Acte 4 : La Famille Jeon
Je regarde le brun dormir paisiblement, chose qu'il n'avait sûrement pas faite depuis longtemps. Hier, dès que nous étions rentré, il s'était effondré de fatigue.
La première nuit, il avait dormi sur le canapé, mais il n'arrêtait pas de tomber. Ce sofa était bien trop petit pour accueillir une personne. Je m'étais alors permis de l'allonger sur mon lit, et je ne regrettais pas mon choix puisqu'il dormait comme un bébé.
Ses blessures commençaient à peine à guérir, et je le trouvais complètement inconscient d'être retourné travailler. Je ne savais pas encore comment nous allions faire. Pouvait-il arrêter ?
Je soupire et me lève du lit, me dirigeant vers la salle de bain. Je sentais les problèmes arriver.
Je pris le temps de me doucher, retardant au plus loin la discution que j'allais devoir entretenir avec lui. Aujourd'hui il fallait aussi que je me rende chez les Jeon.
Quelques minutes après, je sors de la cabine de douche, l'esprit préoccupé. Je m'enroule dans ma serviette dans l'optique de me rendre dans la minuscule buanderie où mon linge avait séché.
Mais, à la sortie de la salle d'eau, Jimin me regardait, à moitié réveillé. Je sentis mes joues s'empourper et m'apprêta à refermer la porte, mais Jimin n'y prêtait aucune attention.
- J'ai faim...tu pourras me faire à manger...?
Mais oui, bien sûr, il était habitué à voir encore plus de nudisme au quotidien. Je soupire et poursuis mon chemin jusqu'à mon objectif. Il fallait que je m'habitue à cette facette de lui.
- Yonshin, ne te ballades pas nue sous mes yeux non plus..., murmure t-il.
J'ouvre grand les yeux, étonnée. Alors, c'était sa limite avec moi ? Dans un sens, ça me rassurait qu'il ne me voit pas comme l'une de ses clientes. Je hoche la tête et m'empresse de rejoindre la buanderie.
Une fois changée, je marche vers la cuisine le sourire aux lèvres. J'étais plutôt de bonne humeur aujourd'hui. Jimin était posé sur le sofa mais n'osait pas allumer le téléviseur puisqu'il n'était pas chez lui. Je l'allume et le pose devant des dessins animés. Il semble ravi.
C'est étrange, même plus que le fait qu'il puisse être immature, j'avais l'impression qu'il avait une jeunesse à rattraper.
Je souris tristement, et commence à préparer à manger. Nous avions dormi jusqu'à presque onze heures, alors je décide de faire un brunch. Après tout, je devais partir bientôt.
Une fois mon omelette cuite, j'éteins la télé, et Jimin se rue sur sa chaise, les yeux pétillants. Il avait vraiment faim.
- Tu peux manger, souriais-je.
Il hoche la tête et commence à engloutir son brunch. Une matinée bien joyeuse, mais il fallait bien aborder ce sujet si sensible.
- Jimin, qu'est-ce qui t'oblige à rester là bas ?
Il dépose doucement sa fourchette, et me regarde très sérieusement.
- J'y suis depuis plus jeune, parce que j'avais besoin d'argent pour élever ma sœur. J'ai signé un contrat qui m'interdit de quitter mon travail. En échange, je suis logé, nourri et payé.
- Je vois...où se trouve ta sœur ?
- Elle est en chine, chez notre tante. Je ne pouvais pas partir avec elle à cause de ce contrat, m'explique t-il.
- Donc tu ne peux...vraiment pas en sortir ?
- Si, quand je serais fiancé, ou pour d'autres raisons très particulières comme un accident ou quoi. Mais sinon, tant que je plais aux clients, je reste.
- Je comprends mieux. Mais je me sens inutile...moi qui pensais pouvoir te faire sortir de là en remboursant une éventuelle dette...
- Ah c'est possible aussi. Enfin, possible...il faut rembourser tous les gains que j'aurais pu apporter au boss pendant les deux prochaines années, en se basant sur mes prix habituels. Donc en fait, c'est impossible.
Un espoir renaît doucement en moi. Si je me donne à fond, peut être que...
- Jimin, cette dette serait de combien ? M'empressais-je de lui demander.
- Yonshin, c'est vraiment beaucoup tu sais...le boss prend 40 % de mes parts...
- Dis le moi quand même, je veux essayer, Jimin.
- Je vais voir avec Hoseok ce soir pour faire les comptes. C'est de la folie, mais bon. Je ne comprends pourquoi tu te démènes tant pour moi. Tu es même allée jusqu'à entrer dans une maison close...
- Et les autres, les autres prostitués qui étaient là hier, ils sont dans la même situation que toi ?
- C'est assez compliqué...tu ne devrais pas t'occuper de ça Yonshin.
Je hoche la tête sagement. Je devrais éviter de trop lui en demander, il pourrait me croire trop intrusive et je ne le voulais pas.
- Jimin, je dois me rendre quelque part cet après midi. Je reviendrais vers dix-sept heures, tu seras là ? Demandais-je.
- C'est promis, souriait-il.
Je me lève et commence à débarrasser.
- Oh non, je vais le faire, reprend-t-il. Dépêche toi d'y aller Yonshin.
Je le remercie et me dirige vers l'entrée pour enfiler mon manteau et prendre mon sac. Je mets mes bottines et ouvre la porte. Jimin me sourit légèrement, sourire que je lui rends. Une fois dehors, je reçois un appel d'un numéro inconnu.
- Allo ?
"C'est Jungkook. "
- Ah, parfait. Dis petit malin, il serait temps que tu me donnes ton adresse.
"Pas besoin. Je suis juste là."
Et il raccroche. J'avais du mal à comprendre ce qu'il venait de se passer. Je range mon téléphone et regarde aux alentours, mais rien du tout. Quand soudainement, on me tire vers l'arrière et mon dos heurte brusquement le torse de quelqu'un. Son parfum m'envouta, et je leva la tête pour laisser apparaître le visage de Jungkook.
- Yo ! Souriait-il, fier de sa blague.
Je reprends mon souffle. Sur le coup, j'ai eu peur...mais je me reprends rapidement et le pousse vers la rue.
- Oui, c'est ça, salut. Dépêches toi, j'ai pas envie d'être en retard.
Il riait et moi je restais agacée, et nous avançons ainsi jusque chez lui. Il me fait prendre un bus et un métro, puis enfin un autre bus.
Nous arrivons devant sa maison après plus d'une heure de trajet. Sa maison...que dis-je, son manoir. Le bâtiment gigantesque s'élevait au milieu de l'immense propriété emplie de jardins.
Une grande grille en fer de dresse devant nous, et Jungkook sort un badge. Le portail s'ouvre mais je reste immobile, bien trop impressionnée par le domaine pour oser y pénétrer.
- Allez dépêches toi la limace.
Je hoche vivement la tête et le suis jusqu'à la maison. Jungkook sort cette fois-ci des clés, mais inutile puisque la porte s'ouvrit en grand.
L'auteur de ce miracle n'était autre qu'une femme d'âge mur, très belle, la silhouette fine et les yeux en amande. Elle ressemble beaucoup à Jung-
- Bonjour ! Bienvenue chez nous mademoiselle Park ! Je vous en prie entrez.
- Bonjour madame Jeon, merci pour l'invitation...
Elle me sourit et nous entrons dans un grand salon de marbre et de velour. Jungkook ne prononçait pas un mot. Il avait l'air ennuyé.
La femme me propose de m'assoir en attendant son mari, qui devait descendre de son bureau. Un lourd silence s'installa entre les deux membres de la même famille.
- Jungkook...ça faisait longtemps que tu n'étais pas venu nous voir, ton père et moi.
Visiblement, Jungkook n'habitait pas ici. Alors ils avaient en plus une résidence secondaire...?
- C'est pas le moment. En plus tu sais très bien pourquoi je te déteste.
Bon, et bien il avait le mérite d'être franc... Mais la situation me gênait grandement. Qu'est-ce que je pourrais dire pour appraiser les tensions ?
- Mademoiselle Park, c'est un honneur de vous rencontrer. Pour que mon fils vous recommande, vous avez déjà presque tout gagné, sourit-elle.
Pourquoi cela sonnait-il comme des fiançailles...? Je jette un œil à Jungkook, mais il ne me regarde pas. Cependant, un sourire espiègle étire ses lèvres.
- Oh, non, c'est moi qui suis honorée..., répondis-je. À vrai dire je n'ai rien de si exceptionnel...
Une porte s'ouvre et un homme en sort, les sourcils froncés. Il avait l'air de mauvais humeur. Pas de bol pour moi...
- Enchanté, je suis monsieur Jeon, président de la firme KoreaPlane. Vous êtes ? Demande t-il en s'asseyant en face de moi.
KoreaPlane, l'une des plus grandes compagnies aériennes du monde entier. Rien que ça.
- Oh, enchanté monsieur Jeon, je suis Park Yonshin. Mon professeur m'a informé que vous souhaitiez me rencontrer.
- Ah oui, la tutrice...bien alors, pourquoi est-ce que vous seriez intéressée par cette offre ?
- Et bien, nos partiels arrivent très prochainement, et si je pouvais travailler tout en révisant ce serait vraiment l'idéal.
- Vous confirmez donc n'accepter ce job ni par intérêt envers mon fils, ni par intérêt purement oportuniste ou vénal...?
- Je le confirme monsieur. Si je peux me permettre, pourrais-je savoir les horaires proposés ?
- Vous en parlerez avec mon fils, pour faire en sorte d'ajuster vos emplois du temps. Cependant, il faudra au minimum six heures par semaines hors des heures de cours. Quel âge avez vous ?
- Vingt-trois ans monsieur.
- Trois ans de plus que Jungkook, très bien. Pouvons-nous parler de la rémunération ?
Je hoche la tête et il continue de noter plein de petites choses sur son carnet.
- Nous nous sommes mis d'accord, avec ma femme, sur un salaire de 173 000 won (≈ 150 €) de l'heure. Cela vous convient-il ?
Oh mon dieu, mais c'est parfait ! Avec cet argent je vais pouvoir payer la sortie de Jimin !
- Très bien monsieur. Merci de votre générosité.
- Bien sûr, ce ne sera pas sans efforts. Dans deux semaines, mon fils a un devoir sur table d'anglais, si je me souviens bien. S'il n'a pas au dessus de douze, vous serez remplacée.
On parle quand même d'un cas grave... Partir de trois pour arriver à douze, ça ne va pas être évident.
J'acquiesce cependant aux mots du père de Jungkook. J'avais cruellement besoin de cet argent.
- Et, le plus important, s'exprima la femme. Jungkook, acceptes-tu qu'elle te donne des cours pendant au moins deux semaines ?
Je comprenais à présent pourquoi Jungkook avait prétendu que le choix lui revenait. Il semblait avoir été difficile avec ses précédents tuteurs.
Jungkook sourit, et ses parents sont pendus à ses lèvres. Ce qu'il allait dire allait déterminer la suite. Finalement, il relève la tête et me regarde avec malice.
- Oui, c'est bon pour moi.
- Parfait. Bon, j'ai des choses à faire. Je compte sur vous pour vous occuper de ce garnement. Sur ce...
Je me lève par respect et la femme me sourit avant de suivre l'homme au regard un peu plus adoucit.
- Au revoir, merci encore, déclarais-je.
Une fois qu'ils sont sortis de la pièce, Jungkook se lève et marche rapidement vers la sortie.
- C'est bon, on dégage.
- Ah... Jungkook attends moi !
Je le rattrape à petits pas et il ralentit sa cadence. J'ai bien pu comprendre que la relation entre lui et ses parents s'était détériorée, mais il n'avait pas l'air de vouloir en parler.
Je décide de respecter sa vie privé et le suis hors du domaine sans dire un mot. Une fois la grande grille passée, Jungkook m'adresse la parole.
- Alors ? Quand est-ce tu pourrais t'occuper de moi ? Demande t-il sérieusement.
- Ah, parce que t'as envie de travailler maintenant ?
- Je te demande pas ton avis. File moi tes horaires.
Je réfléchis quelques instants. L'argent des Jeon me suffirait amplement pour que je puisse quitter mon travail actuel, mais je dois rembourser la dette de Jimin le plus vite possible.
- Je travaille cinq jours par semaine à partir de dix-neuf heures, jusqu'à vingt-trois heures. Je peux te voir les mercredi, j'ai jamais rien à faire. Sinon, les week-ends. Et puis, les jours où je termine à quinze heures, donc les lundi et les jeudi, je pourrais t'aider jusqu'à dix-huit heures. Ça te va ?
- Quoi ? Attends, tu comptes combiner ton travail et mes cours de soutien ?! T'as tant besoin d'argent ? Et que vas-tu faire avec autant de tune ? T'as une famille à nourir ou quoi ?
- Ce que je fais de mon argent ne te regarde pas... Donc, tu es libre sur toutes ces plages horaires ?
-...pas le dimanche, ni le mercredi après midi. On est samedi, non ? Les virements seront faits sur ton compte à partir d'aujourd'hui.
Je hoche la tête et sors mon téléphone pour appeler Jimin. Il faut que je le préviennes que je rentrerai un peu plus tard que prévu.
"Allo Yonshin? Un problème ?"
- Non, juste pour te prévenir que je rentrerai plus tard que prévu...
"Oh, c'est pas un soucis ! Je te laisse, au revoir Yonshin !"
Il raccroche et je hausse un sourcil, confuse. Il avait l'air soulagé que je ne rentre pas à l'heure prévue. Il ne compte tout de même pas y retourner sans rien me dire comme la dernière fois...?
- Jungkook, je suis vraiment désolé, mais je dois très vite retourner chez moi, m'excusais-je.
- Tu n'habites pas seule ?
- Si enfin..., c'est compliqué. Je ferai un emploi du temps et je te l'enverrai sur ton...ah oui, tu peux me passer ton numéro ?
- Tu l'as déjà, je t'ai appelé ce matin.
- Plusieurs numéros m'ont appelé ce matin monsieur le petit malin. Allez, enregistre ton numéro.
Il sourit fièrement et prend mon téléphone pour enregistrer son nom dans mes contacts. Je le remercie et range le téléphone dans mon sac.
- Je suis désolée pour aujourd'hui, je me rattraperai lundi !
- Oui, oui. Allez file, t'as plus important je crois.
Je lui souris et hoche vivement la tête, avant de marcher rapidement vers la station de métro la plus proche. Dites moi qu'il ne compte rien faire de stupide...
[...]
J'arrive enfin devant chez moi, un peu essoufflée. Je reprends rapidement mon souffle et ouvre la porte. Elle n'était pas verrouillée...?
Jimin se trouve de l'autre côté, surpris, et son visage se décompose sous ma plus grande incompréhension.
- Jimin, ça va ?
- Je...ah...Yonshin t'es rentrée...?... Je peux tout t'expliquer...
- M'expliquer quoi au juste Jimin ?
Il soupire et se décale sur la droite, et un groupe de garçons pas tout à fait inconnus était posé sur mon canapé. Hoseok, qui était lui debout, ouvrit grand la porte pour se trouver face à moi. Il avait l'air gêné de se trouver ici, et il y avait de quoi.
- Hey...salut Yonshin...! Bafouille t-il.
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