1. Une histoire de badboy.
« Mais non, tu t'es bien battu à ta compet', affirma Mélina à Jadot.
_ J'ai perdu tous mes combats, lui fit remarquer le garçon.
_ Tu n'étais peut-être pas au meilleur de ta forme, mais... »
Elle laissa sa phrase en suspend, en apercevant Jean-Michel, le badboy du lycée (il préférait qu'on l'appelle Jean-Mi, pour une raison inconnue) entrer dans la cafet'. Il était tellement tellement beau... tout en lui respirait la supériorité et la froideur, lui donnant un air mystérieux et revêche des plus attirant. Il avait une manière de tenir son plateau tellement sexy que la jeune fille laissa tomber sa fourchette dans ses épinards trop cuits. Ses muscles étaient contractés, et sa mâchoire carrée lui donnait un air dur contrasté par ses yeux bleu lagon. Son débardeur, malgré les trois degrés dehors, le moulait à la perfection (On remarquait tout de même une tache douteuse entre deux plis. Ça devait être le sang d'un agresseur qu'il avait mis au tapis...) dévoilant un corps d'Apollon, et son jean mettait en valeur ses jambes d'athlète. Un paquet de cigarettes dépassait de sa poche arrière.
Mélina soupira. Jamais il ne s'intéresserait à quelqu'un comme elle... Elle était bien trop ordinaire, et timide pour ça (Il lui arrivait tout de même de jeter son chewing-gum par terre. Enfin, c'était arrivé une fois, parce qu'elle avait loupé la poubelle, mais elle restait quand même un peu une rebelle. Non ?). De plus elle était de loin une des filles les plus moches de son lycée. Il préférait sans aucun doute les filles comme Gertrude, magnifique même si elle avait été affabulée d'un sac-poubelle.
Soudain, Jean-Mi tourna la tête vers elle, et la regarda droit dans les yeux. Elle sentit son cœur battre à cent à l'heure, et lui lança un sourire éclatant, balançant ses superbes cheveux (d'un noir aussi intense que le chocolat 70% lindt) et d'une douceur extraordinaire, avant de se raviser, en pensant aux morceaux de nourritures entre ses dents.
À la place, elle lui fit un clin d'œil auquel, à son plus grand étonnement, il répondit.
Prise au dépourvu par cette réaction, elle hoqueta de surprise.
Jadot lui toucha l'épaule pour s'assurer que tout allait bien:
«Mélina, tout va bien? La questionna-t-il, inquiet.
_Oh... oui, ce n'est rien, ne t'inquiète pas. Dépêche toi de manger!
_Pourquoi, tu es pressée de sortir? Avec le froid dehors? Mais je pensais que tu préférais rester au chaud?»
Il est vrai que la fraîcheur dehors lui irritait horriblement ses lèvres rouges et pulpeuses naturellement, mais la présence de Jean-Mi dans la cafétéria la perturbait.
Elle était nouvelle dans ce lycée.
Arrivée un mois auparavant suite au déménagement de son père (sa mère était décédée l'année dernière, dans des circonstances tragiques, et d'ailleurs, Mélina avait elle même vu la mort de près ce jour la) et sa rentrée en cours d'année avait été houleuse.
Rapidement prise pour cible par les filles de sa classe, elle se faisait insulter voir frapper très souvent. Heureusement, Jadot était rapidement venu a sa rescousse et l'avait défendue, devenant dans un même temps son meilleur ami.
Et il y avait Jean-Michel. De suite, elle l'avait remarqué. Il était si beau, au fond de la classe, contre le radiateur, écoutant sa musique. Elle a rapidement compris qu'en plus d'être un rebelle irrésistible, c'était surtout le bad boy le plus redouté du bahut. Courut par les filles, respecté par les mecs, craint par les profs... et il lui faisait un drôle d'effet.
Il était un des seuls a ne pas l'avoir critiqué, mais elle n'arrivait pas a lire dans son regard ce qu'il pensait d'elle. Elle se noyait dans ses grands yeux mystérieux, et était incapable de garder les idées claires.
«Je préfère sortir quand même Jadot, on y va.
-J'arrive! Lança son ami, la bouche pleine.»
Elle se leva et s'apprêtait a quitter le lieu, suivit de prêt par le garçon, quand elle bouscula quelqu'un.
La forte odeur masculine, musquée mais aussi délicate qui lui envahit les cavités nasales la firent frémir.
«Oups! Je suis vraiment déso...»
Une main se posa sur son poignet et la releva délicatement. Mélina se noya à nouveau dans ses yeux si bleus, si profonds... il avait le regard perdu derrière elle, mélancolique... Jean-Michel...
« Tu as des épinards dans les cheveux. » lui fit remarquer le jeune homme.
Elle soupira. Il était tellement romantique et attentionné... Et sa voix, rauque mais douce à la fois... Elle était sous le charme. Elle en oublia même les morceaux de nourritures qui s'étalaient sur sa tête, et les regards rivés vers elle et Jean-Mi. Il n'y avait plus que lui, et elle. Elle n'attendait que le moment où il la prendrait dans ses bras, pour l'emmener loin de tous. Ils vivraient seuls dans une forêt, où lui, irait chasser tous les jours, et elle, pêcherait pour se nourrir... Ils aurait trois enfants et...
« T'es sûre que tu vas bien ? l'interrogea le badboy. Tu souris bizarrement.
-Oh euh... Oui ! Merci !
-Pas de quoi... »
Il s'approcha d'elle à quelques centimètres. C'était certain, il allait l'embrasser ! Mais... Devant tout le monde ? Elle n'était pas sûr d'être prête. D'un autre côté, tous sauraient que désormais, il n'y avait qu'elle aux yeux de Jean-Mi, et que personne n'aurait intérêt à s'en approcher. Elle ferma les yeux, prête à recevoir le baiser dont elle rêvait depuis des semaines. C'était si romantique... Elle le sentit s'approcher, et... Et rien.
Le garçon lui mit son plateau entre les mains, et marcha en direction de Jadot.
Elle ouvrit grands les yeux, étonnées, elle ne comprenait pas. Que faisait-il ? Elle le vit chuchoter quelque chose à l'oreille de son meilleur ami, puis il se retourna vers elle. Allait-il enfin l'embrasser ? Elle l'ésperait.
Seulement, il ne fit que la remercier de débarasser pour lui son plateau.
De. débarrasser. son. plateau. SON plateau.
C'était comme une déclaration d'amour, par ce geste, il lui disait explicitement qu'elle était la fille qu'il jugeait la plus apte a s'occuper de son plateau. Il lui remettait cette lourde charge à elle, témoignant de sa confiance immuable. Plus que flattée, elle était touchée, émue... Tellement émue, d'ailleurs, qu'elle faillit lâcher le précieux objet. Elle se rattrapa de justesse. Heureusement. Qu'aurait-il penser d'elle, sinon ?
Tremblante d'émotion, elle sortit de la cantine. Seulement, une interrogation restait : Pourquoi avait il chuchoté quelque chose à Jadot ? Lui avait il avoué l'amour qu'il avait pour elle ? Ou était-ce justement pour lui demander des conseils, sur comment lui faire sa déclaration d'amour ? Ils étaient amis, de ce qu'elle en savait (elle avait beaucoup vu Jean-Mi discuter avec son meilleur pote).
Elle aurait pu demander à Jadot de glisser une lettre qu'elle aurait mise des heures à rédiger dans le sac de son prince, mais elle avait préféré attendre que lui, lui montre ses sentiments (il était également vrai que rédiger une phrase comportant plus de trois mots sans faire de fautes était pour elle un vrai défi).
Et puis, après tout, pourquoi s'intéresserait il à une fille comme elle ? Du haut de son mètre soixante douze, avec ses cheveux incroyablement brillants et longs, ses grandes jambes minces (qu'elle ne voit d'ailleurs pas, elles sont cachées par son magnifique 95D) et son regard transperçant, elle est tout à fait banal et se considérait comme affreusement laide. Il suffisait de voir les regard curieux qu'on lui lançait, à chaque fois qu'elle traversait un couloir. Elle se sentait toujours obligé de baisser les yeux...
Elle rejoignit rapidement Jadot, mais celui-ci refusa de lui dire ce qu'il lui avait appris de Jean-Mi. Très bien, si le monde entier était contre elle, elle forcerait le destin. Elle avait biologie après, et elle savait que Jean-Mi avait court à coté. Elle savait comment faire.
Elle mis au point son plan durant l'heure de cours très ennuyeuse, ou elle reçut d'ailleurs une heure de colle parce qu'elle avait répondu a la professeur.
Enfin, quand la cloche sonna, elle décida de passer à l'action. Elle surveilla la porte en face d'elle, et attendit le moment ou Jean-Michel sortirait, ce qui ne fut pas tâche aisée, les élèves affluant de partout. Puis elle le vit. Elle se mit directement en marche, et commença à descendre les escaliers à sa suite.
Son plan était à la fois simple et ingénieux. Dans les escaliers, tout le monde se bousculait. Il lui suffisait de se laisser choir vers lui, et il la rattraperait dans ses gros bras musclés, il la fixerait de ses si beaux yeux, et lui dirait
«Mélina, ma poupée, je t'aime» puis, il l'embrasserait langoureusement.
Elle s'y voyait déjà... Durant un instant, elle paniqua. Quelle robe choisirait-elle pour son mariage ?
Quand elle fut assez proche de lui, elle s'élança vers l'avant, mais... Jadot qui venait de passer devant elle, pour lui poser une question, se prit Mélina de plein fouet, et fut propulsé a la place de la jeune fille vers Jean-Michel...
L'adolescente s'étala de tout son long sur le carrelage dur et froid, se brisant une dent au passage.
Cependant, elle ne se plaignit pas de la douleur, et encaissa le choque. Jean-Mi serait forcément pris au dépourvu, et viendrait la secourir... Elle ferma les yeux, attendant qu'il la relève... Ce qui n'arriva pas.
Elle ouvrit les yeux, et se hissa un peu sur ses avant-bras. Il devait être trop gêner de dévoiler leur histoire au grand jour et... Ce qu'elle vit la fit retomber directement.
Blottit dans les bras de Jean-Mi, Jadot embrassait langoureusement son grand amour.
Jadot. Embrassait. Jean-Michel.
Dans un cri de rage, elle attrapa son livre de math et le lança sur celui qu'elle pensait être son ami. Ce dernier le reçu en pleine tête.
Le sang de Jean-Michel ne fit qu'un tour. Il repoussa Jadot avec douceur, et se dirigea vers Mélina à grandes enjambées. La jeune fille le savait, son plan avait fonctionné !
Mais au lieu de la relever, son tendre aimé lui balança le livre qu'elle avait projeté sur Jadot quelque secondes plus tôt.
« Ne t'approche pas de mon copain ! » déclara-t-il de manière parfaitement audible.
"Mon copain". Ce mot résonna dans son esprit alors que Jean-Mi s'éloignait, enlaçant la taille de son ancien ami...
Taquapax & Shib'
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