Chapitre 81.
Quand j'ouvre les yeux de nouveau, je sais que je suis seul dans le lit. Les draps sont froids à côté de moi, signe que Matt est debout depuis un moment.
Et vu les rires que j'entends dans la pièce à côté, Lilou est réveillée aussi. Je me rappelle l'avoir découvert sur le canapé cette nuit : il va falloir en discuter sérieusement.
Je me lève et enfile vite fait un jean pour les rejoindre.
Matt est en train de faire des crêpes sous l'oeil attentif de Lilou qui rigole.
— Bonjour, vous deux. Vous ne vous ennuyez pas apparemment ?
—Lilou est très en forme et Amy lui a donné l'habitude des crêpes au petit dej ! Bonjour bébé, dit-il en mimant un baiser.
— Bonjour toi, dis-je en faisant de même. Il va falloir résoudre ce problème de couchage, non ? Bonjour Lilou.
— Bonjour bébé, répète-t-elle, toute fière.
— Non. Seul Matt m'appelle comme cela. Pour toi, nous sommes Tom et Matt, d'accord ?
— Oui. Matt, il fait des crêpes. C'est bon, mais Matt il aime pas, lui, précise-t-elle avec une grimace.
— Matt n'aime rien le matin, mon cœur. Mais moi si. Dis donc, princesse, tu as dormi où ?
— Dans mon lit, un peu.
— Pourquoi un peu ? demandé-je doucement.
— Il faisait noir, et y avait pas les bébés.
— Oh, je comprends. On pourrait peut être mettre une petite lumière pour le noir, qu'en penses-tu ?
— Et les bébés ?
— Fred et Max restent chez leur papa et leur maman.
— Vous êtes mes papa ? questionne-t-elle les sourcils froncés, nous regardant l'un et l'autre.
— Oui.
C'est Matt qui a répondu. Avant que je ne puisse dire un mot.
Il a eu raison, j'aurai hésité. Elle est trop petite. Comment lui expliquer que son père est Monsieur comme elle le nomme. L'homme qui lui fait peur.
Depuis quand Matt est devenu le plus sérieux de nous deux ?
— Alors, je peux dire Papa ? relance-t-elle.
— Oui, sauf si tu préfères Matt et Tom.
— D'accord. Télé ?
— Un peu, avant la toilette, lui répond Matt.
— Oui Papa, lâche-t-elle. Non. Matt, je préfère.
Et elle file vers le canapé, nous laissant face à face comme si de rien était.
—Tu avais pensé à cette question ? interrogé-je Matt.
— Pas déjà, non. Mais je ne me voyais pas dire autre chose, réalise-t-il, presque surpris de sa réflexion.
—Tu vas bien ? m'inquièté-je.
— Oui. Étrangement, oui. Ma décision est prise et je ne changerai pas d'avis. Ils ne sont pas mieux que Festes et les autres, grimace-t-il.
— Où vas-tu déposer plainte ?
— Je n'y ai pas réfléchi encore. Je vais en discuter avec Peter. Ou Nicolas.
— Peter. S'il te plaît, il te connaît.
— Je ne peux ni devant lui ni devant Nicolas. Impossible... Je veux juste des renseignements.
— Tu vas le dire à Oliv ? l'interrogé-je même si je n'ai aucun doute sur la réponse.
— Bien entendu. C'est lui qui en sait le plus. Je n'ai qu'une exigence.
— Il sera d'accord. Appelle-le. Ou mieux va le voir, Matt. Vous ne serez pas dérangés.
— Tu joues à quoi là ? gronde-t-il.
— Je te laisse le temps de trouver les mots pour me raconter, Matt. J'attends ce moment depuis déjà longtemps. Quand tu arriveras à me le dire, je serai là. Je ne me dérobe pas, ne crois surtout pas ça.
—Je t'aime, me chuchote-t-il.
(Oliv)
— C'est moi.
— Je sais. Quand tu m'appelles, mon téléphone écrit " Matt".
— Très drôle, Oliv. Je peux passer ?
— Je te manque déjà, chaton ? me moqué-je.
—J'arrive, me répond-il sèchement ce qui m'alarme illico.
— Il se passe quoi ?
— J'arrive !
Mais qu'est-ce qu'il a ? Il semble sous pression. Et avec Matt, c'est souvent là que tout peut déraper. Le coup de frein et le fracas de portière que j'entends à son arrivée confirme ma pensée.
— Tu peux pas juste écouter des fois, Oliv. Et fermer ta gueule, me hurle-t-il dessus.
— Pour commencer, tu te calmes. Je peux encore te foutre une volée, petit, dis-je du ton le plus menaçant que j'ai en magasin.
—Alors, tais-toi ! Je vais le faire. Je veux porter plainte.
Et il tombe dans mes bras en larmes. Mon Dieu. Ce mec fait partie des plus beaux moments de ma vie. Je l'ai connu arrogant, angoissé, doutant de tout. Puis il a décidé de ne plus mentir. Et je l'ai retrouvé en morceaux, au bord de la mort. Après est apparu un être malsain, que malgré ma colère, je n'ai pas lâché. Je suis resté à ses côtés. Jusqu'à l' arrivée de Tom.
— Redresse-toi, Matt. Tom le sait ?
— C'est lui qui m'a dit de venir te voir.
— Pourquoi maintenant ?
— Tout ce qui s'est passé. Lilou, Inès, Léo. Je ne peux pas me taire. Pas si je veux être capable de regarder Lilou et Tom sans honte.
—Et eux, tu arriveras à les regarder et à les entendre ? Tu en sûr ?
— Oui. Tu seras là ?
— Tu crois que je pourrais ne pas y être ? Rater ce moment ? Et à Isa tu vas lui dire ?
—Oui. Quand j'aurai déposer ma plainte, j'irai la voir. Je dois m'excuser. Après tout ça, je pourrai me marier.
— Je suis fier de toi, petit.
Nous avons discuté longuement. Comme bien des fois auparavant. Il est déterminé et fort. Ils vont essayer de le détruire mais ils auront devant eux un adulte assumant son homosexualité. Plus un gamin.
— Tu dois avoir un avocat, Matt.
— Pas besoin, se ferme-t-il immédiatement.
— Ne fais pas ton borné. Appelle Peter.
— C'est un flic, pas un avocat.
— Matt...
—Tu es toujours aussi pénible, Oliv !
— Fais- le, dis-je d'un ton ferme.
— Peter, tu es chez toi ? Est-ce que tu peux venir chez Oliv ? Genre... tout de suite. C'est pas la peine d'appeler Tom. Il sait où je suis et pourquoi.
— Je suis là dans vingt minutes, répond-il immédiatement.
Quand il arrive, il se dirige droit vers Matt.
— Qu'est-ce qui se passe ?
— C'est Oliv qui a voulu que je t'appelle.
—M'en fous royalement Matt de ce que veut Oliv. Raconte.
— Je vais porter plainte.
— Oh ! Je ne suis pas sûr d'être dans la meilleure position pour ça. Mais, avant tout il te faut un avocat.
— Pfff, soupire Matt alors que je m'éclate.
— Ah c'est pour cela que tu m'as appelé, tête de mule ? Oliv a raison. Tu peux pas affronter cela seul. Ils en auront, eux , crois-moi ! Si tu veux déposer ta plainte devant moi, je le ferais, précise-t-il.
— Non. Je n'y arriverais pas. Je préférerai un inconnu. Je crois que ça sera moins compliqué pour expliquer certains ...trucs, bafouille Matt.
— Je connais quelqu'un de bien. Comment va Tom ? Tu lui as dit, je suppose ?
— Oui. Hier soir. Je le ruminais depuis quelques jours.
— D'où la raison de ton extrême politesse !!
— Il était heureux. Inquiet, mais heureux, continue-t-il sans même réagir à ma remarque. Je ne lui ai jamais raconté vraiment. J'ai décidé de repousser le mariage. Il est d'accord.
— Tu veux faire cela quand ? Tom reprend le travail demain.
— Je peux aller chez vous, Matt, proposé-je. Le studio est libre.
— Pour Lilou et Tom. Ça serait bien. Elle a encore dormi sur le canapé. Le noir, le manque des bébés aussi, elle a dit. Ça risque de la perturber.
— Ou alors tu restes là ?
— Non, Oliv. Pas question de laisser Tom. On peut régler cela vite, Peter ?
Tu connais un avocat ?
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