7 : Imprévu
8 mois plus tard.
PDV ASHLEY :
"Activation du système...Bonjour Ashley. Il est actuellement 9h28. Le taux de radioactivité est de...23%."
Respirer devenait difficile. Le moindre effort nous semblait étouffant, si bien que nous limitons les moindres de nos mouvements.
Nous avons aménagé dans le bunker en remettant en marche le système de filtration d'air il y a déjà quelques mois.
Il était temps de tout fermer.
Je descends doucement l'échelle, puis me retourne vers la pièce éclairée et bien rangée.
C'est ici que nous passerons les vingt prochaines années. Nous avons apporté les plantes, et avons trouvé une ruche. Nous conservons tout cela dans une pièce emplie de matériaux scientifiques.
Il ne nous restait plus qu'à verouiller cette trappe.
Yoongi m'avait parlé du journal qu'il a trouvé, et de Diana. Je l'ai lu et j'ai enfin compris la raison de l'existence de l'abri.
Celui qui l'avait construit avait prévu la catastrophe. C'était un visionnaire du nom de Harry Thomson. Il avait essayé d'alerter le monde, mais on l'a prit pour un fou.
Alors il s'est isolé en montagne et a construit ce bunker où il comptait emmener sa femme Diana.
Ils ont aménagé ici et vécu quelques années heureuses. Mais un jour sa femme est morte...
Harry est devenu fou et a inventé une histoire délirante, prétendant qu'elle n'était pas morte, qu'il la voyait se ballader dans les couloirs de l'abri et qu'il l'entendait murmurer des phrases insensées.
Enfin bref...rien de plausible donc Yoongi et moi avons ignoré cette histoire tragique. Nous n'avons aucune idée de ce qu'il est arrivé à Harry Thomson. Peut être avait-il rejoint l'Exodius...?
- On la ferme cette trappe ? Me rappelle Yoongi.
À vrai dire, l'idée de passer mes vingt prochaines années sous terre dans un espace confiné ne m'enchantait pas vraiment.
Je regretterai de ne plus pouvoir voir le soleil se lever, puis se coucher.
Sentir la brise délicate.
Humer l'odeur des fleurs.
Courir jusqu'à ne plus le pouvoir.
Et surtout,
Regarder les étoiles.
Les millions d'étoiles sous lesquelles je suis née. Celles qui m'ont vu grandir. Qui me faisaient me sentir moins seule.
Mais j'avais Yoongi.
Et ça, c'était le plus important.
- Ashley ? M'interpelle Yoongi, sûrement impatient de ne plus respirer cette radioactivité ambiante.
Mais, sans réfléchir, je monte les échelons en vitesse. Je ne pouvais pas partir sans dire au revoir à ce monde mourant.
Je ne le verrais plus jamais. Quand je ressortirai, il ne restera plus rien.
- Yah ! Ashley tu fous quoi là ?!
J'ignore les appels de mon bien aimé et arrive enfin à l'extérieur. J'avais encore du mal à respirer, dû à ma montée précipitée.
Mais j'ouvre grand les yeux. Je voulais voir ça, rien qu'une dernière fois. Puisque ça l'était, la dernière fois.
La nature.
Si belle,
Si forte.
Elle allait disparaître.
Et je ne la reverrai plus, puisqu'elle prendra du temps avant de s'en remettre.
Je serais morte d'ici là, et je le sais, que je ne reverrai ni la nature, ni mon frère, rien de tout cela.
Yoongi me rejoint à l'extérieur.
- Ça va aller Ashley, on s'en sortira..., murmura t-il d'un air faussement confiant. Ne sois pas si triste...
Je ne compris pas tout de suite le sens de ses mots. C'est seulement quand je sentis un liquide salé atteindre la comissure de mes lèvres que je compris.
Je pleurais.
Je pleurais l'état de ce monde.
Un écureuil passa devant moi, s'arrêta, me fixa. Il y avait tellement de peine dans ses yeux, c'était certainement mon imagination.
Mais moi je savais qu'il allait mourir. Alors il y en avait plus dans les miens.
"Taux de radioactivité critique. Veuillez monter en altitude ou entrer dans un espace confiné."
Nous y voilà. À ce premier jour d'extinction de l'humanité, où cette dernière avait fuit. Ce jour où je m'étais réveillée, les bras ballants, le cœur serré et la gorge nouée.
- Ashley...
Sa voix tremblotait, il était lui aussi sur le bord des larmes. Je porte à nouveau mon regard sur l'animal qui n'avait pas bougé. Je m'approche un peu tandis qu'il restait stoïque.
Je le prends dans mes bras, le serre doucement contre ma poitrine.
- Pardon...je suis désolée, si désolée. Milles pardons ne seraient pas suffisants je le sais, dis-je en sanglotant.
Je m'écarte légèrement. Devrais-je le prendre avec moi et ainsi sauver sa vie ?
Je me lève, toujours l'écureuil sur la paume de mes mains. Mais il saute et atterri sur le sol.
Non, il ne fallait pas. Il fallait que je le laisse s'éteindre en même temps que la nature.
À quoi bon le sauver maintenant ?
Il mourrait dans ce bunker.
Je m'éloigne à contre cœur, et un instant j'eu l'impression qu'il m'adressait un regard reconnaissant. Sûrement le fruit de mon imagination, me direz-vous.
Yoongi me tira en arrière. Je sentais à présent ses larmes s'écraser sur ma nuque.
Je me laissai entraîner. Je descendis les échelons sans réelle conviction, jetant un dernier regard au ciel azur, qui sera bientôt couvert de nuages de pollution et de radioactivité.
Je posai mes pieds au sol. À ce même moment, j'entendis le système de verrouillage s'enclencher.
Yoongi fermait la trappe.
Ça y est, elle était fermée.
J'essuya mes larmes. Il fallait que je reste forte, que je tienne pendant encore quelques années.
Il le fallait.
Yoongi arriva enfin à mon niveau.
Ses larmes avaient disparu, mais il me regardait, le regard humide. Il approche son visage du mien avant de poser ses lèvres sur les miennes.
Je passe ma main dans ses doux cheveux. J'appréciais le contact de ses mains glissant sur mon dos. Je m'accrochais désespérément à sa nuque. Je ne voulais plus le lâcher.
Il s'en aperçoit et sourit, toujours les lèvres plaquées sur les miennes.
Je ne pourrais pas décrire cette sensation.
Ce n'était pas la première fois que l'on s'embrassait, mais c'était tout comme.
J'enroule mes jambes autour de son bassin tandis qu'il se dirige vers la chambre. Mais je le retins un instant, décollant nos lèvres pour tenter de parler le souffle haletant.
- Attends...pas dans la chambre...
Il est vrai que cela me dérangeait un peu de faire cela sur un lit appartenant à une femme décédée. Cela passerait sûrement avec le temps, mais aujourd'hui je préférais largement le canapé.
Yoongi semble acquiescer et me dépose sur le grand canapé, se positionnant au dessus de moi. Nous reprenons alors notre baiser qui devenait de plus en plus torride.
Je passe mes mains froides sur son corps chaud, frôlant ses abdominaux légèrement dessinés.
Son regard noir de désir,
Son souffle haletant,
Sa peau se teintant de rouge,
Ses cheveux retombant sur ses yeux,
Son corps dominant le mien.
Parfait,
Il était juste parfait.
Et je l'aimais,
Je l'aimais tant.
.
.
.
V
ingt ans plus tard.
Ça y est, c'est le grand jour.
Aujourd'hui, le 2 Juin 2100, le jour du nouveau départ selon les prévisions de la mère de Yoongi.
2100, le début d'un nouveau centenaire.
- Maman ! Maman !
Je me retourne en souriant au petit être qui se présentait devant moi.
- Mégan qu'est-ce que tu fais ici ?! Je t'ai dit d'aller dans la chambre !
- Mais euuuh.
- Ne discutes pas jeune fille ! Dit la voix autoritaire du père.
Je tourne mon regard vers celui qui fit son apparition dans la pièce.
Malgré les années, il était toujours aussi beau.
- Ouf, heureusement que tu es là, j'ai cru ne plus pouvoir m'en sortir ! Soupirais-je.
- Je vois ça ! S'exclame t-il avec sarcasme.
Je roule des yeux avant d'emmener Mégan dans la chambre. Mais la jeune fille faisait la moue.
- Maman...pourquoi je peux pas ouvrir avec vous...
- Je te l'ai déjà dit, c'est trop dangereux pour tes petits poumons...on n'est jamais assez sûr de l'état dehors, il pourrait rester quelques particules radioactives. Lui répondis-je en essayant de la rassurer.
Elle se retourne en boudant, geste qui m'arrache un léger rire.
- Ne t'inquiètes pas Mégan, tu sais bien qu'on ne t'abandonnera pas, jamais.
- Promis?
- Promis.
Je lui embrasse le front avant de sortir en fermant la porte derrière moi - à clé bien évidemment - puis rejoins Yoongi dans le salon.
- Prête ?
- Plus que jamais, lui répondis-je déterminée.
Je prends sa main.
J'avais tant attendu ce moment.
Rester dans cet espace confiné était plus qu'insupportable et je savais que je n'aurais pas pu tenir des années encore.
Et puis je voulais faire découvrir pour la première fois l'extérieur à Mégan. Elle a sept ans. Elle ressemble plus à son père qu'à sa mère mais elle garde mon caractère entêté, pour le plus grand désarroi de son père.
Yoongi et moi étions fatigués de vivre ainsi, bien que Mégan nous redonne le sourire. C'était vraiment dur. Mais aujourd'hui était le moment où tout cela allait enfin s'arrêter.
Yoongi serre ma main dans la sienne.
- On va enfin y arriver.
- Oui Yoongi...
Il s'approche de la trappe et pose sa main sur le système de verrouillage. Il me jette un dernier regard, plein d'amour et d'espoir, avant de déverrouiller.
Le bruit de dépressurisation retentit comme un extincteur enclenché. La trappe s'ouvre, laissant apparaître un rayon lumineux.
Mais je n'aurais jamais imaginé que ça se passerait ainsi. Jamais...au plus grand jamais.
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Yoongi poussa un cri de douleur tandis que mes poumons se remplissaient d'un air brûlant. Je me mis à tousser du sang.
Tout se passa si vite.
Yoongi parvint à refermer la trappe en urgence, avant de s'écrouler à mes côtés.
Je constatais avec horreur l'état de son avant-bras. Il était brûlé. Saignant.
Yoongi se tordait de douleur et crachait aussi du sang. Je ne réalisais pas.
N'était-ce pas censé être aujourd'hui...?
Le jour où...tout ceci serait enfin fini ?
Dites moi que c'est un cauchemar. S'il était possible qu'il reste quelques traces de radiations, je n'avais pas pensé une seule seconde que l'air ambiant serait à ce point irradié.
Mais alors...combien de temps fallait-il encore ? Des années, une dizaine voire une vingtaine d'années.
Je ne pouvais plus.
Je m'effondra sur le sol en larmes.
Je porta mon regard sur Yoongi. Il me regardait les yeux remplis de larmes de rage, de douleur et de désespoir.
- Maman, papa ?! Tout va bien ? Pourquoi papa crie !? Je ne peux pas sortir !
La voix étouffée de notre enfant parvenait à nos oreilles. Pauvre enfant...
Je me ressaisi.
Je me leva et supporta Yoongi jusqu'au lavabo où je fis couler de l'eau sur son bras.
Il hurla à nouveau.
- Papa ? Papa ! PAPA !!!!??
Ses cris me fendaient le coeur.
- Putain Ashley..., murmurait Yoongi, toujours larmoyant.
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Voilà comment j'ai appris qu'il allait falloir que nous restions encore longtemps confinés dans cet espace clos.
Honnêtement, je ne savais pas si nous pourrions le supporter.
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Cinq ans plus tard.
- MERDE MERDE MERDE MERDE !!!!! Retentit le cri de colère de Yoongi.
Je venais de lui expliquer la situation. J'avais refais tous les calculs de sa mère. Elle s'était trompée, de toute évidence.
En fait, la situation avait changé. L'air ne serait à nouveau respirable qu'au bout de dix années supplémentaires.
Nos rations s'épuisaient.
À trois, nous ne ferons pas long feu. Nous mourons avant même d'avoir fait découvrir à Mégan les étoiles dont elle a tant rêvé.
Sans parler de notre état mental.
Cela faisait vingt-cinq ans que nous étions enfermés ici. Douze ans que Mégan était née.
Yoongi était rentré dans une rage folle. Il foutait un bordel innommable dans la pièce commune. Je décide de laisser Mégan en dehors de tout ça, l'enfermant le temps que nous prenions une décision.
Que nous trouvions une solution.
Que son père se calme.
Qu'on se prépare à assumer notre décision en réalité prise depuis l'instant où j'avais découvert que sa mère s'était trompée.
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