Nous creusâmes une tombe pour Linda du mieux que nous pûmes. Le sable nous filait entre les doigts et nous nous enfonçions nous-mêmes dans le trou improvisé.
Finalement, l'on parvint à placer la blocarde sous le sable, assez profondément pour ne pas que quelqu'un se retrouve à l'écraser directement.
— Puisse-t-elle reposer en paix, déclara funestement Minho.
Je lui jetai un coup d'oeil à la dérobée; son visage était impassible. Je me demandais souvent ce qui pouvait lui traverser l'esprit dans de pareils moments et comment il parvenait à garder un air si fermé.
— Tu as quelque chose à ajouter?
Je pris une inspiration et baissai les yeux vers l'emplacement du corps inerte de Linda.
— Je suis désolée, tu méritais vraiment de vivre. Tu étais une personne incroyablement courageuse et altruiste. Je ne t'oublierai pas.
Ne sachant pas s'il fallait réaliser un geste de coutume, je posai simplement une main sur mon coeur avec une pensée pour Linda.
— Rejoignons le groupe maintenant. Ils doivent s'impatienter.
Nous nous tournâmes. Contre toute attente, ils avaient disparu. Je me commandai à moi-même de ne pas commencer à paniquer, face à ce sentiment de déjà vu qui, petit à petit, s'immiscer en moi.
— Thomas va m'entendre s'ils se sont barrés sans nous, grogna Minho.
Il partit au quart de tour, d'un pas rapide et soutenu, à tel point que j'eus beaucoup de difficultés à le suivre dans le sable.
— Ils ont peut-être juste trouvé un peu d'ombre tu sais, fis-je remarquer.
— Ou alors ils ont voulu faire comme toi, ils ont déserté.
— Lizzy ne serait pas partie sans moi.
— Alors ils ne doivent pas être loin si tu es si sûre de toi.
Je levai les yeux au ciel face à son insolence envers moi. Il s'obstinait à me rabaisser en continu et à me rappeler mes erreurs tout en me dictant de ne pas les ressasser.
— Allez, magne-toi, les choses vont bientôt se gâter.
— Qu'est-ce qui te fait dire ça? m'enquis-je tout en suivant avec difficulté son rythme rapide.
— On est tous rassemblés maintenant, les deux groupes. Ils vous avaient séparés pour que vous vous retrouviez.
Tout se remit en place dans ma tête et je me rendis compte qu'il avait raison. Janson nous avait ordonnés de retrouver le groupe A, mais pas ce qu'il adviendrait après cela. J'inspirai une bouffée d'air, me sentant mal à l'aise et observée.
Si l'Homme-Rat ne nous avait pas informés de la suite des événements, c'était forcément qu'il avait un moyen de nous surveiller et d'ainsi être au courant dès que nous nous serions tous retrouvés. Que pouvait-il bien avoir manigancé?
— Je crois que je vois des formes là-bas, déclara Minho.
Je suivis son regard et, en effet, aperçus un groupement à l'horizon. Ils n'étaient pas si loin de nous mais ils semblaient étrangement agités, comme en train de courir.
— Ils sont poursuivis à ton avis?
— Je crois qu'ils courent après quelque chose.
Sans prévenir, il se mit à courir à son tour, dans l'optique de les rattraper. Je trouvais cela stupide de nous mettre à leurs trousses alors qu'ils avaient déjà une grande avance sur nous. Cela allait simplement nous épuiser plus qu'on ne l'était. Cependant, je courus à sa suite, avec une boule me tordant l'estomac.
Plus nous avançions et plus il me semblait qu'ils ralentissaient. Au bout d'un moment, nous arrivâmes assez proche pour qu'ils puissent nous entendre.
— Eh! Pourquoi vous vous étiez barrés? les interpella Minho.
Quelques blocardes se tournèrent vers nous, l'air inquiètes. L'une d'elle vint à notre rencontre, je la reconnaissais mais je ne lui avais jamais parlé.
— Teresa a pété un plomb. Au moment où Thomas est revenu, elle a sorti un pistolet d'on ne sait où et elle l'a mis en joue. Elle nous a dit de pas la suivre sinon elle ferait des morts. Les blocards nous ont fait attendre une bonne minute pour être sûrs puis on est partis à leur suite. Ils ont dit que vous nous retrouverez.
Il hocha docilement la tête, assimilant chaque nouvelle information. Je me dirigeai quant à moi vers le groupe pour voir ce qu'il en était. Ils s'étaient tous arrêtés. Je rejoignis le devant du cortège et, lorsque Caleb me vit, me lança un regard noir.
Je ne lui portai pas plus d'attention et focalisai mon intérêt sur le duo qui nous faisait face.
Teresa tenait Thomas d'un bras bien serré en dessous de son cou, si bien que ce dernier peinait à respirer. De l'autre main, elle le pointait de son pistolet. Lorsqu'elle me vit, elle esquissa un sourire.
— Nous sommes enfin tous rassemblés.
— Quoi? Qu'est-ce que tu veux dire?
Thomas avait les yeux rivés sur moi, la sueur au front. Visiblement, nous étions dans une impasse. Le moindre blocard qui tentait quelque chose provoquerait sa mort. Une pression sur la gâchette et il succombait.
— Laisse-le partir Teresa, il ne mérite pas de mourir.
— Je ne peux pas vivre s'il vit lui aussi, tu le sais bien.
Elle rebondit ses yeux sur Caleb puis sur moi. Elle n'avait pas tort, du moins si l'on suivait le raisonnement de WICKED. Un seul des deux alter ego avait le droit de rester en vie.
— Ça veut dire quoi ça? s'énerva Caleb.
Je tournai mes yeux en surveillant du coin de l'oeil Teresa et ses agissements.
— Les créateurs veulent garder un seul des deux alter ego vivant. Comme ton petit frère est mort, ma soeur n'est plus une cible. Alors que c'est toujours le cas pour nous, eux, désignai-je les sujets A2 et B2.
— Ça m'étonne pas que son surnom soit « la Traîtresse » à cette vipère, cracha Harriet.
— Répète, l'interpellai-je, intéressée.
— Son tatouage l'identifie comme la Traîtresse. Elle était destinée à nous jouer un mauvais coup.
— Vous le saviez alors! m'insurgeai-je.
— Bien sûr que non! se défendit la chef du groupe B en se rapprochant de moi.
— Vous saviez qu'elle allait tôt ou tard se retourner contre nous et vous l'avez laissée faire.
— Parle-moi sur un autre ton, elle est pas la seule à causer des problèmes je te rappelle, m'accusa-t-elle.
— On se calme les filles! héla Minho. C'est pas le moment de se disputer.
Le blocard nous rejoignit à l'avant du groupe puis s'adressa à Teresa, pesant ses mots.
— Pourquoi tu fais ça? Tu devrais être de notre côté, pas du leur. C'est de leur faute si tous sont morts depuis le début des épreuves, Thomas n'a rien à voir là-dedans.
— Tu ne comprends pas. On ne peut pas rester en vie tous les deux, rappela-t-elle.
— Ça, je le sais. Mais est-ce que tu vois Emilie essayer de tirer une balle dans la tête de Caleb? Non.
— Amigos, je comprends la fille. Dans la terre brûlée, c'est chacun pour soi maintenant.
— Tu tuerais Brenda peut-être? arguai-je.
— Je la connais depuis des années. Ces deux-là viennent à peine de se rencontrer.
— Non, on se connaît depuis tout petits en fait, intervint Teresa.
Je fronçai les sourcils en reportant mon attention sur la jobarde. Elle se souvenait de ce qu'il s'était passé avant le labyrinthe?
— Comment tu peux le savoir? l'interrogea Minho.
— Des flash-back, répondit-elle du tac-au-tac.
Je la soupçonnais de nous cacher la vérité. Sa réponse paraissait trop peu sincère à mes yeux. J'étais persuadée qu'elle avait recouvré sa mémoire, peut-être par WICKED, mais qu'elle ne voulait pas nous en parler. Il faudra que je tente de lui tirer les vers du nez.
— D'accord, je te crois, lui assura Minho. Maintenant, laisse-le partir, s'il te plaît.
— Tire-toi toi-même une balle dans la tête en passant, ajouta une jobarde que je ne connaissais pas.
Harriet lui adressa un regard noir et elle se tut immédiatement.
— Ils arrivent.
— Qui arrive Teresa? lui demandai-je.
— Vous le saurez bien assez tôt.
Des trappes s'ouvrirent dans le sol et des tubes hauts de plus de deux mètres jaillirent.
— Putain, c'est quoi ça?
— C'est le grand final, annonça Teresa.
— Il y a quoi dedans?
Elle ne répondit pas. Un tube s'éleva derrière elle. Elle commença à reculer, tenant toujours Thomas fermement dans ses bras. Mon pouls s'accéléra, les secondes défilaient et le brun se trouvait en danger de mort.
Les tubes s'ouvrirent sur des créatures hideuses, couvertes de pustules oranges de plus de 10 cm de diamètre éparpillés sur le corps. Il y en avait une bonne quinzaine au moins sur chacune des abominations au nombre de dix.
Pendant ce temps-là, Teresa, qui n'était plus le centre de l'attention, enfonça la gâchette dont le coup résonna dans le désert. Elle jeta Thomas en avant du mieux qu'elle put en lui assénant un coup de crosse sur le crâne puis recula pour pénétrer entièrement dans le tube.
Stupéfaits et pétrifiés, nous nous tournâmes d'un seul homme en direction de l'origine du coup de feu. Mes yeux se remplirent de larmes face au corps de Thomas dans la poussière. Comment avait-elle pu le tuer?
Minho ferma les yeux et baissa la tête. Je voulais aller vers son corps, vérifier s'il ne restait pas une once de vie en lui mais un mouvement attira mon attention. Les monstres dotés de bulbes s'étaient animés. Ils s'extirpèrent de leur tube et se révélèrent entièrement à nos yeux. Leur vue était atroce, indescriptible. Ils étaient hauts de presque deux mètres, avaient une peau d'un blanc ocre et n'avaient ni nez ni oreilles. Nous ne faisions pas le poids, d'autant plus qu'ils avaient tous un sabre dans leur main.
Instinctivement, je cherchai Lizzie du regard. Comment faire pour garder un oeil sur elle tout en combattant ces monstres?
— Tenez, des armes! cria Harriet pour capter l'attention de tous.
Je m'approchai sans attendre et elle me donna une machette. Elle attrapa un poignard qu'elle passa à Caleb. Minho, quant à lui, avait conservé son pistolet mais, par précaution, accepta le couteau de Harriet.
Les monstres se rapprochaient de nous et, sans attendre, je décidai de charger directement. Je bondis sur le plus proche et le coupai au bras. Cela ne sembla pas l'affecter le moins du monde et il fit voler son sabre vers moi. Heureusement je m'abaissai juste à temps et lui assénai une coupure au genou du même coup.
— Chacun en choisit un, allez! Lizzie tu restes avec moi, ordonna Minho.
Je souris intérieurement. S'il y avait bien une personne qui pouvait veiller à la survie de ma petite soeur, c'était lui. Je pivotai pour les chercher du regard mais le monstre en profita pour me couper au bras.
Je poussai un cri de douleur en plaquant ma main sur la plaie. Mon arme tomba sur le sable. Furieuse d'avoir été blessée, je récupérai ma machette et, dans un cri bestial, coupai un des bulbes sur son bras. La créature meugla et je sus à ce moment précis comment en venir à bout.
Alors que j'allais avertir le reste du groupe, mes yeux se posèrent sur une jeune fille qui se faisait transpercer par un sabre. Ce dernier ressortait dans son dos. Un filet de sang s'écoula de sa bouche alors qu'elle tournait de l'oeil. Le monstre retira son arme d'un mouvement sec, laissant la jeune fille chuter dans le sable. Encore sous le choc, je balbutiai, tentant de me faire entendre:
— Visez les bulbes, c'est leur point faible!
Beaucoup m'entendirent et j'espérais qu'ils feraient passer le mot aux autres. Le monstre que je venais juste de blesser se releva, plus féroce bien qu'affaibli. Je coupai une autre de ses bulbes puis une autre dans la foulée, sans lui laisser le temps de se défendre. Il hurla, à l'unisson avec d'autres monstres encore. Nous allions y arriver.
Quand, après de longues minutes de combat, la créature que j'affrontais s'écroula enfin, morte, je décidai de prêter main forte aux blocards. À l'aide du sabre récupéré sur le cadavre, je coupai les bulbes de créatures presque achevées, de sorte à avoir plus de personnes à mes côtés.
— Par ici!
Je reconnus la voix de Sonya et accourus sans attendre pour l'aider. Elle se trouvait dos contre le sol, sa machette étant la seule barrière contre le sabre qui appuyait de plus en plus sur son arme pour atteindre sa tête.
Furibonde, je tranchai plusieurs bulbes parmi ceux visibles, lui faisant baisser sa garde, ce qui permit à Sonya de se libérer. À deux, on acheva définitivement le monstre.
Je me tournai vers le reste du groupe et contemplai les dégâts. En plus de la jobarde morte sous mes yeux, deux blocards étaient décédés. Cependant, tous les monstres étaient abattus.
— Qu'est-ce qui va se passer maintenant? s'inquiéta Sonya.
— On n'a plus qu'à attendre pour le savoir, conclut Minho.
Aucun de nous n'osait approcher le corps de Thomas, de peur de voir la mort de trop près.
Qu'allait-il nous arriver à présent?
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Ainsi s'achève le tome 2 de ma fanfiction du labyrinthe! Je dois vous avouer que je ne sais pas si le tome 3 verra le jour, puisque je commence à me lasser un peu dans l'écriture de cette saga. Je vous tiens au courant :)
Merci à tous d'avoir lu, d'avoir commenté (même s'ils se faisaient plus rares ces temps-ci les commentaires), malgré mes publications très espacées <3
— Bisou mes griffeurs♡
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