Heidi se réveilla brusquement en réalisant qu'elle venait de chuter de l'arbre.

« Pourquoi étais-je en train de roupiller dans un arbre ? » se questionna-t-elle.

Elle rentra, se changea, lava ses vieux vêtements et remonta au grenier. Elle s'assit en baillant et fouilla du regard la table devant elle. Affolée de ne pas y trouver le dossier, elle se mit à retourner tout le bazar réuni sous les charpentes. Ne trouvant rien, elle continua à l'étage, puis au rez-de-chaussée. Finalement, alors qu'elle allait se résigner à sortir trouver le loup pour lui avouer qu'elle avait perdu sa fiche, elle trébucha sur un objet.

« Le calendrier mécanique ! »

Heureuse, elle réalisa qu'elle l'avait laissé l'avant-veille avec le dossier sur la commode de l'entrée. Soulagée, elle se laissa tomber sur le sol. Elle étendit la main pour chercher sa fiche sous le meuble. Elle se cogna le doigt contre une lampe et fit tomber un antique trousseau de clefs avant de trouver ce qu'elle cherchait. Elle se plongea alors dans l'histoire de ce qui lui était arrivée voilà dix ans, quand elle s'était retrouvée là :

« Si je me souviens bien, il y a 3 ans, alors que mon grand-père, chez qui j'étais partie en vacances, était en courses et qu'il m'avait interdit de sortir, je me suis retrouvée cloîtrée dans cette forêt. Durant les grandes vacances, j'étais censée rester chez mon vieux Grand-Pa. Il habitait dans une clairière qui trouait une gigantesque forêt, bordée par une ville. J'avais donc brisé l'interdiction de partir dans la forêt et je m'étais mise à jouer en riant à gorge déployée. J'entendis un bruissement, vis un jeune garçon. Soudain, la forêt si claire te pimpante se transforma en un endroit sombre sans ces petits bruits si joyeux. Je courus vers la maison et attendis plusieurs jours mon grand-père. Il ne revint jamais. »

La respiration courte, Heidi relut la dernière phrase, dans l'espoir de la faire changer du regard. Elle se souvenait maintenant de la lueur triste et désespérée dans le regard du jeune garçon. Mais aussi de sa réaction lorsqu'il l'avait vue si joyeuse : il avait collé sa paume contre l'arbre à son côté et cet arbre avait commencé à noircir. L'instant d'après, le garçon avait fui. Elle avait aussi aperçu pour la première fois...la fourrure argentée du Roi des Loups.

Elle soupira profondément afin d'évacuer la pression accumulée.

« Le loup était là, il doit savoir ! »