Chapitre 72.
Cette maison est faite pour nous. Grande sans être gigantesque. La pièce de vie, malgré sa taille, est chaleureuse.
Notre chambre bien séparée nous permettra de conserver notre intimité.
Lilou dispose d'un bel espace où elle devrait être bien si toutefois, elle décide d'y rester. Quand au studio, il a fini de nous convaincre : ce sera un endroit parfait pour recevoir Inès.
L'agent immobilier doit appeler les propriétaires et nous contacter dès que possible.
— Tom ? On peut aller jusqu'à combien en loyer ? s'inquiète Matt qui est resté silencieux depuis que nous sommes montés dans la voiture.
— Je ne sais pas. Depuis que tu as arrêté tes livres, le budget est plus serré. Mais je dirais grand max mille euros.
— Je peux voir avec Mark pour des traductions. Lilou a moins besoin de moi. Si j'arrive à dégager trois ou quatre heures par jour, je peux me faire facile 800 par mois, argumente-t-il.
— Matt ! Attendons un peu, d'accord !
— La maison ne te plaît pas ?
— Bien sûr que si, mais je ne veux pas être déçu.
Quand nous arrivons chez Peter, ils sont tous là à attendre.
— Alors, ce n'est pas une tuerie cette baraque ? demande Nicolas.
— Carrément. Cette pièce de vie est magnifique. Quelle luminosité !
— Et toi, Tom ? Pas emballé ?
— Tu rigoles ! C'est notre rêve de toujours ! Mais déjà il faut que les propriétaires soient convaincus, qu'on puisse assurer le loyer, énumèré-je. On ne touchera rien pour Lilou, et il n'est pas question de rogner sur des dépenses pour elle à cause d'un loyer.
— Sans indiscrétion, le loyer dans l'autre maison était de combien ? demande Amy.
— 500 euros. Nous n'avions pas de soucis. Mais maintenant nous sommes trois.
— Tu oublies le fric de Laval ! Il peut servir à cela, fait remarquer Nicolas.
— Sûrement pas, riposté-je. Cet argent est à elle.
— Justement tu l'utiliseras pour elle, réplique Matt. Cet argent n'est pas un héritage, Tom. On ne sait pas d'où il sort.
— Tu préférerais qu'elle n'en connaisse pas l'existence ?
— C'est exactement cela ! Ça te choque Nicolas ?
— Pas le moins du monde. Vu le personnage, ce fric est malsain. Autant l'utiliser en faisant plaisir à Lilou !
— Vu comme cela, pourquoi pas. Peter est rentré ?
— Ouais. Il était avec Dan, précise Nicolas.
***
Je dois discuter avec Peter. Matt est quelqu'un d'impulsif. Cette maison lui a immédiatement tapé dans l'oeil.
Moi aussi, elle me plaît. Mais, je veux continuer à vivre sans me restreindre. Je veux pouvoir offrir des trucs à Lilou. Et à Matt.
Disposer de cet argent ne me semble pas envisageable : il n'est pas à moi.
D'un autre côté, je ne me vois pas expliquer un jour à Lilou sa provenance.
Pour être très clair avec moi même, l'existence de cet argent me culpabilise. Et la seule personne en dehors de Matt avec qui je peux en parler, c'est Peter.
Il me connaît bien, et repère au premier coup d'œil que quelque chose ne va pas.
— Dan, excuse- moi, je dois voir un truc avec Tom. Je te laisse.
— Pas de problème. A plus tard.
— Si on allait se promener, Tom ? me propose-t-il.
— C'est une très bonne idée. Je ne sais plus quoi faire, lâché-je désespéré.
— A ce point ? On va aller dans un endroit paisible. Juste un sms à Anne. Je ne suis plus tout seul maintenant.
— Laisse tomber. Anne est prioritaire, m'excusé-je.
— Oui, je vais juste lui signaler où je suis, explique-t-il en envoyant son message. Tu as besoin de parler, on y va. C'est tout.
— En général, discuter avec toi m'aide à relativiser. Matt est quelqu'un d'impulsif. Moi, j'ai besoin de contrôler.
— C'est cette visite qui fait des tensions ?
—Y a pas de tension. La baraque est géniale, Peter ! Mais, je crois qu'on aura du mal financièrement. Depuis ma mise à pied, on a pas mal tiré sur nos économies, grimacé-je.
—Pourquoi tu n'as rien dit ?
— Ce n'est pas à ce point là. Mais Matt a tout lâché. Je ne lui reproche rien. Avec Lilou, c'était du temps plein. Après avec Léo... Bref il n'a pas rendu beaucoup de traductions.
— Tu sais que tu vas recevoir ce que tu aurais dû avoir, essaye-t-il de me rassurer.
— Je sais. Mais je nous connais, on a jamais dû compter. Et un enfant ça a des besoins. Je ne veux pas la restreindre, Peter ! Je veux lui faire plaisir. Et Matt est comme moi. Et le loyer sera plus haut.
— Continue ! Lâche ce que tu as sur le cœur, Tom.
— Matt a parlé de l'argent de Laval. Ça m'a mis hors de moi !
— Pourquoi ? me provoque-t-il.
— C'est à Lilou ! m'énervé-je. Elle n'a rien cette môme, bordel. Plus de père, plus de mère. Un oncle qui n'assume pas. Cet argent, même si c'est à coup sûr de la merde, il est à elle. Je veux pas m'en servir pour boucler nos fins de mois !
— Je ne suis pas tout à fait d'accord avec toi, Tom. Elle n'a plus ses parents biologiques, on est d'accord. Mais elle vous a, toi et Matt. Marc va réagir, j'en suis persuadé. Et puis elle a Inès et tout le monde dans cette baraque. Mais ceux qui assument depuis le début, c'est vous.
Vous déménagez pour quelle raison ? Parce que Lilou a besoin d'une chambre !
Et toi, tu culpabilises d'utiliser ce putain de fric ?
Que ce salopard a récupéré je ne sais comment. C'est ça, Tom ?
— En résumé, oui ! Merci. Anne te fait du bien. Tu deviens vraiment hargneux.
— Ce n'est pas Anne. Avec elle, j'apprends la sociabilité. La hargne je l'apprends avec la vie. J'ai été assez servi cette année, je pense. Tu vas mieux ?
— Ouais. J'avais besoin d'en parler.
— On a discuté avec Anne. Ça serait peut-être mieux pour Lilou de s'installer dans une nouvelle maison sans retourner dans l'ancienne. Moins de stress.
— Tu veux dire rester ici ? Tu es vraiment un mec bien. Mais on n' a pas déménagé encore.
— Parle-moi de cette maison.
—Très belle, une grande pièce comme ici, une chambre avec salle de bain, une autre chambre à l'étage, une autre salle de bain . Et un patio avec un puits de lumière avec deux autres pièces et cerise sur le gâteau, un studio indépendant.
—Ah ouais. Je comprends. Et à côté de chez Nicolas, ajouté-je avec un clin d'œil.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro