Chapitre 75.
Inès nous regarde tour à tour Matt et moi.
Elle semble affolée, comme si on lui faisait une bonne blague.
Damien, sentant cette angoisse, la serre tendrement contre lui et l'embrasse sur le front.
— Bien sûr pour toi. Votre situation a évolué, non ? demandé-je en souriant.
Damien regarde Inès comme pour obtenir son accord. Leur complicité est évidente.
— Tu as raison. Nous sommes en couple, précise Damien tout sourire. On m'a proposé un job, celui dont je rêve depuis très longtemps. Je voulais refuser par peur de perdre Inès.
— Cela aurait été franchement idiot, et je suis poli ! commente Matt.
— Je sais, Matt. Bref, j'ai proposé à Inès de rester chez moi.
— Écoute, si cela fonctionne, que nous obtenons la maison, Inès pourrait y être la semaine et aller chez toi quand tu es là. Qu'en penses-tu, Inès ?
—Tom.Vous êtes très gentils mais je ne peux pas. Pas pour l'instant, tout du moins. Je n'ai pas de quoi payer un loyer.
— On s'en moque. Tu serais près de Lilou. Et elle de toi. Vous en avez besoin toutes les deux. Je ne dis pas qu'un peu d'argent ne serait pas le bienvenu, mais ce n'est pas le plus important, crois-moi !
— Je pourrais faire le ménage chez vous ? demande-t-elle timidement.
— Pas question, ricane Matt. De toute façon, on ne sait même pas si on va avoir cette baraque.
On entend du bruit dans la cour. Et Franck entre, poussant Léo dans son fauteuil. Lilou est juchée, comme assez souvent, dans les bras d'Oliv. Elle semble fatiguée, mais dès qu'elle voit Inès, elle se tortille pour descendre et se jette dans ses bras.
Derrière eux, arrivent Dan et Phil.
— Bonjour Inès ! Quel sourire ! Salut Damien ! Je ne compte plus dès qu'elle vous voit, commente Oliv, en regardant Lilou serrée contre elle. Ça fait longtemps que vous êtes là ?
— Une demi-heure je dirais, répond Damien. Nous parlions de mon départ prochain. Et Tom et Matt, nous parlaient de leur future maison.
— Alors, ça y est, tu as pris ta décision ? Génial ! Vous avez rendez-vous quand ? nous demande-t-il.
— On la voit demain avec les proprios, expliqué-je. Et justement, nous disions à Inès qu'elle serait bien dans le studio plutôt que seul chez Damien.
—Je suis du même avis. Même si je doute que grand monde fasse du mal à la compagne de Damien dans la cité !
— Ah ! Tu vois Inès, embraye immédiatement Matt ! Oliv pense comme nous ! Elle ne veut pas car elle n'a pas de travail et ne peut pas payer de loyer, explique-t-il à Oliv.
J'aperçois Léo saisir le bras de Franck. Depuis un moment, cela signifie qu'il a écrit quelque chose. Franck lit et lui sourit.
— Inès ? Léopold a une idée. Nous en avons déjà parlé tous les deux. Tu t'es occupé de lui plusieurs fois. Il a apprécié ta douceur et ta gentillesse. C'est lui qui le dit, hein ? La personne qui s'occupait de lui avec moi, est obligée de s'arrêter de travailler. Léo a été le premier à proposer ton nom pour la remplacer. Je te paierai bien entendu, en chèque emploi service. En moyenne, je lui donnais 800€. Réfléchis à notre proposition. De plus la fameuse maison est à proximité de la notre.
— Merci beaucoup à vous deux, s'émeut Inès, les joues rosies. Je ne sais pas si je suis très qualifiée pour ce travail. Je vais y réfléchir, je te le promets Léo, lui dit-elle en lui touchant le bras.
***
Le lendemain, comme convenu, nous arrivons devant la maison. Nous avons hésité longtemps à emmener Lilou. D'une part, sa réaction était importante pour nous. D'autre part, sa présence pouvait influer sur la décision des proprios.
Alors elle était dans les bras de Tom ; paraît-il qu'elle est plus calme dans ses bras !!
— Bonjour ! Entrez donc, nous dit un homme d'une trentaine d'années. Quelle jolie petite fille !
— Bonjour. Tom Bisson. Mon compagnon Matt et notre fille Lilou.
—Bill et mon mari Jean. Nous sommes très heureux de vous rencontrer, dit-il en nous laissant passer. Cette maison a été la nôtre, et nous avons à cœur de rencontrer tous les possibles locataires. Pour être tout à fait honnête, nous avons une préférence pour des couples gays. Asseyez vous, je vous en prie. Quel âge a votre fille ?
— Bientôt cinq ans. Excusez-la, elle est relativement timide avec les gens qu'elle ne connaît pas. Et un peu fatiguée aussi, explique Tom très à l'aise lui dans ce genre de situation.
— Alors pouvez-vous nous dire ce qui vous attirent dans notre maison ?
— Cette pièce lumineuse, grande et pourtant chaleureuse. Lilou a besoin d'espace. Je travaille à la maison, donc j'ai besoin d'un environnement calme, expliqué-je avec enthousiasme.
— Il n'est pas nécessaire d'attendre plus longtemps, n'est-ce pas Jean ? interroge l'homme tout sourire. Nous n'avons pas parlé du prix du loyer.
— En effet, ce serait notre seul problème. L'arrivée de Lilou depuis quelques mois a chamboulé un peu la concentration de Matt, précise Tom.
— Nous ne voulons pas la vendre et souhaitons la louer à des gens choisis par nous. Nous avons pensé à un loyer de 600€.
—Matt, l'es où ma chambre ? interrompt Lilou.
(Tom)
L'interruption de Lilou est loin de troubler les propriétaires, mais Matt est plus détendu.
— Je peux lui montrer, demande-t-il ?
— Je vous en prie.
— Viens, p'ticoeur. Je te montre.
Et il part avec Lilou, main dans la main. Celle-ci regarde partout, notre petite curieuse. Je surprends un regard ému chez les deux hommes assis en face de moi .
— Excusez notre indiscrétion. D'après vos propos, nous avons compris que vous avez adopté cette petite fille. C'est notre rêve mais nous ne connaissions personne qui l'ait fait.
— Oh, je comprends. En fait, Lilou fait partie des nombreux enfants dont personne ne veut. Elle a bouleversé notre vie. Elle est notre soleil.
A ce moment, on entend un éclat de rire enfantin. Lilou dévale les marches, comme la petite fille qu'elle est. Un large sourire lui fend le visage. Elle arrive vers moi, et je pense qu'elle va me sauter dans les bras. J'adore quand elle fait cela ! Mais, au dernier moment, elle se tourne vers le plus jeune des deux hommes, Bill . Elle s'arrête devant lui.
— Bonjour. A bras, dit-elle en tendant ses bras vers cet homme.
— Avec plaisir, Princesse ! dit-il avec un franc sourire, en lui obéissant. Alors, elle te plaît ta chambre ?
— Oui. Matt, il dit que c'est not' maison ? C'est vrai ?
— Ouais, ma poupée. C'est pour vous.
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