La première chose que je vis en me réveillant le lendemain matin était l'énorme araignée sur le plafond au dessus de moi. Je soupirai. J'aurais dû me douter que l'appart serait un peu sale, mais de là à ce qu'il y ait des araignées de cette taille... Je mis la présence de la bestiole sur le compte d'une fenêtre mal fermée et me levai en m'étirant. C'est parti !

Je jetai un coup d'œil rapide à l'horloge. Mes cours avaient commencé il y a une demi heure, mais j'avais encore largement le temps : admettons que je décide de m'y rendre pour la deuxième période. Il faudrait que j'attende au moins dix minutes pour entrer, car j'étais plutot rapide à me préparer. Je m'habillai et mangeai un petit déjeuner en grappillant dans à peu près tous les aliments trouvés dans l'appartement, puis me brossai les dents vite fait et partis en saisissant mon sac au passage. Il ne me restait plus qu'à trouver où se situait le lycée.

Je déambulai un peu au hasard dans les rues jusqu'à tomber sur un grand bâtiment en pierres blanches. Un drapeau rouge arborant un symbole étrange était suspendu au dessus de l'épaisse porte en bois, et je me surpris à me demander ce que pouvait bien représenter ce dessin. Une voix provenant du sol me pris au dépourvu, et je sursautai :

"- Qui es tu, mon Garçon ? "

Un petit homme moustachu aux cheveux gris orage me tendit la main. Il affichait un grand sourire joyeux, et je ne pus m'empêcher de sourire à mon tour.

"- Je suis Natsu Drag... Fireball. Natsu Fireball. Je suis nouveau. "

Il me sourit encore plus fort, et je me rendis compte qu'il y avait une certaine tension dans sa voix.

"- Vraiment ? Eh bien, monsieur Fireball, ne vous a t'on pas prévenu que les cours commençaient une heure plus tôt ? "

Son sourire commençait à me faire peur. Toute autre personne qu'un espion ne l'aurait pas remarqué, mais cet homme minuscule au dos voûté par les années m'apparut soudainement redoutable. Il faudrait que je m'en méfie.

"- Si, mais je suis arrivé tard hier soir et j'ai dû emménager. "

Il tordit sa moustache entre ses doigts minces, marmonnant :

"- Je vois... Dans ce cas... "

Il releva la tête.

"- Bienvenue à Fairy Tail ! Ne t'inquiète pas, tu t'adapteras vite. Tous nos élèves sont très sympathiques, tu verras. "

Ils disaient tous ça, mais je n'étais jamais tombé sur un lycée ne contenant pas parmi les élèves sa petite bande de racailles. C'était tout simplement la base d'un lycée, et ca, peu importe les mesures mises en place, ça ne changerait jamais. Je décidai cependant de faire confiance au vieil homme pour l'instant et le laisser me guider dans les couloirs vides du lycée. S'arrêtant devant une porte, il toqua avant d'ouvrir et de me faire signe de le suivre, et je m'empressais de lui coller aux talons. Il s'avança dans la salle en se tournant vers les élèves qui me dévisageaient tous comme une bête de foire. J'en étais peut être une, mais pour une fois ça me mettait mal à l'aise. Tout simplement parce que je n'avais ni déguisement ni faux nom cette fois. On avait décidé de simplement changer mon nom de famille, mais il restait que j'avais un profil très reconnaissable et que l'idée qu'ils sachent tous à quoi je ressemblais n'était pas rassurante.

Le vieil homme commença à parler, mais il était si petit que les élèves tournaient la tête en tout sens pour chercher d'où sa voix provenait. Excédé, il finit par prendre la chaise du professeur et monter dessus pour réitérer son discours :

"- Les enfants, je vous présente Natsu Fireball, votre nouveau camarade. Soyez tolérants avec lui, il vient juste d'arriver dans la région. "

Je décochais un grand sourire à la classe.

"- Yo ! Content de vous rencontrer ! J'espère qu'on sera potes ! "

Je repérais un élève aux cheveux noirs de jais qui semblait se foutre royalement de ce que j'avais dit. Il roula des yeux en soupirant bruyamment. Je fronçai les sourcils.

"- Sauf peut être avec toi, là, le déprimé. Ta tête me revient pas. "

Il leva les yeux et me fixa avec une dureté qui me surpris. C'est qu'il avait l'air d'en avoir dans le pantalon, ce dépressif !

"- C'est à moi que tu parle, la barbe à papa ? "

Une blondasse à côté de lui lui fit une petite tape sur le bras.

"- Grey ! Ne lui parle pas comme ça ! Il est nouveau ! "

Il se tourna vers la fille en m'ignorant complètement.

"- Je m'en fous qu'il soit nouveau. Il n'a pas à me parler comme ça non plus.
- Peut être, mais ce n'est pas une raison pour rentrer dans son jeu ! "

Autant la petite blonde m'avait bien plu lorsqu'elle avait pris ma défense, autant là elle m'exaspérait profondément.

"- Vous avez fini ? Parce que si vous voulez baiser, faites le autre part ! "

Il se tournèrent tout les deux vers moi avec une expression horrifiée. Toute la classe explosa de rire, avant de s'arrêter brusquement lorsque le directeur me tira par la manche de mon uniforme.

"- Monsieur Fireball, ne commencez pas à dire des choses aussi grossières dès votre premier jour. Vous vous êtes déjà fait remarquer en n'arrivant pas à l'heure... "

Oh mon dieu. Je le connaissait bien, ce petit refrain ultra chiant des proviseurs. Un bon espion serait resté à sa place et l'aurais écoute blablater sur l'origine du monde et les principes fondamentaux de la vie en communauté, mais j'avais beau en être un, j'avais un caractère assez impulsif qui, en certaines circonstances, me sauvait la vie, et dans d'autres me fourrait dans une merde bien profonde. Je pense que pour cette situation ce serait plutôt la deuxième option.

"- Bon, écoute, le vieux, c'est pas que tu m'ennuie, mais elle est où ma place ? "

Il s'arrêta net, et la classe entière retint sa respiration.

"- Pardon ? "

Je fis celui qui n'avait pas compris.

"- Ma place. Comme, un endroit où je pourrais poser mes fesses. Avec un bureau, une chaise, tout ça. "

Avant qu'il ne puisse répondre, la blonde se leva brusquement.

"- Un peu de respect ! Tu t'adresse à notre directeur, Maître Makarof ! "

Cette fille était vraiment timbrée. D'où elle me parlait comme ça ?

"- D'abord, je parle comme je veux. Ensuite, je pensais m'être inscrit à un lycée, pas une secte qui vénère un espèce de petit nain grabataire ! "

Furieux, je laissai tomber brutalement mon sac sur la table vide la plus proche, et m'assis.

Après m'avoir contemplé quelques instants, le directeur poussa un long soupir et sortit.