EPILOGUE
Il y a presque trois ans de ça, la vie de Lee Felix a basculé à cause d'un accident de la circulation. Son monde a été percuté aussi violemment que son crâne et alors que le garçon béni des dieux de la musique mourrait lentement, un autre Felix a la voix morte et aux doigts immobiles se terrait au plus profond de son être. Seul. Au milieu du noir.
Il y a presque trois ans de ça. Lee Felix le pianiste prodige est mort.
Aujourd'hui, ce n'est pas un prodige qui se tient derrière le rideau des coulisses, le souffle court, les mains moites et le cœur battant. C'est un miraculé. Un ressuscité.
Le piano n'est jamais mort. Il a simplement changé de façon de le toucher. Et en tant que privilégier se tenant à la droite de la Musique, il se doit aussi de changer sa façon de toucher ceux qui l'écoutent.
" Mesdames et Messieurs, Monsieur Lee Felix."
Le pianiste relève ses yeux, déterminé et s'avance face à la lumière de la scène d'un pas ferme. Il vient serrer la main d'un ami, d'un père, le Maestro Lemanski qui a pour lui le plus doux des regards, empli de fierté et de gratitude. Il jurait apercevoir une larme sur le coin de ses yeux bleus, mue de cette opacité caractéristique du poids du temps.
Le jeune musicien se penche enfin, saluant le public, puis l'orchestre et enfin il franchit le pas qui le sépare de l'immense piano à queue de concert, brillant sous les projecteurs. Le silence se fait lentement dans la salle, jusqu'à ce qu'il en reste que le souffle des musiciens, puis la main du Maestro se lève en direction de ses musiciens, un regard vers son protégé qui s'installe et ferme les yeux.
Tchaikovsky: PianoConcerto No. 1, Op. 23
Amsterdam au mois de Décembre a des allures de ville de conte de fée. Etrangement cela lui rappelle ses hivers à Vienne, lorsqu'il était adolescent et de facto lui rappelle ces moments où il sortait des grandes salles de la capitale autrichienne et qu'il se perdait comme aujourd'hui, dans les rues, seul, à calmer les battements de son cœur, encore pris dans le tourbillon d'une symphonie.
En sortant de la salle de concert, après avoir reçu les compliments, les éloges d'admiration sans faille pour être devenu très officiellement le plus grand pianiste de sa génération, il essaie de reprendre son souffle et le calme.
Il a fini par apprécier le silence. Si pendant longtemps il n'était que le signe d'une exécution, il est devenu un refuge. Comme lors de ces premiers pas à marcher dans les couloirs de l'université, aux côtés de Hyunjin, alors qu'il se remettait de l'effervescence de sa rencontre avec le groupe, et qu'il profitait de la quiétude de l'artiste.
Hwang Hyunjin. L'homme qui a ravivé son âme moribonde. Celui qui lui a rendu l'ouïe.
Comme un appel télépathique, Felix sent son téléphone vibrer dans sa poche et remarque un message.
Felix esquisse un sourire amusé et resserre son écharpe autour du cou, accélérant maintenant le pas pour se diriger vers son hôtel. Un petit établissement typique dans le centre historique, rien d'extravagant, rien qui ne ressemble à ceux qu'il a pu fréquenter lors de ses premiers tours du Monde. Il prend le petit ascenseur et arrive dans sa chambre dont la porte s'ouvre alors qu'il n'a même pas eu le temps de poser la main sur la poignée.
" Surprise baby, lui fait face Hyunjin élégamment habillé d'une chemise blanche et d'un pantalon à pince noir, tenant une rose blanche dans les mains.
- Tu parles d'une surprise. Tu m'as envoyé une photo. Sourit le pianiste.
- Tu parles de laquelle ?
- Comment ça laquelle ?"
Felix regarde à nouveau son téléphone et remarque un autre message, en ouvrant la pièce jointe son visage s'empourpre et se lève vers l'artiste dans une expression partagé entre l'incrédulité et l'amusement. Hyunjin se penche et vient passer la rose sur la pointe de son nez.
" Joyeux anniversaire de mariage Sun of my life."
Felix lui saute au cou, refermant la porte d'un coup de pieds précis.
***
Jian soupire en voyant que son petit-frère ne daigne pas répondre à ses appels. Elle a pourtant bien calculé le décalage horaire et elle a vérifié l'heure du spectacle, Felix devrait donc être rentré maintenant.
" T'es vraiment naïve, c'est leur anniversaire aujourd'hui, tu crois vraiment qu'il va te répondre ?
- Quel petit ingrat ! Maintenant qu'il voyage à nouveau à travers le Monde ! Il m'a oublié !
- Mais non...
- Si ! Je le déteste !
- Bien sûr. Et dans deux heures, quand il t'aura rappelé, ça sera à nouveau le garçon le plus gentil, le plus merveilleux du Monde.
- T'es jaloux mon amour ? S'étonne Jian.
Le brun relève ses lunettes, presque vexé d'une telle accusation – somme toute véridique - mais quand même vexé.
- Hé...Tu fais pas la tête, dit ? Demande à nouveau Jian.
- Non. Bien sûr que non.
- Rah tu fais la tête !"
La belle blonde saute de son fauteuil et vient s'asseoir sur les genoux du brun. Il est obligé de lâcher son carnet de croquis. La belle se penche un peu plus, le faisant s'allonger, avec elle dans ses bras qui vient taquiner du bout de son nez, ses joues, ses tempes et son propre nez jusqu'à lui arracher un petit rire.
" J'arrêterai de faire la tête quand tu auras accepté ma propre demande..., avoue finalement Seungmin.
- Mon amour...On en a déjà parlé. Je préfère encore attendre un peu. Tous les deux on vit déjà ensemble, c'est déjà une étape.
- Oui c'est vrai...Mais j'ai tellement envie que tu sois officiellement ma femme. J'aime trop le son de ces petits mots...Ma femme...Ca sonne bien tu trouves pas ?
Jian sourit, dépose un tendre baiser sur ses lèvres alors que Seungmin se perd dans sa petite mélancolie.
- Ca sonne même très bien, dit-elle. Mais attend encore un peu...Je ne veux rien précipiter.
- Ok. Tu es ma Reine après tout, je me plie à ta volonté."
La blonde recoule littéralement remontant un peu pour l'embrasser avec plus de force, glissant sa langue contre sa jumelle pour faire taire ses doutes, sa légère déception et lui communiquer tout son amour. Qu'il s'en assure, qu'il s'en imprègne pour que jamais il n'imagine qu'elle puisse moins l'aimer qu'au premier jour. Au contraire. Chaque minute, chaque heure, elle se sent encore plus amoureuse et c'est un sentiment aussi exaltant qu'effrayant.
" Je t'aime Kim Seungmin, un jour je serai ta femme, je te le promets.
- Alors ça me va. Ma future femme. Ca sonne aussi très bien..."
Le brun referme son étreinte autour de son corps, glissant ses doigts dans ses cheveux et sourit contre ses lèvres alors qu'il la sent doucement frissonner. La plus belle chose qui lui soit arrivé, sa magnifique Jian, au cœur tendre et au caractère bien trempé. Une force de la nature, que personne ne peut plier, capable de se dresser contre tous ceux qui essaieraient de s'en prendre à ses proches. Et tout ça dans un petit bout de femme qu'il adore sentir faiblir au creux de ses bras.
***
L'autre personne qui rencontre autant de difficulté avec sa moitié, c'est bien Christopher Bang. Après une première séparation au bout de presque un an de relation soit tout juste un mois après l'obtention de son diplôme, due à des disputes incessantes, en raison d'absences prolongées pour divers voyages, incompatibilité d'agenda et caractère difficile, lui et Seo Changbin, se sont finalement retrouvés il y a environ trois mois. Au départ, c'était simplement pour renouer leur amitié, qui même si elle avait pris un sacré plomb dans l'aile aux vues de leur rupture plutôt douloureuse, n'avait jamais vraiment cessée. Et ils regrettaient la façon dont ils s'étaient quittés.
Ils ont tout déballé, leurs frustrations, leurs reproches, remords mais aussi les sentiments qu'ils gardaient profondément, les bons comme les mauvais, jusqu'à ne ressentir qu'une profonde sensation de gâchis. Tout simplement parce qu'ils s'aimaient encore. Eperdument. Ni lui ni Changbin n'avait tourné la page, ils n'avaient même pas tenté, car ils avaient tous les deux l'impression d'avoir laissé quelque chose d'inachevée.
Bien sûr au départ ils pensaient que c'était simplement le manque de leur amitié fusionnelle mais à peine s'étaient-ils revus que tout était revenu, non pas le bonheur de retrouver son frère et son ami mais bien l'amour puissant, incassable qui leur enserrait le cœur d'un simple regard.
Alors, on retente le coup ?
Un nouveau départ, de nouvelles règles. Dès lors, si Changbin avait un reproche, plutôt que de l'étouffer, le nourrir d'amertume et d'exploser un jour sans sommation, il devait lui dire immédiatement. De son côté Chan devait cesser de toujours tenter d'arrondir les angles, au point de donner l'impression de tout laisser passer, de ne rien exiger et tout subir rendant nerveux son amant qui avait l'impression d'être seul dans un couple et d'avoir une poupée de chiffon sans volonté en guise de petit-ami. Être plus égoïste.
Pour ce qui était des absences prolongées, un appel par jour était nécessaire, au moins jusqu'à ce qu'ils se sentent assez à l'aise pour ne plus ressentir le besoin d'entendre la voix de l'autre nécessairement chaque jour. Les disputes longues distances étaient à éviter, autant que faire se peut, alors ils devaient faire des efforts de compréhension quand l'autre était fatigué, occupé voire de mauvaise humeur à cause d'une journée chargée le rendant très susceptible.
Toutes ces lignes directives pouvaient leur donner parfois la sensation de ne pas être naturel, de devoir renier une partie de leur personnalité et ça ne leur plaisait pas forcément mais tout le monde est capable d'apprendre, tout au long de sa vie et il ne s'agissait là que d'un nouvel apprentissage pour éviter de se blesser à nouveau mutuellement, chose qu'ils détestaient par-dessus tout. Voir la peine dans le regard de l'autre et en être la cause. C'est ce qui les avait le plus traumatisé. La douleur chez celui qu'on aime et l'avoir provoqué.
Enfin, au bout de trois mois, les règles fonctionnaient bien et commençaient à devenir logique et sans pression. A tel point que Bangchan ressentait comme un élan nouveau dans son couple, quelque chose qu'il n'avait pas vraiment ressenti même après plusieurs mois de relation idyllique d'avant la séparation. Cet élan c'était un besoin impérieux, voir obsédant, de figer cette relation. Pas nécessairement via le mariage, même s'il était certain de finir ses jours avec Changbin, ce n'était surement pas le moment d'y songer, il avait besoin d'autre chose mais il ne savait pas quoi. Besoin d'une certitude, d'une marque intangible.
Changbin était encore en voyage pour une production musicale, il était à Busan et ce n'était pas très loin mais il avait si peu de temps à lui consacrer qu'il dormait sur place chez un ami de la famille pour la semaine. Il l'avait eu au téléphone il y a une heure mais encore une fois il ressentait ce point désagréable.
En réalité Chan avait encore la sensation que ce n'était pas clair. Comme s'il restait des non-dits entre eux et qu'ils n'arrivaient toujours pas à dépasser les déchirures qu'ils avaient provoqués. Le concernant, il avait tout dit, tout déballer et il se souvient que ce fut difficile, de côté de Bin, il avait comme un doute, une zone d'ombre qui ne le quittait pas et il avait cette peur insidieuse qu'un jour, il décide à nouveau de partir.
" Tu perds la tête...", il murmura pour lui-même écrasant son oreiller sur son visage.
Ses pensées avaient fini par lui causer des insomnies. Toute la semaine durant, jusqu'au retour du noiraud, au point qu'il avait d'horrible cernes et qu'il se sentait plus lent que jamais. Il avait pourtant du travail, il avait laissé partir Felix pour son concert, le Maestro ayant joué ses oreilles à sa place car il avait lui-même un spectacle avec le philharmonique, il s'entrainait donc sans relâche pour sa propre prestation mais il ne faisait que des erreurs à cause de sa fatigue.
Alors qu'il avait envoyé un message à Felix pour le féliciter pour le concert et lui faire promettre de l'appeler à son retour en Corée, il avait tenté de reprendre son entrainement mais cela ne dura pas. Rien n'allait, il n'arrivait à rien.
Frustré et exaspéré, il avait refermé le piano rageusement, se frottant les yeux à mesure que la migraine pointait.
" Chan ?"
Changbin passa la porte et sa voix lui donna une montée de frisson mais bien loin d'être agréable, il sentit sa gorge se serrer et ses sentiments à fleur de peau. Il était vraiment épuisé et incapable de se contrôler. Alors qu'il avait les mains plaquées sur les yeux, il serra si fort la mâchoire pour s'empêcher de pleurer qu'il n'osa pas lui répondre.
" Hé, souffla doucement sa voix alors qu'il s'approchait, déposant son sac de voyage un peu plus loin. Ca va pas ?"
Sa voix était douce. Il était inquiet et Bangchan se sentit honteux de réagir de la sorte ce qui fit redoubler l'intensité de sa peine. En plus d'être à bout de nerf, il était furieux contre lui-même. Alors il céda. Un hoquet franchis la barrière de sa bouche et avec lui un torrent de larmes qu'il n'arrivait plus à arrêter. Comme un enfant en pleine décharge émotionnelle, il se laissa aller et Changbin en plein désarroi, se contenta de le serrer dans ses bras de toutes forces. Il essayait de calmer ses sanglots ne comprenant rien à ce qu'il venait de sa passer mais sentant que la douleur était grande.
" Qu'est-ce qu'il se passe ? Dis-moi Chan, tu me fais peur."
Et comment il avait peur ! Chan était inconsolable, il avait les yeux rouges, il arrivait à peine à reprendre son souffle, c'était impressionnant et Changbin se sentait impuissant. Il l'aida à se relever et l'allongea alors dans le lit, sans le lâcher car Bangchan était fermement accrocher à lui, le visage caché dans sa poitrine.
Il passait sa main dans son dos, et une dans ses cheveux, jusqu'à ce que la respiration se calme, que les spasmes disparaissent et qu'il ne reste que des reniflements bruyants.
" Channie qu'est-ce qu'il s'est passé ? Je t'ai jamais vu comme ça..., dit il en sentant que Chan ne pleurait presque plus.
- Je..., il essaya d'articuler. Je sais pas. J'ai presque rien dormi de la semaine, je crois que j'ai fait un craquage...
- Oui j'ai vu. Mais pourquoi t'as rien dormi ? Et pourquoi tu m'as rien dit avant ?
Changbin s'écarta un peu, regardant le visage de Bangchan complètement ravagé par les larmes. Il passa son pouce sous ses yeux, essuyant les dernières traces.
- J'en sais rien...Je me suis juste monté la tête je crois. C'était la première fois que tu partais aussi longtemps depuis...Depuis qu'on s'est remis ensemble et, j'en sais rien, j'ai commencé à tout mélanger...
- Sois plus clair Channie, je comprends pas. Tu regrettes ?
- Non ! Non...Surement pas. J'ai jamais réussi à digérer notre rupture, je t'ai toujours aimé et j'ai toujours regretté de pas avoir su te retenir ou même su te comprendre tout simplement...
Changbin déglutit, il pose un baiser sur le front de Chan et relève un peu son visage pour planter ses yeux dans les siens.
- Moi aussi j'ai toujours regretté. De ne pas avoir réussi à faire en sorte que cela fonctionne...De ne pas m'être assez exprimé avant que ça ne casse...T'es loin d'être seul fautif, on a en déjà parlé. Je gardais trop de trucs pour moi et ensuite je vrillais et toi tu devais faire avec mes sautes d'humeur, c'était pas sain...Et c'était stupide de ma part de penser que tu devais savoir, que tu devais me comprendre alors que t'es un être humain.
- Ecoute Bin."
Chan se relève et s'assoit sur le lit. Il essuie définitivement son visage et redevient sérieux, presque trop ce qui a le don de commencer à faire stresser le noiraud qui se redresse à son tour, ayant l'impression d'avoir déjà vu ce regard. Il va pas se faire jeter ? Si ?
" Ecoute Bin, j'ai une sensation bizarre. J'ai l'impression que tu m'as pas tout dit...Que tu retiens encore quelque chose. Un reproche ou n'importe quoi. C'est peut-être dans ma tête, j'en sais rien mais si jamais il y a quelque chose que tu caches encore, si jamais il y a encore un problème dont tu ne veux pas me parler, il faut vraiment que tu lâche le morceau parce que ça me bouffe...
- Chan...Je...
Changbin semble hésiter. Maintenant Bangchan en est sûr, il n'est pas fou, il y a bien quelque chose.
- Bin, s'il te plaît. Ca ne pourra pas marcher si tu ne me dis pas tout.
- C'est juste que ça ne change rien pour moi, ce n'est pas grave...
- Et pourtant je sens que ça bloque alors c'est que ça doit l'être quand même un peu. Si ça ne l'est pas alors ça ne coûte rien de me le dire.
- C'est vrai..."
Changbin se mord les lèvres. Il baisse un peu les yeux puis triturant le tissu de la couette il commence :
" Quand on s'est séparé...Le soir où j'ai dit que c'était terminé et que tu m'as dit que c'était effectivement préférable. J'étais tellement en colère, tellement mal que j'ai..."
Le voyant s'arrêter, Bangchan lui prend main, espérant lui donner le courage de continuer.
" J'ai repris contact avec Hope."
Bangchan encaisse la nouvelle même s'il n'est pas si surpris. Il inspire discrètement, attendant la suite. Craignant la suite.
" J'avais envie de...te faire souffrir. Comme tu me faisais souffrir. Mais il ne s'est rien passé, J'ai vu Hope en ami et c'est tout...Pour autant, j'ai toujours eu cette sensation d'avoir mal agi. D'avoir été faible et même si on avait rompu, comme je sentais que ce n'était pas vraiment fini entre nous, j'ai toujours eu la sensation de t'avoir trompé...Même si je ne l'avais ni embrassé, ni touché ni que quoi ce soit. Le fait de juste de l'appeler, d'avoir été jusque chez lui dans ce but...C'était...Je me sentais comme un moins que rien."
Le musicien acquiesce comprenant un peu mieux cette réticence car ce secret avait formé comme une barrière sans que Changbin ne se rende compte. Il n'en était pas heureux, c'était ainsi, mais il ne lui en voulait pas, Changbin avait été blessé comme il l'était ce jour-là. Il avait lui-même été assez mal au point, plusieurs fois, Minho avait été là pour l'aider mais il se souvient avoir été assez stupide et avoir lui aussi été tenté de se jeter dans les bras de n'importe qui juste pour se faire un peu de mal et oublier l'autre douleur.
" Je comprends, il lui dit alors. Et je te remercie de me l'avoir dit.
- Je suis désolé Chan...
- Non. C'est comme ça. Même si tu avais été plus loin, je n'aurai pas eu le droit de t'en vouloir. C'est moi qui t'ai laissé partir. J'ai baissé les bras, je me suis pas battu pour toi. Quand c'est devenu compliqué et que je t'ai laissé la responsabilité de prendre cette décision, j'ai été lâche. J'ai juste accepté. On était tous les deux malheureux mais ta colère au moins montrait que tu m'aimais encore alors que moi...Je disparaissais et je te laissais gérer. C'est moi qui suis désolé Bin, j'ai pas tenu ma promesse...
Changbin se jette dans ses bras, étouffant sa culpabilité contre son amour indestructible.
- Je t'aime Chan. J'ai jamais aimé que toi et je sais que je n'aimerai jamais que toi. Même si tu viens à me quitter, je pourrai jamais aimer quelqu'un d'autre...T'es mon âme sœur.
Bangchan cache son visage dans son cou, le serrant encore plus fortement contre lui.
- Je t'aime aussi Binnie. Si tu savais à quel point..."
Sentant une nouvelle fois l'émotion le prendre aux tripes, Bangchan prend une profonde inspiration et se laisse aller aux caresses de son amant. Changbin dépose un baiser long et doux sur le sommet de son crâne, sentant les battements de son cœur battre à l'unisson avec ceux du brun.
Impossible qu'il puisse s'éloigner à nouveau de lui, il en mourrait.
Ils feront en sorte que les blessures cicatrisent, jusqu'à ne devenir qu'un lointain mauvais souvenir.
***
Au bout de trois ans, s'il y a bien une chose que Han Jisung a fini par accepter c'est que rien ni personne ne pouvait remplacer Lee Minho dans sa vie.
Comme Changbin et Chan, les choses n'avaient pas été de tout repos mais ils n'ont jamais envisagé, ne serait-ce qu'un jour, de se quitter. La plupart du temps Jisung faisait la tronche et Minho cédait et lorsque Jisung était en tort, il s'excusait même si cela pouvait prendre du temps. Minho était d'une patience sans égale avec lui parfois énervante pour le plus jeune qui avait l'impression que Minho faisait tous les efforts du couple et que lui était juste un gamin capricieux.
Heureusement les choses évoluent et il gagnait en maturité. Il avait obtenu son diplôme depuis un an, avait intégré une maison de disque, il produisait et composait. Il était également parolier et ça lui plaisait, la maison de disque lui donnait carte blanche et il adaptait complètement son emploi du temps à ses envies. Contrairement à ses années de fac, il était assidu et c'était peut-être ce qui avait fini par le faire grandir, avoir atteint son objectif, et ce cadre avait influencé sa vie de couple.
Au final il devenait presque plus terre à terre que le danseur, au point que ce fût lui qui proposa de s'installer ensemble mais dans un nouvel appartement, un qui leur conviendrait à tous les deux. Ce fut également lui qui débarqua un jour, un petit chaton dans les bras pour le présenter au châtain et le regard pétillant de son aîné fût la vision la plus touchante qu'il lui ait été donné de voir.
Depuis ils en avaient trois de chats, leurs "enfants" comme aimait les appeler Minho et le voir aussi gaga devant les boules de poils attendrissait Jisung au plus haut point.
En somme il n'y avait pas d'ombre au tableau, ils étaient heureux. Ils étaient ensemble. N'en déplaise à sa famille, qui même si les acceptait, avait toujours autant de mal avec les démonstrations affectives. Dès lors c'était devenu un jeu pour le couple qui multipliait les sous-entendus en présence de ses parents et qui se faisaient sermonner silencieusement par son grand frère, avec qui ils avaient fini par enterrer définitivement la hache de guerre. Avec le temps, Minho et Daeho commençaient même à s'apprécier et se voyaient plus souvent. Surtout depuis que Minho était devenu professeur à l'université tout en dirigeant une troupe réputée de danseurs, il avait en quelque sorte gagner le respect de son frère qui ne voyait plus en lui juste un arrogant débauché qui avait corrompu son adorable petit-frère.
" Tu as des nouvelles de ton côté ? Demande Minho en regardant son téléphone tout en finissant de se sécher les cheveux à la sortie de la douche.
- En dehors des tweet, reels et autres publications sur les réseaux, rien. Ca s'est de toute évidence très bien passée et Felix a retrouvé sa notoriété. Je me demande si ça prend pas plus d'ampleur. Lui dit Jisung assis sur le canapé à caresser une des boules de poils.
- C'est pas comme si c'était le premier concert, hausse les épaules le châtain.
- Mais c'est le premier à l'étranger et avec le Meastro. La renommée est mondial là. Il devait être tellement stressé...En plus le jour de leur anniversaire.
- Je suis sûr qu'il devait se douter que Jinnie allait le rejoindre.
Minho revient vers son homme, s'assoit à ses côtés et prend un autre de leur "bébé" sur ses genoux.
- En même temps, ils arrivent pas à se décoller plus de quelques jours. Je trouve ça mignon après tout ce temps.
- Ils se sont bien trouvés, sourit Minho en faisant ronronner leur petit dernier. Je suis content pour Jinnie mais aussi pour Lix. Ils méritent tous les deux d'être heureux.
- Au moins autant que nous."
Minho agrandit son sourire, penchant la tête sur l'épaule du brun qui lui caresse la tempe et vient déposer un baiser sur son front avec douceur.
" Je suis pas sûr que ça soit possible, d'être aussi heureux que je le suis, avoue Minho.
- Qui sait, je peux peut-être te rendre encore plus heureux ? Murmure Jisung.
- Et comment tu comptes faire ça ? Sourit le châtain en relevant le visage, un petit sourire en coin.
- J'ai ma petite idée, lui répond Jisung avec la même taquinerie.
- Je suis curieux de voir ça..."
***
En avançant dans les couloirs de la faculté, Yang Jeongin se rappelait tous ses moments où il a suivi les pas de Minho, les conseils de Bangchan, la bienveillance de Changbin qui savait être son oreille attentive, les rires de Han, les plaisanteries de Seungmin qui se faisait réprimander par Jian qui s'évertuait à le protéger de tous ces "imbéciles", des sourires lumineux de Felix couvert par Hyunjin et qui n'hésitait pas à lui faire une place dans son monde calme et apaisant.
Dans ces couloirs, il a été leur ami, il n'a jamais cessé de l'être, mais il a aussi été leur petit dernier, leur héritage. Le nouveau Directeur de la troupe de danse, le nouveau Président du Conseil des élèves dont les ombres des anciens se dessinaient sur son passage.
De Felix :
Salut Innie ! Je te remercie pour tes fleurs, je les ai bien reçu. Le concert s'est très bien passé, merci encore pour ton soutien. Et toi ? Comment va la fac ? La dernière année doit être difficile, surtout en tant que Président du Conseil. Je sais que tu es aidé par Chae mais je me souviens bien de la tête de Minho dans sa dernière année, surtout à l'approche de l'examen final...En tout cas fait attention à toi. On se revoit vite !
" Jeongin, tu es là ?
Jeongin relève son visage de son téléphone voyant une petite brune aux longs cheveux coiffé en unique natte sur le côté.
- Tu m'attendais ?
- Bien sûr. Je suis ta vice-présidente après tout", sourit la jeune femme.
Elle avait un très beau sourire et il savait très bien qu'il était tout particulier lorsqu'elle lui offrait à lui. Elle avait été patiente, depuis la deuxième année, elle avait attendu qu'il la remarque, qu'il s'intéresse enfin à elle alors que de son côté, depuis son tout premier passage pour rentrer à l'université, depuis sa première danse, Chae n'avait d'yeux que pour lui. Elle n'avait intégré cette école que dans l'espoir d'un jour pouvoir marcher à ses côtés, suivre ses pas comme il avait suivi ceux de Minho et pouvoir l'épauler. Et s'il pouvait alors lever enfin son regard sur elle, il verrait à quel point son admiration n'avait d'égal que son amour secret.
Elle avait été plus que patiente, sans jamais s'imposer, sans jamais être intrusive. Elle n'avait jamais cherché à l'accaparer comme c'était le cas de certaines jeunes étudiantes qui gloussaient sur son passage. Chae n'imaginait pas vraiment que son amour puisse être un jour rendu, elle s'était contenté d'être là et de l'observer de loin, se contentant de quelques mots amicaux.
Jeongin le savait, il était loin d'être aveugle et il ne pouvait l'apprécier que davantage de ne lui jamais avoir mis aucune pression. A tel point qu'il doutait par moment de sa propre perception, peut-être avait-elle cessé d'espérer ?
Alors qu'il marchait pour quitter les bâtiments de l'université, il tenta sa chance et glissa sa main dans celle de Chae. Lentement, entrelaçant ses doigts, sans s'arrêter, un sourire mielleux alors qu'il avançait et que le visage de la brunette s'empourprait.
" Ma vice-présidente, il répéta. Est-ce que tu penses qu'il existe une règle qui interdit le Président et la vice-présidente de sortir ensemble ?
- Ah euh...Non, balbutia Chae sentant son cœur s'emballer.
- Parfait alors. Est-ce que tu accepterais de passer la soirée avec moi ? J'ai une petite question à te poser, ma vice-présidente.
- O-oui !
- Super", sourit davantage Jeongin retrouvait une minute la malice des premières années, mêlée à la beauté de ses traits plus mature de Président.
La belle Chae ne pouvait pas y résister. Son corps entier manquait de tomber alors qu'il tira un peu plus sur sa main, accélérant le pas jusqu'à l'arrêt de bus et lui arrachant un rire timide empli de joie.
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Petite ellipse temporelle pour l'épilogue !
Que de bonnes nouvelles - avec quelques embuches pour le Binchan - mais tout est bien qui finit bien !
A suivre le Bonus
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