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→ 30. « Pour se souvenir parfois, qu'il n'y a rien de plus beau que toi »¹

Cette chambre était devenue le centre de vie de Jin, Hoseok et Taehyung. Regroupés autour de Jungkook ils pouvaient avec bonheur voir que l'état du noiraud s'améliorait. Jin le voyait en tout cas, les autres étaient trop pressés même si Taehyung ne s'en souciait guère, réussissant sans mal à apprécier la compagnie du jeune homme qui souffrait encore énormément quelle qu'elle soit. Il était là quand il fallait calmer les moments de douleur entre deux prises de remède, là quand, une fois apaisé, il pouvait parler normalement plusieurs heures de suite, là quand la fièvre reprenait le dessus, là quand il fallait laver ses plaies et la cicatrice qui se formait sur sa joue gauche, là quand, fatigué par une longue journée de souffrance le noiraud s'endormait.

Pour autant Taehyung ne laissait pas Jungkook au sommeil mais restait près de lui et croquait son visage. La chambre de Jin était devenu son atelier et il se rendait de moins en moins souvent à la demeure du peintre de peur de l'y croiser. Sa gorge se serrait quand il pensait à son maître tourmenté. Il avait peur de sa colère et ne voulait pas entendre ses inanités qui ne représentaient pas l'être qu'il était au fond de lui. Il avait aussi bien trop pitié de cet homme perdu dans ses propres convictions, dans un monde qui n'avait jamais voulu de lui et où il ne trouverait jamais sa place. Il devait lui en vouloir mais n'y arrivait pas, car au fond du regard de Min Yoongi était un océan de désespoir sans terre. Ballotté trop longtemps, rejeté de tous les cotés, tantôt reconnu mais pas comme il aurait aimé, tantôt accepté mais trop partiellement, l'artiste s'était perdu et pour Taehyung sa rencontre avec le Prince et la mésaventure de Jungkook avaient achevés de le noyer à jamais au milieu de la violence des vagues de son être. Les pauvres fondations qu'il avait donné à sa réalité étaient trop fragiles pour ce monde auquel il aspirait. Il ne voulait basculer ni d'un coté ni d'un autre mais le prix à en payer semblait être le désespoir conduisant à la folie.

Il enchaînait crises de colère et crises de larmes et se défoulait sur plus faible que lui, sur incapable de lui répondre : Jungkook. Il avait remplacé tous ses modèles par l'héritier Park et s'isolait : on ne savait pas ce qu'il faisait de ses journées, de ses nuits mais il ne venait plus à la rencontre de ses amis.

Hoseok était très inquiet, Jin aussi même s'il le montrait moins. Taehyung et Jungkook semblaient – ne l'étaient pas vraiment au fond – un peu moins concernés par la question du peintre : l'un trop occupé à croquer celui dont il avait attendu le retour toute ces années, et l'autre...

L'autre avait même mi de coté ses blessures et la douleur qu'elles lui provoquaient depuis qu'il était un peu plus conscient ; pour profiter à chaque instant du visage et de la présence de celui qui était là à chacun de ses réveils. Jungkook tombait un peu plus amoureux chaque jour qu'il passait couché dans ce lit. Amoureux d'un autre homme dont le regard passionné sur ses toiles le faisait flamber de l'intérieur, amoureux au point où la douleur s'en allait quand il était à ses cotés. Amoureux comme un fou qui croit en ses déraisons.

Déraisonnable ça l'était, pourtant l'amour qu'il portait à Taehyung il en était certain : il n'avait eu besoin de définition divine ou séculaire pour savoir ce qui aminait ainsi ses tripes, son enveloppe de chair extérieure et les vagues de bonheur qui venaient s'échouer sur lui quand ses pensées dérivaient vers le jeune artiste aux cheveux châtain.

Jungkook l'avait identifié au premier regard ce sentiment qui chez Taehyung était inconnu et si difficile à saisir malgré les trois années qu'il venait de passer à souffrir d'une absence qu'il avait pourtant presque immédiatement identifiée, elle, comme raison de la fadeur de son quotidien. Mais Jungkook, contrairement à Taehyung, avait grandi au milieu de gens qui s'aimaient de tous types d'amour malgré tout ce que la vie leur mettait comme coups dans les jambes, destinés à les faire tomber, à les faire crever sans vergogne. Taehyung ne voyait pas les rapports humains comme une force. Avant de rencontrer Namjoon, il avait toujours pensé à une lutte entre des égos souhaitant écraser celui du voisin car leur survie semblait dépendre de cela. Taehyung n'était pas comme ça, pas taillé pour la guerre contre ses pairs. Il était celui qui, jusqu'à faire la rencontre de ces êtres humains particuliers, se prenait tous les coups ne lui étant pas spécialement destinés ; et qui les acceptait avec une résolution digne des plus grands ascètes.

L'amour était inconnu à Taehyung, et un sentiment bien inaccessible alors qu'il relevait de la normalité relativement bienveillante avec laquelle il avait été entouré pour Jungkook. Au milieu de rien, dans un monde caché sur lequel crachaient même ses propres habitants, Hoseok, Jin et Yoongi avaient construit au rescapé une bulle loin de la sécurité mais où ils évoluaient les uns proches des autres sur une base d'amour bien ficelée. Les liens étaient si solidement tissés que les déboires de la vie passaient sans en ronger les fils, jusqu'à ces derniers jours du moins... mais si Yoongi revenait, il serait à nouveau accueilli comme nulle part il ne le serait.

Tergiversations pour dire que Jungkook aimait Taehyung et qu'il le savait mais n'avait pas osé lui dire, car si c'était quelque chose qu'il savait sentir, il ne savait le dire. Peut-être pourrait-il le demander ?

- Pourquoi est-ce que tu me peins ainsi, Taehyung ? demanda le noiraud à l'artiste debout à ses cotés.

Concentré, Taehyung posa sur lui un regard souriant.

- C'est pour me souvenir, dit-il très sérieusement.

Pour ce souvenir car, trois ans auparavant il avait manqué tant d'occasions de créer des souvenirs, des pense-bêtes grandeur Jungkook.

- « Pour [me] souvenir parfois, qu'il n'y a rien de plus beau que toi »¹.

Il n'y avait que Taehyung, pensa Jungkook – et Jin derrière l'artiste pensa de même – pour lâcher des mots si lourds de sens de façon si innocente et convaincue : c'est comme si pour lui il était facile de dire ce qu'il ressentait sans pour autant comprendre ce que cela signifiait, pour lui, pour ses interlocuteurs.

Jungkook venait d'acquérir la déclaration qu'il avait mis si longtemps à demander. Il aurait du être convaincu de la réciprocité des sentiments de Taehyung, il commençait à s'habituer à la légèreté et à la franchise du châtain ; pour autant lui revint un goût amère, celui d'une larme qu'il avait versée il y a quelques jours de ça, alors qu'il n'était pas bien conscient, bercé par la voix hargneuse de Yoongi déblatérant qu'il ne le voudrait plus comme modèle tant il était laid, qu'il n'était pas sûr d'arriver un jour encore à le regarder. Le noiraud se renferma instantanément, tout l'amour auquel il avait aveuglement cru n'était peut-être pas si réel ? Et si l'amour n'existait pas ? Et si c'était la pitié qui depuis le début avait animé ses amis ? Leur avait fait l'élever, le nourrir, lui apprendre un métier, le couver, le loger, le récupérer quand il revenait de mer ? Cette même pitié qui venait de faire prononcer ces mots qui en l'état actuel des choses n'avaient aucun sens à Taehyung.

Lui qui ne doutait, jusqu'à il y a quelques minutes, pas un instant de l'existence de l'amour, venait de voir ses convictions battues en brèche par un souvenir probablement déformé par le voile de la semi-conscience. Il dit :

- Je suis un monstre Tae. Je ne serais plus jamais beau comme avant, je ne serai jamais plus le sujet d'aucun tableau, Yoongi ne veut même plus me regarder.

La voix lourde de chagrin et de désespoir du noiraud n'échappa aux oreilles de Jin qui se figea. Yoongi avait fait du mal cette fois, beaucoup de mal à cette famille qu'ils avaient constitué, à ces liens qu'ils n'avaient cessé de tisser au fil des années et des intempéries de la vie.

Taehyung resta interdit, il ne comprenait pas. Jungkook était magnifique, qu'est-ce qui avait changé ? Cette beauté que Yoongi disait perdue, lui ne l'avait pas un instant vu s'envoler et depuis que le peintre avait prononcé ces mots, il nageait dans un doute certain : avait-il mal saisi ce qui était beau ? Il ne s'était jamais demandé, jusqu'au moment où Yoongi avait soufflé dans la chambre une tempête qui avait ébranlée de nombreuses fondations, si la beauté avait une définition. Il ne pensait pas qu'on pouvait se tromper sur elle, qu'on aurait pu la voir là où elle n'était en fait pas. Si Jungkook avait eu conscience de l'état de son ancien maître, il n'aurait pas pris ses paroles de manière si rigide : il aurait été blessé, mais il avait connu Yoongi dans ses états de colère, seulement cette fois l'attaque avait été personnelle et Jungkook ne se souvenait pas du contexte. Et Taehyung, Taehyung vouait à Min Yoongi une grande admiration : ce dernier avait le pouvoir d'ébranler ses croyances les plus ancrées. Pourtant il ne pouvait pas concevoir que Jungkook ne soit pas beau. Le coté monstrueux était plus intéressant mais il ne pouvait pas non plus calquer ce qualificatif sur le jeune homme au visage lacéré qui se tenait pourtant devant lui.

- Moi je peux te peindre, répondit-il alors simplement. Si Yoongi ne veut plus te peindre moi je te peindrai Jungkook.

Hoseok était rentré sans bruit, il avait entendu les dernières répliques, il avait refait les chemins des sentiments de Jungkook et Taehyung en son fond.

- C'est parce que tu n'es pas encore quelqu'un Tae, dit-il d'un ton si sérieux que les deux plus jeunes eurent du mal identifier cette voix presque grave et posée dans leur dos qui venait de les faire sursauter. Quand il sera quelqu'un, il nous oubliera.

- Bien sûr..., répondit Jungkook, tristement.

- Jamais ! cria Taehyung d'une voix qui se brisa sur les murs de la chambre en même temps que dans les tympans de ses amis.

- Ne sois pas bête Taehyung..., essaya de le raisonner Jin en s'avançant vers la discussion.

- Tu auras intérêt à nous oublier, tous autant que nous sommes, Min Yoongi n'est pas un exemple à suivre, il est même le contraire !

Hoseok était toujours en colère. Mais pas en colère contre Yoongi directement : il était inutilement en colère contre quelque chose qu'il ne pouvait changer, contre une société qui avait fait de Yoongi ce qu'ils en avaient vu il y a quelques jours. Le maître de Taehyung se perdait, il avait connu ces trois dernières années l'apogée de son succès et il le savait peut-être plus que les autres qui en étaient pourtant conscient mais ne voulaient pas se l'avouer, car Min Yoongi tel qu'il était, le Min Yoongi des soirées passées à discuter, celui des portraits à couper le souffle, il leur manquait. Reviendrait-il ? Rejeter Taehyung était-ce la meilleure idée ? Ils n'en savaient rien, mais le voir s'engager dans une voie dont l'issue déplorable certaine était en face de lui ne pouvait que les pousser à l'en détourner.

- Je ne serai pas comme Yoongi, promit Taehyung, mais laissez-moi rester à vos cotés. Laissez-moi vous peindre parce que vous le méritez.

Jungkook s'était tu, bien trop tiraillé entre l'amour qu'il portait au châtain et une raison qui venait le rattraper comme à chaque fois depuis des années, comme à chaque fois qu'il hésitait à laisser vagabonder son cœur à des émotions dignes d'un enfant qu'il ne parvenait à enfouir. Mais aujourd'hui la décision ne le concernait pas directement, ç'aurait été tellement plus simple de se laisser envahir par l'émotion, mais le futur de Taehyung dépendait qu'une décision raisonnée, et il en avait conscience.

- Tu ne pourras jamais Taehyung, tout ce que tu pourras nous accorder ce seront quelques croquis au charbon sur une feuille réutilisée.

- Hobi, Jin, pleurait le jeune homme, je veux rester avec vous, je ne pourrais pas vous oublier.

Les deux plus vieux étaient touchés par ces mots. Ils aimaient Taehyung comme l'être spécial et irremplaçable qu'il était mais cette situation ne pouvait plus durer, elle semblait sans issue.

Jin avait parlé avec Namjoon et avait rapporté sa discussion à Hoseok. Si Taehyung consentait à vraiment s'engager dans son travail il pourrait l'y aider, lui trouver un atelier qui l'éloignerait de cette partie de la ville, qui le rapprocherait du milieu qui le ferait subsister. Ils savaient que Taehyung avait du être mis au courant par le mécène, mais il avait du passer sur ce moment de la discussion, n'en faisant qu'à sa tête, n'en saisissant pas l'importance. Ils connaissaient la réaction de Taehyung avant même de lui en avoir parlé sérieusement et cette discussion pleine d'émotions ne faisait que confirmer qu'ils ne parviendraient jamais à le changer. Jungkook de retour c'était peine perdue. Mais parier sur le fait que Taehyung n'était pas Min Yoongi était-il suffisant pour qu'il espère connaître un destin différent ? Les rouages sociaux ne finiraient-ils pas par le broyer lui aussi d'une autre manière si ce n'était de la même ?

Taehyung avait du talent, beaucoup de talent et il ne prenait pas l'art à la légère : les trois années passées à travailler comme un forcené aux cotés de son maître en étaient un exemple suffisant ; mais ce talent dans de telles conditions suffirait à peine à le faire vivoter. Il mangerait peut-être parfois à sa faim mais à d'autres moments il toucherait la misère comme il ne l'avait encore jamais expérimentée. Jin, Hoseok et Jungkook ne souhaitaient pas cela pour lui quand il avait la possibilité d'y échapper.

Min Yoongi l'avait eu aussi cette opportunité, les miracles s'étaient approchés de lui plusieurs fois et il les avait balayés d'un revers de main, son être entier trop ancré dans cette réalité pour penser en découvrir une autre diamétralement opposée. Il avait vécu toute sa vie en aval de la rive gauche de la rivière qui coupait la ville en deux et disait qu'il n'aurait pas supporter un tel déracinement. Taehyung avait déjà été déraciné une fois et tous espéraient qu'il ne reste pas là où il avait été déposée de façon temporaire car cette place n'était pas assez nutritive, ne lui donnerait pas tout ce dont il aurait besoin pour se développer comme il le méritait. S'il restait là, il risquait l'atrophie.

Jin l'avait pensé même s'il n'osait se l'avouer car Jungkook était bien trop cher à son cœur ; Hoseok aussi l'avait pensé un soir où son cœur était bien trop blessé : le retour de Jungkook, ils le craignaient, venait entraver cette miraculeuse opportunité qu'avait Taehyung de se lancer.

En pensant cela ils avaient oublié que le retour de Jungkook n'y était pas pour rien non plus dans la perte du génie Min Yoongi en lui-même. Tous leurs destins, toutes leurs vies étaient si entremêlées de sentiments qu'ils tiraient sur les fils des autres à chacun de leurs gestes, à l'aide de chacune de leurs paroles.

- Je ne pourrais pas, je ne pourrais pas, sanglotait Taehyung entouré de sa famille de cœur.

Ils ne pourraient pas non plus, mais ils n'avaient pas d'importance à coté de la valeur de la vie de Taehyung. Le laisser souffrir sans rien dire, était-ce la solution ? Aucun ne pipait mot. Hoseok se retenait de l'embrasser pour se faire pardonner de ses paroles, Jin voulait lui dire d'écouter son cœur mais l'ancien noble ne l'avait lui-même plus fait depuis des années et voulait se persuader de sa bonne décision, et Jungkook voulait crier « je t'aime » au châtain mais il se retenait, car la réciprocité des sentiments qu'il portait à Taehyung pourrait celer à jamais son destin ; et il pourrait en arriver à le regretter : Jungkook ne voulait être la pierre roulante qui l'entraînerait sur le chemin des regrets.

- Tu devrais retourner voir Namjoon, Taehyung, lui conseilla Jin. Et écouter ce qu'il a à te dire. Quelle que soit ta décision après ça, nous te soutiendrons, n'est-ce pas ?

Il invita ainsi Hoseok à se retourner et Jungkook à le regarder. Le premier hocha la tête vigoureusement, faisant dodeliner la mèche rousse qui lui retombait devant les yeux tandis que l'autre baissa les yeux, tristement, avant de finalement hocher la tête timidement. La raison l'emporte si facilement...


¹ Les bateaux, Cats On Trees (lien de l'audio en média).


***

Il est là. Il est long. Il est complexe et probablement pas des plus utiles mais j'espère avant tout qu'il vous plaira.

Je raconte beaucoup dans cette histoire, j'écris énormément pour ne rien dire et cela sans jamais arriver à la fin. Mais jusqu'à présent même si c'est difficile j'arrive à reprendre mon souffle (et au pire des cas lilili1205 a imaginé une fin possible en mode "pire scénario").

Ça me fait rire donc je vous le demande aussi même si ça n'a pas tant lieu d'être : quel serait votre "pire scénario" de dénouement pour Pigments ? (sachez que j'ai déjà écrit l'épilogue donc vous pouvez raconter toutes les horreurs que vous voulez normalement je suis fixée sur là où je veux arriver).

Sur ce je vous dis à bientôt (j'aurai aimé publier la fin de cette histoire pour l'anniversaire de Taehyung mais je doute y arriver donc peut-être y aura-t-il un chapitre le 31, peut-être pas...).

Tacha' qui espère que vous avez passé de bonnes fêtes :]

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