17| à la maison
17
t a e y o n g
JE FIXAIS LE PLAFOND de ma chambre, Drake dans les oreilles et un devoir de maths à peine entamé m'attendant sur le bureau. Je devais travailler pour éviter de me prendre un zéro mais je n'en avais aucune envie. En fait, je n'avais plus envie de rien depuis un bon moment, depuis que Jaehyun et moi nous étions disputés pour être honnête.
Nous étions allés trop loin dans nos propos mais je ne pensais pas que ça durerait aussi longtemps. Notre altercation avait eu lieu trois semaines auparavant et rien ne s'était arrangé entre nous. Il m'avait ignoré pendant toute la première journée et j'avais trouvé ça normal, je ne voulais pas le voir non plus mais sa bouderie d'enfant de maternelle avait continué et ne s'était jamais arrêté. Il avait même imploré notre professeur de changer de binôme et comme celui-ci avait refusé, il avait préféré recevoir un zéro plutôt que m'adresser la parole. J'avais découvert qu'il était extrêmement rancunier ce jour-là.
- Qu'est-ce que tu fais Tae' ?
J'ai tourné la tête vers ma sœur qui était accoudée à l'encadrement de la porte de ma chambre.
- Rien.
J'ai souri puis tapoté la deuxième place de mon lit pour lui dire de me rejoindre. Seojung est venue s'allonger tout contre moi, comme quand elle était plus jeune. Maman et son nouveau mari étaient partis dîner chez un de leurs amis que nous ne connaissions pas, Seunghoon et Siyeon se disputaient dans le salon parce qu'elle ne voulait pas qu'il sorte avec une de ses amies et Chan nous préparait des lasagnes en regardant un épisode de sa série préférée. C'était la routine.
- T'as pas l'air bien en ce moment, tu sais a dit ma petite sœur.
J'ai soupiré mais je n'ai pas répondu.. Je n'avais aucune envie qu'elle ne s'inquiète pour moi. Mais Seojung était comme ça, de nous cinq, elle était la plus observatrice et remarquait toujours quand l'un d'entre nous allait mal. C'était aussi touchant qu'agaçant.
- C'est à cause de ce garçon ?
J'ai froncé les sourcils.
- Je sais plus comment il s'appelle, Jaehwan, Jaemin... Jaehyun !
- Comment tu sais ? j'ai demandé en me relevant pour m'adosser au mur.
- Tu parles de lui quand tu dors a-t-elle expliqué alors que je rougissais. Qu'est-ce qu'il s'est passé entre vous ?
J'ai hésité quelques secondes avant de lui raconter les grandes lignes de l'histoire. J'ai gardé les détails les plus privés pour moi parce qu'il ne fallait pas oublier que Seojung restait ma petite sœur.
- Tu sais où tu devrais aller ? m'a-t-elle demandé à la fin du récit. J'ai secoué la tête. À la maison.
J'ai retenu un rire.
- T'as l'impression que je suis où là, Seo' ? j'ai ricané.
- Non, Tae'. Pas ici, chez nous, notre vraie maison pas cette espèce d'immense maison dans laquelle on a tous notre propre chambre.
Seojung n'avait jamais aimé la maison dans laquelle nous avions emménagé au début de l'année ni notre nouveau beau-père tout droit sorti d'une comédie musicale. Notre ancien quartier lui manquait et je devais avouer qu'il m'arrivait de ressentir la même chose.
- En fait, t'as juste envie que j't'emmène là-bas ? j'ai demandé, amusé.
Elle a pris un air coupable avant de me sourire.
- Peut-être a-t-elle avoué. Mais il faut que tu te vides la tête toi aussi.
J'ai réfléchi un instant avant de lui dire d'aller s'habiller et que nous démarrions dans dix minutes. Elle m'a serré dans ses bras avant de se ruer dans sa chambre, évitant le salon où la guerre faisait encore rage. J'ai retourné le bar à la recherche d'un alcool qui ne puait pas l'argent et j'ai fini par opter pour un whisky qui était sans doute plus vieux que ma mère.
***
JE N'AVAIS PAS mis les pieds dans ce quartier depuis près de sept mois mais rien n'avait changé. Il y avait toujours le même terrain de basket dont le goudron était complètement défoncé, le même gymnase où j'avais passé des heures à danser et la même épicerie où ma mère nous envoyait tour à tour acheter ce qu'il nous manquait. Seojung s'extasiait à chaque endroit qui lui rappelait de bons souvenirs mais quand nous avons aperçu la rue dans laquelle notre père s'était retrouvé au mauvais endroit au mauvais moment, elle s'est tue.
Bientôt, l'immeuble de Baekhyun se dessinait et nous sommes descendus du tram. Je parlais souvent avec lui et il m'invitait souvent à passer chez lui mais j'espérais qu'il ait organisé une soirée pour pouvoir passer inaperçu. Seojung, elle, n'en avait rien à faire, elle venait voir Haon, son ex-copain avec qui elle était sortie presqu'un an. Je ne lui ai pas rappelé Felix, son copain actuel, elle était assez grande pour se débrouiller.
Nous nous sommes séparés à l'entrée de l'immeuble et elle m'a dit qu'elle passerait sûrement avec Haon plus tard. Dès que je suis entré dans le hall, j'ai entendu la musique qui résonnait. Les voisins devaient devenir fous. J'ai pris les escaliers parce que l'ascenseur était en panne, comme d'habitude.
Je n'ai même pas sonné avant d'entrer, personne n'aurait entendu.
À l'intérieur, l'appartement était toujours aussi petit mais il y avait toujours autant de monde. Je m'étais toujours demandé comment est-ce que Baek' s'arrangeait pour caser toutes ces personnes mais je ne lui avais jamais demandé. Je l'ai aperçu, assis sur son canapé, en train de rouler un joint, un garçon beaucoup plus jeune que lui embrassant son cou afin d'y laisser une trace violacée. Il m'a vu et a viré son amant pour me faire signe de le rejoindre.
- Lee Taeyong en personne, je pensais que tu te pointerais plus jamais ! s'est-il exclamé alors que je me laissais tomber sur le vieux sofa.
- Ouais, j'suis désolé, Baek'. T'sais les profs des riches ont pas compris le principe du week-end.
Il ne m'écoutait déjà plus, les yeux fixés sur la bouteille que je tenais. Je l'ai posée sur ses genoux et il m'a donné son joint allumé. Les fenêtres étaient ouvertes mais il y avait tellement de monde qu'on ne ressentait pas le froid extérieur.
- Putain, tu te fais pas chier toi ! C'est ça que tu bois avec tes potes ?
J'ai haussé les épaules.
- Oublie que j'suis devenu un gosse de riche, okay ? Aujourd'hui, j'suis le même Taeyong que celui de l'année dernière.
Il n'a pas eu l'air convaincu, même moi je ne l'étais pas, mais il a arrêté de parler de l'autre côté de la ville. À la place, il m'a mis à jour sur tout ce qu'il s'était passé durant mon absence et nous avons discuté et fumé jusqu'à ce que mon joint ne soit fini. J'ai fini par l'abandonner pour rejoindre le bar.
Sur le chemin, j'ai croisé Taeil, un de mes exs, qui m'a embrassé comme si nous ne nous étions jamais quittés avant de rejoindre son meilleur ami. Il était toujours aussi affectueux. J'ai pris un verre posé sur une table sans même savoir ce qu'il contenait ignorant ainsi toutes les recommandations de prévention contre la drogue du violeur.
J'ai erré un moment, l'alcoolémie bien élevée, observant les gens qui riaient, qui s'embrassaient, qui pleuraient et qui se disputaient. J'avais la désagréable impression d'être hors de mon corps.
- Wow, Taeyong, ça fait combien de temps qu'on s'est pas vus
- Sept, peut-être huit mois j'ai répondu avant de la serrer dans mes bras.
Jisoo était toujours aussi jolie et sa tenue la mettait en valeur ce soir-là. De loin, j'ai vu Seojung assise avec Haon et d'autres garçons que je ne connaissais pas et elle m'a fait un clin d'œil empli de sous-entendus. Jisoo a suivi mon regard mais a crû que j'observais un groupe de jeunes filles.
- Avec laquelle tu vas passer la nuit ce soir ? m'a-t-elle demandé, en attrapant mon verre pour y tremper ses lèvres roses.
J'ai détourné le regard de ma petite sœur et j'ai fixé Jisoo une minute. C'était long et elle commençait à rougir.
- Avec toi j'ai finalement répondu, un demi sourire aux lèvres.
Elle a souri aussi avant de prendre ma main et d'écraser sa cigarette contre le meuble. La brune m'a guidé à travers la foule puis, nous sommes sortis de l'appartement de Baekhyun pour monter jusqu'au sien, deux étages plus haut.
Et alors qu'elle m'embrassait sur le pas de sa porte, j'ai compris que si je me sentais aussi étranger à la situation alors que rien n'avait changé, c'était parce que moi, je n'étais plus le même qu'avant.
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