Le Plus Beau Métier Du Monde
Le cours de bio cell est enfin fini, des pages et des pages, comme d'habitude, à apprendre par cœur, une question peut tomber sur tout et n'importe quoi, même sur un diamètre insignifiant. Les étudiants applaudissent le professeur en fin cours : c'est la règle. En début de p1, j'avais cru à une blague venant des doublants, mais c'était bien sérieux, on applaudit le prof parce que, dit on, il a un travail compliqué. C'est sûr qu'on ne s'en rend pas compte à notre niveau, notre rêve pour beaucoup, c'est de devenir médecin, malgré la difficulté.
Je m'appelle Antoine (oui oui comme dans le film 1ere année, jugez pas c'est pas du plagiat, juste j'avais pas d'inspi pour le prénom 🤪) Prack. Mon rêve ? Exercer ce que tout le monde appelle "le plus beau métier du monde" malgré la difficulté et les aléas de la vie. C'est là, la vocation d'un médecin.
J'ai passé l'examen du S1 avec succès, et aujourd'hui c'est le dernier jour de cours avant mon mois de révision. Je regarde les amphis, tout ce monde veut ma place, il ne faut pas qu'ils me battent, sinon je peux dire adieu à mon rêve. Je regarde enfin nos belles tables neuves et me lève de mon siège confortable. On dit que notre fac est magnifique et très confortable, il y a des vigiles qui assurent notre sécurité et tout est très bien équipé. Cela me ferait beaucoup de mal si je venais à rater médecine et à quitter cette belle faculté.
Le mois de révision n'a été qu'acharnement et le concours, plus que stressant.
C'est enfin les résultats, comme beaucoup j'ai une boule au ventre : et si je n'étais pas reçu ? Il ne suffit pas de sauver sa peau avec la moyenne cette fois ci : il faut être mieux que les autres. Soudain j'aperçois mon nom, et j'ai fini major! Une joie intense m'envahit lorsque j'aperçois d'autres pleurer, la joie des uns fait le malheur des autres dans la vie parfois.
Je ne m'en préoccupe pas trop, et vais vite fêter cela. Ce n'est pas tout les jours que l'on finit premier. Mais avant tout, je me précipite vers Marie qui veut devenir dentiste, j'espère réellement qu'elle a réussi. Bien sûr c'est le cas ! Elle est classée deuxième ! On est tellement heureux qu'on va faire un tour ensemble. J'attends nos 24 ans respectifs pour la demander en mariage. Marie, c'est avec elle que je veux finir ma vie. Et c'est ce que je fis plusieurs années après. Avec Marie pendant nos vacances, nous n'arrêtions pas de nous voir. Elle illuminait mes journées. Le problème avec Marie, c'est qu'elle a des problèmes pulmonaire, elle en a un jour fait les frais par ma faute et je m'en suis voulu pendant plusieurs mois, car à cause de moi elle avait été hospitalisée. Depuis ce jour, je fais très attention à sa santé.
Les années passent et je dois maintenant choisir ma spécialité, avec mon classement il faut dire que j'en ai du choix. Que vais je prendre ? Cardiologie ? Radiologie ? Chirurgie ?
Tout me vient à l'esprit lorsque soudain je pose les yeux vers ma future spécialité.
Après plusieurs années de ma vie à travailler comme un acharné, on m'appelle maintenant docteur Antoine Prack, exerçant la réanimation médicale au CHU.
Je suis marié avec ma merveilleuse femme Marie et j'ai une petite fille de 4 ans, Émilie, aussi belle que sa maman.
En somme j'ai une vie parfaite, tout le monde me le dit. J'ai beaucoup d'amis et tous m'envient pour ce que j'ai. "Tu as beaucoup de chance Antoine !" Voilà ce que j'entends tout le temps.
En vérité, ma vite n'est pas si parfaite, il faut dire qu'avec mes nombreuses gardes et mon travail à l'hôpital, je ne vois que rarement ma famille, et cela entraîne beaucoup de problèmes dans mon couple. Marie, elle, peut ouvrir et fermer son cabinet quand elle veut. Pas moi. Je ne vois pas ce qu'il se passe à la maison, je ne vois pas ma fille. C'est assez difficile, mais j'aime mon métier, c'est le plus beau métier du monde et ma fille chérie est toujours fière de dire à ses amies que son papa est docteur.
L'hiver arrive, la pire saison pour les médecins. A cette période de l'année il y a beaucoup de malades.
Quand je rentre à la maison, je retrouve ma petite famille. Pendant le repas j'essaie d'engager la discussion :
- Marie, comment s'est passée ta journée ?
- Oh eh bien rien de très spécial, enfin comme d'habitude. Et toi ?
- Eh bien, beaucoup de mes collègues en ce moment parlent de ce nouveau coronavirus ?
- On a découvert un nouveau coronavirus ?
- Oui ! Il vient de Chine, mais nous n'avons pas à nous inquiéter plus que ça, je suis persuadé que cela n'arrivera pas jusqu'en France !
- Tu as sans doute raison.
Plusieurs mois plus tard, je me suis rendu compte que j'avais parlé trop vite, et que la maladie s'était bel et bien propagée jusqu'en France. C'était une réelle épidémie !
Ma seule peur, c'était pour Marie. Mais je prenais vraiment mes précautions et dormais dans une chambre que j'avais louée.
Je vois de plus en plus de cas de Covid 19 et cela me fait réellement peur, très peur. Être confronté à une épidémie et savoir qu''elle peut vous tuer ça fait quand même flipper, surtout quand vous avez des masques périmés depuis plusieurs jours et que personne ne vous en procure.
Chaque jours, il manque des lits en réanimation, et chaque jours nous devons faire des choix entre les individus. En vérité, ne rien faire pour aider de pauvres personnes âgés, c'est comme les tuer, vous devez être, en somme, dans sentiments, sans cœur. Je vois chaque jours des familles pleurer, perdre des êtres qui leur sont chers. J'ai ce sentiment coupable lorsque je dois refuser un lit pour une personne âgée ou malade, mais je n'ai pas le choix. On pense que l'on aide les gens, mais ce n'est pas toujours le cas. La dernière fois, un ami oncologue m'a dit qu'il suspectait chez son patient un problème assez grave, mais puisqu'il n'était pas encore sûr, il ne voulait rien dire à son patient, et ne voulait pas encore lui dire qu'il devra sans doute faire de nouveau la chimiothérapie. Mais peut être le patient avait il envie de connaître cette éventualité afin de mieux s'y préparer ? On ne fait pas toujours le meilleur.
Alors que je rentre d'une longue et épuisante journée, mon esprit me ramène à la maison. Je décide alors de partir, tant pis, ma famille me manque trop. Soudain, on m'appelle en urgence.
"Oh ! J'en ai assez, il est 22h, j'ai envie d'aller me coucher. Je n'ai pas envie de repartir maintenant" me dis je.
Mais je décroche quand même le téléphone. Soudain, mon collègue me dit d'un air inquiet :
- Euh... Antoine, il faut vite que tu viennes, c'est pour ta femme, elle est en réanimation, cela fait quelque temps qu'elle ne se sentait pas bien mais elle n'a pas voulu te le dire. Émilie est avec sa tante pour le moment, alors viens vite !
Inquiet, je prends alors la voiture, tout se mélange dans ma tête. J'accélère l'allure. Marie, j'ai si peur...
Lorsque j'arrive, je vois Marie dans un lit, épuisée, malade.
- Marie, ma chérie ! Pardonne moi ! Pardonne moi de m'être éloigné de toi ! Je voulais te protéger mais j'ai fait tout l'inverse ! Pardon.
Mes larmes défilent et je ne peux m'arrêter de pleurer.
La main de Marie vient entrelacer la mienne.
Je reprends alors mes esprits et agit comme un médecin censé.
- Ne t'en fait pas Marie, lui dis je, tout va bien se passer ! Tu sais, tout le monde n'en meurt pas !
- Si tu t'occupes de moi j'espère que cela ira !
Alors que j'étais sur le point de continuer de parler avec ma femme, on m'appelle en urgence et j'entends des cris derrière le téléphone :
- Où est le médecin !! Cela fait 4h qu'on attend ! Au bout d'un moment faut arrêter de se f***** de nous quoi !
- S'il vous plaît, répond l'infirmière, le médecin arrive il est occupé et...
- J'en ai rien à faire ! Il a qu'à se dépêcher, c'est son boulot et il est payé une fortune donc il est pas à plaindre. Arrêtez 2min vous êtes tous des lèches bottes avec les médecins et vous n'avez aucun respect pour nous !
-Bon allo Dr Prack ? Je suis désolée de vous déranger, mais comme vous pouvez l'entendre avec tout ce raffut, vous devez venir assez vite s'il vous plaît.
Je n'ai pas le choix, il faut que je vienne.
Alors que je viens à peine d'arriver, je me fais incendier par le patient que j'ai entendu au téléphone.
L'infirmière prend ma défense, mais ce fou continu et dit d'une façon méprisante :
-Pff tout ça parce qu'il est médecin, il a peut être fait plusieurs années d'études, mais c'est pas pour autant qu'il est mieux que nous ! Il faut nous respecter madame, nous on attend ici depuis je ne sais pas quelle heure ! Et je n'ai pas vu monsieur le docteur faire des allers retours pour s'occuper de ses patients. Or, c'est ça son travail et il est plutôt bien payé pour ce qu'il fait !
- Taisez vous enfin ! Réplique l'infirmière, il a travaillé toute la journée et il revient quand même, en plus il est humain et a une vie !...
Avant qu'elle puisse finir, je l'arrête.
- Vous avez raison monsieur, excusez moi, je peux comprendre et je vous respecte autant que vous me respectez. Qui est à soigner ?
L'homme ramène alors sa petite fille de 5 ans. C'est normal qu'il avait peur, c'est sa petite fille et il doit y tenir, je peux le comprendre, j'ai moi même une fille et je n'aurais pas voulu qu'elle attende pendant trop longtemps. Tout le monde est si occupé, que personne n'a pensé à aller les voir. C'est notre organisation qui est mauvaise, on ne peut pas le blâmer.
Je souris alors à la fillette et la soigne du mieux que je peux.
Soudain, mon collègue vient me chercher, il est 4h du matin.
- Je peux te parler Antoine ?
Je viens vers lui avec un air inquiet.
- Suis moi, dit il.
J'approche de la chambre de Marie, que se passe t il ?
Puis, baissant ses yeux il me dit ces mots :
- Marie est décédée, on a rien entendu, elle dormait.
C'était si brutal, si...
Je m'évanouis à l'annonce du décès de ma femme chérie, avec qui j'ai passé toute ma vie. Et ma fille ? Que va t elle devenir ma fille ?
Je m'appelle Antoine Prack. Mon rêve ? Exercer ce que tout le monde appelle "le plus beau métier du monde" malgré la difficulté et les aléas de la vie. C'est là, la vocation d'un médecin.
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