Le signal
L'eau des lacs fait clac clac. La pluie tombe, le vent claque. L'eau des lacs fait clac clac. La pluie tombe sur les flaques.
Les gouttes transpercent les eaux, les dessinent, les forgent, les tracent, les sculptent, leur donnant la vie. Ondulez ! s'écrient-elles. C'est le signal de la vie.
Alors, tout vit. La nature prend une claque, pousse, grandit. Boit de l'eau, se rafraîchit. S'affirme, prend socle, se vivifie. Imposante nature, reposante, envoûtante, captivante, vente, vente...
Le vent souffle et fait tout se plier, sauf les plus forts, bien enracinés. Mais combien donc êtes-vous forts ? Si une goutte d'eau suffit à vous tuer. Si sans l'eau du ciel vous êtes achevés ?
Le ciel répond, rythme le temps. La chute d'eau qui vient des nues est un miracle, un instant. Fugace, ou perdurant. Essentiel, marquant le temps.
A vous qui vous en plaignez, réfugiez-vous si vous le pouvez. Quel dédain de refuser un don du ciel, une grâce, une merveille. Miséricorde ! Il pleut des cordes.
Courez, courez vite. L'eau ne touche que ceux qui le méritent. Et pourtant, vous la voyez. Couler en vous, vous abreuver... La routine ? Non. C'est une douceur. Un privilège. Où vais-je ?
Vais-je avec vous ? Vous les malheureux ? Confondez-vous votre orgueil, votre soit disant tristesse et tous vos maux, avec ce miel dont s'abreuvent même les animaux ?
Tout arbre naît en rencontrant la pluie. Toute plante meurt en ayant connu la vie. Puis une autre pousse de nouveau, mais pour cela il faut un miracle. Il est dit que le ciel doit secouer la terre, que la terre se secoue, que des secousses naquit une germe, que de la germe naquit ce qui naquit, poussant le ciel de plus en plus, mais le ciel s'agrandit, les branches aussi. Et c'est le cycle de la vie. Sans cela, sans pluie, les hommes ne pousseraient pas, les hommes seraient sans vie.
Quoi ? Les ondes se mélangent. La pluie est ici et ailleurs. La terre sent les arômes du bois. Et la terre boit boit boit. Ondule l'eau qui a tracé, d'un sommet à l'autre de la colline un lac coloré.
Quoi ? Un lac ? Mais pourquoi pas un fleuve ? Le fleuve est libre, il peut se tracer lui-même. Il sort de son nid, ignore les problèmes. Mais comment donc peut-il l'être, si ce n'est qu'au bon paraître ? Ne savez-vous donc pas qu'à chaque fleuve son courant... ?
Et le vent claque claque claque à la force du temps. Les rivières s'en nourrissent. Grandissez, petites, voulez-vous qu'on vous finisse ? A vous boire tout le long du temps, semblez-vous avoir autant d'eau qu'avant ?
Oh ! Que fais-je là ? Je rêvassait. Épris du ciel, de sa grandeur, des perles qui en tombent, éclatent, se brisent, se fragmentent. Des petites perles fragiles comme un diamant, qui se répandent un peu partout, qui brillent en haut, qui façonnent en bas. Modelez-donc, bijoux !
Ah ! Mais c'est dans mon esprit qu'est le monde. Tout coule tout va. Tout claque, tout s'en va. Il n'y a ni fleuve, ni flaque. Ni rivière, ni lac.
Juste moi, mon émoi et moi.
Moi.
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