2EME MOUVEMENT
Mozart - Piano Concerto No. 23, II. Adagio
Ce n'est que vers une heure du matin qu'il réussit à quitter l'opéra. Il était épuisé, il avait discuté avec tellement de personnes différentes qu'il lui semblait encore entendre leurs voix, leurs rires, le tintement de leurs verres. Il était vidé, il avait besoin de se reposer, de se laisser porter dans les bras de Morphée mais à mesure que son regard se perdait dans les rues de la ville de Séoul, il changea d'avis.
« Monsieur, pouvez vous me conduire à cette adresse plutôt ? »
Le chauffeur de taxi regarda l'adresse et hocha la tête avant de tourner au prochain croisement. Un sourire naquit sur les lèvres du pianiste, il retrouva un regain d'énergie alors que les lumières défilait puis lentement il aperçut une goutte d'eau tomber sur la vitre à sa gauche, puis deux gouttes et enfin une multitude. Lorsque le véhicule s'arrêta enfin, il pleuvait à verse au point d'inonder la route et de faire fuir les rares passant qui était encore dehors à une heure aussi tardive. Il sortit en courant, se couvrant de son grand manteau de laine noir jusqu'à atteindre le perron d'un immeuble, il entra le code rapidement qu'il connaissait par cœur et entra dans le hall, laissant s'échapper un soupire de soulagement.
Un nouveau sourire se figea sur son visage alors qu'il attendait patiemment l'ascenseur, il hésita même un instant de prendre les escaliers tant ce dernier semblait encore plus lent qu'à l'accoutumé. Il entra dans la cabine, appuyant sur le bouton du cinquième étage et patienta à nouveau. Son cœur se mis à battre plus vite, son sourire s'écartait davantage. Il avait hâte, hâte d'ouvrir la porte, hâte de le voir. Il était tard, il n'avait pas prévu de venir mais il en avait tellement envie qu'il n'a pas pu y résister.
Lorsque les portes de l'ascenseur s'ouvrirent il emboîta le pas aussi tôt jusqu'à atteindre une grande porte brune, il tapa frénétiquement un code à six chiffres et dans un clic métallique la porte s'ouvrit. Il s'attendait à devoir entrer à pas de loup dans le noir le plus total mais il fût surpris de constater que le salon était éclairé par la grande lampe au coin de la pièce plongeait cette dernière dans une douce teinte beige chaleureuse. Il balaya la pièce de ses yeux brun à la recherche du propriétaire mais ne trouva rien dans cette pièce, ni dans le coin cuisine d'où il apercevait encore des couverts et des verres posé sur la table en bois.
Ses sourcils se froncèrent automatiquement quand il remarqua deux verres de vin. Il déglutit un instant et s'avança calmement dans la pièce, ses pensées allèrent dans tous les sens mais surtout il continua de chercher une présence dans ce silence de plus en plus inconfortable. Puis soudainement un bruit, quelque chose qui tombe dans la pièce d'à côté, une porte en bois blanc donnant sur la chambre, ses yeux glissèrent jusqu'à l'interstice au sol d'où il vit une lumière puis une ombre. Il déglutit à nouveau ne réussissant pas à se défaire de cette grimace douloureuse. Il se figea, concentré sur cette lumière, cette porte et le silence. Il fît un premier pas, puis un deuxième calmement sans quitter des yeux la lumière puis il entendit un autre bruit. Il s'arrêta instantanément. C'était un rire. Un rire de femme ?
Brusquement il accouru jusqu'à la porte, un centième de seconde il hésita, fermant les yeux, la gorge serrée et la poitrine compressée mais ses muscles agirent sans contrôle et la porte s'ouvrit.
Ce qu'il vit lui retourna l'estomac. Aussi stupide que cela puisse paraître, il lui semblait ne pas vraiment comprendre, ne pas réussir à mettre de mot et pourtant son corps entier lui savait car son souffle c'était coupé, son cœur avait littéralement volé en éclat et son cerveau fît jaillir de ses yeux de lourdes larmes. Tétanisé il resta immobile, les occupants de la pièce ne le remarquèrent pas tout de suite et ce fût elle qui croisa en premier son regard à travers le miroir au coin de la pièce alors qu'elle l'enlaçait, lui. Un cri strident jaillit de ses lèvres teintées de rouge, elle se jeta en arrière se couvrant pudiquement des draps blancs. L'homme se retourna brusquement. Son visage, ses cheveux blonds légèrement ondulés qui retombaient sur son front. Sa bouche étirée dans une émotion de stupeur alors qu'il le regardait.
Le pianiste était paralysé, la main encore sur la poignée, son vis à vis, complètement nu, à genoux sur le lit restait muet. La jeune femme regardait les deux hommes chacun leur tour, apeurée derrière ses draps. Le pianiste ne retiendra même pas son visage car il ne pouvait se détacher de l'autre, de l'homme qui venait en quelques instants de réduire son monde à néant.
Le temps s'était arrêté quelques secondes mais il reprit de plus belle, en même temps que les battements de son cœur si douloureux que Felix aurait pu s'effondrer à cet endroit même, au lieu de quoi une voix au fond de lui, lui hurlait de partir. Le plus vite possible. S'éloigner de cette réalité désastreuse. Les larmes redoublèrent et alors que l'homme décida enfin de bouger pour descendre du lit, Felix courut le plus vite possible manquant de se cogner contre le bar de la cuisine pour sortir d'ici. Partir, il devait partir. Sans s'arrêter, essoufflé, il dévala les escaliers le visage inondé de larmes, ses dents mordant rageusement sa lèvre jusqu'au sang alors qu'il ne voyait plus rien tant sa vue était brouillée par les sanglots. Il entendit au loin son nom, il l'appelait, il courut encore plus vite manquant plusieurs marches et risquant de se briser la nuque. D'un coup d'épaule la porte de la cage des escaliers claqua contre le mur, il tomba contre le mur en face, lâchant un cri de douleur.
« FELIX ! »
Il se rapprochait, il devait faire vite. Felix se releva, il courut à nouveau dans le hall jusqu'à la porte en verre, il l'ouvrit à grande volée, essoufflé sentant la pluie l'inonder en quelques secondes. L'eau fracassant le bitume couvrait ses cris qui s'échappaient de sa bouche sans qu'il puisse les retenir davantage. Il était dévasté, détruit, tout son être s'écrasait de douleur sous le poids de l'averse.
« Felix ! »
Il ne pouvait pas rester là, le voir, l'entendre. Il priait pour ne plus l'entendre. Il courut à nouveau, traversant la route, il courait sans s'arrêter, jusqu'à ce que ses poumons brûlent, que l'acide dans ses muscles le fasse grincer ses dents. Il courait, pleurait, ne voyait devant ses yeux que leurs corps enlacés, son visage perplexe, ses yeux bleus qu'il pensait être le seul à pouvoir émerveillé, ses lèvres qu'il pensait être le seul à pouvoir embrasser, celle-là même qui lui ont murmuré des je t'aime empoisonnés.
Il courait jusqu'à ce qu'il finisse par tomber, les mains écorchées et plaquées au sol dans une flaque grandissante, au milieu de la ville. Dans cette nuit sombre et assourdissante. Il plaqua brutalement ses mains sur ses oreilles, fermant les yeux, priant pour que tout disparaisse, le monde, la pluie, sa propre vie. Il voulait que tout s'arrête.
« FELIX !! »
Un nouveau cri le fit ouvrir les yeux mais ce qu'il vit ne fut pas son visage mais une lumière vive aveuglante puis un cri strident et comme si sa prière avait été exaucé, tout s'arrêta. Brutalement.
***
« Comment vas-tu aujourd'hui Felix ? Tu reprends les cours il me semble ? »
Le vieil homme qui lui fait face réajuste ses lunettes sur son nez, assit sur sa chaise devant son bureau il affiche un sourire qui se veut rassurant. Felix assit en face de lui, reste impassible, presque indifférent. Il ne répond pas, il ne détourne pas non plus le regard.
« Allons, je sais que tu comprends ce que je dis. Tu as fait d'immense progrès et tu arrives maintenant parfaitement à lire sur les lèvres. Alors parles moi ».
Pour accompagner ses mots, le vieil homme à répéter toute sa phrase avec des signes. Felix n'en répond rien pour autant, il reste fermé, il regarde la plaque en métal d'où on peut lire l'inscription « Docteur Park Sung Ho » puis il tourne son visage en direction de l'aquarium posé sur la commande le long du mur à sa droite. Il n'est pas particulièrement intéressé par les poissons mais c'est sa manière à lui de confirmer qu'il ne souhaite pas parler. En rompant le contact visuel, il se coupe totalement d'une possible discussion et cela son médecin l'a parfaitement compris. Ce dernier laisse échapper un soupire puis il se lève et vient s'appuyer sur le coin du bureau, obligeant Felix à le regarder.
« Felix, plus tu fais traîner les choses plus ça sera long et désagréable. Tu sais parfaitement que je suis plus fort que toi à ce jeu-là, on restera ici jusqu'à ce que tu daigne me répondre alors à toi de voir.
Le médecin retire ses lunettes, les essuie avec un bout de son pull, patientant.
– Ridicule. Signe Felix rageusement
Le médecin laisse échapper un sourire victorieux. Son regard est plus doux, paternel. Il retourne à sa place.
– Bien, sourit le médecin signant en même temps. Ta rentrée a lieu aujourd'hui ?
– Aujourd'hui oui. Signe Felix en haussant les épaules.
– Tu commences par quoi ? Sculpture ?
– Entre autres. Il répond rapidement peu satisfait.
– Laisse-toi le temps tu trouveras quelque chose que tu aimes j'en suis sûr. »
Le regard de Felix s'assombrit. Il lui suit depuis maintenant un an et demi, il a fini par apprendre à déchiffrer ses expressions et surtout à savoir quand il devenait soudainement triste même s'il ne laissait rien paraître.
« Bien. J'ai les résultats de tes derniers tests. Ton hypoacousie ne s'améliore pas mais il semble qu'elle s'est stabilisée, on n'a plus enregistré de baisse depuis trois mois maintenant. Je vais pas te mentir Felix, dès le premier jour je te l'ai dit, les chances que tu récupère un jour ton audition est proche du 0%. Au mieux elle s'améliorera mais elle ne sera plus jamais ce qu'elle était. »
Felix demeure immobile comprenant parfaitement ce que lui dit le Docteur Park. De toute carrière, le Docteur se souvient de chacun de ses patients, des enfants nés sourds comme de ceux qui le sont devenus par accidents, maladie ou encore simplement par vieillesse. Et lorsqu'il a rencontré pour la première fois Felix dans des circonstances aussi lourde, il savait parfaitement que l'annonce allait être difficile. Ça l'est toujours quand la perte d'audition résulte d'un accident, ça l'ait encore plus quand il s'agit d'un musicien. Ce n'était pas le premier, ça ne serait sûrement pas le dernier et pour autant il ne se souvient pas avoir vu auparavant, avec qui que ce soit, une telle douleur dans le regard. Lorsque Felix comprit, le monde s'était éteint dans ses yeux. Le Docteur Park est le seul à savoir, le seul à en avoir été témoin.
« Vous avez fini ? Signe Felix faisant sortir le médecin de ses pensées.
– Désolé, dit il. Je te donne une nouvelle ordonnance, tu dois voir le Docteur Choi demain je crois ?
– Il doit vérifier mes plaques dans la jambe droite. Répond Felix.
– Très bien. Je lui ferai parvenir le double de l'ordonnance par précaution. Ecoute Felix, nous avons passé assez de temps ensemble pour que tu puisses me faire confiance, alors si jamais tu as des doutes, si tu te sens mal, n'oublie pas que tu peux me joindre n'importe quand.
– Je sais. »
Le jeune homme se lève, récupère sa veste en daim sur le porte manteau puis range l'ordonnance dans sa sacoche. Le médecin le suit jusqu'à la porte, il donne une petite tape amicale sur son épaule essayant de lui arracher un sourire mais Felix se contente de lui faire un signe de tête et de refermer la porte derrière lui.
Un sourire. Pas un seul en un an et demi.
La fraîcheur du mois de mars fait frissonner Felix, en bas de l'immeuble il regarde autour de lui. Les passants, les voitures, le vent. Il n'entendait rien, juste un bourdonnement sourd indescriptible mais au lieu de pleurer comme il le faisait auparavant, il se contente de resserrer sa veste et s'avancer dans la rue. Il rejoint un arrêt de bus qui le conduira à la faculté. Perdu dans ses pensées il ne fait plus attention aux personnes qui l'entourent, ni aux regards parfois insistant des jeunes filles qui contemplent ses traits fins, ni à la vie de manière générale. La mécanique humaine au milieu de la nature. C'est comme être spectateur du monde, enfermé dans une autre pièce où il n'y a rien. Personne. Cette pièce il a longtemps cherché une issue pour revenir, s'échapper de cette prison, du cauchemar, mais il n'y en a aucune. Ce soir-là, son âme a été condamnée. Ce soir-là, tout est mort, la vie, l'amour, la musique.
Dès lors, son corps animé que par la vie en ce qu'elle a de plus scientifique, à savoir un processus de muscles, sang et signaux électriques, se déplace dans le monde de manière instinctive. Lorsque son bus s'arrête devant l'arrêt de l'université, il descend simplement et marche d'un pas régulier au milieu des allées, des arbres et parcs qui entourent les bâtiments.
Il rejoint les bâtiments de la faculté des arts et se mêle aux étudiants. Les locaux des arts manuels est un peu plus éloigné, ces derniers étant adapté à ce que les élèves puissent pratiquer sans difficulté et avec l'espace nécessaire. On peut apercevoir certains élèves forgés à l'extérieur, tailler, scier.
Lorsqu'il est retourné à la faculté l'année précédente, en cours d'année, le semestre était consacré à la peinture, le Docteur Park pensait que c'était un bon choix mais Felix n'avait pas tenu deux jours. Après une nouvelle dépression et il avait été décidé de reporter sa reprise à cette année. N'ayant pas vraiment d'idée, ni d'envie de réellement se pencher sur la question, Felix s'était à nouveau inscrit en art manuel. Ses années en musique, sa notoriété jadis ou peut être l'intervention des médecins auprès de la faculté l'ont fait intégrer directement la troisième année. Inutile de s'éterniser sur le pourquoi du comment, de toute façon cela ne changeait rien à ses yeux. Il n'y avait aucun intérêt à son présent et il ne craignait de ne jamais en trouver un jour dans son avenir.
En entrant dans sa classe, il sentit tous les regards sur lui, il n'y prête pas plus attention et s'est simplement assit devant un établi libre. Le cours s'est passé dans même monotonie et comme il devait remplir des formalités, il quitte la salle avant la fin du cours. Il se dirige vers le secrétariat remplit les derniers documents puis se dirige vers le réfectoire lorsqu'il sent soudainement une main le tirer en arrière.
Une jeune femme à la longue chevelure blonde ondulée lui fait face. Ses lèvres se mettent à trembler quand puis soudainement elle lui saute au cou. Il perçoit qu'elle a parlé mais évidemment n'entend rien, juste des bourdonnements. Elle se détache alors légèrement, le tenant toujours dans ses bras, le visage maintenant larmoyant.
« Tu m'as tellement manqué ! » Il peut lire sur ses lèvres.
Il se contente de pincer ses lèvres et d'observer son visage devenir rouge à mesure que ses larmes rigolent sur belles joues. Encore une fois, il attire les regard sur lui, voir une jeune femme suspendu au cou d'un autre étudiant, pleurant à chaudes larmes au milieu d'un couloir n'est pas anodin. Felix décide de poser ses mains sur ses bras et d'essayer de l'écarter doucement. Il déglutit et jette un léger regard autour de lui avant de s'approcher de son oreille.
« Je suis heureux de te voir Jian » Il chuchote.
Il déteste parler. Il ne s'entend pas, il a l'impression d'être muet alors qu'il sent parfaitement ses cordes vocales vibrer, c'est pour ça qu'il a appris à signer, c'est pour cela que les rares fois où il accepte de parler, il le fait en chuchotant.
Jian se met à rougir, ses yeux s'écarquillent puis un immense sourire illumine son visage tandis qu'elle essuie ses joues humides. Entendre sa voix, même faible, l'a fait frissonner jusqu'à la pointe de ses cheveux. Sans crier gare, elle dépose un baiser rapide sur sa joue et lui attrape la main.
« J'avais aucune nouvelle depuis la dernière fois que tu es retourné à l'hôpital, tu m'avais promis que tu ne t'éloignerais pas !
Trop heureuse de le revoir enfin, Jian n'arrive pas tellement à l'engueuler pour autant elle est vraiment fâchée contre lui.
– Désolé, signe Felix.
– Tu as dit désolé c'est ça ? J'apprends encore mais je comprends de mieux en mieux », dit-elle gênée.
Il serre un peu plus fort sa main dans la sienne pour la rassurer. Jian sourit à nouveau et le tire à sa suite.
A cet instant Felix remarque qu'elle tient son étui à violon dans l'autre main, il regarde autour de lui et remarque que les étudiants en musique viennent sans doute de terminer une session car des musiciens commencent à affluer autour de lui, tenant des caisses, des étuis, des sacoches. Soudainement il sent son cœur palpiter dans sa poitrine et Jian a dû ressentir sa détresse car elle s'arrête et le regarde une seconde avant de venir poser sa main sur sa joue.
« Allons-nous en. »
Felix déglutit, ses yeux papillonnent puis il prend une profonde inspiration pour se calmer. Elle continue sa marche jusqu'à la sortie, bien trop heureuse de le retrouver elle souhaite l'inviter à déjeuner en toute tranquillité.
Jian a toujours parlé pour deux et tout au long du chemin ne cesse de lui raconter tout ce qui est arrivé dans sa vie en son absence. Toute la difficulté qu'elle a traversé sans son meilleur ami, elle lui parle de sa famille, du divorce de ses parents, de son année seule à affronter ses cours de violon, la compétition constante, ses deux histoires courtes mais intenses avec un autre violoniste et un étudiant en athlétisme. On pourrait croire qu'elle se plaint mais au fond Felix sait bien qu'elle essaie juste de lui dire à quel point il lui a manqué. Jian a toujours été très attachée à lui, depuis qu'ils ont commencé tous les deux le conservatoire. C'était sa seule réelle amie. Depuis toujours on l'évitait, non pas qu'il soit froid de nature, bien au contraire, avant l'accident Felix était quelqu'un de chaleureux, rayonnant avec ses proches mais le monde de la musique est impitoyable. La jalousie, la concurrence constante. Quiconque avait entendu Felix jouer ne pouvait nier le fait qu'il avait un don, quasi divin, et cela les stupéfiait au plus profond d'eux même. Il y avait alors deux réactions possibles, la colère profonde envers le prodige qui représentait à leurs yeux l'injustice ou la désolation de savoir que jamais il ne pourrait un jour l'égaler. Pour la plupart, ils choisissaient ensuite soit de le détester ouvertement, soit de le détester en secret tout en essayant de se rapprocher de lui par intérêt. Rare étaient ceux qui l'appréciait réellement et Jian en faisait partie.
« On a une fête ce soir, chez Wooyoung, tu devrais venir, dit-elle en avalant une bouchée de son plat.
– Je ne sais pas qui c'est, signe Felix.
Jian comprend et commence à signer tout en parlant.
– C'est un ami. Il est en musique aussi. Il fait...comment on fait déjà pour chant... »
Felix lit sur ses lèvres et lui fait le signe, elle le répète avec le sourire.
« Le chant oui. Tu le connais pas parce qu'il n'est pas au conservatoire, il est juste en musique. Mais il est très gentil.
– Je sais pas.
– S'il te plaît Lix, viens avec moi s'il te plaît, supplie-t-elle.
– Ok. Il se résigne.
– Et puis comme ça je te présenterai mes amis.
– Je suis content que tu aies de nouveaux amis. »
Jian rougit à nouveau. La commissure des lèvres de Felix semble s'allonger l'espace d'une seconde et alors que Jian croit apercevoir un début de sourire, il disparaît aussi tôt. Le cœur serré, elle ne dit rien et continue de manger.
En revenant vers les bâtiments de la faculté, Jian peine à se détacher de son ami retrouvé. Elle continue de le serrer dans ses bras, incapable de s'éloigner, ce n'est qu'à la troisième petite tape sur son épaule qu'elle finit pour le laisser au bord des larmes. Il lui dépose alors un baiser sur le front et lui fait signe avec de partir vers sa section. Jian en fait de même, ramenant son étui à violon contre sa poitrine, mue d'un espoir nouveau. Un nouvel objectif. Elle fera tout pour qu'il retrouve son sourire, elle le jure sur tout ce qu'elle a de plus cher.
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Hello !
Deuxième chapitre avec Felix en premier plan ainsi qu'un personnage féminin complètement inventé mais qui aura beaucoup d'importance à savoir Jian.
Felix est sourd, vous l'aurez compris. Lorsque les personnages parleront en langage des signes, les lignes de dialogues seront en italique.
La suite risque de vous surprendre un peu...ou pas 😏
A bientôt,
D.
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