Chapitre 16
Son regard alternait sans cesse entre les photos et la fleur collée sur la lettre. Il voulait s'assurer qu'il s'agissait bien d'un phlox, tel que Monsieur Kim l'avait présenté plus tôt dans la journée. Et il n'y avait aucun doute, c'était cette même fleur qui ornait l'angle du papier.
Sous l'adrénaline, il parcourut plusieurs sites spécialisés. Le phlox blanc portait la signification d'une déclaration d'amour. Au moins c'était dans le thème. Il manqua presque de rire, par nervosité.
Son cœur tambourinait furieusement. Ayant tant espéré que sa théorie soit réelle, Jungkook n'avait pas imaginé comment il confronterait la chose si jamais un tel miracle se produisait. En l'occurence, il s'était produit et il ne savait pas comment réagir.
Hormis la certitude qu'il était complètement sous le charme du professeur, il avait peur.
Premièrement, il ne le connaissait pas des masses. Au fil du temps, la facette rigide en avait laissé entrevoir une autre ; bienveillante et soucieuse. Par exemple, quand il était venu chez lui, il n'avait pas hésité à lui notifier ses erreurs. Quel favoritisme vis-à-vis des autres élèves ! Mais tout ceci ne valait quasiment rien car il fallait le fréquenter en dehors de la sphère professionnelle, tel qu'il apparaissait sur sa photo de profil Instagram. À quoi pouvait bien ressembler son rire ? Était-il aussi rauque que sa voix ?
Pour poursuivre le raisonnement, Jungkook voyait d'un mauvais œil les relations entre un professeur et son élève. Il avait en tête les faits divers de viol, d'abus d'autorité, de chantage ou de dépendance morale... Mais ils restaient marginaux et avec un peu de recul, Monsieur Kim semblait droit d'esprit. S'il lui avait voulu du mal, il aurait pu passer à l'acte à maintes reprises, notamment lorsqu'ils s'étaient retrouvés seuls.
La question de l'âge est tranchée puisque Jungkook a déjà atteint sa majorité.
Pour finir, le professeur -s'il était bien à l'origine de la lettre- évoquait de l'amour mais Jungkook n'était pas prêt à se mettre en couple. Comme dit précédemment, il souhaitait apprendre à le connaître. Ils ne se côtoyaient que dans un cadre scolaire pour l'un et professionnel pour l'autre. Foncer les yeux fermés n'était pas sage et il ne comptait pas satisfaire les potentiels espoirs du professeur sans être sûr de rien.
« de quelqu'un qui t'aime et qui croit en toi »
Mine de rien, cette déclaration était assez ingénieuse. Monsieur Kim se préservait du risque de toute accusation. L'écriture différait et aucun signe n'était susceptible de trahir son identité. Une façon romantique et sécurisée de lui avouer ses sentiments, sans avoir à redouter quelconque retombée.
Ces précautions ne l'étonnaient guère, c'était un homme consciencieux et prudent. Il ne fallait pas oublier que son métier était en jeu dans l'histoire. Peut-être que cet aspect alimentait également les craintes du lycéen.
Et cette fois-ci, un rire moqueur lui échappa bel et bien. Voilà qu'il cogitait sur une relation qu'il ne vivait même pas ! Lui qui trouvait qu'il était tôt pour se mettre en couple, il anticipait un peu trop pour n'éveiller aucun soupçon...
Son impatience dévoilait son envie. Se précipitait-il ? Oui. Il allait vite en besogne, il se projetait tellement qu'il en brûlait les étapes. L'avenir restait flou mais une chose est sûre : il avait sacrément hâte de le vivre.
Et de fil en aiguille, la possibilité qu'il se méprenne depuis le départ, que cet enchainement de faits résulte uniquement de coïncidences fortuites, lui effleura l'esprit. Si c'était vraiment le cas, il pourrait se gouailler de lui-même jusqu'à la fin de ses jours.
Le soir venu, alors qu'il se rendait au cours de basket, il passa devant son ancien immeuble. Monsieur Kim y résidait, désormais. Il se souvenait du code d'entrée et durant une fraction de seconde, il eut la folle envie de lui rendre une petite visite... Quelle idée puérile, rien n'était mis au clair et le professeur ne s'était pas déclaré de vive-voix.
Un détail l'interpella ; comment avait-il pu tomber amoureux de lui sans même le connaître ?
Lorsqu'il regagna sa chambre, la pendule affichait une heure bien tardive. Son sac-à-dos heurta le coin du bureau et après une douche prometteuse d'hygiène, il se jeta sur le lit en compagnie de son téléphone portable.
***
(en photo, c'est le devoir fait durant l'heure de colle xD)
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