, je ne t'en veux plus. Sans toi je n'aurais pas rencontré Yoongi. Je suis sûre que tu l'aurais apprécié.

Je sentais Yoongi tousser, peinant à se tenir debout. Je m'écroulai la seconde qui suivi.

Nous étions tous les deux au sol, main dans la main.

Nos peaux se calcinaient.
Nos poumons se déchiraient.

Mais nos yeux ne se lâchaient pas.

"Je t'aime Ashley..." furent les derniers mots que Yoongi eu prononcé.

La lueur de son regard s'éteignit, ses yeux se fermèrent et sa vie le quitta.

Son corps sans vie était échoué devant moi.

Je n'eu pas le temps de pleurer.
Je sentais mon corps se relâcher.

Ma dernière vision fut celle de son visage angélique, reposant enfin en paix.

Tous les moments passés avec lui me revinrent en mémoire. Des plus douloureux, aux plus heureux.

Je vis aussi Mégan.
Les deux amours de ma vie.
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Le lendemain matin,

PDV MÉGAN :

Ce soir j'ai fais un cauchemar. J'ai comme un mauvais pressentiment qui me classe le sang. Les sueurs froides coulent sur mes joues, et mes mains tremblent légèrement. Je finis par me lever et regarde l'heure.
10h14.

A cette heure ci, maman devait préparer le petit déjeuner, et cette idée me réjouissait.

Je sors de la pièce, mais un détail important me fige sur place. Ça ne sentait pas la nourriture...

Je décide quand même de m'avancer dans le salon, redoutant je ne sais quoi.

Il n'y avait personne.

Le bunker n'était pas très grand...ils avaient sûrement juste oublié de se réveiller !

Alors pourquoi mon coeur se serrait ? Je ne pouvais m'empêcher de penser au pire scénario possible, et mon organe vital manqua de s'arrêter quand je vis un papier sur la table, posé à côté de la montre de maman, Eva.

Elle ne l'enlève jamais.

Je m'approcha en tremblotant du papier chiffonné étalé sur la table vernie.

Pourquoi avais-je si peur ...?

Je le déplie doucement, c'est une lettre. Cette pensée me glace le sang. Pourquoi ne pas me le dire en face ? De toute évidence, quelque chose n'allait pas. Rien n'allait, en fait.

"Coucou Mégan, c'est nous, papa et maman.

On espère que tu as bien dormi. Si on est pas là ce matin...c'est normal, ne t'inquiètes pas. Je t'ai laissé Eva (c'est maman qui écrit). Tu peux considérer ça comme..un héritage...?

Enfin bon...bref.
Tu dois trouver ça bizarre non ?
Je devrai peut être aller au coeur du sujet...

Papa et moi sommes...partis. C'était notre choix. Tu ne vas sûrement pas nous comprendre et nous en vouloir mais ce n'est pas grave, sache juste que nous t'aimons.

L'histoire que je t'ai raconté...c'était mon histoire. C'est sûrement égoïste mais...j'aimerais que tu restes forte.

Ça a été si dur pour nous de prendre cette décision, mais ce le sera encore plus pour toi à partir de maintenant. Mais...nous croyons en toi. Nous savons que tu peux le faire. Que tu peux sauver cette planète. Mais après tout, c'est ton choix Mégan.

Si tu veux chercher à comprendre, Yoongi a tout écrit dans un cahier posé dans notre chambre. Tu sais, nous ne reviendrons pas mais...nous t'aimons tellement.

Et puis, nous sommes heureux maintenant.  Non pas que nous ne l'étions pas avec toi, mais c'était trop dur. À l'heure où tu liras ce message, nous aurons rejoins les étoiles.

Ne cherche pas à sortir dehors, cela ne sert à rien. Nous sommes partis il y a longtemps.

Nous sommes partis heureux.

Tu verras les étoiles dans dix ans, et je suis sûre que tu les adoreras. Tu voulais voir la mer aussi. En même temps, je t'en ai tant parlé.

Pardon Mégan, de ne pas avoir respecté notre promesse. Papa te dit de trouver l'amour, si tu peux. Je sais que ça va être compliqué. Mais peut-être n'es-tu pas la seule survivante...?

Porte nous dans ton coeur. Nous te surveillerons depuis le ciel. Survis, pour nous.
Mais vis, pour toi.

Papa et maman."

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Je lâchai la feuille qui tomba au le sol. Je couru partout dans le bunker, ouvrant toutes les portes, laissant mes larmes couler à flot.

Ça ne pouvait pas être possible...
Ils ne pouvaient pas m'avoir abandonné...

Je m'écroulai alors sur le sol. J'avais ouvert et fouillé toutes les pièces, sans rien trouver.

Maman, papa...pourquoi ?
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Dix ans plus tard.

Je m'appelle Mégan, j'ai vingt-deux ans. Ma mère, Hellens Ashley et mon père, Min Yoongi sont morts il y a dix ans. Je n'avais que douze ans...

Aujourd'hui est le jour où je sors enfin de ce trou à rats où j'avais passé mes vingt-deux premières années.

Toute ma vie quoi.

22 Août 2115.
Le jour de ma libération.

J'ouvre la trappe avec empressement, impatiente de respirer l'air de la liberté.

Je ne voulais pas rendre ce moment spécial, il l'était déjà de lui même. À peine le poignet dehors, Eva s'active.

"Évaluation du taux de radiation ambiant...le taux de radiation est de 13 %."

Mais je n'écoute pas la voix robotique d'Eva. J'avais volontairement décidé de sortir la nuit, pour que les étoiles soient la première chose que je voie.

J'avais réussi.

Un sourire sincère et fier éclaire mon visage. Mes yeux sont animés d'émerveillement, face à ce spectacle céleste. Elles sont si belles. Encore plus belles que je ne les avais imaginé.

Des larmes de joie et de tristesse se déversent sur mes joues sans s'arrêter.

- Maman ? Papa ? Vous me voyez ? Je suis là. J'ai réussi là où vous avez échoué. J'ai survécu ces 10 putains d'années.

Je pose ensuite mon regard sur le paysage. Un désert. C'était loin d'être les contrées verdoyantes évoquées dans les livres.

Mais, grâce aux notes de mon père, je savais que c'était mon rôle de leur redonner leur état d'origine. Et je savais comment faire.
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Quelques heures plus tard.

J'avais décidé de prendre une serviette pour dormir à la belle étoile. Depuis le temps que j'attendais ça. Et puis je ne voulais plus dormir dans ce bunker du diable.

Dix ans toute seule, c'était beaucoup trop, surtout pour une petite fille. Parfois j'en devenais folle.

Je repasse dans le salon la serviette à la main, quand un bruit attira mon attention.

Un bruit ?

Ça y est, je recommence à halluciner.
Je me frappe la joue et continue ma route vers l'échelle mais le bruit avait retenti plus fort.

Je commençais à avoir des frissons. Puis, le bruit apparu comme un grésillement. Comme...celui d'une radio.

Je m'approchai de la VHF posée dans la cuisine. Elle servait surtout d'élément de décoration, puisque personne ne transmettait de messages depuis longtemps.

Tout le monde était mort.

Et pourtant, le grésillement se transforma en une voix masculine pas très claire, qui me fit sursauter.

"Allo ? Est-ce que quelqu'un m'entends ?"

Je recule dans un élan de surprise. Ça faisait si longtemps que je n'avais pas entendu la voix de quelqu'un d'autre que moi... Comment cela était-il possible ? J'étais et je suis toujours persuadée qu'il ne reste plus rien sur Terre.

"Allo ? Ici la station de l'Exodius. Si vous recevez ce message, veuillez envoyer un signal."

La voix était devenue plus claire.
L'Exodius. Le vaisseau qui se trouvait dans l'espace. Celui où se trouvait l'humanité. Je pensais qu'ils étaient tous morts...

Je cours presque vers la VHF, cherchant comment émettre un signal.

"S'il vous plait...je sais qu'il reste des survivants sur cette planète. Répondez moi, je vous en supplie..."

Sa voix qui paraissait jusqu'alors monotone se brisa légèrement.

De l'espoir. Cet homme avait de l'espoir. Je trouve enfin comment fonctionne la VHF, et commence mon message.

"A-Allo...? Ici Mégan, depuis la planète Terre."

Je ne savais pas trop quoi dire d'autre à part la vérité, pure et simple. Dans les minutes qui suivirent mon message, silence radio.

Il n'avait pas dû être émit.

"C'est...vrai ? Tu me parles depuis la Terre ? Alors...il reste vraiment des gens là bas ?"

" Non. Je suis la seule survivante. Je suis chargée de rendre cette planète viable..."

Ma voix s'était légèrement brisée, mais je ne pense pas qu'il l'ait remarqué.

"Oh, je vois."

J'entendis ensuite le bruit d'une porte qui s'ouvrit brutalement et une voix qui criait mais dont les paroles étaient imperceptibles. Puis la voix de mon correspondant prononça des mots précipitamment.

"Euh je...désolé Mégan je dois y aller !
Au fait,

Je m'appelle Jimin !"