16| c'est toi
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m a r k
JE NE SAVAIS PAS ce que je foutais là. Enfin, si. J'évitais le plus possible chez moi depuis que ma mère était partie rendre visite à son frère à l'autre bout du monde et avait refusé de m'emmener avec elle (parce que soi-disant le lycée était important) alors que je mourrais d'envie de retourner au Canada. C'était la seule raison pour laquelle je me trouvais ici, dans le salon de Sooyoung, une fille que je connaissais à peine et qui m'avait invité par pure gentillesse.
Yuta était avec moi, clope au bec et verre de whisky-coca à la main. Il parlait beaucoup contrairement à son habitude mais en ce moment, j'avais l'agréable impression qu'il se dévoilait plus à moi. Le japonais au joli sourire semblait réellement m'apprécier et c'était réciproque. Je l'écoutais me parler de son correspondant Sicheng d'une oreille distraite, trop occupé à chercher Donghyuck des yeux. Yuta a fini par me laisser pour aller rejoindre Minnie qui mangeait des chips avec Sehun.
En allant remplir mon verre vide, j'ai croisé Mina qui discutait avec son groupe d'amis majoritairement composé de Cheerios. Elle m'a offert un large sourire et je me suis dit que son cœur ne devait pas être si brisé que ça. Un instant, je me suis dit que si je l'avais rencontrée avant Donghyuck, je serais sûrement tombé amoureux d'elle.
Et puis, je l'ai vu.
Et puis, mon cœur a fait une pause, le temps d'un instant.
Et puis, il est reparti.
Donghyuck m'attendait à l'endroit que j'avais quitté quelques instants plus tôt, un verre à la main et le regard presque vide.
- Je ne sais pas pourquoi mais j'avais envie de te voir a-t-il déclaré dès que j'ai été assez proche de lui pour l'entendre.
- Tu as décidé d'arrêter de m'ignorer ? T'es en manque de moi, c'est ça ?
Il n'a pas ri et je me suis tu. Cela faisait presque deux mois que nous nous étions pas retrouvés seuls lui et moi et pour une fois, ce n'était pas ma faute. C'était lui qui avait décidé de ne plus m'adresser la parole alors que de mon côté, j'étais enfin prêt à l'aimer comme il fallait en essayant d'éviter de le blesser. Les rôles s'inversaient et je comprenais ce qu'il avait ressenti après notre été.
- Je sais que tu n'es plus avec Mina a-t-il dit doucement. Je suis désolé pour vous. Comment est-ce que tu le vis ?
- 'Hyuck, tu sais très bien que je n'étais pas amoureux de Mina j'ai répliqué, sourcils froncés. Tu sais que le seu-
- Pour être honnête m'a-t-il coupé, je ne sais plus qui tu aimes. Il a pris une gorgée de son verre. J'ai crû que c'était moi à un moment mais bon, vu ce qui s'est passé ensuite, j'en doute.
J'ai pris sa main dans la mienne et je l'ai serrée.
- C'est toi, ça l'est depuis le début.
Alors que moi je souriais, lui semblait sur le point de s'énerver. Une veine ressortait sur son front. Brusquement, il a retiré sa main de la mienne et a reculé de quelques pas. Je ne m'étais même pas rendu compte que nous étions aussi proches l'un de l'autre.
- J'ai essayé de guérir mon cœur mais j'y arrive pas. J't'ai dans la peau, Mark, même après tout ce que tu fais.
- 'Hyuck, s'il te plaît-
- Arrête. Tu fais toujours ça, tu me bassines avec tes belles paroles, tu me fais croire que je suis la huitième merveille du monde et puis le lendemain, tu disparais.
Les larmes avaient envahi son regard et je me suis rendu compte que si elles étaient là, c'était à cause de moi. Alors je suis parti. Sans rien dire, je l'ai laissé là.
J'ai rejoint le jardin de la maison où se trouvaient déjà un bon nombre d'invités. Yuta et Jackson discutaient tous les deux, chacun ayant abandonné sa conquête, Chanyeol, le garçon que j'avais remplacé chez les artistes, jouait de la guitare, Mingyu et Jeongguk organisaient un concours de shots avec Chungha et Yeri et Jeno, Jaemin et Renjun roulaient des joints. Je les ai rejoints.
- Qu'est-ce que tu fais là ? m'a demandé le plus âgé des trois garçons.
- Je vous ai vus rouler alors je suis venu profiter j'ai dit en me forçant à rire.
- Où est Donghyuck ? a demandé Renjun. Il te cherchait tout à l'heure. J'ai dégluti. Mark, ne me dis pas que-
Je savais très bien ce qu'il voulait dire. Quelques semaines plus tôt, il m'avait demandé de lui promettre de ne plus jamais faire pleurer son meilleur ami. Évidemment, j'avais tout fait foiré.
- Si, je crois. Enfin, je n'ai rien fait aujourd'hui mais je pense que j'ai fait trop d'erreurs pour arriver à le récupérer un jour.
Renjun a marmonné quelque chose qui ressemblait fortement à une insulte avant d'expirer une longue traînée de fumée. Je l'ai imité.
- Ecoute, je devrais pas te dire ça parce que t'as été pire qu'un horrible connard envers lui mais j'ai l'impression que tu veux vraiment le rendre heureux ; j'espère que j'ai raison. J'ai immédiatement acquiescé. Donghyuck est fou amoureux de toi, il a beau essayé de t'oublier, t'es bloqué dans son cœur et dans sa tête. C'est toi et personne d'autre. Prouve lui que tu veux faire les choses bien et que cette fois-ci c'est sérieux et sain et vous pourrez enfin profiter de la chance que vous avez de vous aimer sans que votre histoire ne soit un véritable drame.
***
J'AI FINI PAR trouver Donghyuck, près d'une heure après ma discussion avec son meilleur ami. Il était assis sur la première marche des escaliers, une clope éteinte entre les lèvres, les yeux légèrement rouges et bouffis par les larmes qui avaient s'en échapper. En me voyant, il a posé sa cigarette et s'est approché.
- Je suis désolé j'ai dit. Si tu veux bien, et je ne te force à rien, pas de pression, viens avec moi.
- Où est-ce que tu m'emmènes ?
- Tu as dit que tu en avais marre que je ne m'intéresse à toi qu'en soirée alors je te prouve que c'est faux. Il n'a pas réagi. Il faut que tu me crois, 'Hyuck. C'est toi.
J'ai attendu qu'il me donne sa réponse et ces quelques secondes m'ont paru être des heures entières. Il hésitait et j'ai crû qu'il allait refuser et que c'était la fin et que les nuages qui me semblaient avoir disparu au dessus de ma tête allaient revenir, encore plus noirs qu'auparavant.
Mais il a fini par s'approcher de moi et m'a serré dans ses bras. Son odeur a envahi mes narines et m'a ramené à ces matins où je me réveillais dans ses bras et ces soirs où il s'endormait dans mes draps.
- Je ne te ferais confiance qu'à une condition, il s'est détaché de mon torse, promets-moi de ne plus me faire de mal.
J'ai acquiescé vigoureusement. J'aurais voulu lui dire que s'il savait à quel point je m'en voulais d'avoir gâché tous ces moments qu'on aurait pu partager pendant que je faisais le con, tous ces instants de douceur et de tendresse, toutes ces nuits blanches passées à se raconter des histoires inutiles et tous ces silences qui en disent beaucoup, tous ces souvenirs emplis d'amour, de bonheur et de folie juvénile qu'on aurait pu créer, alors il saurait que plus jamais je ne le blesserai intentionnellement. Mais les mots sont restés coincés dans ma gorge et je n'ai rien dit, j'ai simplement acquiescé, les larmes aux yeux parce que pour une fois, j'étais heureux.
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